Quelle électricité pour demain ? 🟦⬜🟥 ⚡

Le Réveilleur
21 Dec 202157:21

Summary

TLDRLa vidéo aborde la transition énergétique, se concentrant sur l'évolution du système électrique en France jusqu'en 2050, basée sur le rapport de RTE. Elle examine les scénarios possibles incluant le renouvelable, le nucléaire et les flexibilités nécessaires pour assurer la stabilité du réseau. L'analyse met en lumière les défis de la production d'électricité bas carbone, les coûts, les impacts environnementaux et les incertitudes techniques et industrielles, soulignant l'importance de déployer rapidement des moyens de production durables pour respecter les objectifs de la stratégie nationale bas carbone.

Takeaways

  • 📈 La transition énergétique en France vise à réduire l'utilisation des ressources fossiles et à augmenter la part de l'électricité dans la consommation énergétique finale.
  • ⚡ L'énergie électrique représente actuellement 30% de la consommation énergétique en France, et cette part devrait augmenter à 55% d'ici 2050 selon la stratégie nationale bas carbone (SNBC).
  • 🌡️ L'efficacité énergétique est un élément clé de la transition, permettant de produire le même service avec moins d'énergie, notamment grâce à l'isolation des bâtiments et au remplacement des chaudières par des pompes à chaleur.
  • 🚗 Le transport et la production de chaleur sont deux secteurs où l'utilisation de ressources fossiles est prévue pour diminuer, avec l'électrification des transports et l'utilisation accrue de la biométhane ou du gaz de synthèse.
  • 💨 Le développement des énergies éoliennes et photovoltaïques est prévu pour augmenter considérablement, mais il soulève des questions sur la gestion de l'intermittence de ces sources d'énergie renouvelables.
  • 🌞 Le photovoltaïque et l'éolien sont sensibles à la météo, ce qui nécessite des solutions de stockage d'énergie et d'interconnexions avec d'autres pays pour assurer la stabilité du réseau électrique.
  • 🔋 Le stockage de l'énergie par des batteries, des STEP (Station de Transfert d'Énergie par Pompage) et éventuellement de l'hydrogène est essentiel pour gérer la variabilité de la production renouvelable.
  • 🏭 L'industrie française repose en grande partie sur la production d'électricité nucléaire, mais de nombreux réacteurs atteindront fin de vie dans les trois prochaines décennies, nécessitant des investissements dans de nouvelles capacités de production.
  • 📊 Le rapport de RTE explore six scénarios de référence pour l'évolution de la production électrique en France, tous compatibles avec la réduction des émissions de gaz à effet de serre prévue par la SNBC.
  • 💰 Les coûts de production de l'électricité varient selon les technologies et les scénarios, mais le coût total du système électrique, y compris les réseaux et les flexibilités, est un élément plus important à considérer pour les consommateurs et les décideurs politiques.
  • ♻️ L'objectif de la transition énergétique est la réduction des émissions de CO2, et tous les scénarios proposés par RTE visent à atteindre une production d'électricité plus propre et moins dépendante des ressources fossiles d'ici 2050.

Q & A

  • Qu'est-ce que la transition énergétique et pourquoi est-elle importante?

    -La transition énergétique est le passage d'un système énergétique basé sur les combustibles fossiles vers un système basé sur les énergies renouvelables et les énergies plus propres. Elle est importante car elle permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de lutter contre le changement climatique et d'assurer une sécurité énergétique à long terme.

  • Quel est le rôle de RTE dans le système électrique français?

    -RTE (Réseau de Transport d'Électricité), une filiale d'EDF, est responsable de l'équilibre du système électrique français. Il s'occupe notamment de garantir que la production d'électricité est égale à la consommation, ce qui est essentiel pour la stabilité du réseau électrique.

  • Quels sont les scénarios d'évolution de la production électrique proposés par le rapport de RTE jusqu'en 2050?

    -Le rapport de RTE propose six scénarios de référence qui répondent à l'évolution de la consommation électrique envisagée par la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC). Ces scénarios varient en termes de la part des énergies renouvelables, de la présence ou de l'absence de nouveaux réacteurs nucléaires, et de la gestion de la flexibilité du système électrique.

  • Pourquoi la France a-t-elle besoin de réduire sa consommation d'énergie finale?

    -La France a besoin de réduire sa consommation d'énergie finale pour respecter les engagements internationaux tels que l'Accord de Paris, pour lutter contre la pollution de l'air, réduire la dépendance aux ressources fossiles importées et améliorer la sécurité énergétique et la balance commerciale.

  • Quels sont les défis posés par l'augmentation de la part des énergies renouvelables dans la production d'électricité?

    -L'augmentation de la part des énergies renouvelables pose des défis tels que la gestion de l'intermittence de la production, l'intégration de grandes quantités d'énergies intermittentes dans le réseau électrique, et le développement de flexibilités pour assurer la stabilité du réseau face à la variabilité de la production.

  • Quelle est la part de l'électricité dans la consommation énergétique finale en France en 2019?

    -En 2019, la consommation d'électricité représentait 30% de la consommation énergétique finale en France, pour un total de 473 TWh sur une consommation finale énergétique de 1617 TWh.

  • Quels sont les principaux modes de flexibilité abordés dans le rapport de RTE pour gérer la variabilité de la production éolienne et photovoltaïque?

    -Les principaux modes de flexibilité abordés dans le rapport incluent l'interconnexion avec d'autres pays, la variation de la consommation (par exemple, le pilotage des chauffe-eaux électriques), le stockage énergétique (batteries, STEP), et l'ajustement de la production des centrales (notamment hydroélectriques et gazières décarbonées).

  • Quels sont les coûts associés à la transition énergétique pour le système électrique français?

    -Les coûts associés à la transition énergétique comprennent l'investissement dans les nouvelles technologies de production d'électricité (notamment les énergies renouvelables et le nucléaire), le développement des infrastructures de stockage et de transport d'électricité, et les coûts de démantèlement et de gestion des déchets des installations de production d'électricité.

  • Quels sont les impacts environnementaux potentiels de la transition énergétique pour le système électrique français?

    -Les impacts environnementaux potentiels incluent la réduction des émissions de CO2 et d'autres gaz à effet de serre, la préservation des ressources naturelles en réduisant l'extraction et la combustion des combustibles fossiles, et les effets sur la biodiversité liés au développement des infrastructures éoliennes, photovoltaïques et hydroélectriques.

  • Quelle est la position de l'auteur de la vidéo sur l'importance de la diversité des technologies pour la transition énergétique?

    -L'auteur de la vidéo soutient que la diversité des technologies est cruciale pour la transition énergétique. Il est d'avis que se passer de nouvelles technologies nucléaires est difficile et risqué, et que l'on doit déployer rapidement des moyens de production à bas carbone, qu'ils soient renouvelables ou nucléaires.

Outlines

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📈 Transition Énergétique et Scénarios d'Évolution Électrique

La vidéo aborde la transition énergétique, en se concentrant sur l'évolution du système électrique à travers le rapport de RTE. Le présent paragraphe établit les bases de cette transition, soulignant l'importance de la production d'électricité et de son équilibre avec la consommation pour la stabilité du réseau. Le rôle de RTE en tant que régulateur du système électrique français est également expliqué, ainsi que les différents scénarios d'évolution de la production électrique présentés dans le rapport jusqu'en 2050.

05:03

🌍 Consommation Énergétique et Émissions de Gaz à Effet de Serre

Ce paragraphe examine l'évolution de la consommation d'énergie finale en France depuis les années 1960, en mettant en évidence l'augmentation significative de cette consommation, principalement due à l'utilisation accrue du pétrole liée à la mobilité. Il décrit également la réduction de la consommation de charbon et l'augmentation de celle du gaz fossile. L'évolution de la part de l'électricité dans la consommation finale est abordée, ainsi que les émissions de gaz à effet de serre territoriales et l'empreinte carbone nationale, qui est supérieure à la moyenne mondiale en raison du niveau de consommation et de l'utilisation des ressources fossiles.

10:03

📉 Stratégie Nationale Bas Carbone et Réduction de la Consommation d'Énergie

Le paragraphe 3 explore la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) de la France, qui vise à réduire les émissions territoriales de gaz à effet de serre conformément à l'Accord de Paris. Il explique les objectifs de la SNBC et les défis à relever pour atteindre ces objectifs, notamment en ce qui concerne la réduction de la consommation d'énergie fossile et l'amélioration de l'efficacité énergétique. L'effet de la transition énergétique sur la consommation finale d'énergie et la nécessité d'une réduction de cette consommation sont également discutés.

15:08

🔌 Consommation Électrique et Défis de la Transition Énergétique

Dans ce paragraphe, l'accent est mis sur l'évolution de la consommation électrique en France, qui est prévue pour augmenter de 35% d'ici 2050 selon la SNBC. L'augmentation de la part de l'électricité dans la consommation finale est mise en parallèle avec les défis posés par le vieillissement du parc de production nucléaire et la nécessité de construire ou reconstruire un grand nombre de moyens de production électrique. L'importance de prendre des décisions rapides et de planifier à long terme pour assurer un approvisionnement en électricité bas carbone est soulignée.

20:10

🌡 Scénarios de Transition Énergétique proposés par RTE

Le paragraphe 5 présente les six scénarios de référence proposés par RTE pour l'avenir de la production électrique en France, qui visent tous à répondre à l'évolution de la consommation électrique prévue par la SNBC. Ces scénarios sont décrits comme des descriptions possibles du futur, basées sur des expertises externes et des simulations météorologiques tenant compte du changement climatique. Le paragraphe met en évidence la diversité des scénarios, allant de la sortie complète du nucléaire à l'augmentation de la part de l'énergie nucléaire dans la production électrique.

