Comment Mesurer L'Univers ? đđâïžâšđ
Summary
TLDRLa vidéo explique comment les astrophysiciens mesurent les distances cosmiques à travers une échelle de méthodes, incluant la télémétrie laser pour la Lune, la méthode de parallaxe pour les étoiles et les planÚtes, et l'utilisation de chandelles standards comme les Céphéides et les supernovas de type 1a. Elle souligne également l'importance de la constante de Hubble dans la mesure de l'expansion de l'Univers et aborde la tension actuelle entre les mesures de cette constante.
Takeaways
- đ L'astrophysique utilise plusieurs mĂ©thodes pour mesurer les distances cosmiques, formant ce qu'on appelle l'Ă©chelle des distances cosmiques.
- đ La distance de la Terre Ă la Lune est mesurĂ©e par tĂ©lĂ©mĂ©trie laser, en utilisant le temps de voyage de la lumiĂšre et des rĂ©flecteurs laissĂ©s par des missions lunaires.
- đ La mĂ©thode de la parallaxe, utilisĂ©e depuis l'AntiquitĂ©, repose sur l'effet de parallaxe pour mesurer les distances aux astres, en observant les positions apparentesçćć.
- đ L'effet de parallaxe est trĂšs faible pour les Ă©toiles, mais peut ĂȘtre mesurĂ© en utilisant la base de la distance Terre-Soleil pour obtenir des angles plus grands.
- đ La troisiĂšme loi de Kepler permet de relier la distance d'une planĂšte Ă son orbite autour du Soleil, ce qui a Ă©tĂ© utilisĂ© pour estimer la distance du Soleil Ă la Terre.
- đ Les CĂ©phĂ©ides, des Ă©toiles dont la luminositĂ© oscille rĂ©guliĂšrement, ont Ă©tĂ© utilisĂ©es par Henrietta Leavitt pour Ă©tablir une relation entre leur pĂ©riode d'oscillation et leur luminositĂ© intrinsĂšque.
- đĄ Les supernovas de type 1a, quiççžd'une maniĂšre standardisĂ©e, servent de « chandelle standard » pour mesurer les distances des galaxies lointaines.
- đ La loi de Hubble dĂ©crit l'expansion de l'Univers, oĂč la vitesse d'Ă©loignement d'une galaxie est proportionnelle Ă sa distance, avec la constante de Hubble comme coefficient de proportionnalitĂ©.
- đ€ Une tension existe entre les mesures de la constante de Hubble par diffĂ©rentes mĂ©thodes, ce qui pourrait indiquer que l'une des mesures est lĂ©gĂšrement incorrecte.
- đ°ïž Les satellites spatiaux comme Hipparcos et GaĂŻa ont permis de mesurer des parallaxes avec une prĂ©cision beaucoup plus grande que celle possible depuis le sol.
- đ Les distances cosmiques peuvent ĂȘtre mesurĂ©es jusqu'aux confins de l'Univers visible grĂące Ă la combinaison et le calibrage successif de diffĂ©rentes mĂ©thodes.
Q & A
Comment on mesure la distance des étoiles et des galaxies à des milliers, voire milliards d'années-lumiÚre ?
-On utilise une sĂ©rie de mĂ©thodes qui forment ce qu'on appelle l'Ă©chelle des distances cosmiques, se basant les unes sur les autres. Chaque mĂ©thode doit ĂȘtre mise au point et calibrĂ©e en utilisant la prĂ©cĂ©dente, de la mĂȘme maniĂšre qu'on grimperait successivement sur les diffĂ©rents barreaux d'une Ă©chelle.
Quelle est la méthode utilisée aujourd'hui pour mesurer la distance de la Terre à la Lune ?
-On utilise la télémétrie laser, qui consiste à tirer un laser depuis la Terre et à mesurer le temps que met la lumiÚre pour faire l'aller-retour. Grùce aux réflecteurs laissés sur la Lune lors de différentes missions lunaires, on peut renvoyer une partie de la lumiÚre et ainsi mesurer la distance avec précision.
Comment Hipparque a-t-il estimé la distance de la Lune au IIe siÚcle avant J.C. ?
-Hipparque a utilisé la méthode de la parallaxe, qui repose sur un principe géométrique. En observant la position apparente de la Lune par rapport aux étoiles en arriÚre-plan depuis différents endroits sur Terre, il a pu mesurer le déplacement apparent de l'arriÚre-plan (effet de parallaxe) et en déduire la distance de la Terre à la Lune en utilisant un peu de trigonométrie.
Qu'est-ce que la troisiÚme loi de Kepler et comment elle a été utilisée pour mesurer la distance du Soleil à la Terre ?
-La troisiÚme loi de Kepler établit une relation entre la distance d'une planÚte à une étoile et la période de son orbite. Plus précisément, la distance au cube est proportionnelle à la période au carré. Edmond Halley a utilisé cette loi pour estimer la distance du Soleil à la Terre en observant le transit de Vénus et en utilisant la méthode de la parallaxe pour mesurer la distance Terre-Vénus.
Quelle est la méthode utilisée pour mesurer la distance entre la Terre et les étoiles de la Voie lactée ?
-Pour mesurer la distance des Ă©toiles, on utilise encore la mĂ©thode de la parallaxe, mais en utilisant l'orbite de la Terre autour du Soleil comme base pour les mesures. On observe une mĂȘme Ă©toile Ă 6 mois d'intervalles pour mesurer son angle de parallaxe, ce qui permet d'estimer sa distance.
Qu'est-ce qu'une « chandelle standard » en astronomie ?
-Une « chandelle standard » est un objet astrophysique dont on connaßt la luminosité intrinsÚque. En comparant sa luminosité apparente à sa luminosité intrinsÚque, on peut utiliser une chandelle standard pour estimer sa distance. Cela permet de contourner le problÚme de ne pas connaßtre la véritable luminosité des étoiles observées.
Qui est Henrietta Leavitt et comment son travail a-t-il contribué à la mesure des distances cosmiques ?
