La Chanson de Roland (version du 12e siècle)

D-Mystif - Histoire
14 Aug 202017:34
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Keywords

💡Charlemagne

Charlemagne, also known as Charles the Great, is the central figure in the script, representing the historical King Charles Martel. He is depicted as the Emperor of the Franks, leading his army against the Saracens in Spain. His character symbolizes leadership and the struggle for power and territory. In the script, Charlemagne is shown receiving Marsile's submission and is later deceived, leading to a significant battle at Roncevaux.

💡Saragossa

Saragossa is the last city in Spain resisting the Franks, held by King Marsile. It is a key location in the script, representing the final stronghold of the Saracens against Charlemagne's forces. The city's mention in the script is central to the conflict and serves as the backdrop for the treachery and subsequent battle.

💡Saracens

The Saracens are the collective term for the Muslim forces opposing Charlemagne in the script. They are depicted as the adversaries of the Franks, embodying the religious and cultural conflict of the time. The script describes their preparation for battle and their eventual defeat at the hands of Charlemagne's forces.

💡Roland

Roland is Charlemagne's nephew and a prominent knight in the script. He is known for his bravery and loyalty, which are tested throughout the narrative. Roland's refusal to sound the olifant, or horn, to call for Charlemagne's aid is a pivotal moment, showcasing his pride and eventual downfall in the battle at Roncevaux.

💡Olivier

Olivier is a valiant knight and friend to Roland, who plays a significant role in the script as a voice of reason and caution. His interactions with Roland highlight the tension between honor and practicality in warfare. Olivier's advice to Roland to sound the olifant is a key example of his prudent approach to the impending battle.

💡Ganelon

Ganelon, the stepfather of Roland, is portrayed as a character of treachery in the script. His resentment towards Roland leads him to conspire with King Marsile to betray Charlemagne. Ganelon's actions are central to the plot, illustrating the theme of internal conflict and betrayal within the Frankish ranks.

💡Roncevaux

Roncevaux is the site of the climactic battle in the script, where Roland and his rear guard are overwhelmed by the Saracen forces. The name Roncevaux is synonymous with the tragic end of Roland and his men, symbolizing the high cost of pride and valor in the face of overwhelming odds.

💡Olifant

The olifant is a war horn in the script, which Roland refuses to sound to call for Charlemagne's aid. It symbolizes the knightly code of honor and the reluctance to show weakness or ask for help. The decision not to sound the olifant is a critical turning point in the narrative, leading to the tragic demise of Roland and his men.

💡Durendal

Durendal is the name of Roland's sword in the script, which is depicted as a symbol of his knightly prowess and honor. The use of Durendal in battle illustrates Roland's ferocity and determination to fight to the end, despite the overwhelming odds against him.

💡Montjoie

Montjoie is the battle cry of the Franks in the script, representing their spirit and determination in the face of adversity. It is used to rally the troops and signifies their commitment to the cause, even in the direst of circumstances.

💡Baligant

Baligant is a Saracen leader from the Middle East who arrives to aid the dying King Marsile of Saragossa. His introduction in the script adds a new dimension to the conflict, bringing in reinforcements and leading to a final, decisive battle against Charlemagne's forces.

Transcripts

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Cela fait 7 ans que l’Empereur des francs  Charlemagne combat les sarrasins en Espagne,  

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7 ans que le Roi Marsile tient Saragosse,  dernière ville à résister aux Francs. Mais  

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ce dernier redoute la puissance de l’armée  franque et craint de tout perdre : son titre,  

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sa liberté et sa richesse. Sur le conseil  d’un certain Blancandrin, Marsile cherche  

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à concilier Charlemagne : il se soumettra  à lui, se fera chrétien et lui offrira des  

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otages en preuve de bonne foi, si les Francs s’en  retournent en France et lui laissent son royaume.

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Charlemagne accompagné de ses barons de France,  dont font entre autres partie le comte Roland,  

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neveu de l’Empereur, le preux chevalier  Olivier, et Turpin, archevêque de Reims,  

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reçoit Blancandrin envoyé par Marsile. Ils  décident sur suggestion de Roland et après  

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avoir tenu conseil d’envoyer Ganelon, beau père de  Roland, afin de porter leur réponse positive à la  

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requête du Roi Marsile. Mais Ganelon, pensant  que l’on cherche ainsi à se débarrasser de  

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lui et craignant de se faire tuer au cours  de sa mission, prend cela pour un affront.

