Staline a-t-il commis un génocide en Ukraine ? (Holodomor)
Summary
TLDRLe script décrit la terrible famine qui a frappé l'Ukraine au printemps 1933, en contexte soviétique. Engendrée par la politique de collectivisation imposée par Joseph Staline, cette famine, causée par des prélèvements massifs de céréales destinées à financer l'industrialisation forcée de l'URSS, a fait des millions de morts. Le régime a cherché à masquer cette crise, qui est devenue un événement clé de l'histoire ukrainienne, connue sous le nom de 'Holodomor', et considérée par certains comme un génocide. Le récit détaille les conséquences de cette politique, les tentatives de répression de l'identité ukrainienne, et l'impact de ces événements sur la mémoire et la politique ukrainiennes, y compris la controverse entourant la qualification de génocide.
Takeaways
- 📜 La famine en Ukraine du printemps 1933 est le résultat des politiques de Joseph Staline, en particulier la collectivisation de l'agriculture.
- 🏗️ La collectivisation, décidée en 1929, visait à moderniser l'URSS et à la mener vers l'utopie communiste, mais elle a eu des conséquences désastreuses.
- 🚫 Les paysans ukrainiens, refusant la collectivisation, ont été confrontés à des privations, des confinements, des arrestations et des déportations par le régime soviétique.
- 🗣️ L'Ukraine considère la famine de 1933, appelée « Holodomor », comme un génocide orchestré contre les Ukrainiens, mais d'autres régions de l'URSS en ont également souffert.
- ⛓️ Les « Koulaks », considérés comme des profiteurs, ont été la cible d'une intense campagne de propagande et ont été violemment réprimés.
- 🚫 Les efforts du gouvernement pour supprimer les opposants à la collectivisation, combinés à la saisie croissante de la production agricole, ont conduit à un effondrement de la production agricole.
- 📉 En 1932, les récoltes ukrainiennes se sont avérées catastrophiques, et Staline a renforcé les réquisitions et les sanctions, transformant la famine en une question politique.
- 🛡️ Staline a utilisé la faim comme une « arme » pour soumettre l'Ukraine, en particulier en mettant en place un blocus de la région pour empêcher les paysans de fuir.
- 🏙️ Pendant la famine, l'Ukrainisation a été interrompue, les dirigeants ukrainiens remplacés par des Russes et l'enseignement de la langue ukrainienne interdit.
- 📊 Le nombre de victimes de la famine est longtemps resté inconnu, mais des estimations plus récentes parlent d'environ 3,9 millions de morts en Ukraine.
- 🌱 La fin de la famine a vu le régime stalinien coloniser les villages dévastés par des colons venus de Russie, modifiant durablement le paysage démographique de l'Ukraine.
Q & A
Quelle est la période décrite dans le script et quelle est la situation principale en Ukraine pendant cette période ?
-Le script décrit la situation en Ukraine au printemps 1933, où une famine terrible due à la politique de collectivisation imposée par Joseph Staline a provoqué la mort de millions de paysans ukrainiens.
Quelle est la cause sous-jacente de la famine décrite dans le script ?
-La cause sous-jacente de la famine est la politique de collectivisation de l'agriculture imposée par Staline en 1929, qui a désorganisé la production agricole et a entraîné des pénuries de nourriture.
Comment le régime soviétique a-t-il tenté de cacher la famine ?
-Le régime soviétique a caché la famine en truffant les chiffres, en interdisant la documentation écrite, en publiant des rapports d'autopsie falsifiés et en restreignant l'accès aux régions touchées pour éviter la divulgation de l'information.
Quels étaient les effets de la collectivisation sur la population paysanne ukrainienne ?
-La collectivisation a eu pour effets la privation de propriété, des confinements, des arrestations et des déportations de paysans, ainsi que la destruction de leur mode de vie traditionnel, entraînant la mort de 4 millions de personnes en moins d'un an.
Comment la famine est-elle devenue un événement central dans l'histoire et la culture ukrainienne ?
-La famine, connue sous le nom de 'Holodomor', est devenue un événement central de l'histoire ukrainienne après que l'Ukraine ait obtenu son indépendance en 1991, et est officiellement reconnue comme génocide depuis 2006.
Quelle est la différence de point de vue entre l'Ukraine et la Russie concernant la famine des années 1930 ?
-L'Ukraine considère la famine comme un génocide dirigé contre les Ukrainiens, tandis que la Russie, sous l'influence de Vladimir Poutine, a tendance à minimiser ou à nier l'aspect génocidaire de l'événement, le considérant plutôt comme une conséquence de la collectivisation.
Quels étaient les facteurs qui ont conduit à la résistance des paysans ukrainiens face à la collectivisation ?
-La résistance était principalement due au refus de perdre leurs terres, outils et animaux, ainsi qu'à la pression pour se rassembler dans des fermes collectives, ce qui allait à l'encontre de leurs traditions et de leur mode de vie.
Comment le gouvernement soviétique a-t-il utilisé la faim en tant qu'arme contre l'Ukraine ?
-En mettant en place un blocus sur l'Ukraine, en attaquant l'identité ukrainienne, en déportant les élites et en remplaçant les paysans décédés par des colons venus de Russie, le gouvernement soviétique a transformé la faim en une arme pour soumettre et contrôler l'Ukraine.