-Henrietta Leavitt était une astrophysicienne qui a travaillé au début du XXÚme siÚcle à Harvard. Elle a étudié les étoiles appelées Céphéides et a découvert une relation entre leur période d'oscillation et leur luminosité apparente. Cette découverte a permis de calibrer la relation période-luminosité et d'utiliser les Céphéides comme chandelles standards pour mesurer les distances de milliers d'années-lumiÚre dans l'Univers.
Quelle est la distance approximative de la galaxie M101 en utilisant la méthode des Céphéides ?
-La galaxie M101 est située à environ 20 millions d'années-lumiÚre de nous. Cette estimation est obtenue en utilisant la méthode des Céphéides comme chandelles standards, ce qui permet de mesurer les distances de galaxies situées à des millions d'années-lumiÚre.
Comment les supernovas de type 1a sont-elles utilisées pour mesurer les distances cosmiques ?
-Les supernovas de type 1a sont utilisĂ©es comme chandelles standards car leur luminositĂ© intrinsĂšque est toujours la mĂȘme. On peut donc mesurer leur luminositĂ© apparente et, en connaissant leur luminositĂ© intrinsĂšque, on peut estimer leur distance. Cette mĂ©thode permet de mesurer les distances de galaxies trĂšs lointaines, jusqu'Ă plusieurs milliards d'annĂ©es-lumiĂšre.
Quelle est la loi de Hubble et comment est-elle utilisée pour mesurer les distances dans l'Univers ?
-La loi de Hubble décrit la relation entre la vitesse d'éloignement d'une galaxie et sa distance. Plus une galaxie est lointaine, plus elle s'éloigne rapidement. Cette loi permet de mesurer les distances des galaxies en utilisant le décalage de fréquence de la lumiÚre observée (effet Doppler) pour déterminer la vitesse d'éloignement, et en utilisant la constante de Hubble pour relier cette vitesse à la distance.
Quel est le conflit actuel en cosmologie concernant la mesure de la constante de Hubble ?
-Il existe actuellement un conflit entre deux mesures de la constante de Hubble. D'un cĂŽtĂ©, la mesure basĂ©e sur les supernovas donne environ 73 km/s/Mpc, tandis que la mesure basĂ©e sur le rayonnement fossile donne environ 67 km/s/Mpc. Ces deux rĂ©sultats sont incompatibles, ce qui indique que l'une des deux mesures pourrait ĂȘtre incorrecte. Les cosmologistes Ă©tudient ce problĂšme, qui est devenu un sujet chaud en cosmologie.
Quelle est la galaxie la plus lointaine connue à ce jour et comment sa distance a-t-elle été déterminée ?
-La galaxie la plus lointaine connue à ce jour est GN-z11. Sa distance a été déterminée en utilisant la loi de Hubble et en mesurant le décalage de fréquence de la lumiÚre émise par la galaxie. La lumiÚre observée a voyagé 13,4 milliards d'années avant de nous parvenir, mais en raison de l'expansion de l'Univers, la galaxie est aujourd'hui à environ 32 milliards d'années-lumiÚre.
Outlines
đ Les mĂ©thodes de mesure des distances cosmiques
Le paragraphe aborde les différentes techniques utilisées en astrophysique pour mesurer les distances colossales entre les étoiles et les galaxies. Il commence par la télémétrie laser pour mesurer la distance de la Terre à la Lune, puis explique la méthode de la parallaxe géométrique utilisée historiquement par Hipparque pour estimer la distance de la Lune. Le texte souligne également l'importance de la calibration et de l'escalade des méthodes de mesure pour établir l'échelle des distances cosmiques.
đ La parallaxe et la mesure de la distance au Soleil
Ce paragraphe explique comment la mĂ©thode de la parallaxe est utilisĂ©e pour mesurer les distances astronomiques. Il dĂ©taille le processus de mesure de l'effet de parallaxe avec un exemple simple de crayon et d'arriĂšre-plan, et montre comment cette mĂ©thode peut ĂȘtre appliquĂ©e Ă la Lune et aux Ă©toiles. Le texte mentionne Ă©galement l'utilisation de la troisiĂšme loi de Kepler pour estimer la distance au Soleil en observant le transit de VĂ©nus et en mesurant la distance Terre-VĂ©nus Ă l'aide de la parallaxe.
đ Utilisation de l'orbite terrestre pour mesurer les Ă©toiles
Le paragraphe discute de l'utilisation de l'orbite de la Terre autour du Soleil pour mesurer les distances des étoiles à des échelles beaucoup plus grandes que celles possibles avec la parallaxe observée depuis la surface de la Terre. Il explique comment la distance Terre-Soleil peut servir de base pour mesurer les parallaxes des étoiles, ce qui permet d'obtenir des mesures plus précises. Le texte mentionne également les satellites Hipparcos et Gaia, qui ont permis de mesurer des milliards de parallaxes d'étoiles avec une précision de microsecondes d'arc.
đ Les chandelles standards et la mesure des galaxies
Ce paragraphe introduit le concept de chandelles standards, des objets dont la luminosité intrinsÚque est connue, ce qui permet de mesurer leurs distances en utilisant leur luminosité apparente. Il explique comment les Céphéides, une variété d'étoiles pulsantes, ont été utilisées pour établir une relation entre leur période d'oscillation et leur luminosité intrinsÚque. Cette relation a permis de mesurer des distances à des galaxies plus lointaines que jamais auparavant, grùce à la découverte de Henrietta Leavitt.
đ„ La loi de Hubble et l'expansion de l'Univers
Le dernier paragraphe décrit la loi de Hubble, qui relie la vitesse d'éloignement des galaxies à leur distance de nous, et montre comment cette loi permet de mesurer des distances jusqu'aux confins de l'Univers observable. Il mentionne la découverte initiale d'Edwin Hubble et les ajustements apportés à la constante de Hubble grùce aux mesures modernes, notamment à l'aide des supernovas de type 1a. Le texte conclut en mentionnant une tension récente dans la cosmologie liée à des mesures incompatibles de la constante de Hubble, ce qui pourrait indiquer une incertitude dans nos connaissances de l'Univers.
