TAOISME - L'ART DE RÉUSSIR SANS EFFORT (WU WEI)
Summary
TLDRLe script explore les implications du taoïsme sur la vie moderne, soulignant comment l'action contre-productrice et la quête de bonheur extérieur peuvent mener à un malheur et à une épuisement. Les taoïstes recommandent de se débarrasser des concepts humains qui nous éloignent du cours naturel de la vie, comme le Tao, une force mystérieuse et indéfinissable qui englobe tout. Le concept de 'Wuwei', ou 'ne pas agir', est introduit comme une action sans effort, où l'on agit avec fluidité et sans douleur. Le texte suggère que la véritable satisfaction vient de se conformer au Tao, en étant centrés et en harmonie avec notre nature, plutôt que de poursuivre des objectifs artificiels. Il propose également de 'désapprendre' et de maintenir une tranquillité intérieure pour atteindre le bonheur, en accord avec le Tao.
Takeaways
- 🤔 L'effort pour améliorer la vie sans direction claire peut mener à des résultats médiocres et à la détresse.
- 🌊 Les taoïstes recommandent de suivre le cours naturel de la vie plutôt que de s'épuiser en lutte contre la nature.
- 🌐 Le Tao est une force qui englobe tout et qui est au-delà de la compréhension humaine, mais peut être ressentie.
- 🚫 Les concepts humains comme les règles, les éthiques et les valeurs peuvent éloigner de la nature et être contre-productifs.
- 🎨 La classification et la catégorisation des choses peuvent limiter notre compréhension et notre expérience du monde.
- 💭 L'idée de 'essayer' peut être remplacée par l'idée de 'flow', où l'on agit sans effort dans un état de pleine concentration.
- ⛔️ Le concept de 'Wuwei', ou 'ne pas agir', suggère que l'action sans effort est plus productive que la force appliquée inutilement.
- 💰 La poursuite du bonheur à travers des biens extérieurs comme la richesse ou la gloire est vaine et peut mener à l'épuisement.
- 🧘♂️ La tranquillité intérieure et l'acceptation de la nature de chaque être sont les clés pour une vie plus harmonieuse et satisfaisante.
- 🔄 La désapprentissage et l'ouverture d'esprit permettent de ne pas s'enfermer dans les concepts limitatifs et de se rapprocher du Tao.
- 🌱 Chacun a un rôle unique dans le monde, et l'acceptation de soi comme on est prévu par la nature est essentielle pour l'équilibre.
Q & A
Comment le taoïsme perçoit-il les efforts des humains pour améliorer leur vie?
-Le taoïsme considère que les efforts des humains pour améliorer leur vie sont souvent contre-productifs et les éloignent du cours naturel de la vie, ce qui les rend malheureux et épuisés.
Que signifie le Tao dans le contexte taoïste?
-Le Tao est une force mystérieuse et indéfinissable qui englobe le monde et va au-delà de ce que nos sens peuvent percevoir. C'est le cours naturel de l'univers, et le Taoïsme suggère de le suivre plutôt que de le modifier.
Que dit Lao Tseu dans le Dao de jing sur les classifications des couleurs, sons et saveurs?
-Lao Tseu affirme que classer les couleurs, les sons et les saveurs peut améliorer notre compréhension, mais cela limite également notre perception, car cela nous éloigne de l'expérience immédiate et de l'essence du Tao.
Comment le concept de 'Wuwei' se rapporte-t-il à l'idée de 'ne pas agir'?
-Le 'Wuwei', qui peut être traduit par 'ne pas agir' ou 'ne pas intervenir', fait référence à une action sans effort dans un état de 'flow'. Cela implique d'agir de manière fluide et sans ressentir de douleur, en harmonie avec le Tao.
Quels sont les effets perçus du matérialisme et de la poursuite du bonheur extérieur sur la santé et l'esprit humain?
-Le matérialisme et la poursuite du bonheur extérieur peuvent épuiser le corps et accabler l'esprit des individus, car ils les éloignent du cours naturel de la vie et les mènent à une quête stérile de satisfaction.