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Fort amer et en colère vis à vis de  Roland, il se rend à Saragosse puis  

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complote une fois arrivé avec Marsile afin de  tendre un piège à Charlemagne et à son armée,  

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espérant ainsi pouvoir se venger de Roland. Le Roi Marsile fait porter par Ganelon le  

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message de sa soumission à Charlemagne,  tandis qu’il fait mander de l’aide parmi  

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tous les Sarrasins d’Espagne afin qu’ils  envoient leurs forces contre les Francs. 

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Mais alors que l’Empereur se met en route pour  Saragosse avec son armée, pensant y recevoir  

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l’allégeance du roi Marsile, les Sarrasins de  toute l’Espagne se rassemblent en une vaste armée,  

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à son insu, et se mettent en route pour  l’affronter. Charlemagne arrivant à Saragosse  

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se rend compte que quelque chose ne tourne pas  rond et fait faire demi-tour à son armée. Ganelon,  

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de retour aux côtés de l’Empereur,  pense bien pouvoir tenir sa revanche...

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Laisse 58.  

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La nuit passe toute, l’aube se lève claire.

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Par les rangs de l’armée, […] l’empereur chevauche fièrement.

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« Seigneurs barons, » dit l’empereur Charles, « voyez les ports et les étroits passages.

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Choisissez-moi qui fera l’arrière-garde.

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» Ganelon répond : « Ce sera Roland, mon fillâtre : vous n’avez baron d’aussi

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grande vaillance.

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» Le roi l’entend, le regarde durement.

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Puis il lui dit : « Quelle folie vous prend là ? Et qui donc fera devant moi l’avant-garde ? »

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Ganelon répond : « Ogier le danois ; vous n’avez baron qui mieux que lui la

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fasse.» [...]

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63. L’empereur dit à son neveu Roland : « Beau sire neveu, vous le savez bien, c’est la

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moitié de mes armées que je vous offre et vous laisserai.

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Retenez-les, c’est votre salut.

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» Le comte Roland dit : « Je n’en ferai rien.

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Dieu me confonde, si je démens mon lignage ! Je retiendrai vingt mille Français bien

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vaillants. En toute assurance passez les ports.

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Vous auriez tort de craindre personne, moi vivant.» [...]

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65. Hauts sont les monts, ténébreux les vaux, et sinistres les défilés.

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Ce jour-là même, les Français les passent à grande douleur.

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De quinze lieues on entend leur marche.

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Quand ils parviennent à la Terre des Aïeux et voient la Gascogne, domaine de leur seigneur,

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ils pensent à leurs fiefs, et aux filles de chez eux, ainsi qu’à leurs nobles femmes.

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Pas un qui n’en pleure de tendresse.

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Sur tous les autres Charles est plein d’angoisse : aux ports d’Espagne il a laissé son neveu.

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Pitié lui en prend ; il pleure, il ne peut s’en tenir. [...]

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79. Pendant ce temps là, les païens s’arment de cuirasses sarrasines dont la plupart sont

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à triple épaisseur.

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Ils lacent leurs solides casques de Saragosse et ceignent des épées d’acier viennois.

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Ils portent de beaux boucliers, des épieux de Valence et des étendards blancs, bleus

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et vermeils.

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Ils laissent les mulets et tous les palefrois, ils montent sur les destriers et chevauchent

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en rangs serrés.

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Clair était le jour et beau le soleil : il n’est pas d’armure qui toute ne flamboie.

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Mille clairons sonnent pour que ce soit plus beau.

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Le bruit est grand : les Français l’entendirent.

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Olivier, chevalier et ami  de Roland, dit : « Seigneur 

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et compagnon, je crois que nous aurons à

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combattre les Sarrasins. »

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Roland répond : « Que Dieu donc nous l’accorde !

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Nous devons bien rester ici pour notre roi :

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pour son seigneur le vassal doit souffrir la détresse et endurer les grandes chaleurs

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et les grands froids, et il doit perdre et du cuir et du poil.

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Que chacun veille à frapper de grands coups pour qu’on ne chante pas sur nous de funeste

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chanson ! Les païens sont dans leur tort, les chrétiens dans leur droit.