Quelle a été la réaction internationale face à la famine en Ukraine dans les années 1930 ?
-La réaction internationale a été limitée en raison du secret bien gardé par le régime soviétique. Cependant, le journaliste Gareth Jones a réussi à révéler la situation à l'extérieur de l'URSS, bien que ses récits aient été largement ignorés ou contestés par d'autres journalistes de l'époque.
Comment la famine a-t-elle influencé les relations entre l'Ukraine et la Russie dans les décennies suivantes ?
-La famine a laissé des cicatrices profondes dans les relations entre l'Ukraine et la Russie, avec des sentiments de méfiance et de rancœur qui ont persisté. L'événement est devenu un point de friction dans les relations internationales, en particulier lors des conflits ultérieurs entre les deux pays.
Quelle est l'estimation actuelle du nombre de victimes de la famine en Ukraine ?
-Les estimations les plus récentes parlent d'environ 3,9 millions de personnes mortes en Ukraine principalement de faim ou de maladies, ce qui représente environ un paysan sur six.
Outlines
😔 La famine de 1933 en Ukraine
Le premier paragraphe décrit le contexte de la famine de 1933 en Ukraine, expliquant que cette famine n'était pas due à des causes naturelles ou à la guerre, mais était le résultat des actions de Joseph Staline. La collectivisation imposée par Staline en 1929 a eu pour conséquence de provoquer une résistance chez les paysans ukrainiens, qui ont été réprimés par des privations, des confinements, des arrestations et des déportations. Cette politique a entraîné la mort de 4 millions de personnes en moins d'un an. Le paragraphe soulève également la question de la nature de cette famine, qu'elle soit un génocide ou une conséquence non intentionnelle de la collectivisation.
🏛 Contexte historique de l'URSS et de l'Ukraine
Le deuxième paragraphe fournit un contexte historique, commençant par la révolution d'Octobre en 1917 et la guerre civile qui a suivi. Il explique comment l'Ukraine a profité de l'effondrement de l'Empire russe pour déclarer son indépendance, mais a été rapidement rattrapée par la guerre civile. La famine de 1921-1922 est également mentionnée, qui a été causée par la guerre et les réquisitions des bolchéviks. L'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) est née après la fin de la guerre civile, et l'Ukraine est devenue une République Socialiste Soviétique. Le paragraphe décrit également comment Lénine souhaitait que chaque république soviétique conserve une forme d'autonomie, mais Staline, en prenant le pouvoir après la mort de Lénine, a centralisé l'autorité et commencé à supprimer tous les opposants. Staline a également lancé le premier plan quinquennal pour moderniser l'URSS et combler son retard industriel et technologique.
🌾 Les causes de la famine : Collectivisation et résistance
Le troisième paragraphe explore en détail les causes de la famine, en commençant par l'introduction de la collectivisation en 1929, qui visait à abolir la propriété privée pour les paysans. Les paysans ont été forcés de rejoindre des fermes collectives appelées 'kolkhozes'. La résistance à la collectivisation a été particulièrement forte en Ukraine, où les paysans, considérés comme un gilet pour la stabilité de l'URSS, ont été confrontés à des répressions sévères. Le paragraphe décrit également comment les 'koulaks', les paysans supposément aisés, ont été désignés comme des boucs émissaires et la cible d'une intense campagne de propagande. La 'dékoulakisation' a conduit à l'arrestation et au déplacement de milliers de paysans vers des camps de travail. La dissimulation de la récolte par les paysans et l'augmentation des réquisitions d'État ont exacerbé la situation, entraînant une baisse de la production agricole et une pénurie de nourriture.
❄️ La famine s'aggrave : L'hiver 1932-1933
Le quatrième paragraphe relate comment la situation s'est détériorée avec l'arrivée de l'hiver 1932-1933, décrivant la famine qui a frappé les campagnes ukrainiennes. Les responsables soviétiques d'Ukraine ont réagi en écrivant à Staline pour informer la situation et demander de l'aide. Cependant, Staline, conscient de la famine, a choisi non pas d'aider les paysans mais de réprimer toute résistance pour protéger les récoltes de l'État. Le décret de la 'Loi des épis' du 7 août 1932 a criminalisé le vol et la dissimulation de grains. Staline a envoyé des collaborateurs proches, Molotov et Kaganovitch, en Ukraine pour imposer l'ordre et poursuivre la collectivisation. La famine a été utilisée comme une 'arme' pour soumettre l'Ukraine, avec des commissions dirigées par Molotov et Kaganovitch qui ont accru les réquisitions et les sanctions. Les 'brigades de fer' ont mené des répressions violentes contre les paysans ukrainiens, aggravant ainsi la famine.
🏙️ Le blocus de l'Ukraine et la fin de la famine
Le cinquième paragraphe explique les mesures extrêmes prises par Staline pour isoler l'Ukraine et empêcher les paysans de fuir la famine vers les villes. Le blocus de l'Ukraine instauré le 7 janvier 1933 a transformé la région en une 'prison à ciel ouvert'. Les restrictions de déplacement et le contrôle des passeports ont été renforcés. Malgré l'envoi d'une aide alimentaire, elle était insuffisante et principalement destinée aux villes. La famine a été secrètement documentée et dissimulée du monde extérieur. Le journaliste Gareth Jones est l'un des rares témoignages étrangers, ayant réussi à infiltrer l'Ukraine et rapporter sur la famine. La famine a pris fin en 1933, laissant des millions de morts et une population dévastée, remplacée par des colons russes. Le nombre de victimes est longtemps resté inconnu, mais des estimations plus récentes parlent d'environ 3,9 millions de morts en Ukraine.
