La Chanson de Roland (version du 12e siècle)
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💡Charlemagne
💡Saragossa
💡Saracens
💡Roland
💡Olivier
💡Ganelon
💡Roncevaux
💡Olifant
💡Durendal
💡Montjoie
💡Baligant
Transcripts
Cela fait 7 ans que l’Empereur des francs Charlemagne combat les sarrasins en Espagne,
7 ans que le Roi Marsile tient Saragosse, dernière ville à résister aux Francs. Mais
ce dernier redoute la puissance de l’armée franque et craint de tout perdre : son titre,
sa liberté et sa richesse. Sur le conseil d’un certain Blancandrin, Marsile cherche
à concilier Charlemagne : il se soumettra à lui, se fera chrétien et lui offrira des
otages en preuve de bonne foi, si les Francs s’en retournent en France et lui laissent son royaume.
Charlemagne accompagné de ses barons de France, dont font entre autres partie le comte Roland,
neveu de l’Empereur, le preux chevalier Olivier, et Turpin, archevêque de Reims,
reçoit Blancandrin envoyé par Marsile. Ils décident sur suggestion de Roland et après
avoir tenu conseil d’envoyer Ganelon, beau père de Roland, afin de porter leur réponse positive à la
requête du Roi Marsile. Mais Ganelon, pensant que l’on cherche ainsi à se débarrasser de
lui et craignant de se faire tuer au cours de sa mission, prend cela pour un affront.
Fort amer et en colère vis à vis de Roland, il se rend à Saragosse puis
complote une fois arrivé avec Marsile afin de tendre un piège à Charlemagne et à son armée,
espérant ainsi pouvoir se venger de Roland. Le Roi Marsile fait porter par Ganelon le
message de sa soumission à Charlemagne, tandis qu’il fait mander de l’aide parmi
tous les Sarrasins d’Espagne afin qu’ils envoient leurs forces contre les Francs.
Mais alors que l’Empereur se met en route pour Saragosse avec son armée, pensant y recevoir
l’allégeance du roi Marsile, les Sarrasins de toute l’Espagne se rassemblent en une vaste armée,
à son insu, et se mettent en route pour l’affronter. Charlemagne arrivant à Saragosse
se rend compte que quelque chose ne tourne pas rond et fait faire demi-tour à son armée. Ganelon,
de retour aux côtés de l’Empereur, pense bien pouvoir tenir sa revanche...
Laisse 58.
La nuit passe toute, l’aube se lève claire.
Par les rangs de l’armée, […] l’empereur chevauche fièrement.
« Seigneurs barons, » dit l’empereur Charles, « voyez les ports et les étroits passages.
Choisissez-moi qui fera l’arrière-garde.
» Ganelon répond : « Ce sera Roland, mon fillâtre : vous n’avez baron d’aussi
grande vaillance.
» Le roi l’entend, le regarde durement.
Puis il lui dit : « Quelle folie vous prend là ? Et qui donc fera devant moi l’avant-garde ? »
Ganelon répond : « Ogier le danois ; vous n’avez baron qui mieux que lui la
fasse.» [...]
63. L’empereur dit à son neveu Roland : « Beau sire neveu, vous le savez bien, c’est la
moitié de mes armées que je vous offre et vous laisserai.
Retenez-les, c’est votre salut.
» Le comte Roland dit : « Je n’en ferai rien.
Dieu me confonde, si je démens mon lignage ! Je retiendrai vingt mille Français bien
vaillants. En toute assurance passez les ports.
Vous auriez tort de craindre personne, moi vivant.» [...]
65. Hauts sont les monts, ténébreux les vaux, et sinistres les défilés.
Ce jour-là même, les Français les passent à grande douleur.
De quinze lieues on entend leur marche.
Quand ils parviennent à la Terre des Aïeux et voient la Gascogne, domaine de leur seigneur,
ils pensent à leurs fiefs, et aux filles de chez eux, ainsi qu’à leurs nobles femmes.
Pas un qui n’en pleure de tendresse.
Sur tous les autres Charles est plein d’angoisse : aux ports d’Espagne il a laissé son neveu.
Pitié lui en prend ; il pleure, il ne peut s’en tenir. [...]
79. Pendant ce temps là, les païens s’arment de cuirasses sarrasines dont la plupart sont
à triple épaisseur.
Ils lacent leurs solides casques de Saragosse et ceignent des épées d’acier viennois.
