Bassem Braiki. les marocains sont-ils traumatisés par la Colonisation française ?!

Summary

Le transcript explore le système réglementariste colonial français au Maghreb, en particulier à travers l'exemple du quartier réservé de Bousbihr à Casablanca. Ce quartier, créé en 1921, visait à concentrer la prostitution dans un espace délimité, isolant les prostituées et imposant un contrôle strict. Ce lieu était à la fois un centre de loisirs et un espace de contrôle sanitaire intense. Bien que le quartier ait été perçu comme un modèle de gestion de la sexualité, il a également incarné une violence coloniale et sexuelle, marquant profondément la mémoire collective marocaine. La fermeture du quartier en 1955 n'a pas effacé sa légende, toujours douloureuse pour les Marocains.

Takeaways

• 😀 Le système réglementariste français a largement rejeté l'idée des quartiers réservés, considérés comme des concentrations de vice, incluant la prostitution, le jeu et la drogue.
• 😀 Alexandre Parent du Châtelet, figure du réglementarisme, était contre les quartiers réservés et prônait plutôt la dissémination du vice, avec des structures prostitutionnelles dédiées pour chaque classe sociale.
• 😀 Pour les élites, des établissements comme le Chabanais étaient créés, tandis que les classes populaires se retrouvaient dans des maisons d'abattage, des structures répétitives liées au capitalisme sexuel.
• 😀 En France métropolitaine, très peu de quartiers réservés ont été mis en place, mais le Maroc, sous protectorat français, a vu l'émergence du quartier réservé de Bousbihr à Casablanca.
• 😀 Le quartier réservé de Bousbihr, inauguré en 1921, visait à regrouper toutes les prostituées de Casablanca, entre 600 et 900 femmes, principalement dans des maisons d'abattage.
• 😀 Bousbihr était conçu comme une 'ville dans la ville', situé à la périphérie de la nouvelle médina indigène, et a évolué en un lieu où les prostituées étaient confinées et contrôlées.
• 😀 Ce quartier réservé était un lieu de loisirs en plus de la prostitution, avec des commerces, un cinéma, un hammam, des lieux de danse, et même un restaurant populaire appelé 'le casse-croûte français'.
• 😀 Malgré son caractère répressif, le quartier de Bousbihr est devenu un lieu touristique où l'on pouvait non seulement consommer du sexe, mais aussi se divertir en famille.
• 😀 Les conditions sanitaires du quartier réservé étaient terribles, avec des visites médicales de masse, contrôlées par un seul médecin, ce qui a rendu le lieu très contrôlé mais aussi extrêmement violent.
• 😀 Le quartier de Bousbihr incarne une forme de violence sexuelle dans le contexte de la violence coloniale, et reste un traumatisme pour le Maroc, ce qui se reflète dans l'interdiction d'une exposition récente sur ce sujet.

Q & A

Qu'est-ce que le système réglementariste évoqué dans le script ?

Le système réglementariste est un modèle de gestion de la prostitution, où l'objectif est de contrôler et organiser la prostitution à travers des quartiers réservés et des maisons spécifiques selon les catégories sociales.

Pourquoi Alexandre Parent du Châtelet était-il opposé à la création de quartiers réservés ?

Alexandre Parent du Châtelet était contre les quartiers réservés car il considérait que la concentration du vice (prostitution, jeux, drogues) dans un même lieu pourrait perturber l'ordre public, en raison de l'accumulation d'hommes et des risques de conflits violents.

Qu'est-ce que la dissémination du vice et comment se rapporte-t-elle au système réglementariste ?

La dissémination du vice consiste à créer des lieux de prostitution adaptés à chaque catégorie sociale, plutôt que de concentrer le vice dans un même endroit. Cela permet de maintenir l'ordre tout en répondant aux besoins des différentes classes sociales.

Quel était le rôle du quartier réservé du Bousbihr à Casablanca ?

Le quartier réservé du Bousbihr à Casablanca était destiné à regrouper toutes les prostituées de la ville, à la fois celles déjà présentes et celles arrivant. Il visait à enfermer et contrôler ces femmes dans un espace clos et isolé.

Pourquoi le quartier réservé de Bousbihr était-il considéré comme un lieu de loisirs et de tourisme ?

Le quartier réservé de Bousbihr était également un lieu de loisirs où les visiteurs pouvaient danser, manger et se promener, en plus de la consommation de sexe. Il était même recommandé dans les guides touristiques de l'époque.

Comment la société coloniale a-t-elle créé un lien entre la prostitution et la modernité dans le quartier réservé de Bousbihr ?

Le quartier réservé était conçu pour offrir non seulement des services sexuels mais aussi des éléments de modernité comme des magasins, des salons de coiffure, et un cinéma, reflétant ainsi la dualité entre contrôle social et attraction touristique.

Quels types de femmes étaient présentes dans le quartier réservé de Bousbihr ?

Le quartier accueillait majoritairement des prostituées considérées comme traditionnelles, mais aussi une minorité de femmes plus émancipées, qui imitaient les grandes actrices hollywoodiennes de l'époque.

Comment le contrôle sanitaire était-il appliqué dans le quartier réservé de Bousbihr ?

Le contrôle sanitaire dans le quartier réservé était extrêmement strict, avec des visites médicales en chaîne, souvent réalisées dans de grandes salles avec plusieurs femmes examinées simultanément.

Pourquoi l'image du quartier réservé de Bousbihr reste-t-elle encore un traumatisme pour les Marocains ?

L'image de Bousbihr incarne symboliquement la violence sexuelle et la violence coloniale, et cette mémoire reste douloureuse pour de nombreux Marocains, comme en témoigne l'annulation récente d'une exposition à Casablanca sur le sujet.

Quel a été l'impact de la fermeture du quartier réservé de Bousbihr en 1955 ?

La fermeture du quartier réservé de Bousbihr en 1955 a mis fin à un modèle de gestion de la prostitution extrêmement contrôlé et isolé. Cependant, la mythologie autour de ce quartier continue de nourrir le folklore et l'imaginaire collectif marocain.