25:14

💨 Gestion de l'Intermittence des Energies Renouvelables

Ce paragraphe traite de la question de la gestion de l'intermittence de l'éolien et du photovoltaïque, qui sont des sources d'énergie renouvelables clés dans la plupart des scénarios présentés. Il explique les différents besoins de flexibilité nécessaires pour maintenir l'équilibre du système électrique, en abordant les ajustements à différentes échelles temporelles, allant de la modulation intra-journalière à l'adaptation saisonnière. L'importance de la production décentralisée, du foisonnement et des interconnexions avec d'autres pays est également soulignée pour réduire la variabilité de la production renouvelable.

30:16

🔄 Flexibilités et Solutions pour un Système Électrique Plus Efficace

Le paragraphe 7 se concentre sur les différentes flexibilités et solutions techniques pour gérer l'augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix électrique. Il aborde les avantages et les limites des solutions telles que les batteries, les STEP (Station de Transfert d'Énergie par Pompage), les interconnexions, la consommation flexible, les centrales au gaz décarbonées et l'hydrogène. L'importance de ces flexibilités pour répondre aux défis posés par l'intermittence des sources d'énergie renouvelables est mise en évidence.

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💼 Coûts et Considérations Économiques de la Transition Énergétique

Dans ce paragraphe, l'auteur examine les coûts et les considérations économiques associés à la transition énergétique. Il compare les coûts de production des différentes technologies d'énergie, soulignant l'intérêt de la prolongation des centrales nucléaires existantes et la rentabilité relative des différentes technologies d'énergie renouvelable. Le paragraphe met également en évidence que les coûts des flexibilités augmentent avec la part des énergies renouvelables dans le système et que les scénarios avec du nouveau nucléaire sont moins coûteux en raison de moindre besoins en flexibilité.

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🌿 Émissions de CO2 et Stratégies pour la Neutralité Carbone

Le paragraphe 9 traite de l'impact des différentes technologies d'énergie sur les émissions de CO2 et la neutralité carbone. Il montre les différences entre les technologies à faible émission de carbone et celles basées sur la combustion de ressources fossiles. Le rapport de RTE anticipe également une réduction de l'empreinte carbone des technologies d'énergie renouvelable grâce à l'amélioration technologique et une réduction du recours aux énergies fossiles. L'importance de la transition énergétique pour réduire les émissions de CO2 est soulignée, ainsi que le rôle de l'électricité bas carbone dans la réduction des émissions dans d'autres secteurs.

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🛠 Incertitudes et Défis Techniques de la Transition Énergétique

Ce paragraphe explore les incertitudes et les défis techniques associés à la mise en œuvre des scénarios de transition énergétique présentés dans le rapport de RTE. Il met en lumière les risques liés au déploiement massif des énergies renouvelables, à l'intégration de ces sources intermittentes dans le réseau électrique, et au développement de technologies de flexibilité telles que l'hydrogène. Les incertitudes concernant la prolongation de la durée de vie des réacteurs nucléaires existants et le déploiement du nouveau nucléaire sont également abordées, soulignant la nécessité d'un engagement rapide et soutenu en matière de recherche et de développement pour répondre à ces défis.

50:32

🚧 Choix Stratégiques et Déploiement des Moyens de Production Bas Carbone

Dans le dernier paragraphe, l'auteur résume les points clés du rapport de RTE et souligne l'importance de déployer rapidement des moyens de production bas carbone pour répondre aux objectifs de la stratégie nationale bas carbone. Il met en évidence le fait que, quel que soit le scénario choisi, une part importante de la production électrique sera assurée par les énergies renouvelables, y compris l'hydroélectricité. L'analyse des scénarios montre également que se passer de nouveau nucléaire présente des difficultés et des risques, et que la décision de déployer du nouveau nucléaire doit être prise rapidement. L'auteur conclut en recommandant la lecture du rapport de RTE.

Mindmap

Keywords

💡Transition énergétique

La transition énergétique fait référence au passage d'un système énergétique basé sur des énergies fossiles à un système utilisant des énergies renouvelables et bas carbone. Dans la vidéo, il s'agit principalement de la transformation du système électrique pour répondre aux objectifs climatiques et de réduction des émissions de CO2.

💡RTE (Réseau de Transport d'Électricité)

RTE est une filiale d'EDF et le gestionnaire du réseau de transport d'électricité en France. Il joue un rôle clé en assurant l'équilibre entre production et consommation d'électricité. Le rapport de RTE est central à la discussion de la vidéo, proposant divers scénarios d'évolution de la production électrique jusqu'en 2050.

💡SNBC (Stratégie Nationale Bas Carbone)

La SNBC est la feuille de route de la France pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre et atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. La vidéo s'appuie sur cette stratégie pour discuter des trajectoires possibles du système électrique.

💡Énergies fossiles

Les énergies fossiles, telles que le pétrole, le charbon et le gaz naturel, sont des sources d'énergie non renouvelables qui émettent des gaz à effet de serre. La vidéo explique la nécessité de réduire leur usage pour lutter contre le changement climatique et les problèmes de pollution.

💡Énergies renouvelables

Les énergies renouvelables incluent l'éolien, le solaire, l'hydroélectricité et la bioénergie. Elles sont essentielles dans les scénarios de transition énergétique pour remplacer les énergies fossiles et réduire les émissions de CO2.

💡Nucléaire

La production d'électricité nucléaire est une composante majeure du mix énergétique français, permettant de produire de l'électricité avec peu de CO2. La vidéo discute des défis liés au renouvellement des centrales nucléaires et de leur rôle dans les scénarios futurs.

💡Flexibilité du système électrique

La flexibilité du système électrique est la capacité à ajuster la production et la consommation d'électricité pour maintenir l'équilibre du réseau. La vidéo examine les moyens de flexibilité nécessaires, tels que le stockage d'énergie, la modulation de la demande et les interconnexions.

💡Empreinte carbone

L'empreinte carbone mesure les émissions de gaz à effet de serre générées directement et indirectement par les activités humaines. La vidéo compare les émissions actuelles avec celles prévues dans les scénarios de transition énergétique pour montrer les efforts nécessaires à la réduction.

💡Sobriété énergétique

La sobriété énergétique consiste à réduire la consommation d'énergie par des changements de comportement, tels que diminuer le chauffage ou utiliser des modes de transport moins énergivores. Elle est l'un des leviers de la SNBC pour réduire la demande énergétique.

💡Efficacité énergétique

L'efficacité énergétique vise à fournir les mêmes services avec moins d'énergie, par exemple grâce à des technologies comme les pompes à chaleur ou les voitures électriques. La vidéo explique que l'amélioration de l'efficacité énergétique est cruciale pour atteindre les objectifs de la transition énergétique.

Highlights

La consommation d'énergie finale en France a triplé entre 1960 et le milieu des années 2000, principalement due à l'augmentation de la consommation de pétrole.

Depuis les années 70, la consommation de gaz fossile en France a augmenté, surtout pour le chauffage, les chauffe-eaux et certaines industries.

La France émet peu de CO2 pour la production d'électricité grâce au nucléaire, mais utilise encore beaucoup de ressources fossiles pour les transports, la production de chaleur et l'industrie.

L'empreinte carbone moyenne d'un Français est supérieure à la moyenne mondiale, principalement en raison de la consommation élevée et de l'utilisation de ressources fossiles.

La stratégie nationale bas carbone (SNBC) vise à réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport à 1990.

La transition énergétique en France suppose de réduire fortement les énergies fossiles et d'augmenter la consommation d'électricité.

Une amélioration de l'efficacité énergétique est cruciale, notamment via l'isolation des bâtiments et le déploiement de technologies comme les voitures électriques et les pompes à chaleur.

Le rapport de RTE propose six scénarios de référence pour l'évolution de la production électrique en France jusqu'en 2050.

Les scénarios de RTE envisagent une augmentation de la production électrique pour réduire les émissions de CO2 dans les transports, la production de chaleur et l'industrie.

Les besoins de flexibilité du système électrique incluent l'ajustement de la consommation et la gestion de la variabilité de la production éolienne et photovoltaïque.

Les batteries, les stations de transfert d'énergie par pompage (STEP) et les interconnexions européennes sont des moyens clés pour gérer la flexibilité du réseau.

Les scénarios sans nouveau nucléaire nécessitent plus de capacités de centrales au gaz, bien que la production d'électricité à partir de gaz diminue globalement d'ici 2050.

Le coût des scénarios avec du nouveau nucléaire est globalement moins élevé en raison de moindres besoins en flexibilités et renforcements des réseaux.

Les émissions de gaz à effet de serre du système électrique français devraient diminuer de manière significative dans tous les scénarios envisagés par RTE.

La crédibilité des différents scénarios repose sur des incertitudes industrielles, technologiques et politiques, notamment pour le déploiement de nouvelles technologies renouvelables et nucléaires.

RTE recommande une approche équilibrée incluant à la fois des renouvelables et du nouveau nucléaire pour limiter les risques d'échec de la transition énergétique.

Transcripts

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Bonjour à tous et bienvenue dans cette vidéo où on va parler de la transition énergétique,

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et en particulier celle du système électrique à l’aide du dernier rapport de RTE.

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RTE pour Réseau de Transport d’Électricité, c’est une filiale d’EDF.

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C’est le responsable d'équilibre du système électrique français.

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Donc, c’est RTE qui assure, entre autres, que la production d’électricité est égale

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à la consommation, ce qui est la condition de la stabilité du réseau électrique.

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RTE a produit un rapport qui propose différents scénarios d’évolution de la production

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électrique jusqu’en 2050 et c’est de ce rapport dont je vais parler.

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Je pense qu’il y a beaucoup d’attentes sur cette vidéo alors je vais être claire.

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Ce que je vais faire ne prétend pas être une analyse critique exhaustive.

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D’abord parce que la transition énergétique couvre des sujets que je ne connais pas ou

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peu.

