ENFANTS DE LA CREUSE : le scandale d’État des déracinés de La Réunion
Summary
TLDRDans les années 60, l'État français a organisé le déplacement de plus de deux mille enfants de La Réunion vers la métropole pour les placer dans des familles d'accueil ou des orphelinats, dans le but de lutter contre l'exode rural et le manque de main-d'œuvre. Ces enfants, souvent issus de familles pauvres ou orphelins, ont été déplacés sans le consentement éclairé de leurs parents, ce qui a entraîné des conséquences dramatiques pour leur vie et leur identité. Récemment, l'État a reconnu sa responsabilité morale et a pris des mesures pour permettre aux survivants de retrouver leur passé et de visiter leur île natale, bien qu'aucune indemnisation ne soit prévue.
Takeaways
- 😡 Un grand scandale d'État a été révélé, impliquant le déplacement illégal de bébés de La Réunion vers la métropole française dans les années 60.
- 👶 Plus de deux mille enfants ont été déplacés, souvent sans le consentement de leurs parents, pour repeupler les campagnes françaises.
- 🏡 Ces enfants, connus sous le nom des 'Enfants de la Creuse', ont été répartis dans 83 départements français, principalement ruraux.
- 👨👩👧👦 Beaucoup d'entre eux provenaient de familles pauvres ou étaient orphelins, et certains parents ont signé des documents sans comprendre qu'ils abandonnaient leurs enfants.
- 📜 L'histoire de ces enfants a été réécrite, et aucun n'est jamais retourné sur l'île de La Réunion.
- 👨⚖️ Michel Debré, le père de la Ve République et député de La Réunion, a instauré ce programme pour résoudre des problèmes de démographie et de main-d'œuvre.
- 🌾 Les enfants ont été utilisés comme main-d'œuvre bon marché, travaillant dans les champs ou comme domestiques, souvent sans salaire ou très peu.
- 🚫 Le gouvernement français a échoué moralement, politiquement et historiquement, en ne résolvant ni le chômage, ni la pauvreté, ni la démographie.
- 📜 En 2014, l'Assemblée nationale a reconnu la responsabilité morale de l'État, mais aucune indemnisation n'a été envisagée pour les victimes.
- 🔍 Des mesures récentes ont été prises par l'État, notamment l'ouverture d'un site web pour accéder aux dossiers des enfants et le financement de billets d'avion pour ceux qui souhaitent retourner à La Réunion.
Q & A
Quel est le scandale mentionné dans le script?
-Le scandale mentionné est le vol de bébés et le déplacement illégal de plus de deux mille enfants de La Réunion vers la métropole française dans les années 60.
Pourquoi ces enfants ont-ils été déplacés?
-Ces enfants ont été déplacés pour repeupler les campagnes françaises, en réponse à l'exode rural et au manque de main-d'œuvre, ainsi que pour régler la question de la démographie à La Réunion.
Quel est le nom donné aux enfants concernés par ce scandale?
-Les enfants concernés sont connus sous le nom des 'Enfants de la Creuse', car c'est dans ce département que plus de deux cents d'entre eux ont été implantés.
Quelle est la situation des enfants après leur arrivée en métropole?
-Après leur arrivée, les enfants ont été placés en orphelinats ou en familles d'accueil, et aucun n'est retourné sur l'île de La Réunion.
Qui a mis en place ce programme controversé?
-Le programme a été mis en place par Michel Debré, le père de la Ve République et député de La Réunion, qui a également écrit la Constitution française.
Quels étaient les problèmes que Michel Debré cherchait à résoudre avec ce programme?
-Michel Debré cherchait à résoudre l'explosion démographique à La Réunion et l'exode rural en France, avec un manque de main-d'œuvre dans les campagnes.
Quel a été le sort des enfants après leur placement?
-Les enfants ont été forcés à travailler dans les champs ou comme domestiques sans être payés ou très peu, subissant souvent des conditions similaires à l'esclavage et des violences physiques ou sexuelles.
Quelle a été la réaction de l'État français face à ce scandale?
-L'Assemblée nationale a reconnu la responsabilité morale de l'État en 2014, mais aucune indemnisation n'a été envisagée et les faits étaient prescrits.
Quelles mesures a pris l'État pour réparer les dommages causés?