Comment le taoïsme explique-t-il la nature de l'essence du Tao?
-Le Tao est décrit comme étant au-delà de la compréhension humaine, et les tentatives humaines de le conceptualiser sont vues comme une supercherie qui rend la vie plus compréhensible mais qui perd l'essence même du Tao.
Quel est le conseil de Confucius à Yen Hui sur l'intervention dans le gouvernement du pays de Wei?
-Confucius décourage Yen Hui de s'impliquer dans le gouvernement du pays de Wei car le roi est non seulement désagréable, mais aussi réfractaire à l'écoute des conseils basés sur une suprématie morale.
Comment le taoïsme aborde-t-il la poursuite du bonheur et la détresse humaine?
-Le taoïsme suggère que la poursuite du bonheur à travers des acquisitions matérielles ou des réalisations extérieures est source de détresse. Il propose de se détacher de ces désirs et de vivre en harmonie avec le Tao pour trouver le véritable bonheur.
Quels sont les dangers d'essayer de devenir quelqu'un d'autre selon le Zhuangzi?
-Le Zhuangzi met en garde contre les dangers de l'envie et du désir de changer qui nous sommes, car cela perturbe l'harmonie naturelle et peut mener à un déséquilibre dans la société et en nous-mêmes.
Quelle est la solution que le taoïsme propose pour vivre en harmonie avec le Tao?
-Le taoïsme propose de pratiquer le 'jeûne du cœur', c'est-à-dire de se détacher des désirs et des connaissances pour atteindre une tranquillité intérieure et ainsi vivre en harmonie avec le Tao.
Comment le taoïsme défend-il l'idée de ne pas agir pour résoudre les problèmes?
-Le taoïsme soutient que les problèmes sont souvent résolus par eux-mêmes si on les laisse suivre leur cours naturel. L'intervention humaine, guidée par des concepts limitatifs, peut souvent compliquer ou aggraver la situation.
Outlines
🤔 L'inutilité de l'essai et la quête du Tao
Le premier paragraphe aborde le dilemme de l'amélioration personnelle et la difficulté de réaliser des changements positifs dans la vie. Il critique l'approche contre-productive des humains qui, en essayant de modifier le cours naturel des choses, ne font qu'empirer la situation. Les taoïstes suggèrent de se débarrasser des concepts humains qui nous éloignent du Tao, une force mystérieuse et indéfinissable qui englobe le monde et va au-delà de nos perceptions sensorielles. Le Tao est difficile à comprendre mais peut être entrevu et ressenti. L'essai et les efforts pour améliorer la vie sont comparés à nager à contre-courant, une action épuisante et inutile. La philosophie taoïste propose de suivre le cours naturel de la vie plutôt que de gaspiller son énergie en lutte contre la nature.
📚 Les exemples du Tao dans la quête d'amélioration
Le deuxième paragraphe explore des exemples tirés des textes taoïstes anciens, le Dao de jing et le Zhuangzi, pour montrer comment l'humanité 'essaie' d'améliorer le monde, le bonheur et de devenir quelqu'un d'autre. Il décrit comment l'imposition de concepts humains de bien et de mal sur le monde perturbe le cours naturel des choses. L'histoire d'Yen Hui et de Confucius met en lumière les dangers de tenter d'imposer sa vision de la gouvernance sur un monarque réticent. Le texte souligne également comment la poursuite du bonheur à travers la richesse, la gloire, le pouvoir ou la connaissance est vaine et nuisible pour notre bien-être. Enfin, il critique l'idée de changer notre nature ou notre apparence pour correspondre à un idéal imposé par la société.
🧘♂️ La pratique du Tao dans la vie quotidienne
Le troisième paragraphe traite de la manière de mettre en pratique les enseignements taoïstes dans notre vie moderne. Il suggère de suivre la voie du milieu, de ne pas s'écarter de notre nature profonde et de conserver notre santé en restant centrés. Il propose également de lâcher prise sur nos croyances et d'ouvrir l'esprit pour permettre au Tao de se révéler tel qu'il est. Lao Tseu nous invite à découvrir quelque chose de nouveau chaque jour et à ne pas nous limiter à notre compréhension actuelle. La tranquillité intérieure est présentée comme un état d'épanouissement et de satisfaction, ce que les taoïstes nomment le 'jeûne du cœur'. Le désapprentissage et l'acceptation de l'inaction délibérée (wuwei) sont soulignés comme des voies pour parvenir à l'équilibre et le bonheur.