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Ensuite parce que je suis un petit gars qui travaille tout seul dans un coin.

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Faire un travail similaire à celui de RTE, ou en faire une critique poussée, demande

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des moyens économiques et humains conséquents.

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Enfin, certaines hypothèses, données ou modèles ne sont pas accessibles.

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C’est notamment le cas des modèles qui simulent le fonctionnement du système électrique

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qui sont évidemment centraux pour comprendre finement ce qui se passe.

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N’avoir à sa portée que des résultats, souvent agrégés, ne permet pas une analyse

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poussée de tous les points.

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Rassurez-vous tout de même.

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Le travail de RTE est issu d’un mécanisme de concertation de nombreuses parties prenantes

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et du public.

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Ce travail intègre donc déjà un exercice de co-construction, d’analyses, de critiques

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et d’intégration de ces critiques à un niveau bien supérieure à ce que pourrait

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faire une personne seule.

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Je vais utiliser des figures du rapport pour appuyer mon propos.

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N’hésitez pas à mettre sur pause si vous voulez les lire et les comprendre entièrement.

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J’ai construit cette vidéo autour des éléments que je trouvais les plus importants et intéressants,

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ce qui est évidemment subjectif.

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Beaucoup de ces éléments ne sont pas spécifiques au rapport de RTE mais permettent de mieux

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comprendre la question de la transition énergétique en général et de la transition du système

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électrique en particulier.

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Allez, c’est parti.

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Je ne peux pas parler de l’évolution du système électrique dans les prochaines décennies

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sans parler de l’évolution de la consommation énergétique en général.

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Vous voyez ici la consommation d’énergie finale en France depuis les années 1960.

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Déjà on peut voir que cette consommation d’énergie a été multipliée par pratiquement

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trois entre 1960 et le milieu des années 2000 alors que la population a augmenté d’environ

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un tiers sur cette période.

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Cette forte augmentation de la consommation d’énergie vient surtout de l’augmentation

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de la consommation du pétrole avec l’explosion de la mobilité.

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On voit la mise en place de notre société reposant lourdement sur les voitures avec

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les défauts que ça implique.

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Depuis 1960, le charbon a vu sa consommation se réduire en France.

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Par contre, le gaz fossile a vu sa consommation augmenter dès les années 70.

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J’ai fait le choix, dans cette vidéo, de désigner le gaz naturel par gaz fossile pour

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éviter toute confusion.

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Je pense, en effet, que l'appellation de gaz naturel rend beaucoup trop de services à

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cette ressource fossile.

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Le gaz fossile est principalement utilisé pour le chauffage, les chauffe-eaux, la cuisson

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et dans certaines industries comme, par exemple, l’industrie verrière ou la production d’ammoniac

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pour les engrais.

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On voit également la part de l’électricité dans la consommation finale et la transition

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du système électrique dans les années 70 et, surtout, 80 lorsque la production nucléaire

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est venue remplacer le pétrole dans la production d’électricité française.

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Cette construction très rapide des centrales nucléaires a un revers sur lequel je reviendrai

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un peu plus loin.

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En 2019, la consommation finale en France était de 1617 TWh et la consommation d’électricité

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était de 473 TWh.

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Cette consommation d'électricité ne représente donc que 30% de la consommation énergétique.

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Vous le savez sans doute déjà mais c’est un point important à garder en tête: les

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questions de l’utilisation de l’énergie ne se résument pas à l’électricité qui

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n’est qu’une partie de l’énergie qu’on utilise.

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Pour la production d’électricité, grâce au nucléaire, la France émet peu de CO2.

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Mais, pour les transports, la production de chaleur et l’industrie, la France utilise

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encore de grandes quantités de ressources fossiles.

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Si on regarde les émissions sur le territoire français en 2019 et qu’on divise par la

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population, on obtient des émissions de gaz à effet de 6,6 tonnes d’équivalent CO2

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par habitant.

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On fait ici l’inventaire des émissions directes.

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Mais, si on retire les émissions liées aux produits exportés et qu’on ajoute ceux

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liés aux produits importés, on trouve autour de 9 tonnes d’équivalent CO2 par français

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selon l’évaluation la plus récente.

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C’est ça qu’on appelle l’empreinte carbone.

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Passer de l’inventaire national à l’empreinte carbone augmente donc de près d’un tiers

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les émissions d’équivalent CO2 par français.

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L’empreinte carbone moyenne d’un français est supérieure à la moyenne mondiale à

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cause du niveau de consommation et de l’utilisation de ressources fossiles dans les transports,

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la production de chaleur et certaines industries.

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La France a signé l’Accord de Paris et s’est donc engagée à réduire ses émissions

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territoriales de gaz à effet de serre.

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Pour ça, la France s’est dotée d’une feuille de route: la stratégie nationale

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bas carbone, SNBC.

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La SNBC est une proposition de trajectoire, une direction dans laquelle il faut aller.

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Mais, il y a encore beaucoup de travaux pour décrire les différentes possibilités permettant

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de tenir cette trajectoire.

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La SNBC sera retravaillée à différentes échéances, notamment pour intégrer le nouvel

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objectif européen de réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre en 2030

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par rapport à 1990.

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D’ailleurs, vous pouvez donner votre avis sur la stratégie française sur l’énergie

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et le climat jusqu’au 15 février 2022.

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La question climatique n’est pas la seule raison pour décroître l’utilisation de

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ressources fossiles.

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On le fait aussi pour lutter contre la pollution de l’air, parce que ces ressources s’épuisent,

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parce que ça pèse lourd sur la balance commerciale et parce que c’est la source de beaucoup

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de vulnérabilités.

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Nous importons toutes ces ressources fossiles et sommes à la merci des pays qui nous approvisionnent,

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ces ressources fossiles nous coûtent chères et les variations de prix ou de volumes peuvent

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rapidement avoir des conséquences sociales importantes.

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L’actualité avec l’envolée récente des prix du gaz vient encore souligner ce

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point.

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Notre dépendance aux ressources fossiles n’est pas seulement un gros problème écologique.

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Si on regarde ce que donne la stratégie nationale bas carbone pour la consommation d’énergie

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finale, on obtient ceci.

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Vous voyez que la transition énergétique envisagée pour la France ne suppose pas seulement

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de garder une électricité bas carbone, ça suppose aussi de réduire fortement les énergies

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fossiles dans la consommation énergétique française.

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On voit une sortie du pétrole et on décarbone le gaz restant avec du biométhane ou du gaz

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de synthèse.

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On voit également une augmentation prévue pour la consommation d’électricité et

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une réduction importante de la consommation d’énergie finale.

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Cette réduction de 40% de la consommation d’énergie finale en trois décennies a

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suscité pas mal de réactions.

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Alors je vais prendre un peu de temps pour développer ce point.

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Pour rappel, l'énergie finale est l’énergie vendue au consommateur.

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Une réduction de la consommation d’énergie finale peut avoir deux origines.

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D’abord, on peut réduire la consommation d’énergie en changeant volontairement certains

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comportements et on retrouve toutes les questions autour de la sobriété.

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Si de plus en plus de personnes choisissent de chauffer un peu moins leur logement ou

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de passer de la voiture au vélo, ça induit évidemment une baisse des besoins en énergie.

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Et pour ces deux exemples, les gains peuvent être importants.

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Mais, la stratégie bas carbone insiste beaucoup plus sur un deuxième levier: l’amélioration

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de l’efficacité énergétique.

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C’est une variable très importante qui est présente dans tous les scénarios.

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L’idée est d’avoir la même chose au final mais en consommant moins d’énergie.

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L’efficacité énergétique s’est améliorée ces dernières décennies et continue de le

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faire C’est ici qu’on va trouver la question de l’isolation des bâtiments qui permet

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de réduire les besoins en énergie à service rendu équivalent.

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C’est donc de l’efficacité énergétique et non de la sobriété.

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Par contre, si vous baissez volontairement la température chez vous, là c’est de

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la sobriété.

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Mais, l’efficacité énergétique couvre également des changements de technologie

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qui peuvent avoir de très gros effets rapidement.

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J’ai longuement parlé des voitures électriques dans deux précédentes vidéos.

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Dans la seconde, j’expliquais qu’il fallait 28 milliards de litres de carburants par an

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pour les voitures en France aujourd’hui.

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Ce qui fait pas loin de 300 TWh par an d’énergie finale sous forme d’essence et de diesel.

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Si on avait, à la place, des voitures électriques, il faudrait environ 100 TWh d’électricité

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pour faire les mêmes déplacements... parce qu’un moteur électrique a un bien meilleur

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rendement qu’un moteur thermique.

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Alors oui on compare des choses un peu différentes: avec 1 kWh de carburant, vous ne pouvez pas

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faire les mêmes choses qu’avec 1 kWh d’électricité.

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Mais, pour le même nombre de kilomètres, vous réduisez de deux tiers les besoins en

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énergie finale.

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Et c’est la même chose pour une autre technologie, dont je n’ai pas encore parlé sur la chaîne:

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celles des pompes à chaleur.

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C’est un moyen de chauffage électrique très efficace qui permet, pour aller vite,

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de remplacer 3 kWh de chauffage au gaz ou au fioul par 1 kWh d’électricité.

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Encore une fois, pour un même service rendu, on peut avoir une forte réduction de la consommation

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d’énergie finale.

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Et on a vu que les transports et la production de chaleur étaient une part importante de

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l’énergie utilisée en France.

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Donc, il n’est pas absurde d’avoir une réduction importante de l’énergie finale

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avec le déploiement de technologies beaucoup plus efficaces du point de vue de cet indicateur.

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Une amélioration aussi importante de l’efficacité énergétique est un objectif très ambitieux

play10:44

mais pas absurde.

play10:45

Maintenant que ce point est clair, je vais me concentrer sur le système électrique.

play10:50

Idéalement, il me faudra un jour traiter du reste de l’évolution du système énergétique

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envisagée dans la SNBC et, notamment, la question de la biomasse.