Ils portent de beaux boucliers, des épieux de Valence et des étendards blancs, bleus
et vermeils.
Ils laissent les mulets et tous les palefrois, ils montent sur les destriers et chevauchent
en rangs serrés.
Clair était le jour et beau le soleil : il n’est pas d’armure qui toute ne flamboie.
Mille clairons sonnent pour que ce soit plus beau.
Le bruit est grand : les Français l’entendirent.
Olivier, chevalier et ami de Roland, dit : « Seigneur
et compagnon, je crois que nous aurons à
combattre les Sarrasins. »
Roland répond : « Que Dieu donc nous l’accorde !
Nous devons bien rester ici pour notre roi :
pour son seigneur le vassal doit souffrir la détresse et endurer les grandes chaleurs
et les grands froids, et il doit perdre et du cuir et du poil.
Que chacun veille à frapper de grands coups pour qu’on ne chante pas sur nous de funeste
chanson ! Les païens sont dans leur tort, les chrétiens dans leur droit.
Mauvais exemple ne viendra jamais de moi.» [...]
83. Olivier dit : « Les païens viennent en force, et nos Français, il me semble qu’ils sont
bien peu.
Roland, mon compagnon, sonnez donc votre cor : Charles l’entendra et l’armée reviendra.»
Roland répond : « Ce serait une folie ! En
douce France j’en perdrais ma gloire.
Aussitôt, de Durendal mon épée, je frapperai de grands coups ; sa lame en saignera jusqu’à
la garde d’or.
Les païens félons ont eu tort de venir aux cols : je vous le jure, tous sont condamnés
à mort. »
84. « Roland mon compagnon, l’olifant, sonnez le donc ! Charles l’entendra, il fera retourner
l’armée, le roi nous secourra avec tous ses barons. »
Roland répond : « Ne plaise à Notre Seigneur
que mes parents, par ma faute, soient blâmés et que la douce France soit déshonorée ! Mais
je frapperai tant et plus de Durendal, ma bonne épée que j’ai ceinte au côté.
Vous en verrez la lame tout ensanglantée.
Les païens félons ont eu tort de se rassembler : je vous le jure, tous sont livrés à la mort.
85. – Roland mon compagnon, sonnez votre olifant : Charles l’entendra, lui qui passe les cols.
Je vous le jure, oui, les Francs reviendront.
– Ne plaise à Dieu, lui répond Roland, qu’il soit jamais dit par personne au monde
que pour un païen je sonne du cor ! Jamais on ne le reprochera à mes parents ! Quand
je serai au fort de la bataille et que je frapperai des coups par milliers, de Durendal
vous verrez l’acier sanglant.
Les Français sont braves, ils frapperont en vrais vassaux ; jamais ceux d’Espagne
n’éviteront la mort.» […]
87. Roland est vaillant et Olivier est sage : tous deux sont de merveilleux vassaux.
Une fois sur leurs chevaux et en armes, jamais, dussent ils mourir, ils n’esquiveront la bataille.
Les comtes sont braves et leurs paroles fières.
Les païens félons, furieusement, chevauchent.
Olivier dit : « Roland, en voici quelques uns ! Ceux ci sont près de nous, mais Charles
est trop loin.
Votre olifant, vous n’avez pas daigné le sonner.
Le roi présent, nous n’aurions pas de pertes.
Regardez là haut, vers les cols d’Espagne.
Vous pouvez le voir : l’arrière garde est à plaindre.
Qui en est aujourd’hui ne sera d’aucune autre. »
Roland répond : « Ne dites pas ces folies !
Maudit le cœur qui dans la poitrine prend peur !
Nous tiendrons ferme ici sur place : nous porterons les coups et ferons la mêlée. »
88. Quand Roland voit qu’il y aura bataille, il devient plus féroce que lion ou léopard.
Il appelle les Français et dit à Olivier :
« Seigneur, mon compagnon, mon ami, ne parlez plus ainsi ! L’empereur, qui nous a laissé
les Français, en a choisi vingt mille qui sont tels à son avis que pas un n’est un lâche.
Pour son seigneur on doit subir de grands maux, endurer de grands froids et de fortes
chaleurs, on doit perdre de son sang et de sa chair.
Frappe de ta lance et moi de Durendal, ma bonne épée que le roi me donna.
Si je meurs, celui qui l’aura pourra dire que ce fut l’épée d’un noble vassal.» [...]