📚 L'Holodomor dans l'histoire et la mémoire ukrainienne
Le sixième paragraphe traite de la manière dont l'Holodomor a été perçue et commémorée après l'indépendance de l'Ukraine en 1991. La famine a été officiellement reconnue comme un génocide en Ukraine et a été intègrée dans l'histoire nationale sous le nom d'Holodomor, signifiant 'l'extermination par la faim'. Cependant, la qualification de génocide n'est pas unanime parmi les historiens, certains considérant que la famine était une conséquence plus large de la politique soviétique de l'époque qui a touché plusieurs régions de l'URSS. D'autres historiens, cependant, soulignent que la famine en Ukraine a été utilisée comme une arme délibérée par Staline à partir de 1932 pour écraser les revendications nationalistes ukrainiennes. Quoi qu'il en soit, l'existence et l'ampleur de l'Holodomor ne peuvent être niées, et l'événement a eu un impact profond sur le fonctionnement du régime stalinien, établissant un culte du mensonge, du secret et de la répression.
Mindmap
Keywords
💡Holodomor
💡Collectivisation
💡Joseph Staline
💡Famine
💡Génocide
💡Kolkhozes
💡Répression
💡Blocus
💡Paysannerie ukrainienne
💡Koulaks
💡URSS
Highlights
En 1933, une famine terrible frappe l'Ukraine, causée par les politiques du régime soviétique dirigé par Joseph Staline.
La collectivisation imposée par Staline en 1929 est à l'origine de la famine, qui est masquée par le gouvernement soviétique.
La résistance des paysans ukrainiens à la collectivisation est sévèrement réprimandée, avec des privations, des arrestations et des déportations.
La famine est orchestrée et amplifiée par Staline comme moyen de soumettre la population ukrainienne.
En moins d'un an, environ 4 millions de morts sont attribués à la famine en Ukraine.
L'Ukraine considère la famine organisée, appelée « Holodomor », comme un génocide dirigé contre les Ukrainiens.
La famine est également un problème dans d'autres régions de l'URSS, mais l'Ukraine est particulièrement durement touchée.
Après la révolution d'Octobre, l'Ukraine a brièvement connu l'indépendance avant d'être rattrapée par la guerre civile.
Lénine avait autorisé une certaine autonomie culturelle et politique pour chaque République soviétique, y compris l'Ukraine.
Staline, en prenant le pouvoir après Lénine, centralise l'autorité et réprime les opposants au sein du parti.
Le premier plan quinquennal de Staline est lancé en 1928 pour industrialiser rapidement l'URSS.
L'Ukraine, en tant que « grenier à grain » de l'URSS, est un point focal pour les réquisitions d'État et la collectivisation.
Les paysans ukrainiens sont violemment opprimés pour résister à la collectivisation, avec des répression qui déciment leur population.
La désobéissance des paysans et le cachette de récoltes par les paysans aggravent la pénurie de nourriture.
Staline est informé de la famine en Ukraine mais choisit de réprimer davantage la population plutôt que d'aider.
La « Loi des épis » de 1932 criminalise le vol de grain et renforce les mesures répressives contre les paysans.
Staline utilise la faim comme une arme pour soumettre l'Ukraine et protéger l'intérêt de l'État.
La famine est aggravée par des commissions dirigées par Molotov et Kaganovitch, qui augmentent les réquisitions et les sanctions.
La fin de l'Ukrainisation et l'interdiction de la langue ukrainienne sont des mesures prises pour éradiquer le nationalisme ukrainien.
Le blocus de l'Ukraine en 1933 est un acte pour empêcher les paysans de fuir la famine et est perçu comme un génocide.
La famine est secrètement gérée par le régime, avec des efforts pour masquer l'étendue de la catastrophe.
Gareth Jones est le seul journaliste occidental à avoir révélé la famine grâce à son infiltration en Ukraine.
Le nombre de victimes de la famine est longtemps resté inconnu, mais des estimations plus récentes parlent d'environ 3,9 millions de morts en Ukraine.
L'indépendance de l'Ukraine en 1991 a permis à la nation de reconnaître et de qualifier la famine comme un génocide, le « Holodomor ».
La famine est un point de争议 parmi les historiens, certains la considérant comme un génocide spécifique contre les Ukrainiens, tandis que d'autres la voient comme un crime de masse plus large.
Le régime stalinien a utilisé la famine pour instaurer un culte du mensonge et de la répression, ce qui a préparé le terrain pour les purges futures.
Transcripts
Nous sommes en Ukraine, au printemps 1933. Depuis 6 mois, une terrible famine fait des
ravages dans les campagnes. Déjà plusieurs centaines de milliers, si ce n’est des
millions de paysans sont déjà morts et le tout est caché par le régime soviétique.
Car contrairement aux autres famines, celle-ci n’est ni causée par une mauvaise météo,
ni par une guerre, elle l’œuvre d’un seul homme, Joseph Staline.