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Le travail qu’a produit RTE pour le système électrique s’inscrit donc dans le cadre

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de la SNBC en détaillant ce qu’on peut faire pour l'appliquer dans le cas du système

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électrique.

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À partir de maintenant, on va se concentrer sur ce point d’interrogation.

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La trajectoire de consommation d’électricité proposée par la SNBC est l’élément de

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départ du travail de RTE sur le système électrique.

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Cette trajectoire aboutit à une consommation d’électricité en 2050 de 645 TWh, ce qui

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fait 35% de plus qu’aujourd’hui.

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La consommation électrique représenterait alors 55% de l’énergie finale consommée

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en 2050 contre 25% aujourd’hui.

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Il y a des discussions complexes pour savoir si cette trajectoire de production électrique

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est souhaitable ou réaliste.

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Certains pensent que c’est une surestimation, d’autres une sous-estimation.

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C’est un débat qui dépend pour une bonne part de la société qu’on veut avoir à

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l’avenir.

play12:00

Ce débat sort du cadre de cette vidéo et j’ai pas assez de connaissances, ou de compétences,

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pour me positionner sur cette question.

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Je dirais juste que cette trajectoire sera révisée régulièrement en fonction de l’évolution

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de la consommation, du déploiement de différentes technologies, de l’amélioration de l’efficacité

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énergétique et de choix politiques.

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Qu’elle soit révisée à la hausse ou à la baisse, comprendre ce qu’il se passe

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avec la trajectoire de consommation de référence sur laquelle se base RTE est utile.

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Sur cette figure, vous voyez la consommation derrière cette trajectoire répartie entre

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différents secteurs.

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Le tout somme à 645 TWh en 2050.

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On voit une grosse augmentation de la consommation électrique dans les transports, dans l’industrie

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et dans la production d’hydrogène qui vient pour une bonne part substituer l’hydrogène

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utilisé aujourd’hui dans différentes industries et produit avec des ressources fossiles…

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un sujet déjà traité sur la chaîne.

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Pour le résidentiel-tertiaire, on a des besoins en légère baisse alors même qu’on va

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électrifier la production de chaleur.

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C’est dû à l’amélioration de l’isolation des bâtiments et au remplacement d’une

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partie des chauffages électriques conventionnels par des pompes à chaleur trois fois plus

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efficaces.

play13:11

On commence donc notre réflexion sur l'évolution du système électrique avec une première

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contrainte.

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Il faut augmenter la production d’électricité par rapport à aujourd’hui pour réduire

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les émissions de CO2 dans d’autres secteurs: transports, production de chaleur et industrie.

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Et évidemment, on veut faire ça avec de l’électricité bas carbone.

play13:31

Une seconde contrainte importante découle de l’état de la production électrique

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française aujourd’hui.

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Aujourd’hui, la France produit un peu plus de 500 TWh d’électricité et en consomme

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un peu moins de 500, on exporte donc de l’électricité, majoritairement bas carbone, vers nos voisins...

play13:51

réduisant, ainsi, les émissions de CO2 en dehors de nos frontières et améliorant légèrement

play13:57

notre balance commerciale.

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La production électrique française repose aujourd’hui pour une large part sur la production

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nucléaire complétée par des renouvelables et, malheureusement, un peu de fossiles.

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Les centrales nucléaires en fonctionnement ont été construites très rapidement.

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Un rythme dont on serait très probablement incapable aujourd’hui parce que les exigences

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de sûreté sont plus importantes, que les réacteurs sont plus complexes et qu’on

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a perdu des compétences industrielles.

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Le modèle de société était également différent à l’époque avec un pilotage

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fort de l'État.

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La prouesse technologique d’hier a une conséquence désagréable.

play14:34

Vous voyez, ici, l’évolution du parc prévu entre 2020 et 2035 et des hypothèses sur

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la durée de vie des centrales au-delà.

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Dans les trois prochaines décennies, on risque fort de perdre une large part des centrales

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nucléaires qui sont aujourd’hui le socle de la production électrique française.

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Alors on peut se poser la question d’une prolongation au-delà de soixante ans mais

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ce sera à l’autorité de sûreté nucléaire de trancher et une telle prolongation est

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très incertaine.

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On ne peut pas préjuger de la décision aussi loin de l’échéance et il serait dangereux

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de faire reposer dessus l’avenir de notre approvisionnement en électricité.

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En dehors de quelques centrales nucléaires en fin de vie et des barrages hydroélectriques,

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il ne restera, en 2050, pas grand-chose de ce qui fonctionne aujourd’hui.

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La durée de vie des installations photovoltaïques et éoliennes étant considérée inférieure

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à 30 ans.

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Il faudra remplacer l’existant d’ici 2050.

play15:30

Mais, renouveler une installation éolienne ou photovoltaïque est plus facile qu’en

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construire une nouvelle.

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D’ici 2050, il faut donc construire, ou reconstruire, tout un parc de moyens de production

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électrique.

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Il y a un point très important à comprendre ici: Nous sommes dans une période charnière

play15:48

où il faut faire rapidement des choix dont nous vivrons les implications pendant les

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prochaines décennies.

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Le caractère bas carbone de notre électricité n’est pas un acquis et, peu importe ce qu’on

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construit pour remplacer nos vieux réacteurs, il faut commencer à sérieusement y penser

play16:04

parce que construire tout un système électrique ne s’improvise pas au dernier moment vu

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les temps d’obtention des permis, de consultations diverses et de construction.

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C’est ça l’enjeu.

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Ce qu’on construit aujourd’hui, ce n’est pas pour remplacer du nucléaire qui serait

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fonctionnel, c’est pour s’assurer que, dans les décennies à venir, l’électricité

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reste bas carbone et soit présente en suffisamment grande quantité pour nous permettre de réduire

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la consommation d’énergies fossiles.

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L’augmentation prévisible de la demande d’électricité et le renouvellement du

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parc sont deux éléments fondamentaux pour comprendre le sujet de la transition énergétique

play16:42

en France.

play16:43

Mais, ça ne nous dit pas ce qu’on doit construire.

play16:48

Le rapport de RTE propose six scénarios de référence qui répondent tous à l’évolution

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de la consommation électrique envisagée par la SNBC.

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Un scénario c’est une description vraisemblable de l’avenir.

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Un scénario n’est ni une prédiction, ni une prévision.

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Il permet de mieux cerner les conséquences de différentes évolutions, de différents

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choix.

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Les futurs possibles ne se résument évidemment pas à ces six possibilités même en fixant

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la consommation électrique en 2050.

play17:17

Il faut voir ces scénarios comme des trajectoires qui permettent de comprendre les choix qu’on

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peut faire.

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Il faut également avoir conscience que les trajectoires proposées seront révisées

play17:27

au fur et à mesure des évolutions réelles, des choix politiques et des développements

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technologiques.

play17:33

Les six scénarios considérés par RTE permettent d’avoir une fourniture d’électricité

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aussi fiable que celle qu’on a aujourd’hui.

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Pour s’assurer de la solidité de ces scénarios, RTE simule un grand nombre d’années avec

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une variabilité météorologique qui prend en compte les effets du changement climatique.

play17:51

J’ajoute que la production des pays voisins est aussi modélisée en fonction de leur

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trajectoire de transition énergétique.

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Quand il y a des imports ou des exports, ce n’est pas une variable magique qui viendrait

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régler tous nos problèmes mais une représentation de ce que seraient les excédents et les déficits

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de production électrique de nos voisins européens.

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Je ne vais pas m’étendre sur la méthodologie scientifique.

play18:13

On est vraiment dans le cœur de métier de RTE et je fais plutôt confiance à leur travail

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sur ces points.

play18:20

Au début, je vous ai dit que ce travail avait été fait en concertation avec de nombreuses

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parties prenantes.

play18:26

C’est peut-être trop petit pour que vous puissiez voir mais il y a des centres de recherche

play18:31

et des universités, des entreprises comme EDF, Orano, GRDF, Bouygues, mais aussi des

play18:37

associations pro nucléaires comme les Voix du nucléaire ou antinucléaires comme Greenpeace

play18:42

et le Réseau Sortir du nucléaire.

play18:44

Des acteurs avec des positions et des expertises très différentes ont pu donner leurs avis

play18:49

et participer à l’élaboration de ce travail.

play18:52

Les scénarios ont été construits en s’appuyant sur l’expertise des industriels sur leur

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capacité à développer les différents moyens de production utilisés.

play19:00

Les scénarios proposés ne sont donc pas des modélisations informatiques hors sol

play19:05

mais des descriptions de l’avenir qui s’appuient sur différentes expertises externes pour

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être vraisemblables.

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Ici vous voyez l’évolution de la production électrique dans ces six scénarios.

play19:17

Elle augmente dans tous les cas pour suivre la trajectoire de consommation de la SNBC.

play19:22

Le premier scénario, M0, atteint le 100% renouvelable en 2050 avec une sortie accélérée

play19:29

du nucléaire.

play19:30

Il y a ensuite deux autres scénarios sans construction de nouveaux réacteurs nucléaires

play19:35

qui atteignent le 100% renouvelable en 2060.

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M1, table sur les énergies renouvelables réparties de manière diffuse sur le territoire

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national et une part importante de photovoltaïque sur toiture.

play19:47

M23 comporte le plus d’éolien et table sur l’installation de grands parcs éoliens

play19:52

et photovoltaïques suivant une logique d’optimisation économique.

play19:55

À noter que la production renouvelable inclut 75 TWh d'hydraulique et de bioénergie qui

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est en commun dans tous les scénarios.

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Il y a ensuite trois scénarios avec du nouveau nucléaire, N1, N2 et N03 qui ont respectivement,

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26%, 36% et 50% de nucléaire en 2050.