-L'État a ouvert un site Internet pour accéder aux dossiers des enfants, financé des billets d'avion vers La Réunion pour ceux qui souhaitent retourner sur leur île natale, et envisagé la création d'un lieu mémoriel et d'une journée commémorative.
Combien d'entre les enfants concernés se sont manifestés pour réclamer justice?
-Sur les 2015 Réunionnais déracinés, seuls cent-cinquante se sont manifestés pour réclamer justice.
Outlines
😢 Scandal des 'Enfants de la Creuse'
Dans les années 60, une scandaleuse politique d'État a vu plus de 2000 enfants de La Réunion déracinés et transférés vers la métropole française pour 'repeupler' les campagnes. Ces enfants, connus aujourd'hui sous le nom des 'Enfants de la Creuse', provenaient principalement de milieux très pauvres ou orphelins, et ont été répartis dans 83 départements français, principalement ruraux. Beaucoup de parents ont signé des procès-verbaux d'abandon sous la fausse impression de donner une meilleure vie à leurs enfants, qui étaient promis de revenir à La Réunion une fois par an. Cependant, cela n'a pas été respecté, et les enfants ont été laissés dans des orphelinats ou des familles d'accueil sans retourner sur l'île. Le programme a été mis en place par Michel Debré, le père de la Ve République, qui cherchait à résoudre à la fois le problème de l'explosion démographique à La Réunion et le désertification des campagnes en France. Malheureusement, cela a conduit à un traumatisme de déracinement pour les enfants et une vie en France souvent marquée par le travail non rémunéré ou très mal rémunéré, ainsi que des violences physiques et sexuelles.
Mindmap
Keywords
💡Déportation
💡Enfants de la Creuse
💡Michel Debré
💡Aide Sociale à l’Enfance
💡Déracinement
💡Violences physiques et sexuelles
💡Responsabilité morale de l’État
💡Site Internet pour l'accès aux dossiers
💡Lieu mémoriel
💡Intégration dans les manuels scolaires
Highlights
Des enfants de La Réunion ont été déplacés vers la métropole dans les années 60 pour repeupler les campagnes françaises.
Ces enfants sont connus sous le nom des 'Enfants de la Creuse', avec plus de deux cents d'entre eux implantés dans ce département.
2015 enfants réunionnais, âgés de 5 à 15 ans, ont été répartis sur près de quatre-vingt-trois départements français.
Les enfants provenaient de l'Aide Sociale à l'Enfance, souvent orphelins ou issus de familles extrêmement pauvres.
De nombreux parents ont signé des procès verbaux d'abandon, croyant offrir un avenir meilleur à leurs enfants.
Les enfants ont été placés en orphelinats ou en familles d'accueil, et leur histoire a été réécrite sans retour sur l'île.
Michel Debré, le père de la Vème République et député de La Réunion, a mis en place ce programme pour résoudre des problèmes démographiques.
Le programme visait à prévenir l'indépendance de La Réunion en luttant contre la misère et l'insurrection.
L'initiative a été saluée dans la France post-coloniale, mais a conduit à des conditions de vie difficiles pour les enfants.
Les enfants ont été obligés de travailler dans les champs ou comme domestiques, souvent sans être payés ou très peu.
Certains enfants ont été victimes de violences physiques ou sexuelles.
L'État a reconnu une triple échec moral, politique et historique dans cette affaire.
L'Assemblée nationale a reconnu la responsabilité morale de l'État en 2014, mais aucune indemnisation n'a été envisagée.
L'État a ouvert un site Internet pour permettre aux personnes concernées d'accéder à leur dossier et à leur passé.
Des billets d'avion ont été financés pour permettre aux enfants de retourner sur leur île natale.
Une réflexion est en cours pour la création d'un lieu mémoriel et d'une journée commémorative, ainsi que l'intégration de cet épisode dans les manuels scolaires.
Seuls cent-cinquante des 2015 Réunionnais déracinés se sont manifestés.
Transcripts
"C'est du vol !
C'est du vol de bébés !"
C’est un scandale d’État
longtemps resté ignoré.
Dans les années 60,
plus de deux milles enfants ont été déplacés
de La Réunion vers la métropole.
Déracinés... pour repeupler les campagnes françaises.