94. Il y a là un duc païen, nommé Falsaron.
[...] Envers les Français il est fort insolent :
« Aujourd’hui, la douce France perdra son honneur. »
À l’entendre, Olivier devient furieux.
Il pique son cheval de ses éperons dorés et va le frapper en vrai baron.
Il brise son bouclier et fend sa cuirasse ; dans le corps il lui enfonce les pans du
gonfanon, de la longueur de sa lance il l’abat des arçons, mort.
Il regarde à terre et voit étendue la canaille ; il l’a vivement apostrophée :
« De vos menaces, misérable, je me moque.
Frappez, Français, car notre victoire sera complète ! »
Il crie « Monjoie » : c’est le cri de guerre de Charles. [...]
104. La bataille fait rage et devient générale.
Le comte Roland ne fuit pas le danger.
Il frappe de l’épieu tant que résiste la hampe ; après quinze coups il l’a brisée
et détruite Il dégaine Durendal, sa bonne épée. [...]
106. Et Olivier chevauche à travers la mêlée.
Sa hampe s’est brisée, il n’en a plus qu’un tronçon.
Il va frapper un païen, lui brise son écu, couvert d’or et de fleurons, puis hors de
la tête fait sauter ses deux yeux, et la cervelle coule jusqu’à ses pieds.
Parmi les autres qui gisent sans nombre, il l’abat mort.
Puis il en abat deux autres.
Mais le tronçon éclate et se fend jusqu’à ses poings.
Roland lui dit : « Compagnon, que faites-vous ? En une telle bataille je n’ai cure d’un bâton.
Il n’y a que le fer qui vaille, et l’acier.
Où donc est votre épée, qui a nom Hauteclaire ? La garde en est d’or, le pommeau de cristal.
— Je n’ai pu la tirer, » lui répond Olivier, « j’avais tant de besogne ! »
107. Mon seigneur Olivier a tiré sa bonne épée, celle qu’a tant réclamée son compagnon
Roland, et il lui montre, en vrai chevalier, comme il s’en sert.
Il frappe un païen et lui fend par le milieu toute la tête, tranche le corps et la brogne
safrée, et la bonne selle dont les gemmes sont serties d’or, et à son cheval il a
fendu l’échine.
Il abat le tout devant lui sur le pré.
Roland dit : « Si l’empereur nous aime, c’est pour de tels coups ! » De toutes
parts « Montjoie ! » retentit. [...]
110. La bataille est merveilleuse et pénible.
Olivier et Roland frappent à tour de bras, [...]
Les Français frappent tous ensemble.
Les païens meurent par centaines et milliers : qui ne fuit pas, contre la mort n’a pas
de recours ; bon gré mal gré, il y laisse sa vie.
Les Français perdent leurs meilleurs défenseurs ; ils ne reverront pas leurs pères ni leurs
parents, ni Charlemagne qui aux cols les attend. [...]
127. [...] Durs sont les coups et rude la mêlée.
Quelle détresse parmi les chrétiens ! Si vous aviez vu Roland et Olivier de leurs épées
frapper et tailler en pièces ! [...]
Aux quatre premiers assauts, les Francs l’ont emporté ; le cinquième fut pour eux pénible
et rude.
Ils sont tous tués, les chevaliers français, sauf soixante que Dieu a épargnés : avant
qu’ils ne meurent, ils se vendront très cher. [...]
129. Roland dit : « Je sonnerai l’olifant, et Charles l’entendra, qui passe les cols.
Je vous le jure, les Français reviendront. »
Olivier dit : « Le déshonneur serait grand
et l’opprobre pour tous nos parents ; cette honte durerait toute leur vie.
Quand je vous l’ai dit, vous n’en avez rien fait ; vous ne le ferez pas maintenant
avec mon accord.
Si vous sonnez du cor, ce ne sera pas d’un brave : vous avez déjà les deux bras sanglants ! »
Le comte répond : « Des coups, j’en ai
donné de bien beaux ! Mais pourquoi vous emporter contre moi ? » [...]
131. Olivier de répondre : « Compagnon, vous l’avez mérité, car vaillance sensée n’est
pas folie.
Mieux vaut mesure que témérité.
Les Francs sont morts par votre légèreté.
Jamais plus nous ne servirons Charles.
Si vous m’aviez cru, mon seigneur serait revenu, et cette bataille, nous l’aurions
remportée ; le roi Marsile aurait été pris ou tué.
Votre prouesse, nous l’avons vue, Roland, pour notre malheur ! Charlemagne ne recevra
plus notre aide.