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Pour la suite, retenez au moins qu’on déploie du nouveau nucléaire dans les scénarios

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N et pas dans les scénarios M.

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On voit que même un maintien de la production nucléaire au niveau actuel fera baisser la

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part du nucléaire dans la production d’électricité à cause de l’augmentation de la consommation.

play20:30

La part de renouvelables en 2050 est d’au moins 50% dans tous ces scénarios.

play20:35

C’est un point important: il y a une massification des renouvelables dans tous les scénarios.

play20:41

Quand on regarde les trajectoires de développement de nouvelles tranches nucléaires, on voit

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que RTE avait initialement proposé une trajectoire haute qui a été revue à la baisse après

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les échanges avec la filière nucléaire.

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Je cite le passage qui parle de cette trajectoire haute “cette proposition n’a pas été

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reprise par des acteurs industriels, qui ont indiqué que les contraintes de supply-chain

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rendaient difficilement envisageable d’atteindre un tel rythme”.

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Vous pouvez mettre sur pause pour lire cet autre passage où RTE explique qu’une trajectoire

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à 70% du nucléaire aurait été possible si on avait commencé à s’y mettre dans

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les années 2000.

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C’est trop tard pour ça.

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On peut le regretter, ou pas, mais des scénarios à plus de 50% de nucléaire en 2050 semblent

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juste hors jeu à cause de contraintes industrielles.

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Revenons à la figure, on voit les trajectoires de développement de nouvelles tranches nucléaires

play21:35

dans les 3 scénarios N.

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Le scénario N1 demanderait la construction de huit nouveaux EPR d’ici 2050.

play21:43

Il faudrait commencer la construction maintenant pour avoir deux nouveaux réacteurs entrant

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en service en 2035 suivis de deux de plus tous les 5 ans.

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Le scénario N2 demanderait la construction de 14 EPR d’ici 2050.

play21:57

On en aurait 4 en 2040 comme dans le N1 puis 8 en 2045 pour atteindre le 14 en 2050.

play22:04

Vous voyez que le scénario N03 qui vise une production plus élevée de nucléaire en

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2050 que N2 n’aura pourtant pas, à cette date, plus d’EPR que le N2.

play22:15

N03 parvient à produire plus d’électricité nucléaire en repoussant au maximum la fin

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de vie des réacteurs existants, dont une partie au-delà de 60 ans, et en construisant

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des petits réacteurs nucléaires, les fameux SMR, en plus des EPR.

play22:31

Les incertitudes de ces trajectoires sont discutées dans le rapport et j’en parlerai

play22:36

un peu plus loin.

play22:37

RTE a également cherché à évaluer deux scénarios alternatifs: une sortie rapide

play22:42

du nucléaire et un moratoire sur la croissance des énergies renouvelables et de l’éolien

play22:47

en particulier.

play22:48

La conclusion est sans appel “Une sortie rapide du nucléaire met en péril la trajectoire

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climatique du pays à court terme, tandis qu’un arrêt du développement des énergies

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renouvelables la met en danger à long terme”.

play23:02

J’invite ceux que ces sous-questions intéressent à aller lire le rapport et je me contenterai

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ici des trajectoires considérées comme compatibles avec nos engagements environnementaux.

play23:11

Je pense que l’évocation de scénarios avec beaucoup de renouvelables soulève des

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questions notamment sur la gestion de l’intermittence, de la dépendance de l’éolien et du photovoltaïque

play23:23

à la météo.

play23:26

Pour que le système électrique fonctionne.

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Il faut qu’à tout instant la quantité d’électricité soutirée du réseau électrique

play23:34

soit exactement égale à la quantité qui y est injectée.

play23:37

Pour maintenir cet équilibre, on peut jouer sur la consommation ou sur la production.

play23:43

Aujourd’hui, la consommation est peu ajustable donc c’est surtout la production d’électricité

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qui doit suivre la demande.

play23:49

On regroupe tous les moyens utilisés pour maintenir cet équilibre sous le terme de

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“flexibilité”.

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Commençons par regarder quels seront les besoins de flexibilité dans les six scénarios

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de RTE en 2050.

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On voit qu’il y a des besoins d’ajustements au sein d’une journée qui viennent de la

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variation de la production photovoltaïque et de la variation de consommation: on consomme

play24:14

plus d’électricité le matin et en début de soirée que la nuit.

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On a ensuite des besoins d’ajustement qui viennent de la variabilité de la production

play24:22

éolienne au sein d’une semaine et du fait que la consommation varie puisqu’on consomme

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moins le week-end.

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Il y a besoin de compenser des variations entre les semaines d’une même saison.

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La consommation varie en fonction de la météo et notamment de la température.

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Et la production éolienne et photovoltaïque est elle aussi sensible aux différences de

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météo entre les semaines.

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Il y a également des variations entre les saisons.

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Vous voyez ici que l’éolien diminue les besoins de modulation car il produit plus

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en hiver où la consommation électrique est plus importante.

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À cette échelle, sa variabilité suit celle de la consommation réduisant les besoins

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pour adapter consommation et production.C’est un avantage important de cette technologie.

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Par contre, c’est l’inverse pour le photovoltaïque qui produit moins en hiver quand les besoins

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sont plus importants et il faut donc compenser cet effet.

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Le scénario qui y est le plus vulnérable est le scénario M1 où il y a beaucoup plus

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de photovoltaïque.

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Enfin, il peut y avoir des variations entre les années, essentiellement liées à la

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température pour la consommation et à l’éolien qui produit plus certaines années que d’autres.

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Faites attention à la lecture: les échelles ne sont pas les mêmes.

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Il faut quelques centaines de GWh par jour pour l’échelle intra-journalière mais

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plusieurs dizaines de TWh par an pour le stockage intersaisonnier.

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Sans grande surprise, on voit que les scénarios M avec plus de renouvelables ont besoin de davantage

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de flexibilité.

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Ajouter de l’éolien et du photovoltaïque dans le mix électrique se fait d’abord

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à peu de frais mais plus on en a, plus il faut ajouter des moyens pour gérer leur variabilité.

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J’aime beaucoup cette représentation qui permet de comprendre qu’on a des besoins

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de modulation à différentes échelles.

play26:08

Si vous aimez réfléchir au système électrique je pense que c’est une bonne base pour avoir

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une idée des besoins de flexibilité.

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Contrairement à ce que certains pensent, les réponses à ces besoins de flexibilité

play26:21

ne se limitent pas aux moyens de stockage.

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Par exemple, la production éolienne ne varie pas exactement pareil partout.

play26:30

Avoir des productions réparties sur le territoire français et européen permet de lisser la

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production éolienne, c’est ce qu’on appelle le foisonnement.

play26:39

J’en avais longuement parlé dans les vidéos sur le réseau électrique où j’avais essayé

play26:43

de le quantifier et j’y renvoie ceux que ce sujet intéresse.

play26:47

Il y a aussi un passage du rapport de RTE dans le chapitre 7 qui aborde cette question.

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Plus globalement, les interconnexions jouent un rôle important dans l’optimisation du

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système électrique parce qu’elles permettent de distribuer des surplus locaux de production

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renouvelable et de mettre en commun à l’échelle européenne différents systèmes qui permettent

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la stabilité du réseau électrique.

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RTE envisage donc une augmentation des capacités d’interconnexion avec nos voisins européens.

play27:15

Une tendance existante qu’on retrouve dans la stratégie de l'Union Européenne et des

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pays membres.

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Développer davantage les interconnexions est économiquement et physiquement justifié

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et a des implications politiques.

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Cette évolution renforce la coopération entre États européens et accroît les interdépendances

play27:33

au sein de l’Union Européenne.

play27:34

Le rapport discute de ces aspects politiques dans le chapitre 7 en rappelant que le modèle

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énergétique de 2050 sera moins dépendant de l’étranger si on réussit la transition

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énergétique planifiée dans la SNBC.

play27:47

On passerait de la situation actuelle où deux tiers de nos besoins énergétiques reposent

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sur des importations de ressources fossiles à une situation où quelques pourcents des

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besoins en électricité proviendraient de nos voisins européens.

play28:01

Vous pouvez mettre sur pause pour lire en détail la figure qui résume ce point.

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C’est un rappel de la situation de dépendance dans laquelle la France est aujourd’hui

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pour son approvisionnement en énergie.

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Les interconnexions sont considérées comme une flexibilité qui joue sur toutes les échelles

play28:17

temporelles puisqu’elles permettent de mettre en commun des flexibilités qui jouent sur

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des échelles de temps différentes.

play28:23

Attention, ce n’est pas magique non plus et ça dépend de la distribution dans le

play28:27

temps des excédents et déficits de production de nos voisins européens qui sont simulés

play28:33

par RTE.

play28:35

Dans les flexibilités, on a ensuite la variation de la consommation.

play28:40

C’est déjà ce qu’on fait depuis des décennies avec le pilotage des chauffe-eaux

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électriques qui sont décalés dans des périodes de faible consommation par le mécanisme d’heures

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creuses.

play28:51

C’est une flexibilité qui ne joue qu’à l’échelle de la journée.

play28:54

Dans le futur, pouvoir décaler la charge d’une partie des voitures électriques aiderait

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grandement.

play29:00

C’est un point que j’avais déjà évoqué dans la vidéo sur la voiture électrique.

play29:04

Il y a également des effacements ponctuels de consommation, notamment certains sites

play29:09

industriels en cas de tension sur le réseau, un mécanisme qui existe déjà aujourd’hui

play29:14

mais pourrait s’étendre à l’avenir avec l’évolution des technologies et des secteurs

play29:19

consommant de l’électricité.

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Les électrolyseurs apportent de la flexibilité dans la consommation.

play29:25

L’idée générale, c’est qu’il faut beaucoup d’électricité pour produire de

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l’hydrogène.

play29:30

Mais, si il y a des tensions sur le réseau, on coupera les électrolyseurs.