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Highlights
La distance des étoiles et des galaxies est mesurée en années-lumiÚre, une unité de mesure qui reflÚte la vitesse de la lumiÚre.
Les distances cosmiques sont déterminées à travers une série de méthodes qui se basent les unes sur les autres, formant ce qu'on appelle l'échelle des distances cosmiques.
La télémétrie laser est utilisée pour mesurer la distance de la Terre à la Lune avec une précision de l'ordre d'un centimÚtre.
La méthode de la parallaxe, utilisée déjà par l'astronome grec Hipparque, repose sur le principe géométrique de l'effet de parallaxe.
La parallaxe est observĂ©e en dĂ©plaçant la tĂȘte et en notant le mouvement apparent de l'arriĂšre-plan par rapport Ă un objet proche.
La troisiÚme loi de Kepler, découverte par l'astronome anglais Edmond Halley, relie la distance d'une planÚte à son orbite autour d'une étoile.
Le transit de Vénus, observé lors de l'alignement de la Terre, Vénus et le Soleil, permet de mesurer la distance Terre-Vénus et par conséquent la distance Terre-Soleil.
La collaboration scientifique internationale lors du transit de Vénus en 1761 et 1769, malgré les conflits militaires de l'époque, a permis de réaliser une estimation de la distance Terre-Soleil avec une erreur de seulement 2%.
La distance des étoiles est estimée en utilisant la parallaxe, qui mesure l'angle de déplacement apparent de l'étoile par rapport à des étoiles plus lointaines.
Le parsec, une unité de mesure équivalente à 3,26 années-lumiÚre, est utilisé pour décrire les distances interstellaires en utilisant la parallaxe.
Le satellite Hipparcos, lancé en 1989, a permis de mesurer des parallaxes d'étoiles avec une précision de 1 milliseconde d'arc, fournissant des données pour plus de 100 000 étoiles.
Le satellite Gaïa, successeur de Hipparcos, a été lancé en 2013 et fournit des mesures de parallaxe avec une précision jusqu'à 10 microsecondes d'arc, couvrant un milliard d'étoiles.
Pour mesurer les distances d'objets plus lointains comme d'autres galaxies, on utilise la méthode des 'chandelles standard', des sources lumineuses dont on connaßt la luminosité intrinsÚque.
Les Céphéides, étoiles pulsantes dont la luminosité oscille réguliÚrement, ont été utilisées par Henrietta Leavitt pour établir une relation entre leur période d'oscillation et leur luminosité, servant ainsi de chandelles standard.
La supernova de type 1a, une explosion d'étoile en fin de vie, est une chandelle standard idéale car toutes les supernovas de ce type explosent de maniÚre similaire lorsqu'elles atteignent une masse critique.
La constante de Hubble, qui décrit l'expansion de l'Univers, relie la vitesse d'éloignement d'une galaxie à sa distance, permettant de mesurer des distances jusqu'aux confins de l'Univers visible.
La supernova SN1972E, la plus proche de type 1a observée, a permis de calibrer la luminosité intrinsÚque de ce type de supernovas, servant de point de référence pour mesurer les distances de galaxies lointaines.
La galaxie GN-z11, la plus lointaine connue à ce jour, a été observée à une distance de 32 milliards d'années-lumiÚre, grùce à la mesure de sa vitesse d'éloignement et au décalage de fréquence de sa lumiÚre.
Une crise en cosmologie émerge due à une discordance entre les mesures de la constante de Hubble par deux méthodes différentes, soulevant des questions sur la précision de ces mesures.
Transcripts
En astrophysique, on nous parle souvent de la distance
Ă laquelle se trouvent les Ă©toiles : Ă tant de milliers dâannĂ©es-lumiĂšre.
Pour les galaxies câest encore pire, ça chiffre en millions
voire en milliards dâannĂ©es-lumiĂšre.
Mais comment on connait ces distances ?
On nâa pas fait lâaller-retour sur place pour mesurer.
Et a priori on nâa pas fait ça non plus avec un double dĂ©cimĂštre.
Eh bien pour mesurer la distance des objets astrophysiques,
on se base sur toute une série de méthodes
qui forment ce quâon appelle lâĂ©chelle des distances cosmiques.
On utilise lâimage dâune Ă©chelle Ă laquelle on grimperait,
car ces méthodes dépendent les unes des autres.
Chaque mĂ©thode doit ĂȘtre mise au point et calibrĂ©e en utilisant la prĂ©cĂ©dente.
Comme quand on sâappuie successivement
sur les diffĂ©rents barreaux dâune Ă©chelle pour lâescalader.
Et câest ça quâon va voir aujourdâhui :
on va grimper ensemble Ă lâĂ©chelle des distances cosmiques.
[jingle]
Pour attaquer notre voyage, on va commencer avec lâobjet astronomique
le plus simple et le plus proche qui se trouve dans notre ciel : la Lune.
Comment on sait à quelle distance elle se trouve ?
Eh bien aujourdâhui on utilise ce quâon appelle la "tĂ©lĂ©mĂ©trie laser".
On tire un laser depuis la Terre, et on mesure le temps
que met la lumiĂšre pour faire lâaller-retour.
Et ça fonctionne parce que plusieurs missions lunaires ont déposé
sur place des réflecteurs qui permettent de renvoyer vers nous
une partie de la lumiĂšre qui arrive sur place.
On connait la vitesse de la lumiĂšre, on sait trĂšs bien mesurer le temps
avec des horloges trÚs précises.
On peut donc en déduire la distance de la Terre à la Lune
avec une prĂ©cision assez diabolique, de lâordre dâun centimĂštre.
Ăvidemment ça câest pour une mesure ponctuelle,
car la distance change en permanence.
DĂ©jĂ , on sait que la Lune sâĂ©loigne de quelques centimĂštres par an.
Mais surtout comme son orbite nâest pas un cercle parfait,
câest une ellipse trĂšs lĂ©gĂšrement aplatie,
eh bien la distance avec la Terre change tout le temps le long de la trajectoire.
