Comment Mesurer L'Univers ? đŸ”­đŸŒ•â˜€ïžâœšđŸŒŒ

ScienceEtonnante
14 Jan 202224:48

Summary

TLDRLa vidéo explique comment les astrophysiciens mesurent les distances cosmiques à travers une échelle de méthodes, incluant la télémétrie laser pour la Lune, la méthode de parallaxe pour les étoiles et les planÚtes, et l'utilisation de chandelles standards comme les Céphéides et les supernovas de type 1a. Elle souligne également l'importance de la constante de Hubble dans la mesure de l'expansion de l'Univers et aborde la tension actuelle entre les mesures de cette constante.

Takeaways

  • 🌌 L'astrophysique utilise plusieurs mĂ©thodes pour mesurer les distances cosmiques, formant ce qu'on appelle l'Ă©chelle des distances cosmiques.
  • 🌙 La distance de la Terre Ă  la Lune est mesurĂ©e par tĂ©lĂ©mĂ©trie laser, en utilisant le temps de voyage de la lumiĂšre et des rĂ©flecteurs laissĂ©s par des missions lunaires.
  • 🔍 La mĂ©thode de la parallaxe, utilisĂ©e depuis l'AntiquitĂ©, repose sur l'effet de parallaxe pour mesurer les distances aux astres, en observant les positions apparentes的揘挖.
  • 🌠 L'effet de parallaxe est trĂšs faible pour les Ă©toiles, mais peut ĂȘtre mesurĂ© en utilisant la base de la distance Terre-Soleil pour obtenir des angles plus grands.
  • 🚀 La troisiĂšme loi de Kepler permet de relier la distance d'une planĂšte Ă  son orbite autour du Soleil, ce qui a Ă©tĂ© utilisĂ© pour estimer la distance du Soleil Ă  la Terre.
  • 🌟 Les CĂ©phĂ©ides, des Ă©toiles dont la luminositĂ© oscille rĂ©guliĂšrement, ont Ă©tĂ© utilisĂ©es par Henrietta Leavitt pour Ă©tablir une relation entre leur pĂ©riode d'oscillation et leur luminositĂ© intrinsĂšque.
  • 💡 Les supernovas de type 1a, qui爆炾d'une maniĂšre standardisĂ©e, servent de « chandelle standard » pour mesurer les distances des galaxies lointaines.
  • 📈 La loi de Hubble dĂ©crit l'expansion de l'Univers, oĂč la vitesse d'Ă©loignement d'une galaxie est proportionnelle Ă  sa distance, avec la constante de Hubble comme coefficient de proportionnalitĂ©.
  • đŸ€” Une tension existe entre les mesures de la constante de Hubble par diffĂ©rentes mĂ©thodes, ce qui pourrait indiquer que l'une des mesures est lĂ©gĂšrement incorrecte.
  • đŸ›°ïž Les satellites spatiaux comme Hipparcos et GaĂŻa ont permis de mesurer des parallaxes avec une prĂ©cision beaucoup plus grande que celle possible depuis le sol.
  • 🌌 Les distances cosmiques peuvent ĂȘtre mesurĂ©es jusqu'aux confins de l'Univers visible grĂące Ă  la combinaison et le calibrage successif de diffĂ©rentes mĂ©thodes.

Q & A

  • Comment on mesure la distance des Ă©toiles et des galaxies Ă  des milliers, voire milliards d'annĂ©es-lumiĂšre ?

    -On utilise une sĂ©rie de mĂ©thodes qui forment ce qu'on appelle l'Ă©chelle des distances cosmiques, se basant les unes sur les autres. Chaque mĂ©thode doit ĂȘtre mise au point et calibrĂ©e en utilisant la prĂ©cĂ©dente, de la mĂȘme maniĂšre qu'on grimperait successivement sur les diffĂ©rents barreaux d'une Ă©chelle.

  • Quelle est la mĂ©thode utilisĂ©e aujourd'hui pour mesurer la distance de la Terre Ă  la Lune ?

    -On utilise la télémétrie laser, qui consiste à tirer un laser depuis la Terre et à mesurer le temps que met la lumiÚre pour faire l'aller-retour. Grùce aux réflecteurs laissés sur la Lune lors de différentes missions lunaires, on peut renvoyer une partie de la lumiÚre et ainsi mesurer la distance avec précision.

  • Comment Hipparque a-t-il estimĂ© la distance de la Lune au IIe siĂšcle avant J.C. ?

    -Hipparque a utilisé la méthode de la parallaxe, qui repose sur un principe géométrique. En observant la position apparente de la Lune par rapport aux étoiles en arriÚre-plan depuis différents endroits sur Terre, il a pu mesurer le déplacement apparent de l'arriÚre-plan (effet de parallaxe) et en déduire la distance de la Terre à la Lune en utilisant un peu de trigonométrie.

  • Qu'est-ce que la troisiĂšme loi de Kepler et comment elle a Ă©tĂ© utilisĂ©e pour mesurer la distance du Soleil Ă  la Terre ?

    -La troisiÚme loi de Kepler établit une relation entre la distance d'une planÚte à une étoile et la période de son orbite. Plus précisément, la distance au cube est proportionnelle à la période au carré. Edmond Halley a utilisé cette loi pour estimer la distance du Soleil à la Terre en observant le transit de Vénus et en utilisant la méthode de la parallaxe pour mesurer la distance Terre-Vénus.

  • Quelle est la mĂ©thode utilisĂ©e pour mesurer la distance entre la Terre et les Ă©toiles de la Voie lactĂ©e ?

    -Pour mesurer la distance des Ă©toiles, on utilise encore la mĂ©thode de la parallaxe, mais en utilisant l'orbite de la Terre autour du Soleil comme base pour les mesures. On observe une mĂȘme Ă©toile Ă  6 mois d'intervalles pour mesurer son angle de parallaxe, ce qui permet d'estimer sa distance.

  • Qu'est-ce qu'une « chandelle standard » en astronomie ?

    -Une « chandelle standard » est un objet astrophysique dont on connaßt la luminosité intrinsÚque. En comparant sa luminosité apparente à sa luminosité intrinsÚque, on peut utiliser une chandelle standard pour estimer sa distance. Cela permet de contourner le problÚme de ne pas connaßtre la véritable luminosité des étoiles observées.

  • Qui est Henrietta Leavitt et comment son travail a-t-il contribuĂ© Ă  la mesure des distances cosmiques ?

    -Henrietta Leavitt était une astrophysicienne qui a travaillé au début du XXÚme siÚcle à Harvard. Elle a étudié les étoiles appelées Céphéides et a découvert une relation entre leur période d'oscillation et leur luminosité apparente. Cette découverte a permis de calibrer la relation période-luminosité et d'utiliser les Céphéides comme chandelles standards pour mesurer les distances de milliers d'années-lumiÚre dans l'Univers.