La raison ? Devenu tout puissant, Staline impose en 1929 le contrôle de l’agriculture
par l’Etat. Cette « collectivisation » doit permettre d’accélérer la modernisation
de l’Union Soviétique pour l’emmener tout droit vers l’utopie communiste.
Mais les choses, ne se sont pas passée comme prévu…
Refusant la collectivisation, les paysans vont tenir tête à Staline qui en réponse
décide d’imposer privations, confinements, arrestations et déportations qui vont
décimer la paysannerie ukrainienne en faisant 4M de morts en moins d’un an.
Aujourd’hui et surtout dans le contexte actuel, le sujet est brulant, car l’Ukraine considère que
cette famine organisée, quelle appelle « Holodomor », était un génocide dirigé contre les ukrainiens.
Problème, au même moment, de nombreuses régions d’URSS dont la
Russie sont aussi victimes de la famine. Mais que s’est-il vraiment passé ?
Mais que s’est-il vraiment passé ? Était-ce un crime de masse volontairement orchestrée
par Staline ? Un génocide pour anéantir les ukrainiens ? Ou bien la conséquence imprévue
de la collectivisation ? Voici l’Histoire de ce que les ukrainiens appellent le « Holodomor »,
l’extermination par la faim. CHAPITRE I : Contexte
Avant toute chose, un peu de contexte. Après révolution d’octobre de 1917 qui
voit les bolchéviques de Lénine prendre le pouvoir, l’ancien empire russe bascule
dans une terrible guerre civile. Pendant cette période, l’Ukraine
pro fite de l’effondrement de l’Empire Russe pour prendre son indépendance. (Rep Pop Ukr)
Mais cette indépendance est de courte durée car l’Ukraine est vite rattrapée par la guerre civile.
Sur son sol s’affrontent les armées bolchéviques, tsaristes, anarchistes
ou encore les armées étrangères française et américaine déployées pour renverser Lénine.
Pendant la guerre, entre 1921 et 1922 l’Ukraine comme unee partie de l’ancien empire russe est
victime d’une grave famine causée par la guerre et par les réquisitions exigées par les bolchéviques
au titre de ce qu’ils appellent le « communisme de guerre » qui fait plusieurs millions de morts.
Lorsque la guerre civile s’achève après 4 ans d’un long et sanglant conflit,
les bolchéviques l’emportent, ce qui marque la naissance de l’URSS,
l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. L’Ukraine se voit aussitôt rattachée à l’URSS
et devient la RSSU, République Socialiste Soviétique d’Ukraine.
Mais Lénine souhaite que chaque République Soviétique puisse conserver une forme
d’autonomie, ce qui passe en partie par l a conservation d’une sorte d’identité nationale.
Par exemple en Ukraine ça se traduit par le fait que les ukrainiens sont dirigés par d’autres
ukrainiens, ou encore que la langue ukrainienne puisse être parlé et apprise à l’école.
Mais voilà, Lénine est victime de deux AVC successifs qui le laissent gravement handicapé.
Et ça profité à un homme dont la guerre civile avait permis de grimper les échelons du parti
communiste jusqu’à devenir l’un des plus fidèle proche de Lénine.
Cet homme c’est Joseph Djougatchvili, surnommé, Staline.
Il profite de l’affaiblissement de Lénine pour saisir sa chance et manœuvre habillement pour
s’imposer peu à peu comme le successeur de Lénine. Quitte à enterrer son testament qui pourtant
mettait en garde ses camarades du parti contre la menace que pouvait représenter Staline.
A la mort de Lénine en janvier 1924, Staline, déjà secrétaire général du comité central du parti,
s’impose définitivement comme le seul chef en URSS et passe les années qui suivent à chasser
tous opposants au sein du parti. Le but pour Staline est désormais
de relever un pays ruiné par la guerre civile, très endetté et très en retard
sur le plan technologique et industriel. Pour rattraper son retard, il inaugure la
politique du « socialisme dans un seul pays » dont le but est d’accélérer la modernisation de l’URSS.
Pour y parvenir, Staline lance en 1928 le premier plan quinquennal, une planification
sur 5 ans de la politique de l’URSS pour développer son industrie en un temps record.
En 5 ans, l’Union Soviétique doit rattraper près d’un demi-siècle de retard pour passer d’un pays
de paysans à une puissance industrielle. Mais pour ça il faut beaucoup d’argent,
alors que l’URSS et très endetté depuis la guerre. Il faut donc vendre beaucoup,
et s’il y a bien quelque chose que l’URSS a à vendre en grande quantité c’est son blé.
Du blé qui doit ensuite être exporté massivement à l’étranger pour pouvoir acheter les matières
premières et les outils nécessaire à la grande transformation voulue par Staline.
Mais pour ça, l’Etat doit donc mettre la main sur une grande partie de la production
agricole. Et l’endroit considéré comme le « grenier à grain » de l’URSS… c’est l’Ukraine.
CHAPITRE II : Les causes de la famine. 1929 marques le début du « Grand Tournant » pour
Staline avec ce que les marxistes appellent « l’accumulation primitive du capital » qui se
résume par extraire le maximum de ressources possibles pour permettre la transition d’une
société capitaliste vers une société communiste. Pour y arriver est mis en
place la collectivisation. L’objectif est d’abolir toute forme de
propriété pour les paysans, à partir de là ils ne possèdent plus ni leur terrain, ni leurs outils ni
leurs animaux, tout appartient désormais à l’Etat. Ils sont forcés de se rassembler dans qu’on
appelle un « kolkhose », une ferme collective, qui doit permettre de
maximiser les rendements tout en s’assurant de garder sous contrôle l’ensemble des paysans.