Mais aujourdâhui, on connait les paramĂštres de lâellipse
et donc lâorbite de la Lune avec une prĂ©cision excellente.
Et en moyenne sa distance Ă la Terre est dâenviron 385 000 km.
La tĂ©lĂ©mĂ©trie laser, câest une mĂ©thode de mesure trĂšs directe,
qui est donc celle quâon utilise aujourdâhui.
Mais on nâa pas toujours fait comme ça !
DĂšs le IIe siĂšcle avant J.C., lâastronome grec
Hipparque avait obtenu dâexcellents rĂ©sultats
avec une technique différente : la méthode de la parallaxe.
Elle repose sur un principe gĂ©omĂ©trique dont vous pouvez tous faire lâexpĂ©rience.
Tenez un objet devant vous, disons un crayon,
avec derriĂšre un arriĂšre-plan suffisamment lointain.
Fermez un Ćil pour que ça marche mieux,
et regardez votre crayon en dĂ©plaçant lĂ©gĂšrement votre tĂȘte.
Si vous gardez le crayon au centre de votre champ de vision,
vous aurez lâimpression que câest lâarriĂšre-plan qui bouge derriĂšre.
Plus lâobjet est proche de votre Ćil, plus lâeffet est important.
Et inversement, avec des objets lointains, pour un mĂȘme mouvement de votre tĂȘte,
le dĂ©placement apparent de lâarriĂšre-plan sera moins prononcĂ©.
Câest lâeffet de parallaxe.
Et ça marche donc aussi avec la Lune dans le ciel.
Lâeffet est trĂšs faible, et pour sâen rendre compte
jâai codĂ© un petit truc en utilisant Unity, qui est un moteur de jeu vidĂ©o.
Ici on commence en vue "3e personne", la caméra est fixe,
on voit la Lune au fond, et jâai mis derriĂšre un fond de ciel fictif.
Et ici en rose mon petit personnage que je vais déplacer de droite à gauche,
et qui garde les yeux rivés sur la Lune, simple !
Passons maintenant en vue subjective, Ă la premiĂšre personne.
Maintenant, je vois ce que voit mon personnage,
et je vous ai mis en haut à gauche la vue de la caméra précédente.
Si maintenant je dĂ©place mon personnage et quâil fixe la Lune,
vous voyez quâon a lâimpression que câest lâarriĂšre-plan qui bouge.
Je peux aussi Ă©loigner ou rapprocher la Lune, et vous voyez que si je la mets plus loin,
pour un mĂȘme dĂ©placement de mon personnage, lâeffet de parallaxe sera plus faible.
LĂ jâai Ă©normĂ©ment exagĂ©rĂ©, mais lâeffet existe bien en pratique.
Quand on voit la Lune, il y a des étoiles en arriÚre-plan qui sont trÚs éloignées
et si on observe depuis différent endroits sur Terre,
la position apparente de la Lune par rapport aux Ă©toiles ne sera pas la mĂȘme.
Pour sâen rendre compte, il faut juste prendre des positions
éloignées de plusieurs centaines de kilomÚtres.
Pour vous donner une idĂ©e, jâai utilisĂ© un logiciel de planĂ©tarium.
Je me suis mis Ă la pleine lune de ce mois-ci,
et jâai entrĂ© les coordonnĂ©es de Lille et de Perpignan,
disons 1000km Ă vol dâoiseau.
Et voilĂ au-mĂȘme instant ce quâon verrait.
Vous voyez que la position apparente des Ă©toiles de lâarriĂšre plan
est trÚs légÚrement différente sur les deux images.
Câest Ă cause de lâeffet de parallaxe.
Cette différence de position, on va la mesurer comme un angle.
Câest la diffĂ©rence angulaire, dans le ciel,
entre les positions des Ă©toiles de lâarriĂšre-plan.
Avec mon exemple de Lille et Perpignan câest vraiment minime,
la différence est environ 1/6e de degré.
Mais une fois quâon a cette valeur, câest simplement un peu de trigonomĂ©trie.
Nos deux positions et la lune forment un triangle isocĂšle,
on connait lâangle et la distance de la base,
on peut en déduire la distance de la Terre à la Lune.
Câest juste de la gĂ©omĂ©trie, aucune hypothĂšse physique.
Petite précision de langage sur la mesure des angles.
Des angles qui sont des fractions de degrĂ©s câest pas Ă©vident,
alors pour parler de trÚs petits angles, on va diviser le degré
en 60 parties quâon appelle des "minutes dâarc",
1/6e de degrĂ©, câest donc un angle de 10 minutes dâarc.
Et si besoin on divisera encore la minute en secondes,
donc ici, 600 secondes dâarc.
Cette mĂ©thode de la parallaxe, câest donc supposĂ©ment ce quâaurait utilisĂ© Hipparque
pour faire une estimation de la distance de la Lune.
On nâa pas tout les dĂ©tails, mais il se peut quâen guise dâarriĂšre-plan,
il ait carrĂ©ment utilisĂ© le Soleil, Ă lâoccasion dâune Ă©clipse.
Et il aurait trouvé environ 400 000 km,
ce qui est quand mĂȘme incroyablement bon pour lâĂ©poque,
puisque la vraie valeur c'est 385 000.
Bien tout ça, câĂ©tait juste pour la Lune,
passons Ă lâobjet suivant, le Soleil justement.
Avec lui la mĂ©thode de la parallaxe ça va ĂȘtre compliquĂ©
parce que déjà il est beaucoup plus loin que la Lune,
et surtout il brille, donc on ne peut pas voir les Ă©toiles en arriĂšre-plan.
Heureusement, lâastronome anglais Edmond Halley avait au XVIIIe siĂšcle imaginĂ©
un moyen de contourner le problĂšme.
En astronomie, il y a une loi fondamentale, extrĂȘmement importante,
quâon appelle la troisiĂšme loi de Kepler.