  • Quelle est la distance approximative de la galaxie M101 en utilisant la mĂ©thode des CĂ©phĂ©ides ?

    -La galaxie M101 est située à environ 20 millions d'années-lumiÚre de nous. Cette estimation est obtenue en utilisant la méthode des Céphéides comme chandelles standards, ce qui permet de mesurer les distances de galaxies situées à des millions d'années-lumiÚre.

  • Comment les supernovas de type 1a sont-elles utilisĂ©es pour mesurer les distances cosmiques ?

    -Les supernovas de type 1a sont utilisĂ©es comme chandelles standards car leur luminositĂ© intrinsĂšque est toujours la mĂȘme. On peut donc mesurer leur luminositĂ© apparente et, en connaissant leur luminositĂ© intrinsĂšque, on peut estimer leur distance. Cette mĂ©thode permet de mesurer les distances de galaxies trĂšs lointaines, jusqu'Ă  plusieurs milliards d'annĂ©es-lumiĂšre.

  • Quelle est la loi de Hubble et comment est-elle utilisĂ©e pour mesurer les distances dans l'Univers ?

    -La loi de Hubble décrit la relation entre la vitesse d'éloignement d'une galaxie et sa distance. Plus une galaxie est lointaine, plus elle s'éloigne rapidement. Cette loi permet de mesurer les distances des galaxies en utilisant le décalage de fréquence de la lumiÚre observée (effet Doppler) pour déterminer la vitesse d'éloignement, et en utilisant la constante de Hubble pour relier cette vitesse à la distance.

  • Quel est le conflit actuel en cosmologie concernant la mesure de la constante de Hubble ?

    -Il existe actuellement un conflit entre deux mesures de la constante de Hubble. D'un cĂŽtĂ©, la mesure basĂ©e sur les supernovas donne environ 73 km/s/Mpc, tandis que la mesure basĂ©e sur le rayonnement fossile donne environ 67 km/s/Mpc. Ces deux rĂ©sultats sont incompatibles, ce qui indique que l'une des deux mesures pourrait ĂȘtre incorrecte. Les cosmologistes Ă©tudient ce problĂšme, qui est devenu un sujet chaud en cosmologie.

  • Quelle est la galaxie la plus lointaine connue Ă  ce jour et comment sa distance a-t-elle Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©e ?

    -La galaxie la plus lointaine connue à ce jour est GN-z11. Sa distance a été déterminée en utilisant la loi de Hubble et en mesurant le décalage de fréquence de la lumiÚre émise par la galaxie. La lumiÚre observée a voyagé 13,4 milliards d'années avant de nous parvenir, mais en raison de l'expansion de l'Univers, la galaxie est aujourd'hui à environ 32 milliards d'années-lumiÚre.

Outlines

00:00

🌌 Les mĂ©thodes de mesure des distances cosmiques

Le paragraphe aborde les différentes techniques utilisées en astrophysique pour mesurer les distances colossales entre les étoiles et les galaxies. Il commence par la télémétrie laser pour mesurer la distance de la Terre à la Lune, puis explique la méthode de la parallaxe géométrique utilisée historiquement par Hipparque pour estimer la distance de la Lune. Le texte souligne également l'importance de la calibration et de l'escalade des méthodes de mesure pour établir l'échelle des distances cosmiques.

05:03

📏 La parallaxe et la mesure de la distance au Soleil

Ce paragraphe explique comment la mĂ©thode de la parallaxe est utilisĂ©e pour mesurer les distances astronomiques. Il dĂ©taille le processus de mesure de l'effet de parallaxe avec un exemple simple de crayon et d'arriĂšre-plan, et montre comment cette mĂ©thode peut ĂȘtre appliquĂ©e Ă  la Lune et aux Ă©toiles. Le texte mentionne Ă©galement l'utilisation de la troisiĂšme loi de Kepler pour estimer la distance au Soleil en observant le transit de VĂ©nus et en mesurant la distance Terre-VĂ©nus Ă  l'aide de la parallaxe.

10:05

🚀 Utilisation de l'orbite terrestre pour mesurer les Ă©toiles

Le paragraphe discute de l'utilisation de l'orbite de la Terre autour du Soleil pour mesurer les distances des étoiles à des échelles beaucoup plus grandes que celles possibles avec la parallaxe observée depuis la surface de la Terre. Il explique comment la distance Terre-Soleil peut servir de base pour mesurer les parallaxes des étoiles, ce qui permet d'obtenir des mesures plus précises. Le texte mentionne également les satellites Hipparcos et Gaia, qui ont permis de mesurer des milliards de parallaxes d'étoiles avec une précision de microsecondes d'arc.

15:09

🌠 Les chandelles standards et la mesure des galaxies

Ce paragraphe introduit le concept de chandelles standards, des objets dont la luminosité intrinsÚque est connue, ce qui permet de mesurer leurs distances en utilisant leur luminosité apparente. Il explique comment les Céphéides, une variété d'étoiles pulsantes, ont été utilisées pour établir une relation entre leur période d'oscillation et leur luminosité intrinsÚque. Cette relation a permis de mesurer des distances à des galaxies plus lointaines que jamais auparavant, grùce à la découverte de Henrietta Leavitt.

20:11

đŸ’„ La loi de Hubble et l'expansion de l'Univers

Le dernier paragraphe décrit la loi de Hubble, qui relie la vitesse d'éloignement des galaxies à leur distance de nous, et montre comment cette loi permet de mesurer des distances jusqu'aux confins de l'Univers observable. Il mentionne la découverte initiale d'Edwin Hubble et les ajustements apportés à la constante de Hubble grùce aux mesures modernes, notamment à l'aide des supernovas de type 1a. Le texte conclut en mentionnant une tension récente dans la cosmologie liée à des mesures incompatibles de la constante de Hubble, ce qui pourrait indiquer une incertitude dans nos connaissances de l'Univers.

Mindmap

Keywords

The video is abnormal, and we are working hard to fix it.
Please replace the link and try again.

Highlights

La distance des étoiles et des galaxies est mesurée en années-lumiÚre, une unité de mesure qui reflÚte la vitesse de la lumiÚre.

Les distances cosmiques sont déterminées à travers une série de méthodes qui se basent les unes sur les autres, formant ce qu'on appelle l'échelle des distances cosmiques.

La télémétrie laser est utilisée pour mesurer la distance de la Terre à la Lune avec une précision de l'ordre d'un centimÚtre.

La méthode de la parallaxe, utilisée déjà par l'astronome grec Hipparque, repose sur le principe géométrique de l'effet de parallaxe.

La parallaxe est observĂ©e en dĂ©plaçant la tĂȘte et en notant le mouvement apparent de l'arriĂšre-plan par rapport Ă  un objet proche.