Mindmap
Keywords
💡Amélioration personnelle
💡Taoïsme
💡Wuwei
💡Tao
💡Connaissance
💡Bonheur
💡Nature
💡Harmonie
💡Effort
💡Conformité
💡Jeûne du cœur
Highlights
Comment pouvons-nous nous améliorer sans agir dans ce but ?
Les efforts pour améliorer la vie peuvent mener à des résultats discutables et épuisants.
Les taoïstes observent que les tentatives humaines de modifier le cours naturel des choses sont contre-productives.
Taoïsme suggère de se débarrasser des concepts humains pour se rapprocher du cours naturel de la vie.
Le Tao est une force mystérieuse et indéfinissable qui englobe le monde au-delà de la perception sensorielle.
L'humanité utilise des concepts pour rendre la vie plus compréhensible mais perd l'essence du Tao.
Lao Tseu souligne que la classification des choses limite notre compréhension.
Les règles strictes limitent notre évolution dans un monde en constante changement.
Le concept de 'essayer' est mis en question, favorisant l'action fluide et sans effort (Wuwei).
Wuwei est une action sans effort qui correspond à l'état de 'flow'.
Les efforts excessifs pour améliorer les choses nous éloignent du cours naturel.
Notre tendance à agir à contre-courant de la nature est liée aux valeurs que nous attribuons.
Alan Watts note que ceux qui cherchent à réaliser le 'bien' dans la société sont souvent les plus grands perturbateurs.
L'histoire de Yen Hui illustre les dangers de tenter d'imposer sa vision de la gouvernance.
La poursuite du bonheur par des moyens extérieurs est vaine et source de détresse.
Les taoïstes proposent de se conformer à la nature et d'accepter son être pour trouver l'équilibre.
Le Zhuangzi recommande de prendre la voie du milieu pour préserver la santé et la nature profonde.
L'ouverture d'esprit et le désapprentissage sont essentiels pour se rapprocher du Tao et atteindre la tranquillité intérieure.
Le 'jeûne du cœur' est le processus de désapprentissage qui conduit à l'acceptation de l'existence telle qu'elle est.
Transcripts
Comment pouvons-nous nous améliorer alors que nous ne faisons rien dans ce but ? Nombre
de personnes gaspillent leurs efforts en essayant d’améliorer leur vie et obtiennent des
résultats quelque peu discutables. Elles acquièrent des connaissances et courent après
des sources de bonheur extérieures tout en épuisant leur corps et en accablant leur
esprit, pour finalement être malheureuses. Les taoïstes ont observé que les humains
avaient tendance à agir de manière contre- productive et que, dans leurs tentatives de
modifier le cours naturel des choses, ils ne faisaient que les empirer. Tous ces efforts,
règles, éthiques, valeurs ont sûrement été inventés pour le bien de l’humanité.
Cependant, selon les sages taoïstes, nous devrions nous en débarrasser.
Pourquoi ? Parce que tous ces concepts humains ne font
que nous éloigner du cours naturel de la vie. Essayer de modifier ce qui est naturel,
c’est comme nager à contre-courant : c’est épuisant et cela ne nous mène nulle part.