Cette loi nous dit que si vous prenez différentes planÚtes
en orbite autour dâune Ă©toile, on va prendre des orbites circulaires pour faire simple,
il existe une relation entre la distance Ă lâĂ©toile
et la pĂ©riode de lâorbite, câest Ă dire la durĂ©e dâune rĂ©volution.
Plus précisément cette relation nous dit
que la distance au cube est proportionnelle à la période au carré.
La constante de proportionnalitĂ© ne dĂ©pend que de la masse de lâĂ©toile.
Prenons par exemple la Terre et VĂ©nus, dans le systĂšme solaire.
On sait que VĂ©nus a une orbite de 220 jours, la Terre 365 jours,
on a donc une relation entre la distance au soleil de VĂ©nus et celle de la Terre.
Donc si on connait la distance du Soleil Ă VĂ©nus,
on pourrait déduire celle du Soleil à la Terre.
Bon câest bien mais la distance du Soleil Ă VĂ©nus on ne la connait pas plus,
donc on nâest pas beaucoup plus avancĂ©.
Mais Halley avait pensé à un moyen de résoudre la difficulté.
Imaginez quâon se place Ă un moment oĂč la Terre, VĂ©nus et le Soleil sont alignĂ©s.
La distance du Soleil Ă VĂ©nus, câest la distance Terre-Soleil moins la distance Terre-VĂ©nus.
Si on sait mesurer la distance Terre-VĂ©nus, et quâon appelle x la distance Terre-Soleil,
la loi de Kepler devient une simple Ă©quation Ă une inconnue quâon peut rĂ©soudre.
Il faut juste trouver la distance Terre-VĂ©nus.
Ăvidemment câest une distance qui change tout le temps,
mais on a supposĂ© une situation oĂč VĂ©nus est pile entre nous et le Soleil,
on doit donc trouver cette distance lors dâune Ă©clipse de Soleil par VĂ©nus.
Alors Ă©videmment quand VĂ©nus passe devant le Soleil,
ça fait pas comme une éclipse, la taille apparente de Vénus est trop faible.
Ăa fait juste une petite tache noire,
et on appelle pas ça une éclipse, on appelle ça un "transit" de Vénus.
Ăa dure quelques heures et câest super parce que le Soleil nous fournit lâarriĂšre plan.
On va pouvoir utiliser la méthode de la parallaxe.
Eh bien allons-y, prochain transit de VĂ©nusâŠ
Oh non, décembre 2117 !
Alors oui câest un Ă©vĂ©nement trĂšs rare.
Mais Edmond Halley qui avait imaginé cette méthode,
savait quâil aurait lieu en 1761 puis Ă nouveau en 1769.
Et cet Ă©vĂ©nement a donnĂ© lieu Ă ce qui peut ĂȘtre considĂ©rĂ©
comme la premiĂšre collaboration scientifique internationale de lâHistoire.
A cette époque des astronomes français, suédois, britanniques, russes, américains
se sont coordonnés pour observer et mesurer le transit de Vénus
depuis 62 endroits différents comme la Sibérie, Madagascar, Pondichéry,
Terre-Neuve, le cap de Bonne Espérance, Philadelphie, Tahiti.
Tout ça, sachant que pendant ce temps-là , les puissances européennes
Ă©taient en plein affrontement militaire, entre 1756 et 1763, câĂ©tait la guerre de 7 Ans.
Mais la science a été plus forte que les conflits.
A lâaide de toutes ces mesures, lâastronome français JĂ©rĂŽme de La Lande
réalisa une estimation de la distance Terre-Soleil à 153 millions de km.
Soit une erreur de 2% par rapport Ă lâestimation actuelle, vraiment pas mal !
Alors aujourdâhui on nâutilise plus cette mĂ©thode,
mĂȘme si le dernier transit de VĂ©nus a eu lieu en 2012
et a donné de trÚs jolies observations.
Depuis les années 60 on mesure directement
la distance entre la Terre et Vénus par télémétrie.
Non pas avec un laser mais avec un radar.
On mesure le temps avant de recevoir lâĂ©cho des ondes qui se rĂ©flĂ©chissent sur la planĂšte,
et ça nous permet dâestimer sa distance Ă la Terre,
et donc la distance Terre-Soleil.
La valeur actuellement retenue est dâenviron 149,6 millions de kilomĂštres.
Une fois quâon a ça, et grĂące Ă la loi de Kepler,
on peut en déduire les distances de toutes les autres planÚtes
qui tournent autour du Soleil.
Câest bien mais pour lâinstant on reste dans le systĂšme solaire.
Maintenant essayons de voir plus loin,
on va estimer la distance qui nous sépare des étoiles de la Voie lactée.
Pour les Ă©toiles, on pourrait se dire quâon va Ă nouveau
utiliser la méthode de la parallaxe, comme Hipparque avec la Lune.
Sauf quâelles sont beaucoup plus loin que les planĂštes.
Donc on va se retrouver avec des angles ridiculement petits Ă mesurer.
Sauf⊠sauf si on utilise lâorbite de la Terre autour du Soleil !
On a vu que ce que lâon mesure câest un angle,
et quâil dĂ©pend de la base quâon choisit pour faire notre mesure,
câest Ă dire de la distance entre les deux points dâobservations.
On a parlé de quelques centaines de kilomÚtres,
ou quelques milliers si on se déplace beaucoup sur Terre.
Mais maintenant quâon connait la distance Terre-Soleil, on peut utiliser ça !
Si on observe une mĂȘme Ă©toile Ă 6 mois dâintervalles,
la position de la Terre aura changé
de deux fois la distance Terre-Soleil, donc 300 millions de kilomĂštres.
Les angles de parallaxe seront donc beaucoup plus facile Ă mesurer.
En pratique ça va quand mĂȘme pas ĂȘtre simple.
Prenons lâĂ©toile la plus proche de nous, Proxima du centaure.
Avec une base de 300 millions de kilomĂštres, sa parallaxe est de 0.7 secondes dâarc.
