Se défendre, une philosophie de la violence - Elsa Dorlin [1/5]

Summary

Ce transcript explore l'impact du ju-jitsu, pratiqué par les femmes, au début du 20e siècle dans un contexte de lutte féministe et de critique sociale. À Londres, des militantes suffragistes, inspirées par des idées socialistes et anarchistes, s'emparent de cet art martial pour se défendre contre la répression policière et exprimer leur rejet de l'État oppresseur. Le ju-jitsu devient ainsi un symbole de libération corporelle et de contestation politique, marquant un tournant dans la lutte des femmes pour leurs droits, et contribuant à une nouvelle norme féminine fondée sur l'autodéfense et la force physique.

Takeaways

• 😀 Le ju-jitsu a été introduit en Angleterre à la fin du 19e siècle, influencé par les Britanniques qui ont rapporté des techniques martiales du Japon.
• 😀 Les techniques martiales comme le ju-jitsu ont été perçues comme des techniques de ruse et de force des faibles contre les forts, en opposition à la norme virile victorienne, incarnée par la boxe anglaise.
• 😀 Le ju-jitsu a été vu comme une pratique possible pour les femmes, car il ne déforme pas le corps, contrairement à d'autres sports martiaux, et il n'encourage pas une musculature excessive.
• 😀 À Londres, des militantes suffragistes, notamment issues de l'Union sociale et politique des femmes, ont adopté le ju-jitsu comme une stratégie d'action directe dans leur lutte pour les droits des femmes.
• 😀 Ces militantes, influencées par des idées socialistes et anarchistes, ont utilisé le ju-jitsu pour se protéger lors de manifestations et confrontations violentes avec la police.
• 😀 Le ju-jitsu est devenu un outil de défense dans un contexte de répression violente des militantes suffragistes, offrant une manière de se protéger des charges policières et de l'incarcération.
• 😀 La pratique du ju-jitsu a mené à une prise de conscience féministe, où les femmes ont perçu l'auto-défense comme un moyen de libérer le corps et de lutter contre les violences domestiques et au travail.
• 😀 Les militantes ont théorisé le ju-jitsu comme un art de lutte féministe, un moyen de transformer les corps et d'exploser une nouvelle norme féminine qui transcende la soumission et la passivité.
• 😀 Les années 1910-1912 ont vu la publication de textes comme ceux de Voltarine de Claire, qui ont prôné l'action directe, y compris violente, pour faire exploser les revendications des femmes, sans avoir à demander des droits à un état oppresseur.
• 😀 Le mouvement des suffragistes rejetait la pédagogie traditionnelle et la diplomatie, croyant que seule une action directe, comme l'explosion symbolique des corps, pourrait faire changer les choses.
• 😀 L'idée d'explosion symbolique se manifestait dans le refus de discours et de négociations, prônant une action radicale qui visait à bouleverser les structures de pouvoir oppressives.

Q & A

Quel est l'origine du jiu-jitsu en Angleterre selon le script ?

Le jiu-jitsu a été introduit en Angleterre à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle par des Britanniques qui sont partis au Japon et ont ramené des techniques martiales.

Comment le jiu-jitsu était-il perçu dans le contexte de l'époque ?

Le jiu-jitsu était perçu comme une technique de ruse, un art qui permettait aux faibles de retourner la puissance des forts, en opposition avec des pratiques martiales plus viriles comme la boxe anglaise.

Pourquoi les femmes étaient-elles autorisées à pratiquer le jiu-jitsu ?

Les femmes étaient autorisées à pratiquer le jiu-jitsu car cet art martial ne déformait pas trop le corps et ne le rendait pas musclé, ce qui était perçu comme plus acceptable pour la féminité de l'époque.

Quel rôle jouaient les militantes féministes dans l'adoption du jiu-jitsu ?

Les militantes féministes, notamment celles de l'Union sociale et politique des femmes, ont vu dans le jiu-jitsu une stratégie pour se défendre, notamment contre la répression violente de l'État et des violences physiques en manifestation.

Quel lien est fait entre le jiu-jitsu et la libération des femmes ?

Le jiu-jitsu a été perçu comme une forme d'autodéfense féministe, libérant le corps des femmes et leur permettant de se protéger contre les violences domestiques, au travail, et dans la vie publique.

En quoi le jiu-jitsu devient-il une philosophie féministe ?

Le jiu-jitsu est devenu une philosophie féministe car il incarne la libération corporelle des femmes et la contestation d'une norme de féminité traditionnelle, à travers une forme d'auto-défense et de lutte.

Que symbolisait le corps des militantes en pratiquant le jiu-jitsu ?

Le corps des militantes, à travers la pratique du jiu-jitsu, symbolisait une forme de résistance, presque comme une 'bombe humaine', une explosion de revendication et de libération personnelle et collective.

Quel était le but des actions violentes menées par les suffragettes ?

Les suffragettes menaient des actions violentes telles que des attaques sur des biens publics, des bombes, des occupations et des affrontements physiques, car elles croyaient que l'État n'accordait aucun droit et que seul le combat direct pouvait être efficace.

Comment la violence des policiers était-elle perçue par les suffragettes ?

Les suffragettes considéraient que la violence des policiers était systématique, en particulier lors des manifestations, et que la pratique du jiu-jitsu pouvait les protéger contre cette violence.

Quel est le concept central du texte de Voltarine de Claire ?

Le texte de Voltarine de Claire, publié quelques années après les actions des suffragettes, prône l'idée que la seule action politique efficace est l'explosion du corps en une forme de lutte, symbolisant une forme directe de contestation sans demande à l'État.