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Mauvais exemple ne viendra jamais de moi.» [...]

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83. Olivier dit : « Les païens viennent en force, et nos Français, il me semble qu’ils sont

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bien peu.

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Roland, mon compagnon, sonnez donc votre cor : Charles l’entendra et l’armée reviendra.»

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Roland répond : « Ce serait une folie ! En

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douce France j’en perdrais ma gloire.

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Aussitôt, de Durendal mon épée, je frapperai de grands coups ; sa lame en saignera jusqu’à

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la garde d’or.

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Les païens félons ont eu tort de venir aux cols : je vous le jure, tous sont condamnés

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à mort. »

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84. « Roland mon compagnon, l’olifant, sonnez le donc ! Charles l’entendra, il fera retourner

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l’armée, le roi nous secourra avec tous ses barons. »

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Roland répond : « Ne plaise à Notre Seigneur

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que mes parents, par ma faute, soient blâmés et que la douce France soit déshonorée ! Mais

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je frapperai tant et plus de Durendal, ma bonne épée que j’ai ceinte au côté.

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Vous en verrez la lame tout ensanglantée.

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Les païens félons ont eu tort de se rassembler : je vous le jure, tous sont livrés à la mort.

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85. – Roland mon compagnon, sonnez votre olifant : Charles l’entendra, lui qui passe les cols.

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Je vous le jure, oui, les Francs reviendront.

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– Ne plaise à Dieu, lui répond Roland, qu’il soit jamais dit par personne au monde

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que pour un païen je sonne du cor ! Jamais on ne le reprochera à mes parents ! Quand

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je serai au fort de la bataille et que je frapperai des coups par milliers, de Durendal

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vous verrez l’acier sanglant.

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Les Français sont braves, ils frapperont en vrais vassaux ; jamais ceux d’Espagne

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n’éviteront la mort.» […]

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87. Roland est vaillant et Olivier est sage : tous deux sont de merveilleux vassaux.

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Une fois sur leurs chevaux et en armes, jamais, dussent ils mourir, ils n’esquiveront la bataille.

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Les comtes sont braves et leurs paroles fières.

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Les païens félons, furieusement, chevauchent.

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Olivier dit : « Roland, en voici quelques uns ! Ceux ci sont près de nous, mais Charles

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est trop loin.

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Votre olifant, vous n’avez pas daigné le sonner.

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Le roi présent, nous n’aurions pas de pertes.

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Regardez là haut, vers les cols d’Espagne.

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Vous pouvez le voir : l’arrière garde est à plaindre.

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Qui en est aujourd’hui ne sera d’aucune autre. »

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Roland répond : « Ne dites pas ces folies !

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Maudit le cœur qui dans la poitrine prend peur !

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Nous tiendrons ferme ici sur place : nous porterons les coups et ferons la mêlée. »

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88. Quand Roland voit qu’il y aura bataille, il devient plus féroce que lion ou léopard.

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Il appelle les Français et dit à Olivier :

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« Seigneur, mon compagnon, mon ami, ne parlez plus ainsi ! L’empereur, qui nous a laissé

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les Français, en a choisi vingt mille qui sont tels à son avis que pas un n’est un lâche.

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Pour son seigneur on doit subir de grands maux, endurer de grands froids et de fortes

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chaleurs, on doit perdre de son sang et de sa chair.

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Frappe de ta lance et moi de Durendal, ma bonne épée que le roi me donna.

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Si je meurs, celui qui l’aura pourra dire que ce fut l’épée d’un noble vassal.» [...]

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94. Il y a là un duc païen, nommé Falsaron.

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[...] Envers les Français il est fort insolent :

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« Aujourd’hui, la douce France perdra son honneur. »

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À l’entendre, Olivier devient furieux.

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Il pique son cheval de ses éperons dorés et va le frapper en vrai baron.

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Il brise son bouclier et fend sa cuirasse ; dans le corps il lui enfonce les pans du

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gonfanon, de la longueur de sa lance il l’abat des arçons, mort.

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Il regarde à terre et voit étendue la canaille ; il l’a vivement apostrophée :

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« De vos menaces, misérable, je me moque.

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Frappez, Français, car notre victoire sera complète ! »

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Il crie « Monjoie » : c’est le cri de guerre de Charles. [...]