Je vous rappelle un degré se divise en 60 minutes et 3600 secondes,
donc lĂ on parle mĂȘme pas dâun milliĂšme de degrĂ©.
Avec cette parallaxe de 0,7 secondes,
la distance correspondante câest environ 4,2 annĂ©es-lumiĂšre.
Retenez que la parallaxe, ça marche Ă lâenvers,
plus la parallaxe est faible, plus lâobjet est loin.
Et inversement, une parallaxe plus Ă©levĂ©e, câest un objet plus proche.
Si sa parallaxe Ă©tait de 1 seconde, lâĂ©toile ne serait quâĂ environ 3,26 annĂ©es-lumiĂšre.
Dâailleurs cette distance qui correspond Ă une seconde de parallaxe,
les astronomes utilisent trÚs souvent ça comme unité longueur
3,26 années-lumiÚres on appelle ça un "parsec".
Et on va parler de kiloparsecs, de mégaparsecs,
parsec c'est pour PARalaxe-SEConde
Pour faire simple dans cette vidĂ©o, je vais essayer de mâen tenir aux annĂ©es-lumiĂšre,
mais si jamais je parle de parsecs,
pour avoir des années-lumiÚre vous multipliez en gros par 3.
Pour mesurer des parallaxes en utilisant lâorbite de la Terre comme base,
on peut le faire depuis le sol, avec des télescopes,
mais lâidĂ©al, câest quand mĂȘme dâaller dans lâespace.
En 1989, lâagence spatiale europĂ©enne a lancĂ© un satellite nommĂ© Hipparcos,
en hommage Ă Hipparque Ă©videmment,
et permettant de mesurer des parallaxes avec une prĂ©cision de 1 milliseconde dâarc.
Toute les données recueillies forment le catalogue Hipparcos,
qui contient plus de 100 000 Ă©toiles.
Pour prendre la suite dâHipparcos, câest le satellite GaĂŻa
qui a été lancé en 2013, et dont les résultats
sont publiés progressivement depuis quelques années.
Le catalogue contient Ă lâheure actuelle un milliard dâĂ©toiles,
et des mesures de parallaxe avec une prĂ©cision allant jusqu'Ă 10 microsecondes dâarc.
Tout ça est consultable en ligne.
La méthode de la parallaxe est donc trÚs puissante,
et elle fonctionne car on connait lâorbite de la Terre,
la distance Terre-Soleil, quâon a obtenue par tĂ©lĂ©mĂ©trie.
Câest le premier exemple de changement de barreau de lâĂ©chelle.
La méthode de télémétrie, premier barreau,
qui fonctionne jusquâĂ disons 1 milliards de kilomĂštres
permet de caler la méthode de parallaxe,
le deuxiĂšme barreau, qui lui marche jusquâĂ quelques dizaines de milliers annĂ©es-lumiĂšre
GrĂące Ă cela, on peut donc estimer lâĂ©loignement
de prĂšs dâun milliard dâĂ©toiles de la Voie LactĂ©e.
Malgré tout, ça ne représente
quâune petite portion de notre galaxie, notre voisinage disons.
Pour espĂ©rer mesurer la distance dâobjets plus lointains,
comme dâautres galaxies par exemple,
il nous faut une nouvelle méthode.
Pour les objets hors de notre galaxie, on nâa aucune chance
avec une méthode purement géométrique comme la parallaxe.
Il faudrait mesurer des angles ridiculement petits.
Au lieu de ça, on va se servir de
ce quâon appelle en astronomie une « chandelle standard ».
Pour comprendre ça, on doit parler
des notions de luminosité intrinsÚque, et luminosité apparente.
Imaginez une source lumineuse familiĂšre, disons les phares dâune voiture.
Intuitivement vous savez combien ça éclaire, vous connaissez leur luminosité intrinsÚque.
Maintenant si vous voyez les phares dâune voiture au loin, la nuit,
leur luminositĂ© apparente sera dâautant plus faible que la voiture se trouve loin.
Comme vous connaissez la vraie luminosité intrinsÚque des phares,
leur luminosité apparente vous donne une idée
de la distance Ă laquelle se trouve la voiture.
Mais ça ne fonctionne que parce que vous connaissez
la luminosité intrinsÚque des phares.
Si vous voyez une source lumineuse inconnue dans la nuit,
vous ne pouvez pas savoir a priori
sâil sâagit dâune source puissance situĂ©e trĂšs loin,
ou dâune source moins lumineuse et situĂ©e moins loin.
Câest exactement ce qui se passe avec les Ă©toiles dâailleurs.
Si une Ă©toile apparait trĂšs brillante,
câest peut-ĂȘtre quâelle est trĂšs proche, ou bien quâelle est trĂšs puissante.
Donc juste sa luminosité apparente, ça ne nous dit rien sur sa distance.
Sauf si, comme pour les phares de voitures, on connait sa vraie luminosité intrinsÚque.
Un objet astrophysique dont on connait la luminosité intrinsÚque,
câest ça quâon appelle une « chandelle standard ».
Et en comparant sa luminosité apparente à sa luminosité intrinsÚque,
on peut sâen servir pour estimer sa distance.
Le problĂšme, câest comment en trouver des objets de ce genre ?
Eh bien, la solution nous a Ă©tĂ© apportĂ©e par lâastrophysicienne Henrietta Leavitt.
Au début du XXÚme siÚcle, Leavitt travaille à Harvard
et Ă©tudie des Ă©toiles quâon appelle des CĂ©phĂ©ides.
Il sâagit dâĂ©toiles dont la luminositĂ© oscille rĂ©guliĂšrement avec le temps.
Leur nom, les Céphéides, vient de la premiÚre étoile de ce genre
qui a Ă©tĂ© dĂ©couverte dans la constellation de CĂ©phĂ©e, câest lâĂ©toile delta-CĂ©phĂ©e,
vous voyez ici la variation de sa luminosité
qui oscille avec une pĂ©riode dâenviron 5 jours.