Car pour Staline, les campagnes constituent une menace pour la stabilité de l’URSS.
Depuis la révolution bolchévique, les paysans sont jusque-là restés épargnée
par les réformes de Lénine puis de Staline. Il faut dire que le monde paysan n’est pas le plus
simple à transformer, il est très attachés à ses traditions, à la religion et est souvent imprégnés
par des idées nationalistes et antibolchéviques. D’ailleurs pendant la guerre civile, de nombreuses
révoltes avaient commencé dans les campagnes. Des groupes de paysans armée s’étaient soulevée
et avaient formés les armées vertes contre l’armée rouge bolchéviques et
l’armée blanche tsariste pour s’opposer aux réquisitions forcées par les deux camps.
Et ça Staline ne l’a pas oublié. Mais cette collectivisation rapide provoque
rapidement un gros problème que le Kremlin n’avait pas anticipé : le manque de nourriture.
La mise en place de la collectivisation a en quelques mois totalement désorganisée la chaine
de distribution du grain, des disettes apparaissent et menacent les paysans.
Et forcément, tout ce petit monde n’est pas très content.
Rapidement, la colère gronde au sein du monde agricole,
mais là où l’opposition à la collectivisation va être la plus importante c’est l’Ukraine.
[film propagande] L’Ukraine est à l’époque considérée comme le
grenier à blé de l’Union Soviétique et les paysans ukrainiens sont ceux parmi les paysans soviétiques
qui vivaient le mieux avant la collectivisation. Ce sont donc eux aussi qui ont le plus à perdre,
c’est pourquoi la plupart des révoltes contre la collectivisions ont lieu en Ukraine.
Pour vous donner un chiffre, sur les 14 000 émeutes comptabilisées par la police politique
sur la seule années 1930, la moitié ont lieu en Ukraine.
C’est pourquoi pour mettre fin à ces protestations, le pouvoir soviétique désigne un
bouc émissaire : le « koulak ». Issu d’une vieille expression russe, c’est un terme qui désigne
les paysans jugés trop à l’aise financièrement. Et pour être qualifié de Koulak, pas besoin d’être
un riche magnat du blé, il suffit juste d’avoir une vache, quelques outils un peu trop moderne
voir pire des gens qui travaillent pour vous. Une intense propagande va alors accuser tous
ceux soupçonnés d’être des profiteurs au service du capitalisme. L’idée étant aussi
de dresser les paysans les uns contre les autres, d’instaurer un climat de peur et
de délation entre voisin un peu jaloux. Les Koulaks sont désigné comme une classe
sociale à par entière qu’il faut éliminer. C’est le début d’une violente politique
de « dékoulakisation » où en quelques mois des milliers de paysans sont
arrêtés puis déportés en camps de travail. Mais malgré les efforts pour se débarrasser des
opposants à la collectivisation, la situation de s’arrange pas, elle-même en train de s’aggraver.
En continuant à saisir jusqu’à 46% de grain en Ukraine, de premières pénuries apparaissent.
Alors pour résister à la collectivisation et aux saisi d’une part de plus en plus
délirante de leur production agricole, beaucoup de paysans choisissent de désobéir
et de cacher une partie de leur récolte. La nuit les champs sont récoltés en cachette,
on vide les silos à grains, on trafique les balances. Le grain récupéré est ensuite caché
dans ce qui est appelé des « greniers noirs », des entrepôts clandestins où le grain est caché,
parfois dans le sol, sous le plancher, dans un matelas ou au fond d’un puits.
Si au début la plupart des autorités locales par complaisances ou bien simplement parce qu’ils sont
corrompus ferment les yeux sur ce qu’il se passe, l’augmentation de ce que la propagande nomme
les « sabotages koulaks » inquiètent Staline. Parce que la saisi de toujours plus de grain,
mêler à un début de rébellion et la fuite de nombreux paysans qui abandonne les campagnes
pour les villes en pleine industrialisation est en train d’avoir pour conséquence de
faire s’effondrer la production agricole entre 1931 et 1932. (donner chiffre)
Et ça, ça va commencer à poser de plus en plus de problème pour nourrir les gens.
CHAPITRE III : Famine Au printemps 1932, les campagnes
ukrainiennes comment à mourir de faim. Cette situation pousse les responsables
soviétiques d’Ukraine à réagir. (Grigory Petrovskii & Tchoubar)
Dans une lettre datée du 10 juin 1932, ils écrivent à Staline pour
l’informer de ce qu’il se passe en Ukraine. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il
n’hésite pas à se montrer très critique envers le régime « Au moins cent discrits ont besoin
d’une aide alimentaire d’urgence. J’ai visité de nombreux village et j’y ai vu partout des affamés.
Les femmes pleurent, les hommes aussi parfois. Pourquoi avez créé artificiellement la famine,
on avait une révolte, pourquoi avez-vous tout confisqué ? Même sous l’ancien régime,
personne n’aurait agit ainsi ! » Dedans ils expliquent que la situation
se dégrade de jour en jour aussi bien sur le plan alimentaire que sécuritaire.