La troisiÚme loi de Kepler, découverte par l'astronome anglais Edmond Halley, relie la distance d'une planÚte à son orbite autour d'une étoile.

Le transit de Vénus, observé lors de l'alignement de la Terre, Vénus et le Soleil, permet de mesurer la distance Terre-Vénus et par conséquent la distance Terre-Soleil.

La collaboration scientifique internationale lors du transit de Vénus en 1761 et 1769, malgré les conflits militaires de l'époque, a permis de réaliser une estimation de la distance Terre-Soleil avec une erreur de seulement 2%.

La distance des étoiles est estimée en utilisant la parallaxe, qui mesure l'angle de déplacement apparent de l'étoile par rapport à des étoiles plus lointaines.

Le parsec, une unité de mesure équivalente à 3,26 années-lumiÚre, est utilisé pour décrire les distances interstellaires en utilisant la parallaxe.

Le satellite Hipparcos, lancé en 1989, a permis de mesurer des parallaxes d'étoiles avec une précision de 1 milliseconde d'arc, fournissant des données pour plus de 100 000 étoiles.

Le satellite Gaïa, successeur de Hipparcos, a été lancé en 2013 et fournit des mesures de parallaxe avec une précision jusqu'à 10 microsecondes d'arc, couvrant un milliard d'étoiles.

Pour mesurer les distances d'objets plus lointains comme d'autres galaxies, on utilise la méthode des 'chandelles standard', des sources lumineuses dont on connaßt la luminosité intrinsÚque.

Les Céphéides, étoiles pulsantes dont la luminosité oscille réguliÚrement, ont été utilisées par Henrietta Leavitt pour établir une relation entre leur période d'oscillation et leur luminosité, servant ainsi de chandelles standard.

La supernova de type 1a, une explosion d'étoile en fin de vie, est une chandelle standard idéale car toutes les supernovas de ce type explosent de maniÚre similaire lorsqu'elles atteignent une masse critique.

La constante de Hubble, qui décrit l'expansion de l'Univers, relie la vitesse d'éloignement d'une galaxie à sa distance, permettant de mesurer des distances jusqu'aux confins de l'Univers visible.

La supernova SN1972E, la plus proche de type 1a observée, a permis de calibrer la luminosité intrinsÚque de ce type de supernovas, servant de point de référence pour mesurer les distances de galaxies lointaines.

La galaxie GN-z11, la plus lointaine connue à ce jour, a été observée à une distance de 32 milliards d'années-lumiÚre, grùce à la mesure de sa vitesse d'éloignement et au décalage de fréquence de sa lumiÚre.

Une crise en cosmologie émerge due à une discordance entre les mesures de la constante de Hubble par deux méthodes différentes, soulevant des questions sur la précision de ces mesures.

Transcripts

play00:00

En astrophysique, on nous parle souvent de la distance

play00:03

Ă  laquelle se trouvent les Ă©toiles : Ă  tant de milliers d’annĂ©es-lumiĂšre.

play00:07

Pour les galaxies c’est encore pire, ça chiffre en millions

play00:10

voire en milliards d’annĂ©es-lumiĂšre.

play00:12

Mais comment on connait ces distances ?

play00:15

On n’a pas fait l’aller-retour sur place pour mesurer.

play00:18

Et a priori on n’a pas fait ça non plus avec un double dĂ©cimĂštre.

play00:21

Eh bien pour mesurer la distance des objets astrophysiques,

play00:25

on se base sur toute une série de méthodes

play00:27

qui forment ce qu’on appelle l’échelle des distances cosmiques.

play00:31

On utilise l’image d’une Ă©chelle Ă  laquelle on grimperait,

play00:34

car ces méthodes dépendent les unes des autres.

play00:37

Chaque mĂ©thode doit ĂȘtre mise au point et calibrĂ©e en utilisant la prĂ©cĂ©dente.

play00:42

Comme quand on s’appuie successivement

play00:44

sur les diffĂ©rents barreaux d’une Ă©chelle pour l’escalader.

play00:46

Et c’est ça qu’on va voir aujourd’hui :

play00:48

on va grimper ensemble Ă  l’échelle des distances cosmiques.

play00:51

[jingle]

play00:57

Pour attaquer notre voyage, on va commencer avec l’objet astronomique

play01:00

le plus simple et le plus proche qui se trouve dans notre ciel : la Lune.

play01:04

Comment on sait à quelle distance elle se trouve ?

play01:07

Eh bien aujourd’hui on utilise ce qu’on appelle la "tĂ©lĂ©mĂ©trie laser".

play01:11

On tire un laser depuis la Terre, et on mesure le temps

play01:14

que met la lumiùre pour faire l’aller-retour.

play01:16

Et ça fonctionne parce que plusieurs missions lunaires ont déposé

play01:20

sur place des réflecteurs qui permettent de renvoyer vers nous

play01:23

une partie de la lumiĂšre qui arrive sur place.

play01:26

On connait la vitesse de la lumiĂšre, on sait trĂšs bien mesurer le temps

play01:29

avec des horloges trÚs précises.

play01:31

On peut donc en déduire la distance de la Terre à la Lune

play01:34

avec une prĂ©cision assez diabolique, de l’ordre d’un centimĂštre.

play01:38

Évidemment ça c’est pour une mesure ponctuelle,

play01:40

car la distance change en permanence.

play01:43

DĂ©jĂ , on sait que la Lune s’éloigne de quelques centimĂštres par an.

play01:47

Mais surtout comme son orbite n’est pas un cercle parfait,

play01:50

c’est une ellipse trĂšs lĂ©gĂšrement aplatie,

play01:52

eh bien la distance avec la Terre change tout le temps le long de la trajectoire.

play01:57

Mais aujourd’hui, on connait les paramùtres de l’ellipse

play02:00

et donc l’orbite de la Lune avec une prĂ©cision excellente.

play02:04

Et en moyenne sa distance à la Terre est d’environ 385 000 km.

play02:09

La tĂ©lĂ©mĂ©trie laser, c’est une mĂ©thode de mesure trĂšs directe,

play02:12

qui est donc celle qu’on utilise aujourd’hui.

play02:14

Mais on n’a pas toujours fait comme ça !

play02:16

Dùs le IIe siùcle avant J.C., l’astronome grec

play02:19

Hipparque avait obtenu d’excellents rĂ©sultats

play02:21

avec une technique différente : la méthode de la parallaxe.

play02:25

Elle repose sur un principe gĂ©omĂ©trique dont vous pouvez tous faire l’expĂ©rience.

play02:29

Tenez un objet devant vous, disons un crayon,

play02:31

avec derriĂšre un arriĂšre-plan suffisamment lointain.

play02:34

Fermez un Ɠil pour que ça marche mieux,

play02:36

et regardez votre crayon en dĂ©plaçant lĂ©gĂšrement votre tĂȘte.