Jamais il n’existera un tel homme jusqu’au Jugement dernier, vous allez mourir, et la
France en sera déshonorée.
Aujourd’hui s’achève notre loyale amitié : avant ce soir, avec douleur nous nous
séparerons. » [...]
133. Roland mit alors l’olifant à ses lèvres.
Il l’embouche bien, sonne à pleine force.
Hauts sont les monts, et longue la voix du cor : à trente grandes lieues on l’entend
qui se prolonge.
Charles l’entend et l’entendent tous ses corps de troupe.
Le roi dit : « Nos hommes livrent bataille ! »
Et Ganelon lui répond à l’encontre :
« Qu’un autre l’eût dit, certes on y verrait un grand mensonge. » [...]
136. L’empereur a fait sonner ses cors.
Les Français mettent pied à terre et s’arment de hauberts, de heaumes et d’épées parées d'or.
Ils ont des écus bien ouvrés, et des épieux forts et grands, et des gonfanons blancs,
vermeils et bleus.
Tous les barons de l’armée montent sur les destriers.
Ils donnent de l’éperon tant que durent les défilés.
Pas un qui ne dise à l’autre : « Si nous revoyions Roland encore vivant, avec lui nous
frapperions de grands coups ! » À quoi bon les paroles ? Ils ont trop tardé. [...]
166/167. Les païens disent : « Nous sommes nés à la malheure ! Quel douloureux jour s’est
levé pour nous ! Nous avons perdu nos seigneurs et nos pairs.
Charles revient, le vaillant, avec sa grande armée.
De ceux de France, nous entendons les clairons sonner clair.
Grand est le bruit de leur cri de Montjoie ! Le comte Roland est de si fière hardiesse
que nul homme fait de chair ne le vaincra jamais.
Lançons contre lui nos traits, puis laissons-lui le champ. »
Et ils lancèrent contre lui des dards et des guivres sans nombre, des épieux, des
lances, des museraz empennés.
Ils ont brisé et troué son écu, rompu et démaillé son haubert...
[...]
177. Roland est mort, Dieu a son âme dans les cieux ; l’empereur parvient à Roncevaux.
Il n’y a ni route ni sentier, ni espace vide, ni aune ni pied de terre où ne soit
couché un Français ou un païen.
Charles s’écrie : « Où êtes vous, cher neveu ? Où sont le comte Olivier [...] et
mes pairs que j’avais laissés ? » Mais à quoi bon, puisque personne ne répondit ?
« Dieu, dit le roi, combien je peux m’affliger
de ne pas avoir été au début de la bataille ! » [...]
Ses barons chevaliers versent des larmes ; tandis
que contre terre, vingt mille s’évanouissent…
Les chevaliers de Charlemagne rattrapent ensuite l’armée de Marsile et lui infligent une sévère
défaite au Val Ténébreux. Ils retournent ensuite à Roncevaux afin de récupérer
les corps des Français qui y sont tombés. Marsile, grièvement blessé, parvient quant à lui
à rentrer à Saragosse où il reçoit des renforts sarrasins arrivés du Moyen-Orient sous les ordres
d’un certain Baligant. Le seigneur de Saragosse, se sachant mourant, remet à Baligant ses terres.
Ce dernier mène ensuite ses troupes nombreuses contre ceux de France, et les rattrape à Roncevaux
où l’armée franque enterre ses morts. Une grande et violente bataille a lieu, Charlemagne donne de
sa personne et se retrouve face à Baligant, qu’il affronte et défait difficilement,
avec une aide divine, dans un combat singulier. La mort du grand chef sarrasin engendre la déroute de
ses troupes et offre la victoire aux Francs. Victorieux, Charlemagne s’empare de Saragosse
et établit des garnisons afin de protéger ses nouvelles conquêtes. Sur le chemin du retour,
il se rend à Bordeaux, où il laisse l’olifant de Roland sur l’autel de ce qui est aujourd’hui
la basilique Saint-Seurin de Bordeaux. Les chevaliers Olivier et Roland sont quant à
eux enterrés à Blaye, en l’église Saint Romain, tandis que Ganelon,
dont la trahison est entre temps apparue au grand jour, est ramené à Aix-La-Chapelle où il finit
après un procès tumultueux par être jugé coupable, puis exécuté sur ordre de l’Empereur Charlemagne.
Ci falt la geste que Turoldus declinet.
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