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Donc si on produit de l’hydrogène par électrolyse pour répondre à des besoins industriels,

play29:39

ça peut avoir un intérêt pour la stabilité du réseau même si on n’utilise pas l’hydrogène

play29:43

pour produire de l’électricité.

play29:45

Vous voyez que les flexibilités de consommation ont des effets sur des échelles de temps

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limités.

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La charge d’un véhicule électrique, par exemple, peut être décalée de quelques

play29:53

heures ou déplacée dans la semaine mais pas d’un mois sur l’autre.

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Seuls les électrolyseurs peuvent jouer sur de plus longues périodes.

play30:01

Ce serait le cas, par exemple, si on a des électrolyseurs qui produisent peu en hiver

play30:06

parce que les marges de production sont moindres pendant cette saison.

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La possibilité d’arrêter les électrolyseurs dépendra des besoins en hydrogène, des possibilités

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de stockage et des capacités de production d’hydrogène et d’électricité.

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Aujourd’hui, seuls quelques pourcents de la consommation est flexible.

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En 2050, la proportion de la consommation pouvant être interrompue ou décalée dans

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le temps serait autour de 15%.

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La consommation d’électricité évolue avec l’arrivée de nouveaux usages.

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Voilà pour la consommation, parlons maintenant des flexibilités qui permettent d’ajuster

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la production.

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Le stockage par batterie peut permettre de stocker des surplus de production électrique

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pour les utiliser quand on en a besoin.

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Mais ce stockage n’a de pertinence que sur un temps court.

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C’est un bon moyen de stockage pour lisser la production photovoltaïque mais c’est

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beaucoup plus limité sur des échelles de temps plus longues.

play31:02

Le rapport donne dans le chapitre 12, les capacités de batteries stationnaires dans

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différents scénarios.

play31:08

On voit qu’elles sont beaucoup plus importantes dans les scénarios qui ne prévoient pas

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de nouveaux réacteurs nucléaires.

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On voit également que les capacités cumulées de batteries dans les véhicules électriques

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sont bien supérieures à ce qu’il y a sur le réseau.

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Mais, on a vu que le pilotage de la charge des véhicules électriques apporte de la

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flexibilité à la consommation.

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En plus, RTE considère qu'1,1 million de voitures électriques, soit 3% du parc en

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2050, seront capables de réinjecter l’électricité stockée sur le réseau, jouant un rôle se

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rapprochant des batteries stationnaires.

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Donc les batteries des voitures électriques joueront également un rôle dans la stabilité

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du réseau électrique.

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Dans les moyens de stockage, on a ensuite les STEP pour Station de Transfert d’Énergie

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par Pompage dont on a déjà parlé dans une vidéo.

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En gros, ce sont des barrages hydroélectriques réversibles.

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En cas de surproduction électrique, on pompe l’eau d’un réservoir bas vers un réservoir

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haut.

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Et quand on veut récupérer cette énergie, on turbine l’eau comme pour un barrage hydroélectrique

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classique.

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C’est un excellent moyen de stockage qui permet de récupérer 70 à 85% de l’électricité

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utilisée pour pomper l’eau.

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Aujourd’hui, c’est, de très loin, le moyen de stockage le plus utilisé dans le

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monde.

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Il est adapté pour des modulations à effectuer au sein d’une journée ou d’une semaine.

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On y pense moins mais les barrages hydroélectriques représentent également un stock d’énergie.

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Ce sont des moyens de production renouvelables et pilotables mais limités par la quantité

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d’eau stockée.

play32:42

Il faut donc gérer au mieux cette réserve pour qu’elle soit disponible dans les moments

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de tension.

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RTE envisage une augmentation des STEP de l’ordre de 3 GW et une augmentation d’1

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GW d’autres installations hydrauliques.

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Vous voyez qu’on a séparé ici, l’hydraulique au fil de l’eau qui n’est pas pilotable,

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des centrales de lac qui le sont et des STEP qui sont des moyens de stockage.

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Si vous êtes perdu sur la question de l’hydroélectricité, je vous renvoie à la vidéo que j’ai faite,

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il y a déjà quelque temps, sur ce sujet.

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Comme on le verra un peu plus loin, dans les scénarios où il en reste, les centrales

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nucléaires permettent également d’ajuster la production électrique, ce sont des moyens

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pilotables.

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Mais, elles ont leurs limites...

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Aujourd’hui, l’ajustement ultime se fait avec des moyens de production très flexibles:

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les centrales au gaz fossile.

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Vous voyez sur cette figure l’évolution dans le temps et suivant les scénarios des

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capacités thermiques flexibles installées.

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L’idée dans ces scénarios de transition n’est pas de se passer complètement de

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ces centrales mais de les décarboner en passant du gaz fossile au biogaz ou à l’hydrogène

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et ses dérivés.

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RTE table beaucoup plus sur l’hydrogène que sur le biogaz dont le gisement est limité

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et pourrait être mieux utilisé ailleurs.

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On voit que les scénarios M sans nouveau nucléaire sont beaucoup plus demandeurs de

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centrales au gaz, même plus qu’aujourd’hui.

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Mais, on regarde ici la capacité installée.

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Pour avoir une idée de la quantité de gaz consommé, il ne faut pas regarder la capacité

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installée mais la production d’électricité.

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Ça tombe bien, RTE fournit aussi ce résultat.

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Vous voyez qu’à l’horizon 2050, il y aurait moins de production électrique avec

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ces capacités thermiques qu’aujourd’hui dans tous les scénarios.

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L’implication est évidemment que les centrales au gaz en 2050 fonctionneront beaucoup moins

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souvent que celles d’aujourd’hui.

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Il y a cependant une petite subtilité.

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On l’a dit, les interconnexions se multiplient en Europe.

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Ce qui revient à mutualiser une partie des moyens de production et de stockage de l’électricité.

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Si on ajoute les importations et qu’on soustrait les exportations, ici dans le scénario M23,

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on voit que ça augmente la production d’électricité par les centrales au gaz.

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Je pense que c’est globalement le cas parce que nos voisins prévoient d’importantes

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capacités de centrales au gaz dans leurs scénarios de transition énergétique.

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Si nos voisins réduisent leur nombre de centrales au gaz, si la France ne veut pas être dépendante

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des centrales de ses voisins ou si les interconnexions sont moins développées, il faudra plus utiliser

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les centrales au gaz existantes et/ou construire davantage de centrales au gaz sur le territoire

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français.

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On reste sur des besoins inférieurs à une vingtaine de TWh donc inférieur à 3% de

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la consommation annuelle d’électricité.

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Même en prenant les effets des importations en compte, on voit que les modélisations

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de RTE remettent sérieusement en cause l’idée que le déploiement de moyens renouvelables

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s'accompagne d’une augmentation de l’utilisation du gaz puisque le scénario M23, 100% renouvelables

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en 2060 repose moins sur le gaz que la production actuelle d’électricité en France.

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Maintenant, qu’est-ce que ça donne quand on combine toutes ces flexibilités ?

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Vous pouvez faire pause maintenant si vous voulez voir de quelle manière les productions

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et les flexibilités se complètent dans une semaine particulièrement difficile dans le

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scénario M23 et N2.

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Pour aller vite, on ouvre à fond les barrages hydroélectriques, on fait tourner les turbines

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à gaz et on importe.

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Encore une fois, les imports ne sont pas supposés mais simulés.

play36:21

Malheureusement les pays exportateurs et importateurs ne sont pas précisés sur cette figure.

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Sur cette autre figure, on voit l’évolution des capacités flexibles installées en France.

play36:33

De manière logique, les scénarios avec moins de nucléaire ont davantage besoin d’hydrogène

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et de batterie.

play36:39

Le scénario N03 à 50% de nucléaire en 2050 semble pouvoir se passer de moyens de stockage

play36:46

qui sont également peu présents dans le scénario N2 à 36% de nucléaire en 2050.

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Dans le scénario N03, les moyens renouvelables couvrent 50% de la consommation électrique

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en 2050 dont près de 40% provenant des éoliennes et des panneaux photovoltaïques.

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Intégrer jusqu’à 40% de moyens renouvelables variables semble donc pouvoir se faire sans

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difficulté.

play37:08

Regardons d’un peu plus près le scénario M23 qui est un scénario 100% renouvelable

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en 2060 qui s’appuie sur un développement de grands parcs éoliens et photovoltaïques

play37:18

suivant une logique d’optimisation économique.

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Dans ce scénario, il y a 72 GW d’éolien terrestre, 60 GW d’éolien en mer et 125

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GW de photovoltaïque couvrant 75% de la production d’électricité.

play37:33

En plus des barrages hydroélectriques, des STEP et des interconnexions qui sont communs

play37:37

à tous les scénarios, le scénario M23 a besoin de 15 GW de flexibilité de la demande,

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20 GW de thermique décarboné et 13 GW de batteries alors que la puissance installée

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de renouvelable intermittent monte à près de 250 GW.

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On voit donc clairement qu’on n’a pas besoin d’une turbine au gaz ou d’une batterie

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derrière chaque éolienne ou panneau photovoltaïque.

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La gestion de la variabilité de ces moyens est un problème complexe qui mérite mieux

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que les représentations caricaturales qu’on retrouve trop souvent.

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Autre point intéressant, dans les scénarios avec beaucoup de renouvelables intermittents,

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il y a des périodes où récupérer la surproduction n’est pas possible ou pas rentable.

play38:19

On perd donc une partie de la production des renouvelables.

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C’est ce qu’on appelle l’écrêtement et j’en avais parlé dans les vidéos sur

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le réseau.

play38:27

Il y a également des pertes associées à l’utilisation de stockage et notamment à

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la production de l’hydrogène ensuite utilisé dans les centrales au gaz pour produire de

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l’électricité.