play02:41

Si vous gardez le crayon au centre de votre champ de vision,

play02:44

vous aurez l’impression que c’est l’arriùre-plan qui bouge derriùre.

play02:47

Plus l’objet est proche de votre Ɠil, plus l’effet est important.

play02:51

Et inversement, avec des objets lointains, pour un mĂȘme mouvement de votre tĂȘte,

play02:55

le dĂ©placement apparent de l’arriĂšre-plan sera moins prononcĂ©.

play02:58

C’est l’effet de parallaxe.

play03:01

Et ça marche donc aussi avec la Lune dans le ciel.

play03:04

L’effet est trùs faible, et pour s’en rendre compte

play03:06

j’ai codĂ© un petit truc en utilisant Unity, qui est un moteur de jeu vidĂ©o.

play03:10

Ici on commence en vue "3e personne", la caméra est fixe,

play03:15

on voit la Lune au fond, et j’ai mis derriùre un fond de ciel fictif.

play03:19

Et ici en rose mon petit personnage que je vais déplacer de droite à gauche,

play03:24

et qui garde les yeux rivés sur la Lune, simple !

play03:28

Passons maintenant en vue subjective, Ă  la premiĂšre personne.

play03:31

Maintenant, je vois ce que voit mon personnage,

play03:34

et je vous ai mis en haut à gauche la vue de la caméra précédente.

play03:37

Si maintenant je dĂ©place mon personnage et qu’il fixe la Lune,

play03:41

vous voyez qu’on a l’impression que c’est l’arriùre-plan qui bouge.

play03:46

Je peux aussi Ă©loigner ou rapprocher la Lune, et vous voyez que si je la mets plus loin,

play03:50

pour un mĂȘme dĂ©placement de mon personnage, l’effet de parallaxe sera plus faible.

play03:56

LĂ  j’ai Ă©normĂ©ment exagĂ©rĂ©, mais l’effet existe bien en pratique.

play04:00

Quand on voit la Lune, il y a des étoiles en arriÚre-plan qui sont trÚs éloignées

play04:04

et si on observe depuis différent endroits sur Terre,

play04:07

la position apparente de la Lune par rapport aux Ă©toiles ne sera pas la mĂȘme.

play04:11

Pour s’en rendre compte, il faut juste prendre des positions

play04:14

éloignées de plusieurs centaines de kilomÚtres.

play04:15

Pour vous donner une idĂ©e, j’ai utilisĂ© un logiciel de planĂ©tarium.

play04:19

Je me suis mis Ă  la pleine lune de ce mois-ci,

play04:22

et j’ai entrĂ© les coordonnĂ©es de Lille et de Perpignan,

play04:25

disons 1000km à vol d’oiseau.

play04:27

Et voilĂ  au-mĂȘme instant ce qu’on verrait.

play04:29

Vous voyez que la position apparente des Ă©toiles de l’arriĂšre plan

play04:33

est trÚs légÚrement différente sur les deux images.

play04:36

C’est à cause de l’effet de parallaxe.

play04:39

Cette différence de position, on va la mesurer comme un angle.

play04:42

C’est la diffĂ©rence angulaire, dans le ciel,

play04:45

entre les positions des Ă©toiles de l’arriĂšre-plan.

play04:47

Avec mon exemple de Lille et Perpignan c’est vraiment minime,

play04:50

la différence est environ 1/6e de degré.

play04:53

Mais une fois qu’on a cette valeur, c’est simplement un peu de trigonomĂ©trie.

play04:56

Nos deux positions et la lune forment un triangle isocĂšle,

play04:59

on connait l’angle et la distance de la base,

play05:02

on peut en déduire la distance de la Terre à la Lune.

play05:05

C’est juste de la gĂ©omĂ©trie, aucune hypothĂšse physique.

play05:08

Petite précision de langage sur la mesure des angles.

play05:11

Des angles qui sont des fractions de degrĂ©s c’est pas Ă©vident,

play05:14

alors pour parler de trÚs petits angles, on va diviser le degré

play05:17

en 60 parties qu’on appelle des "minutes d’arc",

play05:20

1/6e de degrĂ©, c’est donc un angle de 10 minutes d’arc.

play05:24

Et si besoin on divisera encore la minute en secondes,

play05:28

donc ici, 600 secondes d’arc.

play05:31

Cette mĂ©thode de la parallaxe, c’est donc supposĂ©ment ce qu’aurait utilisĂ© Hipparque

play05:34

pour faire une estimation de la distance de la Lune.

play05:37

On n’a pas tout les dĂ©tails, mais il se peut qu’en guise d’arriĂšre-plan,

play05:40

il ait carrĂ©ment utilisĂ© le Soleil, Ă  l’occasion d’une Ă©clipse.

play05:44

Et il aurait trouvé environ 400 000 km,

play05:47

ce qui est quand mĂȘme incroyablement bon pour l’époque,

play05:49

puisque la vraie valeur c'est 385 000.

play05:52

Bien tout ça, c’était juste pour la Lune,

play05:54

passons à l’objet suivant, le Soleil justement.

play05:56

Avec lui la mĂ©thode de la parallaxe ça va ĂȘtre compliquĂ©

play05:59

parce que déjà il est beaucoup plus loin que la Lune,

play06:01

et surtout il brille, donc on ne peut pas voir les Ă©toiles en arriĂšre-plan.

play06:06

Heureusement, l’astronome anglais Edmond Halley avait au XVIIIe siĂšcle imaginĂ©

play06:10

un moyen de contourner le problĂšme.

play06:12

En astronomie, il y a une loi fondamentale, extrĂȘmement importante,

play06:16

qu’on appelle la troisiùme loi de Kepler.

play06:19

Cette loi nous dit que si vous prenez différentes planÚtes

play06:23

en orbite autour d’une Ă©toile, on va prendre des orbites circulaires pour faire simple,

play06:27

il existe une relation entre la distance Ă  l’étoile

play06:30

et la pĂ©riode de l’orbite, c’est Ă  dire la durĂ©e d’une rĂ©volution.

play06:33

Plus précisément cette relation nous dit

play06:35

que la distance au cube est proportionnelle à la période au carré.

play06:39

La constante de proportionnalitĂ© ne dĂ©pend que de la masse de l’étoile.

play06:43

Prenons par exemple la Terre et VĂ©nus, dans le systĂšme solaire.

play06:47

On sait que VĂ©nus a une orbite de 220 jours, la Terre 365 jours,

play06:51

on a donc une relation entre la distance au soleil de VĂ©nus et celle de la Terre.

play06:57

Donc si on connait la distance du Soleil Ă  VĂ©nus,

play06:59

on pourrait déduire celle du Soleil à la Terre.