Ils racontent croiser régulièrement des personnes affamées et demandent
à Staline une aide alimentaire d’urgence. Ils font aussi la demande de revoir à la
baisse les objectifs de prélèvements, estimant que ceux exigés ne sont juste pas tenables.
Staline lui-même semble conscient du risque de famine, dans une lettre du 18 juin,
il écrit que « la situation réelle de chaque kolkhose n’a pas été pris en compte […] et qu’en
conséquence, un certain nombre d’ukrainiens se sont retrouvé ruinés et touchés par la famine ».
C’est la seule et unique fois que Staline utilisera le terme de famine pour décrire
la situation en Ukraine. Bon connaissant le bonhomme vous vous doutez bien qu’il ne va pas
faire grand-chose pour améliorer la situation. Mais ça prouve une chose, Staline sait que la
famine commence à sévir en Ukraine, mais au lieu d’aider les campagnes en revoyant à la baisse ses
objectifs, il va, au contraire, pour soumettre les paysans ukrainiens récalcitrants, prendre
des décisions qui vont aggraver la famine. Staline donne l’ordre de réprimer toute
résistance paysanne pour protéger les récoltes qui sont dû à l’Etat.
Dans la foulée, 7 août 1932, un décret appelé la « Loi des épis » stipule que tout ceux retrouvé en
train de voler du grain ou en train d’en cacher sera considéré comme un « voleur
de la propriété socialiste », un motif passible d’une condamnation à dix ans au goulag.
Les agents de la OGPU, la police politique de Staline, sont envoyés dans les campagnes
pour perquisitionner et interroger tous ceux soupçonner de participer au sabotage
koulak en cachant leur récolte. Staline envoie aussi en Ukraine
deux de ses plus proches collaborateurs : Viatcheslav Molotov et Lazare Kaganovitch.
Leur mission est de ramener l’ordre, de mener à bien la collectivisation et
surtout d’empêcher que l’Ukraine ne fasse sécession comme lors de la guerre civile.
En fait Staline est persuadé que l’Ukraine est déjà infiltrée par des espions polonais
charger de déstabiliser la région pour permettre le démembrement de l’URSS.
Vu de Moscou, l’Ukraine est donc vu comme le point faible de l’Union Soviétique.
C’est pourquoi elle doit être dressée et servir de rôle modèle pour toutes
les autres républiques soviétiques. Dans une lettre adressée à Kaganovitch,
Staline exprime sa crainte de perdre l’Ukraine. « Le plus important maintenant, c’est l’Ukraine.
[…] Il faut la transformer en véritable forteresse de l’URSS, en République exemplaire. […] Sans ces
mesures, nous risquons de perdre l’Ukraine ». Et pour ne pas perdre l’Ukraine, Staline ne va
pas envoyer l’armée, à la place il va utiliser une arme beaucoup plus sournoise : la faim.
Juste après les récoltes de l’été 1932 qui s’avèrent sans surprise,
catastrophiques, Staline fait mettre en place à l’automne deux commissions dirigées
respectivement par Molotov et Kaganovitch. Staline leur donne tous les pouvoirs,
sous leurs ordres, les réquisitions de l’Etat deviennent de plus en plus importantes et
les sanctions toujours plus brutales. A partir de là, la famine qui a lieu
en Ukraine change de nature, elle n’est plus une famine comme celle qui frappe au même moment une
partie des campagnes d’Union Soviétique et qui est la conséquence inattendue de la collectivisation,
il s’agit désormais d’une volonté de Staline d’utiliser la faim pour soumettre l’Ukraine.
Pourquoi l’Ukraine spécifiquement, je pense que vous avez déjà un début de
réponse mais je vais y revenir un peu après. En attendant en seulement quelques semaines,
la situation se dégrade brutalement et le manque de nourriture fait des victimes par milliers.
Mais le pire de la famine a lieu… pendant l’hiver. Entre le mois d’octobre 1932 et février 1933,
les deux commissions dirigées par Molotov et Kaganovitch vont activement participer
à l’aggravation de la famine. Ils forment ce qu’on appelle
les « brigades de fer », composé de membres du parti communiste appuyé par des agents de
l’OGPU, qui ensemble se livrent à une féroce répression contre les paysans ukrainiens.
Les exploitations agricoles accusée d’abriter des koulaks
ou qui ne remplisse pas leurs objectifs fixé par la planification agricole sont inscrites à ce
que les soviétiques nomment le « tableau noir ». Si une exploitation se retrouve sur cette liste,
elle est immédiatement privée nourriture, on retire à ses paysans leurs outils,
tous leurs animaux et leurs dernières réserves de nourritures et de grains.
On va jusqu’à leur confisquer certains bien comme des bottes ou des édredons sensés tenir chaud.
Tous les magasins sont vidés et toutes les dettes doivent
être remboursées immédiatement en plus d’une taxe supplémentaire pour dédommager l’Etat.
Les vergers sont rasés. Les arbres fruitiers sont abattus pour empêcher les paysans de manger leurs
fruits et les chiens et chats sont tués pour qu’eux non plus ne puissent pas servir de repas.
Parfois ce sont des villages entiers qui sont déportés.