Derrière notre univers en constante évolution se cache une force mystérieuse et indéfinissable
que les taoïstes appellent le Tao, faute d’un meilleur mot. Le Tao englobe tout notre
monde et va bien au-delà de tout ce que nos sens peuvent percevoir. Pourtant, sans le
comprendre, nous pouvons l’entrevoir et même le ressentir. Voici encore une tentative
ratée des humains de conceptualiser ce qui dépasse leur compréhension. Ils utilisent
des noms, des catégories, ils sélectionnent et différencient, mais ne parviennent pas
à saisir ce qu’est réellement l’univers. Alors, ils mettent en place une sorte de supercherie,
un artifice qui rend la vie plus compréhensible. Cependant, en essayant de la comprendre, ils
perdent l’essence même du Tao. Chapitre 1 : « Essayer » est une Tragédie
« Les couleurs aveuglent l’œil. Les sons alourdissent l’oreille. Les saveurs engourdissent
le palais. » - Lao Tseu, Dao de jing, 12
En classant les couleurs, les sons et les saveurs, nous améliorons peut-être notre
compréhension, mais nous la limitons également. Les humains ont tendance à établir des règles
strictes pour tout, afin d’avoir un sentiment de contrôle. Là encore, nous nous limitons
dans un monde en constante évolution où ce qui fonctionne aujourd’hui peut ne pas
fonctionner demain. De même, les personnes motivées par leur sens de la solidarité
et de la justice créent d’immenses corpus d’éthiques, de codes moraux et de rituels,
qui forment un mode de vie artificiel. Même si leurs intentions sont bonnes, elles construisent
leurs propres prisons. Intéressons-nous au mot « essayer ».
La plupart d’entre nous partent du principe selon lequel nous devrions simplement « agir
» et non « essayer ». Cette idée est étroitement liée au concept du « flow » (ou flux) en
psychologie. Une fois plongés dans cet état mental, nous fusionnons
avec l’acte que nous réalisons, comme lorsqu’un danseur devient la danse, ou lorsqu’un poète
devient le poème. Ce concept est appelé « Wuwei », il peut
être littéralement traduit par « ne pas agir » ou « ne pas intervenir ». En parlant
de l’état de « flow », « wuwei » se traduit par « une action sans effort », car
dans cet état, nous agissons de manière fluide et sans ressentir de douleur. Cependant,
dans la suite de ce texte, nous conserverons la traduction de « wuwei » par « ne pas
agir » ou « ne pas intervenir ». Littéralement, « ne pas agir » est souvent considéré
comme un antonyme de « être productif », et est associé à quelque chose d’inutile
où il n’y a aucune progression. Néanmoins, selon les taoïstes, rien n’est plus éloigné
de la vérité. Lorsque nous gardons à l’esprit que l’univers est en mouvement et dans un
état d’entropie, il devient évident qu’il y a toujours une progression dans le cours
naturel de la vie. Ainsi, au lieu d’utiliser la force et de nous épuiser (ce qui est monnaie
courante dans notre société actuelle), nous pourrions vivre notre vie beaucoup plus simplement
en utilisant notre intelligence. En effet, n’est-il pas vrai que bien souvent, les
problèmes semblent se résoudre d’eux-mêmes ? Et qu’en « agissant », nous aggravons
souvent la situation ? Lorsque nous perdons notre temps à essayer
d’améliorer les choses, nous nous éloignons du cours naturel de ces dernières. Selon
les taoïstes, nous gaspillons donc notre énergie physique et mentale.
Alors, pourquoi nous entêtons-nous ? En réalité, notre tendance à agir à contre-courant
de la nature est liée à ce à quoi nous attribuons de la valeur. Par exemple, la pauvreté
nous écœure, mais nous désirons être riches et célèbres, ou encore lorsque la solitude
nous révulse, nous désirons faire partie d’un groupe, d’une communauté. Nous essayons
donc d’éradiquer ce qui nous répugne, tout en désirant son opposé, alors que ces
deux éléments sont indissociables. De même, nous pensons qu’il est nécessaire de se
conformer et de modifier la nature en fonction de nos croyances. Nous essayons d’améliorer
le monde, alors que les résultats de nos interventions sont plutôt peu concluants.
Chapitre 2 : Comment Nous « Essayons » Alors, comment pouvons-nous transposer ces
anciennes théories dans notre monde moderne ? Selon la pensée taoïste, de quelle manière
les humains modernes « essaient », alors que leurs efforts sont en vain ?