play07:01

Bon c’est bien mais la distance du Soleil Ă  VĂ©nus on ne la connait pas plus,

play07:05

donc on n’est pas beaucoup plus avancĂ©.

play07:07

Mais Halley avait pensé à un moyen de résoudre la difficulté.

play07:12

Imaginez qu’on se place Ă  un moment oĂč la Terre, VĂ©nus et le Soleil sont alignĂ©s.

play07:16

La distance du Soleil Ă  VĂ©nus, c’est la distance Terre-Soleil moins la distance Terre-VĂ©nus.

play07:22

Si on sait mesurer la distance Terre-VĂ©nus, et qu’on appelle x la distance Terre-Soleil,

play07:28

la loi de Kepler devient une simple Ă©quation Ă  une inconnue qu’on peut rĂ©soudre.

play07:32

Il faut juste trouver la distance Terre-VĂ©nus.

play07:35

Évidemment c’est une distance qui change tout le temps,

play07:37

mais on a supposĂ© une situation oĂč VĂ©nus est pile entre nous et le Soleil,

play07:41

on doit donc trouver cette distance lors d’une Ă©clipse de Soleil par VĂ©nus.

play07:46

Alors Ă©videmment quand VĂ©nus passe devant le Soleil,

play07:48

ça fait pas comme une éclipse, la taille apparente de Vénus est trop faible.

play07:52

Ça fait juste une petite tache noire,

play07:54

et on appelle pas ça une éclipse, on appelle ça un "transit" de Vénus.

play07:57

Ça dure quelques heures et c’est super parce que le Soleil nous fournit l’arriùre plan.

play08:02

On va pouvoir utiliser la méthode de la parallaxe.

play08:05

Eh bien allons-y, prochain transit de VĂ©nus


play08:07

Oh non, décembre 2117 !

play08:11

Alors oui c’est un Ă©vĂ©nement trĂšs rare.

play08:15

Mais Edmond Halley qui avait imaginé cette méthode,

play08:17

savait qu’il aurait lieu en 1761 puis à nouveau en 1769.

play08:22

Et cet Ă©vĂ©nement a donnĂ© lieu Ă  ce qui peut ĂȘtre considĂ©rĂ©

play08:26

comme la premiùre collaboration scientifique internationale de l’Histoire.

play08:30

A cette époque des astronomes français, suédois, britanniques, russes, américains

play08:34

se sont coordonnés pour observer et mesurer le transit de Vénus

play08:38

depuis 62 endroits différents comme la Sibérie, Madagascar, Pondichéry,

play08:43

Terre-Neuve, le cap de Bonne Espérance, Philadelphie, Tahiti.

play08:46

Tout ça, sachant que pendant ce temps-là, les puissances européennes

play08:49

Ă©taient en plein affrontement militaire, entre 1756 et 1763, c’était la guerre de 7 Ans.

play08:54

Mais la science a été plus forte que les conflits.

play08:57

A l’aide de toutes ces mesures, l’astronome français JĂ©rĂŽme de La Lande

play09:01

réalisa une estimation de la distance Terre-Soleil à 153 millions de km.

play09:07

Soit une erreur de 2% par rapport à l’estimation actuelle, vraiment pas mal !

play09:11

Alors aujourd’hui on n’utilise plus cette mĂ©thode,

play09:14

mĂȘme si le dernier transit de VĂ©nus a eu lieu en 2012

play09:17

et a donné de trÚs jolies observations.

play09:19

Depuis les années 60 on mesure directement

play09:22

la distance entre la Terre et Vénus par télémétrie.

play09:25

Non pas avec un laser mais avec un radar.

play09:28

On mesure le temps avant de recevoir l’écho des ondes qui se rĂ©flĂ©chissent sur la planĂšte,

play09:33

et ça nous permet d’estimer sa distance à la Terre,

play09:36

et donc la distance Terre-Soleil.

play09:38

La valeur actuellement retenue est d’environ 149,6 millions de kilomùtres.

play09:42

Une fois qu’on a ça, et grñce à la loi de Kepler,

play09:45

on peut en déduire les distances de toutes les autres planÚtes

play09:48

qui tournent autour du Soleil.

play09:49

C’est bien mais pour l’instant on reste dans le systùme solaire.

play09:53

Maintenant essayons de voir plus loin,

play09:55

on va estimer la distance qui nous sépare des étoiles de la Voie lactée.

play09:59

Pour les Ă©toiles, on pourrait se dire qu’on va Ă  nouveau

play10:02

utiliser la méthode de la parallaxe, comme Hipparque avec la Lune.

play10:05

Sauf qu’elles sont beaucoup plus loin que les planùtes.

play10:07

Donc on va se retrouver avec des angles ridiculement petits Ă  mesurer.

play10:11

Sauf
 sauf si on utilise l’orbite de la Terre autour du Soleil !

play10:16

On a vu que ce que l’on mesure c’est un angle,

play10:19

et qu’il dĂ©pend de la base qu’on choisit pour faire notre mesure,

play10:22

c’est à dire de la distance entre les deux points d’observations.

play10:25

On a parlé de quelques centaines de kilomÚtres,

play10:28

ou quelques milliers si on se déplace beaucoup sur Terre.

play10:30

Mais maintenant qu’on connait la distance Terre-Soleil, on peut utiliser ça !

play10:35

Si on observe une mĂȘme Ă©toile Ă  6 mois d’intervalles,

play10:38

la position de la Terre aura changé

play10:40

de deux fois la distance Terre-Soleil, donc 300 millions de kilomĂštres.

play10:43

Les angles de parallaxe seront donc beaucoup plus facile Ă  mesurer.

play10:47

En pratique ça va quand mĂȘme pas ĂȘtre simple.

play10:50

Prenons l’étoile la plus proche de nous, Proxima du centaure.

play10:53

Avec une base de 300 millions de kilomùtres, sa parallaxe est de 0.7 secondes d’arc.

play10:57

Je vous rappelle un degré se divise en 60 minutes et 3600 secondes,

play11:01

donc lĂ  on parle mĂȘme pas d’un milliĂšme de degrĂ©.

play11:04

Avec cette parallaxe de 0,7 secondes,

play11:07

la distance correspondante c’est environ 4,2 annĂ©es-lumiĂšre.

play11:11

Retenez que la parallaxe, ça marche à l’envers,

play11:14

plus la parallaxe est faible, plus l’objet est loin.

play11:17

Et inversement, une parallaxe plus Ă©levĂ©e, c’est un objet plus proche.

play11:20

Si sa parallaxe Ă©tait de 1 seconde, l’étoile ne serait qu’à environ 3,26 annĂ©es-lumiĂšre.

play11:26

D’ailleurs cette distance qui correspond à une seconde de parallaxe,

play11:29

les astronomes utilisent trÚs souvent ça comme unité longueur

play11:32

3,26 années-lumiÚres on appelle ça un "parsec".