Juste pour le mois de novembre 1932, se sont presque 50 000 personnes qui sont condamnés au
goulag au titre de « sabotage du plan de collecte » ou de « vol de la propriété sociale ». Pendant
toute la durée de la famine, ce sont en tout 210 000 personnes qui sont arrêtés rien qu’en Ukraine.
Les quelques paysans qui ont encore de la force parviennent à atteindre les faubourgs
des villes où ils finissent par mourir dans les rues faute d’aide de la part
d’habitants effrayés et eux aussi mal ravitaillés. Les cadavres qui s’accumulent sont rassemblés dans
des fosses communes voir dans certains cas on ne prend même plus la peine de les enterrer.
Au pire de la famine, des cas de cannibalisme sont même rapportées.
En parallèle, au mois de décembre 1932, Staline prend la décision
de mettre fin à l’Ukrainisation. En faisant cela il revient sur le
choix fait par Lénine au lendemain de la Guerre civile de permettre à chaque
république soviétique de conserver son identité. Staline décide d’y mettre un terme. Par exemple,
l’Ukraine ne sera plus dirigée par des Ukrainiens mais par des russes à l’image Nikita Khroutchev,
futur successeur de Staline qui se verra placé en 1939 à la tête du parti communiste ukrainien.
L’apprentissage de la langue ukrainienne est également interdit dans la région du Kouban,
région du Caucase russe peuplée en majorité d’ukrainiens qui est elle aussi touchée
par la famine. En parallèle,
la répression s’étend en dehors des campagnes. De nombreux intellectuels, des écrivains, des
professeurs sont eux aussi arrêtés et déportés. Le but derrière ces mesures n’ait plus seulement
de faire rentrer la paysannerie du rang, c’est aussi de s’attaquer à
toute forme de nationalisme ukrainien. Et ce sont toutes ces mesures qui on
le verra un peu plus loin, pourrait faire de cette famine un génocide.
Le coup de grâce pour la paysannerie ukrainienne a lieu le 7 janvier 1933,
lorsque Staline décrète ce qui n’est ni plus ni moins qu’un blocus sur l’Ukraine.
Le but est d’empêcher les paysans qui meurent de faim de fuir vers
les villes mieux ravitaillées en nourriture. Des barrages sont installés sur les routes,
les paysans n’ont plus le droit d’acheter des billets de train.
Et depuis un décret de décembre 1932, un nouveau passeport est entré en vigueur
dans toute l’URSS pour empêcher les soviétiques de se déplacer librement à l’intérieur du pays.
En tout 220 000 personnes sont arrêtées et renvoyé vers l’intérieur de l’Ukraine qui
en ce début d’année 1933 devient une véritable prison à ciel ouvert où la
nourriture a presque complètement disparue. Si une aide alimentaire est bel et bien
déloquée pour venir en aide au zone touchée par la famine, elle est dérisoire. D’autant
plus qu’elle est envoyée en priorité dans les villes et dans les grands centres industriels.
Ce confinement mis en place par le régime est l’une des grandes particularités de cette famine,
contrairement aux précédentes famines qui ont frappé la Russie et qui ont
été très bien documenté, ici presque aucune information ne va fuiter en dehors d’URSS.
Cette famine doit rester un secret bien gardé.
CHAPITRE IV : Un secret bien gardé Pour ne pas que la connaissance de cette
famine ne se diffuse, toutes les régions touchées par la famine sont rendues impossible d’accès.
Les chiffres sont truqués et les agents soviétiques sur place on ordre de ne rien
consigné par écrit. On va même jusqu’à publier des rapports d’autopsie faussés en indiquant que les
décès sont dû à des maladies ou à une pneumonie. On a donc très peu d’information en provenance
d’Ukraine qui sortent d’URSS. L’un des seuls témoins étrangers
à cette famine est un certain Gareth Jones, le seul journaliste occidental
à avoir réussi à s’infiltrer en Ukraine. Arrivé à Moscou en mars 1933 avec l’idée de
réaliser une interview de Staline. Il est surpris de découvrir une capitale moderne, où l’argent
semble coulé à flot. Alors en bon journaliste il se pose la question de comment un pays autant
endetté a-t-il pu se développer aussi vite ? C’est là qu’il a écho de ce qu’il se passe dans
les campagnes. Il décide donc de s’y rendre. Il réussit échapper à la surveillance de l’OGPU pour
prendre un train en direction de Kharkiv. Une fois arrivé, il marche en 3 jours 40km
dans un froid glacial où il traverse les villages ravagés par la famine.
Il est finalement arrêté puis expulsé. De retour au pays il publiera plusieurs articles et fera
des conférences pour tenter d’alerter sur la famine en Ukraine sans grand succès.
Ses articles seront notamment critiqués par Walter Durenty, un autre journaliste basé
à Moscou qui venait d’être récompensé du prix Pulitzer. Le problème avec Duranty c’est qu’il
est surtout connu pour ses articles qui ventais la politique de Staline avec très peu d’objectivité.
Gareth Jones mourra quelques années après lors d’un voyage en Mongolie, tué officiellement par
des bandits mais on soupçonne fortement les services soviétiques d’être derrière tout ça.
La famine en Ukraine prend fin à l’automne 1933 après avoir fait des millions de morts. Dans les
villages vidés de leurs habitants morts de faim, le régime stalinien les fait remplacer par des
colons venus de Russie qui viendront peupler majoritairement le sud et l’est de l’Ukraine.