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Le rendement de la boucle électricité, hydrogène, électricité n’est que de 30%.

play38:43

Ces deux effets induisent des pertes qui sont plus élevées dans les scénarios sans nouveau

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nucléaire.

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On voit nettement que les scénarios sans nouveau nucléaire demandent plus de production

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pour la même consommation finale afin de compenser les pertes.

play39:00

Parlons un petit peu des coûts.

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Le chapitre sur l’analyse économique fait 77 pages et va bien au-delà des éléments

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que j’ai choisis de vous montrer.

play39:09

Si vous n’êtes pas satisfait par une partie des hypothèses que je vais présenter, l’analyse

play39:15

économique teste de nombreuses variantes et vous pouvez aller lire tout ça pour affiner

play39:19

votre opinion.

play39:20

On regarde ici une comparaison des coûts de production de différentes filières pour

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2030.

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La prolongation des centrales nucléaires existantes apparaît comme rentable tout simplement

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parce que les centrales nucléaires en fonctionnement aujourd’hui sont en grande partie amorties.

play39:36

Les coûts des travaux nécessaires à la prolongation des centrales nucléaires sont

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rentables quand on les ramène à l’électricité que ces prolongations permettront de produire.

play39:46

Une fermeture anticipée des centrales nucléaires existantes ne serait pas seulement discutable

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sur le plan écologique mais aussi sur le plan économique.

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La rentabilité économique de cette prolongation est longuement développée dans le rapport

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et je doute qu’elle puisse être remise en question.

play40:03

Quand on regarde les coûts de production estimés par RTE à l’horizon 2050, on voit

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que seul le photovoltaïque sur petite toiture est plus coûteux que le nouveau nucléaire.

play40:13

Si vous avez retenu les quantifications précédentes, vous voyez que RTE anticipe des réductions

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de coûts pour les renouvelables d’ici 2050, ce qui est défendable au vu des évolutions

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passées et anticipables.

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Des quantifications comme celle-ci reposent sur de nombreuses hypothèses qui sont détaillées

play40:29

dans le rapport avec des analyses de sensibilité.

play40:32

Mais regarder les coûts de production des différentes filières ne suffit pas.

play40:37

Ce qui comptent ce n’est pas le coût de l’électricité en sortie des centrales

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mais le coût de l’électricité au niveau de votre prise électrique.

play40:44

Entre les deux, il faut prendre en compte le réseau électrique mais aussi les différentes

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flexibilités dont on a parlé et notamment les moyens de stockage et les centrales au

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gaz.

play40:54

En tant que consommateur et citoyen le seul coût qui a un sens, c’est le coût du système

play40:59

dans son ensemble.

play41:01

Si ce point était clair pour tout le monde, on gagnerait beaucoup de temps dans les questions

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autour des coûts.

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RTE évalue ce coût complet pour les différents scénarios dont on a parlé jusqu’ici.

play41:11

On voit que les scénarios avec du nouveau nucléaire sont moins coûteux alors même

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que le nouveau nucléaire était plus coûteux par MWh.

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Cette différence s’explique par de plus grands besoins de flexibilité et de renforcement

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des réseaux des scénarios avec plus d’énergies renouvelables.

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On voit que le scénario M1, qui développe significativement le photovoltaïque sur toiture,

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coûte environ un tiers plus cher que le scénario N03.

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C’est une différence importante de 20 milliards d’euros par an mais ce n’est pas non plus

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un facteur deux.

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Aujourd’hui, pour un particulier, la production d’énergie et les réseaux composent environ

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deux tiers du prix de l’électricité.

play41:51

Si c’est la même structure en 2060, on aurait des variations de prix d’un peu plus

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de 20% maximum entre les extrêmes.

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L’écart de coût entre le scénario M23, 100% renouvelable en 2060, et le scénario

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N03 se réduit à une dizaine de milliard d’euros par an.

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Si on prend en compte les incertitudes, les différences de coût entre ces trajectoires

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ne me paraissent pas énormes.

play42:14

Je pense qu’échouer à développer assez d’électricité bas carbone pour répondre

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aux besoins de la transition peut s’avérer beaucoup plus coûteux.

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Je précise que ces coûts intègrent le démantèlement des installations et la gestion des déchets,

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notamment ceux du nucléaire.

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RTE a eu une démarche conservatrice dans l’évaluation de ces coûts en aval.

play42:33

Il est important de noter que le calcul des coûts reposent sur des évaluations économiques

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avec des hypothèses fortes.

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En changeant, par exemple, le taux des intérêts nécessaires aux investissements initiaux

play42:44

dans les moyens de production, vous pouvez changer les résultats.

play42:47

RTE a fait le choix d’avoir les mêmes conditions de financement pour toutes les technologies:

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un taux de 4%.

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Ce qui correspondrait à un soutien de l’Etat sous une forme ou une autre.

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Ce n’est pas aberrant: le développement historique du nucléaire a bénéficié d’un

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fort soutien de l’Etat et le déploiement actuel des renouvelables est également soutenu

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par l'État par d’autres mécanismes.

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Les modes de production avec la plus longue durée de vie, sont très sensibles aux coûts

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du financement.

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Ce qui fait le plus varier le coût du nucléaire c’est son financement.

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Le coût du système dépend donc de choix politiques sur le soutien des différentes

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technologies.

play43:27

Et le prix de l’électricité dépend d’autres choix politiques comme l’organisation du

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marché ou les taxes.

play43:33

Ici, j’ai parlé du coût qui n’est qu’une partie des éléments qui influe sur le prix.

play43:39

Vous ne pouvez pas déduire le futur prix de l’électricité à partir de la seule

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discussion des coûts.

play43:45

Pour résumer: J’ai mis en avant quatre points que je trouve intéressant sur la question

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des coûts (i) prolonger les centrales nucléaires existantes est rentable. (ii) Ne vous faites

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pas avoir par ceux qui montrent uniquement le coût de production des différents moyens,

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le coût qui vous intéresse en tant que citoyen et consommateur est le coût du système dans

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son ensemble. (iii) À l’exception du photovoltaïque sur petite toiture, les technologies renouvelables

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sont moins coûteuses que le nouveau nucléaire.

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Mais, les coûts des flexibilités augmentent au fur et à mesure qu’on ajoute de l’éolien

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et du photovoltaïque.

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Ce sont ces coûts qui expliquent que des scénarios avec du nouveau nucléaire sont

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un peu moins coûteux. (iv) Les écarts de coûts ne sont pas monstrueux, ce qui incite

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à inclure d’autres critères dans le choix des scénarios.

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Trancher sur les seuls coûts alors qu’ils sont proches serait, à mon avis, une erreur.

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On l’a dit le but de la transition énergétique est la réduction des émissions de CO2 et

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l’atteinte, en 2050, de la neutralité carbone.

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Regardons d’un peu plus près ce que le rapport dit sur les émissions de CO2 du système

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électrique.

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On en a souvent parlé sur cette chaîne, tous les moyens de production émettent indirectement

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des gaz à effet de serre par leur construction, leur entretien et leur démantèlement.

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Laissons de côté la question de la biomasse, très peu utilisée par RTE.

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Vous voyez la distinction très nette entre ce qu’on appelle logiquement les moyens

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de production bas carbone et les moyens de production qui reposent sur la combustion

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de ressources fossiles.

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La priorité absolue pour lutter contre le changement climatique est de se débarrasser

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des énergies fossiles.

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Le rapport anticipe également l’amélioration de l’empreinte carbone des différents moyens

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de production grâce à l’amélioration de ces technologies et/ou à la réduction

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du recours aux énergies fossiles pour leur production.

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Cet effet est important sur le photovoltaïque qui a, aujourd’hui, des émissions supérieures

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à d’autres technologies bas carbone en restant très inférieur aux technologies

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fossiles.

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Une objection qu’on pourrait faire à ce type de représentation, c’est qu’on ne

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prend en compte le fait que certains moyens de production sont pilotables et d’autres

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non.

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Et c’est vrai que, comme pour les coûts, ce qui a le plus de sens c’est de regarder

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les émissions associées au système entier.

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Si on fait ça, on voit que les scénarios avec du nouveau nucléaire émettent un peu

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moins de CO2.

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On regarde ici les émissions du système électrique en 2050.

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RTE donne également son calcul avec une hypothèse plus pessimiste sur l’amélioration technologique

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des différents moyens de production.

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On peut voir que la présence de moyens de stockage, notamment de batteries, induit des

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émissions supplémentaires mais la part des émissions allouables aux flexibilités est

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faible devant celles allouables aux moyens de production, ce qui contredit certaines

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idées reçues.

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Dans les six scénarios proposés par RTE, les émissions de gaz à effet de serre induites

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par le système électrique en 2050 sont moindres qu’en 2019 alors qu’on produit plus d’électricité.

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Si on ramène ça au kWh, on trouve les quantifications suivantes: environ 48 grammes d’équivalent

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CO2 par kWh pour le système électrique aujourd’hui et, en 2050, de 17 grammes de CO2 équivalent

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par kWh à 11 suivant les scénarios.

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Et si on retient l’hypothèse pessimiste, on est alors entre 23 et 14.

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Je rappelle que cette électricité bas carbone va permettre de réduire les émissions ailleurs.

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Sur cette figure, on peut voir les réductions des émissions en équivalent CO2 entre 2019

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et 2050.

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L’électrification des usages contribue pour environ un tiers de la réduction des

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émissions d’ici 2050 avec une forte réduction dans le domaine des transports.

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On retrouve un point évoqué au début de la vidéo et qui me paraît fondamental à

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retenir.

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L’électricité bas carbone peut permettre de réduire les émissions de CO2 d’autres

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secteurs.

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Pour finir, il me paraît très important de discuter de la crédibilité des différents

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scénarios.

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Attaquons maintenant ce qui est peut-être le point le plus important de la vidéo: Il

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ne suffit pas de créer un scénario pour que celui-ci puisse advenir.