play11:36

Et on va parler de kiloparsecs, de mégaparsecs,

play11:38

parsec c'est pour PARalaxe-SEConde

play11:41

Pour faire simple dans cette vidĂ©o, je vais essayer de m’en tenir aux annĂ©es-lumiĂšre,

play11:44

mais si jamais je parle de parsecs,

play11:46

pour avoir des années-lumiÚre vous multipliez en gros par 3.

play11:49

Pour mesurer des parallaxes en utilisant l’orbite de la Terre comme base,

play11:53

on peut le faire depuis le sol, avec des télescopes,

play11:55

mais l’idĂ©al, c’est quand mĂȘme d’aller dans l’espace.

play11:58

En 1989, l’agence spatiale europĂ©enne a lancĂ© un satellite nommĂ© Hipparcos,

play12:03

en hommage Ă  Hipparque Ă©videmment,

play12:05

et permettant de mesurer des parallaxes avec une prĂ©cision de 1 milliseconde d’arc.

play12:10

Toute les données recueillies forment le catalogue Hipparcos,

play12:13

qui contient plus de 100 000 Ă©toiles.

play12:15

Pour prendre la suite d’Hipparcos, c’est le satellite Gaïa

play12:18

qui a été lancé en 2013, et dont les résultats

play12:21

sont publiés progressivement depuis quelques années.

play12:23

Le catalogue contient Ă  l’heure actuelle un milliard d’étoiles,

play12:27

et des mesures de parallaxe avec une prĂ©cision allant jusqu'Ă  10 microsecondes d’arc.

play12:32

Tout ça est consultable en ligne.

play12:34

La méthode de la parallaxe est donc trÚs puissante,

play12:37

et elle fonctionne car on connait l’orbite de la Terre,

play12:39

la distance Terre-Soleil, qu’on a obtenue par tĂ©lĂ©mĂ©trie.

play12:43

C’est le premier exemple de changement de barreau de l’échelle.

play12:46

La méthode de télémétrie, premier barreau,

play12:48

qui fonctionne jusqu’à disons 1 milliards de kilomùtres

play12:51

permet de caler la méthode de parallaxe,

play12:54

le deuxiĂšme barreau, qui lui marche jusqu’à quelques dizaines de milliers annĂ©es-lumiĂšre

play12:58

GrĂące Ă  cela, on peut donc estimer l’éloignement

play13:01

de prĂšs d’un milliard d’étoiles de la Voie LactĂ©e.

play13:04

Malgré tout, ça ne représente

play13:05

qu’une petite portion de notre galaxie, notre voisinage disons.

play13:08

Pour espĂ©rer mesurer la distance d’objets plus lointains,

play13:11

comme d’autres galaxies par exemple,

play13:13

il nous faut une nouvelle méthode.

play13:15

Pour les objets hors de notre galaxie, on n’a aucune chance

play13:18

avec une méthode purement géométrique comme la parallaxe.

play13:20

Il faudrait mesurer des angles ridiculement petits.

play13:23

Au lieu de ça, on va se servir de

play13:26

ce qu’on appelle en astronomie une « chandelle standard ».

play13:29

Pour comprendre ça, on doit parler

play13:31

des notions de luminosité intrinsÚque, et luminosité apparente.

play13:35

Imaginez une source lumineuse familiùre, disons les phares d’une voiture.

play13:40

Intuitivement vous savez combien ça éclaire, vous connaissez leur luminosité intrinsÚque.

play13:45

Maintenant si vous voyez les phares d’une voiture au loin, la nuit,

play13:48

leur luminositĂ© apparente sera d’autant plus faible que la voiture se trouve loin.

play13:53

Comme vous connaissez la vraie luminosité intrinsÚque des phares,

play13:57

leur luminosité apparente vous donne une idée

play13:59

de la distance Ă  laquelle se trouve la voiture.

play14:01

Mais ça ne fonctionne que parce que vous connaissez

play14:05

la luminosité intrinsÚque des phares.

play14:06

Si vous voyez une source lumineuse inconnue dans la nuit,

play14:10

vous ne pouvez pas savoir a priori

play14:12

s’il s’agit d’une source puissance situĂ©e trĂšs loin,

play14:15

ou d’une source moins lumineuse et situĂ©e moins loin.

play14:18

C’est exactement ce qui se passe avec les Ă©toiles d’ailleurs.

play14:20

Si une Ă©toile apparait trĂšs brillante,

play14:22

c’est peut-ĂȘtre qu’elle est trĂšs proche, ou bien qu’elle est trĂšs puissante.

play14:26

Donc juste sa luminosité apparente, ça ne nous dit rien sur sa distance.

play14:31

Sauf si, comme pour les phares de voitures, on connait sa vraie luminosité intrinsÚque.

play14:37

Un objet astrophysique dont on connait la luminosité intrinsÚque,

play14:40

c’est ça qu’on appelle une « chandelle standard ».

play14:43

Et en comparant sa luminosité apparente à sa luminosité intrinsÚque,

play14:47

on peut s’en servir pour estimer sa distance.

play14:49

Le problùme, c’est comment en trouver des objets de ce genre ?

play14:53

Eh bien, la solution nous a Ă©tĂ© apportĂ©e par l’astrophysicienne Henrietta Leavitt.

play14:58

Au début du XXÚme siÚcle, Leavitt travaille à Harvard

play15:01

et Ă©tudie des Ă©toiles qu’on appelle des CĂ©phĂ©ides.

play15:04

Il s’agit d’étoiles dont la luminositĂ© oscille rĂ©guliĂšrement avec le temps.

play15:09

Leur nom, les Céphéides, vient de la premiÚre étoile de ce genre

play15:13

qui a Ă©tĂ© dĂ©couverte dans la constellation de CĂ©phĂ©e, c’est l’étoile delta-CĂ©phĂ©e,

play15:17

vous voyez ici la variation de sa luminosité

play15:20

qui oscille avec une pĂ©riode d’environ 5 jours.

play15:23

On connait quelques centaines de Céphéides dans la Voie lactée,

play15:27

ce sont des Ă©toiles assez puissantes,

play15:29

qui sont environ 10 fois plus massives que le soleil,

play15:31

et dont les pĂ©riodes d’oscillation vont de quelques jours Ă  quelques dizaines de jours.

play15:36

Dans son travail de recherche, Henrietta Leavitt

play15:37

ne s’intĂ©ressait pas aux CĂ©phĂ©ides de la Voie lactĂ©e,

play15:40

mais Ă  celles situĂ©es dans ce qu’on appelle le Grand Nuage de Magellan.

play15:44

Le Grand Nuage de Magellan, c’est une galaxie naine,

play15:47

qui est située tout prÚs de la Voie lactée,

play15:49

et qu’on considùre comme une sorte de satellite de notre galaxie.