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104. La bataille fait rage et devient générale.

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Le comte Roland ne fuit pas le danger.

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Il frappe de l’épieu tant que résiste la hampe ; après quinze coups il l’a brisée

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et détruite Il dégaine Durendal, sa bonne épée. [...]

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106. Et Olivier chevauche à travers la mêlée.

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Sa hampe s’est brisée, il n’en a plus qu’un tronçon.

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Il va frapper un païen, lui brise son écu, couvert d’or et de fleurons, puis hors de

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la tête fait sauter ses deux yeux, et la cervelle coule jusqu’à ses pieds.

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Parmi les autres qui gisent sans nombre, il l’abat mort.

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Puis il en abat deux autres.

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Mais le tronçon éclate et se fend jusqu’à ses poings.

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Roland lui dit : « Compagnon, que faites-vous ? En une telle bataille je n’ai cure d’un bâton.

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Il n’y a que le fer qui vaille, et l’acier.

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Où donc est votre épée, qui a nom Hauteclaire ? La garde en est d’or, le pommeau de cristal.

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— Je n’ai pu la tirer, » lui répond Olivier, « j’avais tant de besogne ! »

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107. Mon seigneur Olivier a tiré sa bonne épée, celle qu’a tant réclamée son compagnon

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Roland, et il lui montre, en vrai chevalier, comme il s’en sert.

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Il frappe un païen et lui fend par le milieu toute la tête, tranche le corps et la brogne

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safrée, et la bonne selle dont les gemmes sont serties d’or, et à son cheval il a

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fendu l’échine.

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Il abat le tout devant lui sur le pré.

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Roland dit : « Si l’empereur nous aime, c’est pour de tels coups ! » De toutes

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parts « Montjoie ! » retentit. [...]

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110. La bataille est merveilleuse et pénible.

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Olivier et Roland frappent à tour de bras, [...]

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Les Français frappent tous ensemble.

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Les païens meurent par centaines et milliers : qui ne fuit pas, contre la mort n’a pas

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de recours ; bon gré mal gré, il y laisse sa vie.

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Les Français perdent leurs meilleurs défenseurs ; ils ne reverront pas leurs pères ni leurs

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parents, ni Charlemagne qui  aux cols les attend. [...]

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127. [...] Durs sont les coups et rude la mêlée.

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Quelle détresse parmi les chrétiens ! Si vous aviez vu Roland et Olivier de leurs épées

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frapper et tailler en pièces ! [...]

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Aux quatre premiers assauts, les Francs l’ont emporté ; le cinquième fut pour eux pénible

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et rude.

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Ils sont tous tués, les chevaliers français, sauf soixante que Dieu a épargnés : avant

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qu’ils ne meurent, ils se vendront très cher. [...]

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129. Roland dit : « Je sonnerai l’olifant, et Charles l’entendra, qui passe les cols.

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Je vous le jure, les Français reviendront. »

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Olivier dit : « Le déshonneur serait grand

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et l’opprobre pour tous nos parents ; cette honte durerait toute leur vie.

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Quand je vous l’ai dit, vous n’en avez rien fait ; vous ne le ferez pas maintenant

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avec mon accord.

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Si vous sonnez du cor, ce ne sera pas d’un brave : vous avez déjà les deux bras sanglants ! »

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Le comte répond : « Des coups, j’en ai

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donné de bien beaux ! Mais pourquoi vous emporter contre moi ? » [...]

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131. Olivier de répondre : « Compagnon, vous l’avez mérité, car vaillance sensée n’est

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pas folie.

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Mieux vaut mesure que témérité.

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Les Francs sont morts par votre légèreté.

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Jamais plus nous ne servirons Charles.

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Si vous m’aviez cru, mon seigneur serait revenu, et cette bataille, nous l’aurions

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remportée ; le roi Marsile aurait été pris ou tué.

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Votre prouesse, nous l’avons vue, Roland, pour notre malheur ! Charlemagne ne recevra

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plus notre aide.

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Jamais il n’existera un tel homme jusqu’au Jugement dernier, vous allez mourir, et la

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France en sera déshonorée.

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Aujourd’hui s’achève notre loyale amitié : avant ce soir, avec douleur nous nous  

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séparerons. » [...]

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133. Roland mit alors l’olifant à ses lèvres.