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Par exemple, ce n’est pas parce qu’un scénario 100% renouvelable existe que le

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100% renouvelable devient possible.

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N’importe qui peut proposer des scénarios de neutralité carbone.

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Si je fais l’hypothèse qu’en 2050, la population mondiale renonce à se déplacer,

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se loger, se chauffer, se nourrir et se divertir, je peux faire un scénario de neutralité

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carbone les doigts dans le nez.

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Même chose si je suppose qu’en 2050 on a des technologies miracles qui produisent

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plein d’énergie pour pas chères et sans impacts environnementaux.

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Et qu’on a d’autres technologies miracles pour retirer le CO2 de l’atmosphère, et

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régler les autres problèmes environnementaux au passage tant qu’à faire.

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Mais est-ce que vous jugeriez crédibles ces deux scénarios ? Probablement que non…

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J’espère… Enfin vous demanderiez quand même un peu plus de détails, non ?

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La difficulté n’est pas de produire un scénario mais de produire un scénario crédible,

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une situation future qui pourrait se produire sous certaines conditions.

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Juger la crédibilité d’un scénario demande d’examiner ces conditions, d’examiner

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les hypothèses sur lesquelles ce scénario repose.

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Tous les scénarios de transition énergétique comportent des conditions, des paris sur l’avenir.

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RTE a cherché à minimiser le recours à des paris trop risqués.

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Néanmoins, il reste des incertitudes que le rapport essaye de détailler.

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Comme expliqué en introduction, je ne me prononce pas sur les trajectoires de la stratégie

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nationale bas carbone qui pourraient elles-aussi être discutées.

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On va donc regarder les incertitudes pour la consommation électrique envisagée par

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la SNBC et qui sert de référence dans les scénarios que j’ai longuement exposés.

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Regardons d’abord du côté du renouvelable.

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Il y a des incertitudes industrielles liées au déploiement de grandes quantités d’éoliennes

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terrestres et de panneaux photovoltaïques.

play49:56

Encore un point important: dans tous les scénarios, il faut développer de grandes quantités

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de moyens renouvelables.

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La réussite de ces déploiements n’est pas acquise.

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Pour l’éolien en mer qui est encore balbutiant en France, il y a un enjeu industriel mais

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également de développement, notamment si on veut déployer de l’éolien flottant

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qui n’est qu’à l’échelle pilote aujourd’hui.

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Il y a ensuite des paris sur le développement de technologies permettant l’intégration

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de grandes quantités de moyens intermittents dans le réseau électrique.

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Il faut développer des flexibilités, et notamment un système hydrogène, reconfigurer

play50:32

le réseau qui n’a pas été construit pour une production diffuse d’électricité,

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assurer la stabilité électrique sans les grosses centrales qui jouent ce rôle aujourd’hui

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et faire évoluer les réserves opérationnelles qui sont là pour compenser rapidement une

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production insuffisante d’électricité.

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Pour ceux que ces aspects techniques intéressent, ils sont détaillés dans un précédent rapport.

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RTE signale que pour ces 4 points, les validations techniques à apporter demeurent importantes

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et nécessitent un effort de recherche et développement conséquent et soutenu.

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Il est également intéressant de noter que les incertitudes associées à ces points

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ne sont pas nulles dans des scénarios avec du nouveau nucléaire parce que même ces

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scénarios comportent une part importante de renouvelables intermittents en 2050.

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Du côté du nucléaire, il y a des incertitudes sur la prolongation de certains réacteurs

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actuels jusqu’à 60 ans.

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Seul le scénario M0 qui envisage un retrait plus rapide du nucléaire s’en sort un peu

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mieux.

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Le déploiement du nouveau nucléaire est d’autant plus incertain que le rythme de

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déploiement est élevé et on peut comprendre facilement ce point au vu de la construction

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des EPR aujourd’hui en Europe.

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Enfin, pour le scénario N03, il y a de fortes incertitudes sur la possibilité de prolonger

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les réacteurs existants au-delà de soixante ans et sur le développement de petits réacteurs

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nucléaires qui n’existent pas encore aujourd’hui.

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J’ai entendu plusieurs fois que ce rapport prouve la possibilité d’un système électrique

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100% renouvelable.

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Pourtant, il est écrit noir sur blanc que rien ne garantit la faisabilité d’un scénario

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100% renouvelable.

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Se lancer dans cette direction en espérant que la technologie trouve des solutions en

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cours de route est un pari technologique qui peut s’avérer dangereux.

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De la même manière, se lancer dans des scénarios avec une part importante de nucléaire est

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un pari industriel qui peut s’avérer tout aussi dangereux.

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RTE met explicitement en avant des scénarios de type N2 permettant de limiter les risques

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d’échec en s’affranchissant de plusieurs paris technologiques et industriels.

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Garder une part de nucléaire permettrait de limiter les risques d’échec de la transition

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du système électrique.

play52:39

C’est un élément avec lequel je suis en phase.

play52:42

La transition du système énergétique s’annonce déjà comme un chantier très difficile,

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il le sera encore plus si on exclut d’emblée une partie des technologies.

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Mais, si on fait le choix de déployer du nouveau nucléaire, RTE est également clair

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sur le fait qu’il faut se décider rapidement.

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Quel que soit le choix des trajectoires, si on veut suivre la consommation électrique

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envisagée par la SNBC, il faut se mettre à déployer massivement des moyens de production

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bas carbone.

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Vous pouvez voir que les rythmes de déploiement sont très exigeants dans tous les scénarios.

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On entame un énorme chantier pour transformer notre système électrique.

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Échouer à déployer suffisamment de moyens bas carbone risque de nous laisser avec des

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fossiles sur les bras dans la production électrique et/ou dans les secteurs que l’électricité

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doit aider à décarboner.

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Alors je sais cette vidéo est déjà longue mais sur un sujet aussi vaste c’est loin

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d’être exhaustif.

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J’aurais pu développer davantage, par exemple, certains critères environnementaux comme

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la surface utilisée, les matériaux nécessaires ou l’évolution de la question des déchets

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nucléaires dans les différents scénarios.

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Mais, c’est déjà bien trop long et passer vite sur ces aspects serait, à mon avis,

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contre-productif.

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En plus, ce sont des questions que j’ai déjà traité, au moins en partie, ailleurs

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sur la chaîne.

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RTE a travaillé sur ces questions et des approfondissements, notamment sur les matériaux,

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devraient sortir début 2022.

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Le travail qu’a produit RTE ici va, en effet, être approfondi au fil des mois à venir.

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N’hésitez pas à suivre tout ça ! Il y a probablement des éléments intéressants

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qui vont sortir !

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Dans cette vidéo, on a vu qu’il fallait comprendre la transition énergétique dans

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son ensemble pour comprendre l’évolution à venir de la production électrique.

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L’électricité bas carbone peut être un moyen pour réduire l’utilisation de ressources

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fossiles dans les transports, la production de chaleur et l’industrie.

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Une part importante de la production électrique française est aujourd’hui assurée par

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les centrales nucléaires qui seront arrêtées dans les trois prochaines décennies.

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L’évolution du système électrique est donc face à une double contrainte: il faut

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augmenter la production d’électricité mais également remplacer une bonne partie

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des moyens de production existants qui atteignent leur fin de vie.

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On est à une croisée des chemins et plusieurs directions sont possibles.

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Le rapport de RTE permet de se faire une idée des évolutions du système électrique permettant

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de répondre à la consommation envisagée par la stratégie nationale bas carbone.

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De nombreuses données sont disponibles sur les coûts, les impacts environnementaux et

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les incertitudes de différentes évolutions.

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J’ai trouvé ce rapport particulièrement intéressant parce qu’il vient rectifier

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un certain nombre de fausses informations et j’espère qu’il permettra d’assainir

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un peu les discussions sur le sujet de l’énergie en général et de l’électricité en particulier.

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On voit que dans toutes les voies proposées il faut déployer rapidement des moyens de

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production bas carbone.

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Les énergies renouvelables se développent de façon importante dans tous les scénarios

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et constituent, hydroélectricité comprise, au minimum 50% de la production d’électricité

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en 2050.

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À mon avis, l’analyse de ces scénarios montre également que se passer de nouveau

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nucléaire est difficile et risqué.

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Voilà, j’espère que cette vidéo vous a plu, que vous avez appris des choses et

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que ça n’a pas été trop vite.

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C’est une vidéo sur un sujet bien plus large que d’accoutumée et je suis sûr

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qu’elle soulèvera beaucoup de questions auxquelles je serai incapable de répondre.

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Je pense que le rapport de RTE vaut vraiment le coût d’être lu.

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Je vous recommande évidemment la synthèse mais également le chapitre 7 sur la sécurité

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d’approvisionnement qui couvre les flexibilités et le chapitre 12 sur l’analyse environnementale.

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J’ai choisi de faire cette vidéo parce qu’elle m’a été beaucoup demandée mais

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aussi parce que je travaille sur une autre vidéo pour laquelle j’avais besoin d’introduire

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les enjeux de l’évolution du système électrique et l’introduction commençait à prendre

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vraiment beaucoup de place.

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Au passage, vous avez pu voir qu’il me reste de nombreux sujets à traiter: finir la petite

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série sur l’hydrogène, en faire une sur la biomasse: agrocarburant, biogaz, bois…

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et parler de la rénovation des bâtiments et des pompes à chaleur.

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J’ai encore de quoi m’occuper pour quelques temps pour ceux qui en doutait.

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Cette vidéo bénéficie de l'œil attentif de relecteurs qui aident ce contenu à être

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plus juste, précis et compréhensible et je les remercie pour ça.

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Un grand merci également à ceux qui me soutiennent financièrement et permettent à ce contenu

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d’exister.

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C’était le Réveilleur et à bientôt sur le net.

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