Examinons quelques exemples en parcourant les anciens textes taoïstes : le Dao de jing
et le Zhuangzi. Premièrement, nous essayons d’améliorer
le monde. Alan Watts, un fervent adepte du taoïsme,
a fait remarquer un jour que ceux qui cherchent à réaliser le « bien » dans notre société
sont les plus grands fauteurs de troubles. Leur attitude du « je dois sauver le monde
» perturbe souvent le cours naturel des choses, simplement parce qu’ils cherchent à imposer
les concepts humains du bien et du mal. Un autre exemple est le communisme. Il est
né d’un désir d’améliorer l’humanité, sur la base de l’égalité et de la distribution
honnête des biens. Cependant, en dehors de la discussion sur le caractère naturel ou
non de cette approche, la manière dont les communistes ont diffusé leur idéologie était
radicalement brutale.
Le Zhuangzi nous compte l’histoire d’un homme nommé Yen Hui. Ce dernier a, un jour,
demandé à Confucius la permission de se rendre dans le pays de Wei après avoir entendu
dire qu’il était dirigé par un souverain incompétent. Yen Hui voulait utiliser son
savoir sur la gouvernance pour améliorer le royaume. Cependant, Confucius l’en a
découragé. Le roi du pays de Wei était non seulement très désagréable, mais en
plus, il n’écouterait certainement pas Yen Hui. En effet, la plupart des personnes
n’aiment pas qu’on leur dise ce qui est mieux pour elles sous couvert d’une suprématie
morale, le roi du pays de Wei ne faisait pas mesure d’exception. Confucius l’explique
lui-même : « Si vous ne comprenez pas l’esprit des hommes, mais qu’au contraire vous vous
présentez devant un tyran et le forcez à écouter des sermons sur la bienveillance
et la droiture, les mesures et les normes, vous utiliserez simplement ses défauts pour
parader votre propre excellence. » (Zhuangzi, 4-1)
Nous pourrions nous demander : en quoi le fait d’utiliser les défauts des autres
pour nous créer un beau rôle relève de la vertu. Nous n’améliorerons pas la situation
en diabolisant une personne tout en nous plaçant en position de supériorité sur le plan moral.
Au contraire, cette situation ne va créer que plus de divisions et de tensions, il est
même peu probable que les événements s’améliorent de manière durable.
Comme Lao Tseu le dit dans le Dao de jing : « Souhaites-tu rendre le monde meilleur
? Je ne pense pas que cela puisse se faire. Le monde est parfait. On ne peut le rendre
meilleur. Si tu travailles à le changer, tu le détruis. Si tu veux le saisir comme
un objet, tu le perds. » (Dao de jing, 29) Deuxièmement, nous essayons de trouver le
bonheur. Qu’il s’agisse d’amasser la richesse
ou de poursuivre la gloire, le pouvoir ou la connaissance, ces efforts constants pour
trouver le bonheur est la raison même de notre détresse. Nous pensons être heureux
lorsque nous avons un million de dollars en banque, lorsque nous avons enfin publié ce
livre ou encore lorsque notre chaîne YouTube dépasse les 100 000 abonnés, mais ce n’est
pas le cas. Évidemment, nous éprouvons un certain plaisir, bien que bref, mais ce n’est
pas le bonheur selon les taoïstes. De plus, dans ce processus, nous épuisons notre corps
et notre esprit, en vain. « [Tout le monde] cherche son contentement
dans les richesses, les dignités, la longévité et l’estime d’autrui ; dans le repos,
la bonne chère, les bons vêtements, la beauté, la musique, et le reste. Nous redoutons la
pauvreté, l’obscurité, l’abréviation de la vie et la mésestime d’autrui ; la
privation de repos, de bons aliments, de bons vêtements, de beaux spectacles et de beaux
sons. Si nous n’obtenons pas ces choses, nous nous attristons et nous nous affligeons...
