Les nouveaux risques de l’organocène : instabilité, non linéarité, irréversibilité [A.Acquier]

Summary

Cette discussion aborde les enjeux de l'Anthropocène et son impact sur la gestion organisationnelle, à travers un numéro spécial de la *Revue française de gestion*. Les intervenants, dont Aurélien Haier et Jean-Philippe Denis, alertent sur les nouveaux risques associés à cette époque : l'instabilité, la non-linéarité et l'irréversibilité. Ils soulignent l'importance de repenser la gestion des risques, loin de la notion de crise traditionnelle. Le changement climatique est présenté comme un exemple concret de ces risques, exigeant une adaptation des pratiques organisationnelles et une vision à long terme face aux défis environnementaux actuels.

Takeaways

• 😀 L'Anthropocène désigne une ère où l'impact humain sur l'environnement entraîne des changements climatiques et des dégradations écologiques profonds.
• 😀 Les nouveaux risques identifiés dans cette ère sont l'instabilité, la non-linéarité et l'irréversibilité, qui redéfinissent la gestion des risques.
• 😀 L'instabilité se manifeste par la perte de repères climatiques stables, le réchauffement global et la transformation des conditions de vie sur Terre.
• 😀 La non-linéarité implique des effets de seuil, où des changements minimes peuvent déclencher des dynamiques irréversibles et incontrôlables.
• 😀 L'irréversibilité souligne que de nombreux dommages environnementaux, comme la perte de biodiversité, sont permanents et ne peuvent pas être inversés.
• 😀 Les entreprises et les gestionnaires doivent abandonner la vision traditionnelle d'une crise, qui suppose un retour à l'équilibre, et accepter une nouvelle réalité.
• 😀 Le réchauffement climatique est un exemple clé des risques liés à l'Anthropocène, avec des conséquences difficiles à maîtriser et des seuils à ne pas franchir.
• 😀 L'idée d'une crise temporaire et d'un retour à l'équilibre est dépassée dans le contexte de l'Anthropocène, où les changements sont durables et profonds.
• 😀 Le changement climatique expose les sociétés à des phénomènes de non-linéarité, comme la fonte du permafrost, et à des effets dévastateurs comme le rejet de CO2 par les forêts.
• 😀 Les organisations et les décideurs doivent repenser leur approche de la gestion des risques, en prenant en compte l'irréversibilité et la profondeur des changements climatiques.

Q & A

Qu'est-ce que l'anthropocène et comment cela affecte-t-il notre compréhension du changement climatique?

L'anthropocène désigne une nouvelle ère géologique marquée par l'influence humaine sur les systèmes terrestres. Cette ère perturbe la stabilité climatique, ce qui signifie que nous sommes confrontés à des environnements structurellement instables et imprévisibles, contrairement à l'époque de l'holocène, qui était marquée par une stabilité exceptionnelle.

Quels sont les trois types de nouveaux risques mentionnés dans l'entretien?

Les trois types de nouveaux risques sont l'instabilité, la non-linéarité et l'irréversibilité. Ces risques remettent en question les approches traditionnelles de gestion des risques, en particulier dans le contexte du changement climatique.

Pourquoi faut-il cesser de penser en termes de crise lorsqu'on aborde le changement climatique?

La notion de crise implique l'idée d'un retour à un état antérieur, une déstabilisation temporaire suivie d'un retour à l'équilibre. Or, dans le cas de l'anthropocène et du changement climatique, il n'y a pas de retour possible à l'équilibre d'avant. Les processus sont irréversibles et structurent un nouveau normal.

En quoi l'instabilité du climat constitue-t-elle un risque majeur dans le cadre de l'anthropocène?

L'instabilité du climat se manifeste par des perturbations imprévisibles des conditions climatiques, ce qui rend difficile d'établir des repères stables. Le réchauffement climatique est un exemple de cette instabilité, où les émissions de gaz à effet de serre provoquent un réchauffement qui semble inévitable.

Que signifie le concept de non-linéarité dans le contexte du changement climatique?

La non-linéarité fait référence à des effets de seuil où, une fois un certain point de réchauffement atteint, des dynamiques incontrôlables peuvent se déclencher. Par exemple, la fonte du permafrost ou la libération de CO2 par les grandes forêts sont des processus non-linéaires pouvant accélérer le changement climatique.

Quels sont les risques irréversibles associés au changement climatique?

Les risques irréversibles incluent la perte de biodiversité et l'incapacité de revenir à des états naturels antérieurs. Par exemple, l'extinction d'espèces est un processus irréversible, et il existe d'autres mécanismes environnementaux qui, une fois déclenchés, ne peuvent être inversés.

Que veut dire l'expression 'organocène' utilisée dans l'entretien?

'Organocène' est un terme proposé pour souligner l'impact des organisations humaines dans l'anthropocène. Cela met en évidence le rôle des structures humaines et de gestion dans les crises environnementales, en particulier à travers la gestion des risques.

Pourquoi le concept de neutralité carbone est-il considéré comme hypothétique?

La neutralité carbone est considérée comme hypothétique parce que, bien qu'elle soit un objectif théorique, les sociétés actuelles sont encore très éloignées de l'atteindre. Les efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre sont insuffisants par rapport aux niveaux nécessaires pour stabiliser le climat.

Comment la gestion des risques doit-elle évoluer face aux défis du changement climatique?

La gestion des risques doit dépasser la notion de crise, car elle implique désormais de gérer des phénomènes structurés de manière instable, non linéaire et irréversible. Il faut adopter des approches plus flexibles et anticipatives pour répondre à des dynamiques environnementales incontrôlables.

En quoi les grandes forêts sont-elles un élément clé dans la dynamique du changement climatique?

Les grandes forêts jouent un rôle crucial dans la capture du CO2. Cependant, certains experts s'inquiètent du fait que ces forêts pourraient commencer à libérer du CO2 au lieu de l'absorber, particulièrement si elles sont soumises à des stress climatiques accrus. Cela représente un point de non-retour dans la gestion du carbone.