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Il l’embouche bien, sonne à pleine force.

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Hauts sont les monts, et longue la voix du cor : à trente grandes lieues on l’entend

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qui se prolonge.

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Charles l’entend et l’entendent tous ses corps de troupe.

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Le roi dit : « Nos hommes livrent bataille ! »

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Et Ganelon lui répond à l’encontre :

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« Qu’un autre l’eût dit, certes on y verrait un grand mensonge. » [...]

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136. L’empereur a fait sonner ses cors.

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Les Français mettent pied à terre et s’arment de hauberts, de heaumes et d’épées parées d'or.

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Ils ont des écus bien ouvrés, et des épieux forts et grands, et des gonfanons blancs,

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vermeils et bleus.

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Tous les barons de l’armée montent sur les destriers.

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Ils donnent de l’éperon tant que durent les défilés.

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Pas un qui ne dise à l’autre : « Si nous revoyions Roland encore vivant, avec lui nous

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frapperions de grands coups ! » À quoi bon les paroles ? Ils ont trop tardé. [...]

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166/167. Les païens disent : « Nous sommes nés à la malheure ! Quel douloureux jour s’est

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levé pour nous ! Nous avons perdu nos seigneurs et nos pairs.

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Charles revient, le vaillant, avec sa grande armée.

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De ceux de France, nous entendons les clairons sonner clair.

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Grand est le bruit de leur cri de Montjoie ! Le comte Roland est de si fière hardiesse

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que nul homme fait de chair ne le vaincra jamais.

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Lançons contre lui nos traits, puis laissons-lui le champ. »

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Et ils lancèrent contre lui des dards et des guivres sans nombre, des épieux, des

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lances, des museraz empennés.

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Ils ont brisé et troué son écu, rompu et démaillé son haubert...

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[...]

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177. Roland est mort, Dieu a son âme dans les cieux ; l’empereur parvient à Roncevaux.

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Il n’y a ni route ni sentier, ni espace vide, ni aune ni pied de terre où ne soit

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couché un Français ou un païen.

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Charles s’écrie : « Où êtes vous, cher neveu ? Où sont le comte Olivier [...] et

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mes pairs que j’avais laissés ? » Mais à quoi bon, puisque personne ne répondit ?

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« Dieu, dit le roi, combien je peux m’affliger

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de ne pas avoir été au début  de la bataille ! » [...]

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Ses barons chevaliers versent des larmes ; tandis

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que contre terre, vingt mille s’évanouissent…

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Les chevaliers de Charlemagne rattrapent ensuite  l’armée de Marsile et lui infligent une sévère  

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défaite au Val Ténébreux. Ils retournent  ensuite à Roncevaux afin de récupérer  

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les corps des Français qui y sont tombés. Marsile, grièvement blessé, parvient quant à lui  

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à rentrer à Saragosse où il reçoit des renforts  sarrasins arrivés du Moyen-Orient sous les ordres  

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d’un certain Baligant. Le seigneur de Saragosse,  se sachant mourant, remet à Baligant ses terres.  

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Ce dernier mène ensuite ses troupes nombreuses  contre ceux de France, et les rattrape à Roncevaux  

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où l’armée franque enterre ses morts. Une grande  et violente bataille a lieu, Charlemagne donne de  

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sa personne et se retrouve face à Baligant,  qu’il affronte et défait difficilement,  

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avec une aide divine, dans un combat singulier. La  mort du grand chef sarrasin engendre la déroute de  

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ses troupes et offre la victoire aux Francs. Victorieux, Charlemagne s’empare de Saragosse  

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et établit des garnisons afin de protéger ses  nouvelles conquêtes. Sur le chemin du retour,  

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il se rend à Bordeaux, où il laisse l’olifant  de Roland sur l’autel de ce qui est aujourd’hui  

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la basilique Saint-Seurin de Bordeaux. Les  chevaliers Olivier et Roland sont quant à  

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eux enterrés à Blaye, en l’église  Saint Romain, tandis que Ganelon,  

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dont la trahison est entre temps apparue au grand  jour, est ramené à Aix-La-Chapelle où il finit  

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après un procès tumultueux par être jugé coupable,  puis exécuté sur ordre de l’Empereur Charlemagne.

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Ci falt la geste que Turoldus declinet.