play15:53

On peut l’observer dans la constellation de la Dorade.

play15:56

Vous ne connaissez pas cette constellation, ?

play15:58

C’est parce qu’elle est dans l’hĂ©misphĂšre Sud !

play16:00

Et donc Henrietta Leavitt remarque que les Céphéides de cette galaxie

play16:04

semblent suivre une certaine régularité.

play16:06

Plus leur pĂ©riode d’oscillation est importante, plus elles semblent lumineuses.

play16:11

Et elle trouve une formule qui permet de relier les deux quantités.

play16:14

On appelle ça la relation période-luminosité.

play16:18

Comme toutes ces Ă©toiles sont situĂ©es en gros Ă  la mĂȘme distance de nous,

play16:22

puisqu'elles sont dans le nuage de Magellan qui est hors de la galaxie,

play16:25

cette variation de luminosité apparente

play16:27

semble bien ĂȘtre due Ă  la luminositĂ© intrinsĂšque.

play16:31

Comme si la puissance de ces Ă©toiles dĂ©pendait uniquement de leur pĂ©riode d’oscillation.

play16:35

Ça c’est super car ça veut dire

play16:37

que les Céphéides pourraient servir de chandelle standard,

play16:40

si on connaissait leur luminosité intrinsÚque,

play16:43

en regardant leur luminosité apparente

play16:45

on en déduirait par exemple la distance du Grand Nuage de Magellan.

play16:48

Le souci c’est qu’il faut calibrer cette mĂ©thode,

play16:51

on ne connait pas a priori la luminosité intrinsÚque des Céphéides.

play16:54

On sait qu’elle est liĂ©e Ă  leur pĂ©riode,

play16:56

mais il nous faut une valeur absolue qui serve de point de référence.

play16:59

Par exemple à partir de Céphéides dont on connaisse déjà la distance

play17:04

par une autre méthode, comme celle de la parallaxe.

play17:06

Grùce au télescope spatial Hubble et au catalogue Gaïa dont on a parlé juste avant,

play17:11

il y a maintenant plusieurs dizaines de Céphéides

play17:14

dont on sait bien estimer la distance par la méthode de la parallaxe.

play17:18

On peut donc calculer leur puissance intrinsĂšque

play17:21

et s’en servir pour calibrer la relation pĂ©riode-luminositĂ© des CĂ©phĂ©ides.

play17:24

On a donc un nouvel exemple d’ascension de l’échelle.

play17:28

La méthode de la parallaxe, deuxiÚme barreau,

play17:30

permet de calibrer la méthode des Céphéides, troisiÚme barreau.

play17:33

L’avantage, c’est que si la mĂ©thode de la parallaxe

play17:36

Ă©tait limitĂ©e Ă  quelques dizaines d’annĂ©es-lumiĂšre,

play17:38

les Céphéides permettent de nous emmener beaucoup plus loin.

play17:41

On peut en effet en détecter dans des galaxies situées à des millions,

play17:46

voire des dizaines de millions d’annĂ©es-lumiĂšres,

play17:48

comme celle-ci, la galaxie M101.

play17:51

Des dizaines de millions d’annĂ©es-lumiĂšre, c’est bien,

play17:54

ça permet de connaitre la distance de plusieurs centaines de galaxies,

play17:58

nos plus proches voisines.

play17:59

Mais on est encore trùs loin de la taille de l’Univers visible.

play18:03

Pour pousser plus loin, on ne peut pas utiliser les Céphéides,

play18:06

elles deviennent bien trop difficile Ă  observer.

play18:08

Heureusement, il existe un autre type de chandelle standard : les supernovas.

play18:14

[Jingle]

play18:19

Une supernova, c’est, en quelque sorte, l’explosion d’une Ă©toile en fin de vie,

play18:23

et qui s’accompagne d’une Ă©mission de lumiĂšre absolument gigantesque.

play18:27

A tel point que lorsqu’elle se produit,

play18:29

une supernova peut Ă©mette plus de lumiĂšre que toute la galaxie qui l’hĂ©berge.

play18:34

Ces événements sont rarissimes, en gros dans une galaxie donnée

play18:37

ça arrive moins d’une fois par siùcle.

play18:40

Et il y a plusieurs causes possibles.

play18:43

Mais un cas particulier, c'est ce qu’on appelle les supernovas de type 1a.

play18:47

Le scĂ©nario est toujours le mĂȘme : une naine blanche en orbite autour d’une autre Ă©toile

play18:52

lui pique de la matiùre et grossit jusqu’à atteindre

play18:56

une limite bien définie qui la fait exploser.

play18:59

Des calculs thĂ©oriques permettent d’estimer que cette limite,

play19:01

qu’on appelle la limite de Chandrasekhar, serait d’environ 1,4 fois la masse du Soleil.

play19:07

Une fois cette limite atteinte, l’étoile implose puis explose,

play19:10

sa luminosité augmente trÚs rapidement puis décroit en quelques dizaines de jours.

play19:15

Le gros intĂ©rĂȘt, c’est que toutes les supernovas de type 1a explosent

play19:19

plus ou moins de la mĂȘme façon quand elles atteignent la masse limite.

play19:23

On a donc une belle chandelle standard,

play19:25

dont la luminositĂ© intrinsĂšque est toujours la mĂȘme.

play19:28

Sauf que vous me voyez peut-ĂȘtre venir :

play19:30

pour que tout ça fonctionne, on doit calibrer la méthode.

play19:33

C’est-Ă -dire qu’on doit dĂ©terminer cette luminositĂ© intrinsĂšque

play19:36

en utilisant des supernovas assez proches pour qu’on en connaisse dĂ©jĂ  la distance

play19:41

grùce à une autre méthode, comme celle des Céphéides.

play19:44

Heureusement c’est possible ! Par exemple la supernova de type 1a

play19:48

la plus proche que l’on ait observĂ© est celle qu’on appelle SN1972E,

play19:52

et elle s’est produite Ă  une dizaine de millions d’annĂ©es-lumiĂšre de nous,

play19:55

dans une galaxie dont on peut justement estimer la distance

play19:58

par la méthode des Céphéides.

play20:00

Et on connait quelques dizaines de supernovas du mĂȘme genre,

play20:02

suffisamment proches pour permettre de calibrer la luminosité grùce aux Céphéides.

play20:06

Nouveau barreau de l’échelle franchi !

play20:08

Comme les supernovas sont parmi les événements astrophysiques

play20:11

les plus puissants de l’Univers,

play20:12

elles vont nous permettre de mesurer la distance de galaxies

play20:15

vraiment trĂšs lointaines, jusqu’à plusieurs milliards d’annĂ©es-lumiĂšre.

play20:19

Et grĂące Ă  cela, on va pouvoir grimper sur le dernier barreau de l’échelle :

play20:23

la loi de Hubble.