Le bilan humain de cette tragédie est encore aujourd’hui sujet à débat.
Par manque d’informations, le nombre de victimes est longtemps restée flou, on parlait alors de
entre 2 et 6 millions de morts en Ukraine. Mais ces dernières années des estimations plus précises
ont été publiée et parlent d’environ 3,9M de personnes mortes en ukraine, principalement de
faim ou de maladies, soit 1 paysan sur 6. C’est colossal.
Voilà ce qui explique en partie l’attitude de certains ukrainiens qui, lorsque l’Allemagne
Hitlérienne lancera son invasion de l’URSS en juin 1941, par désir de vengeance contre Staline,
choisiront la voie de la collaboration. Dans les années qui suivent, la famine en
Ukraine est entièrement occultée, Staline et ses successeurs nieront tout simplement son
existence et réussiront à totalement l’effacer. Jusqu’au jour où l’URSS s’est écroulée. [Séquence]
Chapitre V Lorsque l’Ukraine
prend son indépendance en 1991 en même temps que les autres républiques soviétiques,
le souvenir de la Grande Famine réapparait et les survivants peuvent enfin raconter librement sur ce
qu’ils ont vécu après 60 ans de silence forcé. Cette famine a depuis trouvé un nom en Ukraine,
celui de « Holodomor » qui peut se traduire par « l’extermination par la faim » un terme qui laisse
transparaitre l’aspect volontaire de cette famine. Dès lors la nation ukrainienne a fait de cette
famine un évènement central de son roman national qu’elle qualifie officiellement de génocide depuis
2006. Du
côté russe, même si la chute de l’URSS a permis l’ouverture des archives sur cette
période, depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir en 2000, les archives soviétiques
sont de nouveau fermé, car elles sont une tâche noire dans le récit voulut par le nouveau chef du
Kremlin désireux de rendre aux russes leur fierté et réhabiliter l’histoire de l’URSS.
Lorsque la Russie de Vladimir Poutine lance une invasion à grande échelle de l’Ukraine en 2022, le
sujet de l’Holodomor revient immédiatement sur la table. Le régime de Kiev faisant le
parallèle entre la famine qu’il considère être comme une tentative d’exterminer le peuple
ukrainien et la guerre lancée par la Russie. Cela à pousser tout un tas de pays dont la France
à reconnaitre le Holodomor comme un génocide. Problème, la qualification de génocide ne fait
pas du tout consensus chez les historiens. Car même si on l’oublie souvent,
la famine ne s’est en fait pas du tout limitée à l’Ukraine. La Grande famine du début des années 30
qui frappe l’Union Soviétique a aussi fait de très nombreuses victimes dans la région du Kouban et
dans les régions de la Volga en Russie ainsi qu’au Kazakhstan où 1,5M de kazakhs sont morts. Soit 1/3
de la population, c’est proportionnellement encore plus important qu’en Ukraine.
On peut aussi parler du fait que l’un des instigateurs de la famine en
Ukraine, Kaganovitch était lui-même ukrainien tout comme les membres des brigades de fer
qui allait perquisitionner les fermes. Alors qu’un génocide tel qu’il est défini
par l’ONU, doit viser spécifiquement une population au choix : pour sa nationalité,
son ethnie ou sa religion, là ça ne semble pas être le cas. La famine, bien qu’alimenter par
le régime a fait des victimes dans plusieurs endroits d’URSS de nationalité différente.
C’est pourquoi certains placent la famine Ukrainienne dans la continuité des Grandes
Famines soviétiques du début des années 30. Et si la majorité des victimes étaient ukrainiennes,
c’est parce d’après eux parce que Staline voulait avant tout étouffer une révolte
paysanne, mettre l’Ukraine au pas et en faire un exemple de république soviétique moderne.
Mais d’autres historiens, comme Nicolas Werth, une des grosses sources pour cette vidéo,
expliquent que la famine qui se déroule en Ukraine est différente, car elle n’est pas
seulement la conséquence de la collectivisation. D’après eux, la famine débute effectivement pour
les mêmes raisons quand dans les autres régions d’URSS, à savoir à cause d’une mauvaise gestion
de la palification agricole et d’une saisi trop importante de la production agricole
ne laissant plus rien aux paysans pour vivre. Mais en Ukraine, ce qui s’est passé ensuite
est différent. Lors du Holodomor, la faim a été utilisée à partir de l’automne 1932 comme une
arme. La famine a été organisée, planifiée et volontairement aggravée par Staline pour
détruire toute revendication nationaliste. En mettant en place un blocus, en s’attaquant à
l’identité ukrainienne, en déportant ses élites et en remplaçant les paysans morts de faim par
les colons venus de Russie, le Holodomor serait alors l’un des grands génocides du XXe siècle.
Quoi qu’il en soit, que l’on choisisse de parler de génocide ou de crime de masse,
aujourd’hui l’existence et l’ampleur du Holodomor ne peut plus être nié.
La famine en Ukraine et dans le reste de l’URSS a profondément
impacté le fonctionnement du régime stalinien.
En laissant mourir plusieurs millions de personnes et en dissimulant la vérité sur la famine,
le régime a mis en place un véritable culte du mensonge, du secret et de la répression,
préparant ainsi le terrain pour les terribles purges de la fin des années 30.
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