On connait quelques centaines de Céphéides dans la Voie lactée,
ce sont des Ă©toiles assez puissantes,
qui sont environ 10 fois plus massives que le soleil,
et dont les pĂ©riodes dâoscillation vont de quelques jours Ă quelques dizaines de jours.
Dans son travail de recherche, Henrietta Leavitt
ne sâintĂ©ressait pas aux CĂ©phĂ©ides de la Voie lactĂ©e,
mais Ă celles situĂ©es dans ce quâon appelle le Grand Nuage de Magellan.
Le Grand Nuage de Magellan, câest une galaxie naine,
qui est située tout prÚs de la Voie lactée,
et quâon considĂšre comme une sorte de satellite de notre galaxie.
On peut lâobserver dans la constellation de la Dorade.
Vous ne connaissez pas cette constellation, ?
Câest parce quâelle est dans lâhĂ©misphĂšre Sud !
Et donc Henrietta Leavitt remarque que les Céphéides de cette galaxie
semblent suivre une certaine régularité.
Plus leur pĂ©riode dâoscillation est importante, plus elles semblent lumineuses.
Et elle trouve une formule qui permet de relier les deux quantités.
On appelle ça la relation période-luminosité.
Comme toutes ces Ă©toiles sont situĂ©es en gros Ă la mĂȘme distance de nous,
puisqu'elles sont dans le nuage de Magellan qui est hors de la galaxie,
cette variation de luminosité apparente
semble bien ĂȘtre due Ă la luminositĂ© intrinsĂšque.
Comme si la puissance de ces Ă©toiles dĂ©pendait uniquement de leur pĂ©riode dâoscillation.
Ăa câest super car ça veut dire
que les Céphéides pourraient servir de chandelle standard,
si on connaissait leur luminosité intrinsÚque,
en regardant leur luminosité apparente
on en déduirait par exemple la distance du Grand Nuage de Magellan.
Le souci câest quâil faut calibrer cette mĂ©thode,
on ne connait pas a priori la luminosité intrinsÚque des Céphéides.
On sait quâelle est liĂ©e Ă leur pĂ©riode,
mais il nous faut une valeur absolue qui serve de point de référence.
Par exemple à partir de Céphéides dont on connaisse déjà la distance
par une autre méthode, comme celle de la parallaxe.
Grùce au télescope spatial Hubble et au catalogue Gaïa dont on a parlé juste avant,
il y a maintenant plusieurs dizaines de Céphéides
dont on sait bien estimer la distance par la méthode de la parallaxe.
On peut donc calculer leur puissance intrinsĂšque
et sâen servir pour calibrer la relation pĂ©riode-luminositĂ© des CĂ©phĂ©ides.
On a donc un nouvel exemple dâascension de lâĂ©chelle.
La méthode de la parallaxe, deuxiÚme barreau,
permet de calibrer la méthode des Céphéides, troisiÚme barreau.
Lâavantage, câest que si la mĂ©thode de la parallaxe
Ă©tait limitĂ©e Ă quelques dizaines dâannĂ©es-lumiĂšre,
les Céphéides permettent de nous emmener beaucoup plus loin.
On peut en effet en détecter dans des galaxies situées à des millions,
voire des dizaines de millions dâannĂ©es-lumiĂšres,
comme celle-ci, la galaxie M101.
Des dizaines de millions dâannĂ©es-lumiĂšre, câest bien,
ça permet de connaitre la distance de plusieurs centaines de galaxies,
nos plus proches voisines.
Mais on est encore trĂšs loin de la taille de lâUnivers visible.
Pour pousser plus loin, on ne peut pas utiliser les Céphéides,
elles deviennent bien trop difficile Ă observer.
Heureusement, il existe un autre type de chandelle standard : les supernovas.
[Jingle]
Une supernova, câest, en quelque sorte, lâexplosion dâune Ă©toile en fin de vie,
et qui sâaccompagne dâune Ă©mission de lumiĂšre absolument gigantesque.
A tel point que lorsquâelle se produit,
une supernova peut Ă©mette plus de lumiĂšre que toute la galaxie qui lâhĂ©berge.
Ces événements sont rarissimes, en gros dans une galaxie donnée
ça arrive moins dâune fois par siĂšcle.
Et il y a plusieurs causes possibles.
Mais un cas particulier, c'est ce quâon appelle les supernovas de type 1a.
Le scĂ©nario est toujours le mĂȘme : une naine blanche en orbite autour dâune autre Ă©toile
lui pique de la matiĂšre et grossit jusquâĂ atteindre
une limite bien définie qui la fait exploser.
Des calculs thĂ©oriques permettent dâestimer que cette limite,
quâon appelle la limite de Chandrasekhar, serait dâenviron 1,4 fois la masse du Soleil.
Une fois cette limite atteinte, lâĂ©toile implose puis explose,
sa luminosité augmente trÚs rapidement puis décroit en quelques dizaines de jours.
Le gros intĂ©rĂȘt, câest que toutes les supernovas de type 1a explosent
plus ou moins de la mĂȘme façon quand elles atteignent la masse limite.
On a donc une belle chandelle standard,
dont la luminositĂ© intrinsĂšque est toujours la mĂȘme.
Sauf que vous me voyez peut-ĂȘtre venir :
pour que tout ça fonctionne, on doit calibrer la méthode.
Câest-Ă -dire quâon doit dĂ©terminer cette luminositĂ© intrinsĂšque
en utilisant des supernovas assez proches pour quâon en connaisse dĂ©jĂ la distance
grùce à une autre méthode, comme celle des Céphéides.
Heureusement câest possible ! Par exemple la supernova de type 1a
la plus proche que lâon ait observĂ© est celle quâon appelle SN1972E,
et elle sâest produite Ă une dizaine de millions dâannĂ©es-lumiĂšre de nous,
dans une galaxie dont on peut justement estimer la distance
par la méthode des Céphéides.
Et on connait quelques dizaines de supernovas du mĂȘme genre,
suffisamment proches pour permettre de calibrer la luminosité grùce aux Céphéides.
Nouveau barreau de lâĂ©chelle franchi !