Aujourd’hui, ils sont connus sous le nom des "Enfants de la Creuse",
car c’est dans ce département que plus de deux-cents d'entre eux
ont été implantés.
Au total, ce sont 2015 enfants réunionnais,
âgés de 5 à 15 ans,
qui ont été répartis sur près de quatre-vingt-trois départements,
pour la plupart ruraux,
comme le Tarn, le Gers, la Lozère
ou encore les Pyrénées orientales.
Qui étaient ces enfants ?
Tous relevaient de l’Aide Sociale à l’Enfance.
Certains parce qu’ils étaient orphelins.
D’autres, parce qu’ils étaient issus
de familles extrêmement pauvres.
Ce qui occasionna les premières dérives...
De nombreux parents illettrés
signèrent alors des procès verbaux d’abandon
sans comprendre ce qu’ils signaient,
croyant offrir un avenir meilleur à leur enfant,
qui reviendrait, leur disait-on, une fois par an à La Réunion.
Mais ça ne s’est pas passé comme ça...
Une fois arrivé en métropole, placé en orphelinat ou en famille d’accueil,
leur histoire fut réécrite.
Et aucun n’est retourné sur l’île.
"Alors, sur cette carte d’identité,
je m’appelle Marie-Germaine Périgogne,
et là, je suis née à la Réunion.
Et sur celle-ci, je m’appelle Valérie Andanson,
et je suis née à La Brione, dans la Creuse."
L’homme qui a mis en place ce grand programme
n’est pas n’importe-qui.
C’est Michel Debré, le père de la Vème République,
celui qui a écrit notre Constitution.
Il était aussi député de La Réunion.
À l’époque, Michel Debré pense bien faire,
et régler deux problèmes d’un coup.
À la Réunion,
celui de l’explosion démographique,
et en métropole,
dont les campagnes se dépeuplent à vitesse grand V,
celui de l’exode rural
et du manque de main d’oeuvre qui va avec.
Bon accessoirement,
on est aussi juste après la guerre d’Algérie,
et Debré n’a qu’une crainte :
que La Réunion exige son indépendance.
Or rien de plus fertile, selon lui, que la misère
pour faire pousser les germes de l’insurrection.
Raison pour laquelle, il institutionnalise ce programme,
qui, au total, durera vingt ans.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que dans la France post-coloniale,
cette initiative est presque unanimement saluée.
"Le département de la Creuse,
est probablement un des premiers départements en France
qui puisse s’enorgueillir d’avoir si bien mis
à la disposition de la jeunesse française d’Outre-Mer
l’un de ses établissements des services de l'Action sanitaire et sociale."
Sauf que pour les moins chanceux d’entre eux,
en plus du traumatisme du déracinement,
la vie en France s’est résumée à travailler dans les champs ou comme domestiques,
sans être payés ou très peu…
"Je vous assure qu’on les faisait bosser,
c’est le cas de le dire,
comme des nègres.
C’était de l’esclavage."
Sans parler des violences physiques ou sexuelles
dont certains furent victimes.
"La République connut un triple échec dans cette affaire :
moral d’abord,
politique ensuite, puisque
ni le chômage, ni la pauvreté, ni la démographie
ne furent endigués.
Historique enfin,
en échouant à tirer les leçons de cette affaire."
En 2014,
l’Assemblée nationale reconnaît enfin la responsabilité morale de l’État,
douze ans après le dépôt des premières plaintes
pour "enlèvement et séquestration de mineurs, rafle et déportation".
Mais aucune de ces plaintes n’aboutira,
les faits étant prescrits.
Plus récemment, suite au rapport rendu
par une commission d’information et de recherche historique,
l’État a fait plusieurs annonces.
D’abord, l’ouverture d’un site Internet
pour que chacun puisse avoir accès à son dossier, et donc à son passé.
Ensuite, le financement de billets d’avion vers La Réunion,
pour ceux qui souhaitent revenir sur leur île natale.
Enfin, une réflexion est en cours
pour la création d’un lieu mémoriel et d’une journée commémorative,
ainsi que l’intégration de cet épisode dans les manuels scolaires.
En revanche, aucune indemnisation n’est envisagée.
Sur les 2015 Réunionnais déracinés,
seuls cent-cinquante se sont manifestés.
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