"Sémiotique des objets de croyance" - Lexique des SIC

Summary

Frédéric Lambert, professeur et chercheur, explore la notion de croyance dans le contexte des objets médiatiques à travers une analyse sémiotique. Il explique que la croyance n'est pas seulement une adhésion aveugle à une vérité, mais un investissement dans des propositions collectives permettant de partager une identité et une histoire. Les objets de croyance, comme les symboles médiatiques après les attentats de Paris, servent de totems qui unissent les individus autour de valeurs communes. Ces objets, bien qu'articulés dans des discours construits, ne sont pas manipulatoires mais favorisent l'adhésion et la cohésion sociale.

Takeaways

• 😀 La croyance est un investissement d'un sujet dans une proposition qui lui est faite, permettant d'appartenir à une société.
• 😀 Les objets de croyance incluent des images, des textes, des photographies et des médias, qui sont des supports sur lesquels nous nous investissons.
• 😀 La croyance est étudiée à travers l'anthropologie, la sémiotique et l'histoire, comme une intelligence paradoxale.
• 😀 Les objets de croyance permettent aux individus de partager des mythes, des légendes et des histoires, renforçant ainsi le lien social.
• 😀 La croyance n'est pas une acceptation aveugle de la vérité, mais un acte réflexif dans lequel les individus choisissent de s'investir malgré la construction de l'objet.
• 😀 Les objets de croyance peuvent être des totems, des fétiches ou des objets profanés, et sont liés à des discours politiques, marchands ou médiatiques.
• 😀 Un exemple concret d'objet de croyance est le logo créé après les attentats de Paris en 2015, qui symbolise la paix, la résistance et l'unité.
• 😀 Les objets de croyance sont polycémiques, c'est-à-dire qu'ils peuvent porter plusieurs significations, et sont investis par les individus en fonction de leur contexte social.
• 😀 La croyance permet aux individus de partager un imaginaire collectif, même si l'objet de croyance est reconnu comme construit et non absolu.
• 😀 Les objets de croyance ne sont pas uniquement des symboles fétichistes, mais des instruments qui permettent aux individus de maintenir un lien avec la communauté et l'histoire.

Q & A

Qui est Frédéric Lambert et quel est son domaine d'expertise ?

Frédéric Lambert est professeur à l'Institut français de presse et chercheur au Charisme, un centre d'analyse et de recherche interdisciplinaire sur les médias. Son domaine d'expertise porte sur la sémiotique des objets de croyance et leur lien avec les médias.

Comment la croyance est-elle définie dans ce contexte ?

La croyance est définie comme l'investissement d'un sujet dans une proposition qui lui est faite. Cela inclut des objets comme les images publicitaires, les journaux télévisés, les photographies de presse et les textes. La croyance permet au sujet de s'engager dans ces propositions pour appartenir à une société.

Quelle différence est mise en avant entre croyance et manipulation dans le discours ?

La croyance est vue comme une forme d'intelligence paradoxale où le croyant choisit d'adhérer à une proposition tout en étant conscient de sa nature discursive. Contrairement à la manipulation, où l'on subit les effets d'un message, la croyance est un choix conscient qui permet d'adhérer à une légende ou un mythe collectif.

Qu'est-ce qu'un 'objet de croyance' selon Frédéric Lambert ?

Un objet de croyance est un élément dans lequel un individu investit, non pas aveuglément, mais pour partager avec d'autres un mythe ou une histoire, souvent dans un cadre collectif. Ces objets peuvent être des symboles, des images ou des discours qui servent à renforcer une cohésion sociale.

Pourquoi la notion de 'croyant' est importante dans l'étude des objets de croyance ?

La notion de 'croyant' est importante car elle permet de comprendre que l'individu n'est pas passif face à l'objet de croyance, mais qu'il choisit d'y adhérer pour une raison sociale ou culturelle, tout en étant conscient de sa construction discursive.

Quel rôle jouent les objets de croyance dans les sociétés contemporaines ?

Les objets de croyance jouent un rôle crucial en renforçant l'unité et la cohésion au sein d'une communauté. Ils permettent aux individus de partager des symboles et des mythes qui illustrent des valeurs collectives, telles que l'identité ou la résistance face à des crises.

Quels exemples Frédéric Lambert donne-t-il pour illustrer un objet de croyance ?

Un exemple est le logo créé après les attentats de Paris en novembre 2015, une Tour Eiffel intégrée à un signe de paix. Ce symbole est devenu un objet de croyance partagé, représentant la résistance au terrorisme, l'unité parisienne, et la liberté.

Que signifie le terme 'totem' dans ce contexte ?

Le terme 'totem' fait référence à un objet de croyance qui raconte une histoire ou un mythe et qui est vénéré par une communauté. Ces objets, bien qu'ils portent un message fort, ne sont pas des fétiches auxquels on adhère aveuglément.

Comment la croyance dans les objets est-elle liée à la sémiotique ?

La sémiotique permet d'analyser comment les objets de croyance sont construits par des discours spécifiques. Cela aide à comprendre comment ces objets véhiculent des messages culturels et comment les individus y adhèrent consciemment, sans être manipulés.

Pourquoi la croyance ne peut-elle être réduite à un simple effet de manipulation selon l'intervenant ?

Selon Frédéric Lambert, la croyance ne doit pas être réduite à un simple effet de manipulation, car le croyant est toujours conscient de la nature discursive de l'objet. Il choisit d'adhérer à ce message pour des raisons sociales et culturelles, ce qui rend la croyance plus complexe et consciente que la manipulation.