N’est-il pas insensé de rapporter ainsi tout au corps ? Certains de ces objets sont
même extérieurs et étrangers au corps ; comme les richesses accumulées au-delà de l’usage
possible, les dignités et l’estime d’autrui. Et pourtant, pour ces choses, nous épuisons
nos forces, et nous nous torturons jour et nuit. » (Zhuangzi 18-1)
Alors, quand la poursuite du bonheur est synonyme d’impasse, comment pouvons-nous la surmonter
? Les taoïstes ont plusieurs solutions, mais penchons-nous d’abord sur le troisième
point de ce chapitre. Troisièmement, nous essayons d’être quelqu’un
d’autre. Le Zhuangzi nous raconte l’histoire des
animaux et du vent qui se jalousent mutuellement pour leurs caractéristiques innées. Le mille-pattes
envie le serpent parce qu’il peut se déplacer sans jambes,
mais le serpent envie le vent pour sa capacité à parcourir de grandes distances sans même
avoir un corps. Cependant, le vent explique qu’il suffit de lever le doigt ou de donner
un coup de pied pour l’entraver. En somme, la nature a créé chaque élément avec ses
propres attributs. Personne n’est meilleur que l’autre. Ainsi, nous ressentons le besoin
de changer qui nous sommes, juste pour correspondre à un idéal. Par exemple, les personnes à
la peau blanche essaient d’obtenir un teint hâlé, tandis que les Asiatiques de l’Est
essaient d’avoir une apparence plus européenne. Les femmes brunes veulent devenir blondes,
et les femmes blondes veulent être brunes. Nous essayons de nous changer parce que nous
voulons nous conformer à une norme créée par les humains pour nous intégrer. Si nous
nageons à contre-courant, nous serons considérés comme des êtres défaillants.
Ainsi, puisque tout le monde a cinq doigts, on coupera le sixième. Pourquoi ne pouvons-nous
pas simplement être qui nous sommes, comme la nature nous a destinés à l’être ? Ce
serait tellement plus simple. Chaque personne et chaque élément a une place qui lui est
propre dans notre monde. Cependant, en essayant de modifier cela, nous déséquilibrons cette
harmonie. « Lorsque les gens voient certaines choses
comme belles, d’autres deviennent laides. Lorsque les gens voient certaines choses comme
bonnes, d’autres deviennent mauvaises. Être et ne-pas-être se créent l’un l’autre.
Difficile et facile s’entretiennent l’un l’autre. Long et court se définissent l’un
l’autre. Haut et bas dépendent l’un de l’autre. » (Lao Tseu Dao de jing, 2)
En pratique Alors, comment pouvons-nous mettre ces idées
en pratique ? Les taoïstes ont plusieurs solutions.
Tout d’abord, le Zhuangzi souligne les avantages d’emprunter la voie du milieu. Cela signifie
que nous ne devons pas nous surpasser, mais rester centrés, afin de préserver notre
santé et de rester proches de notre nature profonde. « Qui veut durer doit se modérer,
n’aller jusqu’au bout de rien, toujours rester à mi-chemin. Ainsi pourra-t-il conserver
son corps intact, entretenir sa vie jusqu’au bout, nourrir ses parents jusqu’à leur
mort, durer lui-même jusqu’au terme de son lot. » (Zhuangzi, 3-1)
Le Tao est constant. Selon Lao Tseu, celui qui le cherche découvre quelque chose de
nouveau chaque jour. Ainsi, au lieu de nous limiter à nos croyances, nous devons lâcher
prise et garder l’esprit ouvert pour donner à l’univers la possibilité de se montrer
sous son vrai jour. Essayer d’entraver notre vision par des concepts humains ou essayer
de changer la nature est une quête futile. Au lieu de chercher la connaissance, nous
devrions la laisser de côté pour atteindre la tranquillité intérieure. Ce n’est que
dans cet état que nous pourrons nous ouvrir au Tao, ou à ce que, d’un point de vue
déiste, nous pourrions appeler Dieu. Une fois la tranquillité intérieure atteinte,
nous serons pleinement satisfaits. En réalité, selon les taoïstes, c’est cela le bonheur,
ils appellent même ce processus le « jeûne du cœur ».
En désapprenant quelque chose chaque jour, le taoïste peut arriver à « ne pas agir
». C’est l’art de ne pas essayer, tout en réussissant à ne rien laisser
de côté.
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