play20:25

J’en ai dĂ©jĂ  parlĂ© sur la chaine plusieurs fois,

play20:27

nous savons que toutes les galaxies s’éloignent les unes des autres

play20:30

sous l’effet de l’expansion de l’Univers,

play20:32

et plus elles sont lointaines, plus elles s’éloignent vite de nous.

play20:35

Plus prĂ©cisĂ©ment, leur vitesse d’éloignement V, est proportionnelle Ă  leur distance D,

play20:40

et on note Ho le coefficient de proportionnalité,

play20:43

qu’on appelle la constante de Hubble, en hommage à l’astronome Edwin Hubble

play20:47

qui avait découvert cette relation.

play20:49

Notons deux choses à propos de cette découverte.

play20:52

PremiĂšrement Ă  l’époque, elle avait Ă©tĂ© rendue possible

play20:55

justement grùce aux travaux de Henrietta Leavitt sur les Céphéides,

play20:58

qui permettaient d’estimer les distances des galaxies les plus proches.

play21:02

DeuxiÚmement, la valeur de la constante de proportionnalité

play21:05

trouvĂ©e par Hubble Ă©tait
 assez loin du compte !

play21:08

On voit ici le diagramme publié par Hubble en 1929 :

play21:12

en regardant la pente de la droite, on voit que le coefficient de proportionnalité

play21:14

est environ 500 km par seconde par mégaparsec.

play21:19

Une galaxie situĂ©e Ă  1 mĂ©gaparsec semble s’éloigner Ă  500 km/s.

play21:23

A deux mĂ©gaparsecs c’est le double, etc.

play21:26

Je rappelle : un mĂ©gaparsec, c’est environ 3 millions d’annĂ©es-lumiĂšre.

play21:30

Ce coefficient, on sait aujourd’hui qu’il Ă©tait surestimĂ© presque d’un facteur 10.

play21:34

La vraie valeur, c’est plutît autour de 70 km/s/Mpc.

play21:39

Comment on le sait ?

play21:41

Eh bien on a fait des mesures sur beaucoup plus de galaxies,

play21:44

et surtout sur des galaxies bien plus lointaines,

play21:46

grùce aux supernovas de la méthode précédente.

play21:49

Sur le graphique que vous voyez ici,

play21:51

vous avez la vitesse d’éloignement d’un grand nombre de galaxies

play21:54

ainsi que les distances associées.

play21:56

La vitesse on la connait en mesurant le décalage de fréquence de la lumiÚre,

play21:59

par un analogue de l’effet Doppler, et la distance, on la connait grñce aux supernovas.

play22:04

Donc forcĂ©ment, on est beaucoup plus prĂ©cis que ne l’était Hubble

play22:07

qui mesurait des galaxies vraiment trĂšs proches.

play22:10

L’estimation la plus rĂ©cente de la constante de Hubble, c’est 73 km/s/Mpc.

play22:18

Et en faisant ça, on grimpe sur le dernier barreau de notre échelle.

play22:22

Les mesures de supernovas nous permettent de calibrer la constante de Hubble,

play22:25

et celle-ci nous permet d’estimer des distances

play22:28

jusqu’aux confins de l’Univers visible.

play22:31

Si on a disons une galaxie trĂšs lointaine,

play22:33

puisque sa distance est liĂ©e Ă  sa vitesse d’éloignement,

play22:36

il suffit de mesurer cette vitesse.

play22:38

Or grùce au phénomÚne de décalage vers le rouge,

play22:40

en observant les longueurs d’onde Ă©mises on peut en dĂ©duire la vitesse d’éloignement,

play22:44

mĂȘme pour des objets trĂšs lointains.

play22:46

C’est ainsi qu’on a pu mesurer la distance de la galaxie

play22:50

la plus lointaine connue à ce jour, qu’on appelle GN-z11.

play22:55

Et là vous allez voir c’est un peu subtil.

play22:57

La lumiĂšre qu’on observe de cette galaxie a Ă©tĂ© Ă©mise il y a 13,4 milliards d’annĂ©es,

play23:01

soit 400 millions d’annĂ©es seulement aprĂšs le big-bang.

play23:04

Cette lumiùre que l’on capte aujourd’hui

play23:06

a donc voyagĂ© 13,4 milliards d’annĂ©es-lumiĂšre avant de nous arriver.

play23:11

On pourrait se dire que la galaxie est Ă  13,4 milliards d’annĂ©es-lumiĂšre.

play23:14

Mais du fait de l’expansion de l’Univers, on sait que cette galaxie est aujourd’hui

play23:18

bien plus loin, Ă  une distance d’environ 32 milliards d’annĂ©es-lumiĂšre.

play23:21

Pour résumer, vous voyez que grùce aux différentes méthodes dont on a parlé,

play23:25

et Ă  leur recouvrement qui permet de les calibrer successivement,

play23:28

il est possible de mesurer des distances jusqu’aux confins de l’Univers visible,

play23:33

et ce avec finalement assez peu d’hypothùses.

play23:36

Et pourtant il y a en ce moment en cosmologie une crise qui se dessine

play23:41

et qui découle de la mesure de la constante de Hubble.

play23:43

Je vous l’ai dit, on a trouvĂ© environ 73 km/s/Mpc.

play23:48

Or une autre méthode, basée cette fois sur le rayonnement fossile donne plutÎt 67.

play23:52

Pour les mesures de distance, ça ne fait pas une grande différence de précision, environ 10%.

play23:57

Mais au fur et Ă  mesure que les barres d’erreur se rĂ©duisent,

play24:01

les cosmologistes commencent à réaliser que ces deux mesures

play24:04

pourraient bien ĂȘtre vraiment incompatibles.

play24:06

Indiquant que l’une des deux doit ĂȘtre un peu fausse.

play24:10

Mais laquelle ?

play24:12

Cette tension sur la mesure de la constante de Hubble est aujourd’hui

play24:15

un sujet chaud en cosmologie, mais je vous en parlerai dans un prochain épisode !

play24:19

Merci d’avoir suivi la vidĂ©o.

play24:20

N’oubliez pas de partager pour m’aider à faire connaitre la chaine.

play24:23

Abonnez vous si ça n’est pas dĂ©jĂ  fait, la cloche, tout ça.

play24:25

Pour les plus curieux je donne comme toujours des compléments dans le billet de blog,

play24:29

le lien est en description,

play24:31

et nous, on se retrouve trÚs vite pour une nouvelle vidéo, à bientÎt !

play24:35

– Sous-titrage : Le Crayon d'oreille -

Rate This
★
★
★
★
★

5.0 / 5 (0 votes)

Étiquettes Connexes
AstronomieMesure DistancesAnnĂ©es-LumiĂšreParallaxeÉtoiles StandardsCĂ©phĂ©idesSupernovasHubbleExpansion Univers