Comme les supernovas sont parmi les événements astrophysiques
les plus puissants de lâUnivers,
elles vont nous permettre de mesurer la distance de galaxies
vraiment trĂšs lointaines, jusquâĂ plusieurs milliards dâannĂ©es-lumiĂšre.
Et grĂące Ă cela, on va pouvoir grimper sur le dernier barreau de lâĂ©chelle :
la loi de Hubble.
Jâen ai dĂ©jĂ parlĂ© sur la chaine plusieurs fois,
nous savons que toutes les galaxies sâĂ©loignent les unes des autres
sous lâeffet de lâexpansion de lâUnivers,
et plus elles sont lointaines, plus elles sâĂ©loignent vite de nous.
Plus prĂ©cisĂ©ment, leur vitesse dâĂ©loignement V, est proportionnelle Ă leur distance D,
et on note Ho le coefficient de proportionnalité,
quâon appelle la constante de Hubble, en hommage Ă lâastronome Edwin Hubble
qui avait découvert cette relation.
Notons deux choses à propos de cette découverte.
PremiĂšrement Ă lâĂ©poque, elle avait Ă©tĂ© rendue possible
justement grùce aux travaux de Henrietta Leavitt sur les Céphéides,
qui permettaient dâestimer les distances des galaxies les plus proches.
DeuxiÚmement, la valeur de la constante de proportionnalité
trouvée par Hubble était⊠assez loin du compte !
On voit ici le diagramme publié par Hubble en 1929 :
en regardant la pente de la droite, on voit que le coefficient de proportionnalité
est environ 500 km par seconde par mégaparsec.
Une galaxie situĂ©e Ă 1 mĂ©gaparsec semble sâĂ©loigner Ă 500 km/s.
A deux mĂ©gaparsecs câest le double, etc.
Je rappelle : un mĂ©gaparsec, câest environ 3 millions dâannĂ©es-lumiĂšre.
Ce coefficient, on sait aujourdâhui quâil Ă©tait surestimĂ© presque dâun facteur 10.
La vraie valeur, câest plutĂŽt autour de 70 km/s/Mpc.
Comment on le sait ?
Eh bien on a fait des mesures sur beaucoup plus de galaxies,
et surtout sur des galaxies bien plus lointaines,
grùce aux supernovas de la méthode précédente.
Sur le graphique que vous voyez ici,
vous avez la vitesse dâĂ©loignement dâun grand nombre de galaxies
ainsi que les distances associées.
La vitesse on la connait en mesurant le décalage de fréquence de la lumiÚre,
par un analogue de lâeffet Doppler, et la distance, on la connait grĂące aux supernovas.
Donc forcĂ©ment, on est beaucoup plus prĂ©cis que ne lâĂ©tait Hubble
qui mesurait des galaxies vraiment trĂšs proches.
Lâestimation la plus rĂ©cente de la constante de Hubble, câest 73 km/s/Mpc.
Et en faisant ça, on grimpe sur le dernier barreau de notre échelle.
Les mesures de supernovas nous permettent de calibrer la constante de Hubble,
et celle-ci nous permet dâestimer des distances
jusquâaux confins de lâUnivers visible.
Si on a disons une galaxie trĂšs lointaine,
puisque sa distance est liĂ©e Ă sa vitesse dâĂ©loignement,
il suffit de mesurer cette vitesse.
Or grùce au phénomÚne de décalage vers le rouge,
en observant les longueurs dâonde Ă©mises on peut en dĂ©duire la vitesse dâĂ©loignement,
mĂȘme pour des objets trĂšs lointains.
Câest ainsi quâon a pu mesurer la distance de la galaxie
la plus lointaine connue Ă ce jour, quâon appelle GN-z11.
Et lĂ vous allez voir câest un peu subtil.
La lumiĂšre quâon observe de cette galaxie a Ă©tĂ© Ă©mise il y a 13,4 milliards dâannĂ©es,
soit 400 millions dâannĂ©es seulement aprĂšs le big-bang.
Cette lumiĂšre que lâon capte aujourdâhui
a donc voyagĂ© 13,4 milliards dâannĂ©es-lumiĂšre avant de nous arriver.
On pourrait se dire que la galaxie est Ă 13,4 milliards dâannĂ©es-lumiĂšre.
Mais du fait de lâexpansion de lâUnivers, on sait que cette galaxie est aujourdâhui
bien plus loin, Ă une distance dâenviron 32 milliards dâannĂ©es-lumiĂšre.
Pour résumer, vous voyez que grùce aux différentes méthodes dont on a parlé,
et Ă leur recouvrement qui permet de les calibrer successivement,
il est possible de mesurer des distances jusquâaux confins de lâUnivers visible,
et ce avec finalement assez peu dâhypothĂšses.
Et pourtant il y a en ce moment en cosmologie une crise qui se dessine
et qui découle de la mesure de la constante de Hubble.
Je vous lâai dit, on a trouvĂ© environ 73 km/s/Mpc.
Or une autre méthode, basée cette fois sur le rayonnement fossile donne plutÎt 67.
Pour les mesures de distance, ça ne fait pas une grande différence de précision, environ 10%.
Mais au fur et Ă mesure que les barres dâerreur se rĂ©duisent,
les cosmologistes commencent à réaliser que ces deux mesures
pourraient bien ĂȘtre vraiment incompatibles.
Indiquant que lâune des deux doit ĂȘtre un peu fausse.
Mais laquelle ?
Cette tension sur la mesure de la constante de Hubble est aujourdâhui
un sujet chaud en cosmologie, mais je vous en parlerai dans un prochain épisode !
Merci dâavoir suivi la vidĂ©o.
Nâoubliez pas de partager pour mâaider Ă faire connaitre la chaine.
Abonnez vous si ça nâest pas dĂ©jĂ fait, la cloche, tout ça.
Pour les plus curieux je donne comme toujours des compléments dans le billet de blog,
le lien est en description,
et nous, on se retrouve trÚs vite pour une nouvelle vidéo, à bientÎt !
â Sous-titrage : Le Crayon d'oreille -
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