Les 5 mutations majeures de l'emploi depuis 30 ans [Alexandre Mirlicourtois]

Summary

Au cours des trente dernières années, le marché du travail a connu d'importantes transformations, notamment la féminisation de l'emploi, avec une augmentation notable de la participation des femmes à la force de travail. Parallèlement, la tertiarisation des emplois a pris de l'ampleur, tandis que l'industrie et l'agriculture ont subi une désindustrialisation. Le salariat a stagné, avec une hausse de la précarisation, et la part du travail à temps partiel et des CDD a considérablement augmenté. Enfin, l'élévation du niveau de qualification des travailleurs a modifié les attentes du marché, malgré une sous-occupation de certains diplômés.

Takeaways

• 😀 La féminisation de l'emploi est marquée par une augmentation de 3,6 millions de femmes en emploi au cours des 30 dernières années, représentant plus de 48 % des emplois totaux.
• 😀 La parité hommes-femmes dans l'emploi se rapproche, avec un taux d'emploi des femmes atteignant presque 64 % et celui des hommes autour de 70 %.
• 😀 Le marché du travail a été profondément transformé par la montée de la tertiarisation, avec une perte importante d'emplois dans l'industrie et l'agriculture.
• 😀 Le secteur tertiaire a gagné près de 7 millions d'emplois, majoritairement occupés par des femmes, alors que l'industrie et l'agriculture, secteurs masculins, ont perdu plus de 2 millions d'emplois.
• 😀 La salarisation a continué de croître jusqu'au début des années 2000, mais depuis 2003, la proportion d'emplois salariés a stagné, marquée par la montée de l'auto-entrepreneuriat et du travail indépendant.
• 😀 La précarisation de l'emploi se manifeste par une forte augmentation du temps partiel (près de 1 salarié sur 5 aujourd'hui) et une part croissante de contrats à durée déterminée (CDD), notamment les CDD de moins d'un mois.
• 😀 L'emploi précaire a également évolué, avec une augmentation de la part des contrats intérimaires et CDD dans les embauches, passant de 7,2 % en 1987 à 13,5 % en 2018.
• 😀 Le marché du travail a connu une élévation du niveau général de qualification, avec presque 36 % de la population active aujourd'hui diplômée de l'enseignement supérieur, contre moins de 13 % il y a 30 ans.
• 😀 Le nombre de personnes sans diplôme ou titulaires d'un brevet des collèges a diminué de plus de moitié, passant de 50,3 % à 21,4 %.
• 😀 Malgré l'élévation du niveau de qualification, beaucoup de jeunes diplômés occupent des emplois qui ne correspondent pas à leur niveau de compétences, créant un déséquilibre entre l'éducation et le marché du travail.
• 😀 Les cinq grandes mutations du marché du travail sont : la féminisation, la tertiarisation, la rupture de la progression du salariat, la précarisation de l'emploi et l'élévation du niveau de qualification.

Q & A

Quelles sont les principales mutations du marché du travail des 30 dernières années ?

Les principales mutations comprennent la féminisation de l'emploi, la tertiarisation de l'économie, la montée du salariat, la précarisation de l'emploi (notamment avec l'augmentation du temps partiel et des CDD), ainsi que l'élévation du niveau de qualification de la population active.

Comment la féminisation de l'emploi a-t-elle évolué au cours des 30 dernières années ?

Le nombre de femmes en emploi a augmenté de manière significative, avec un total de 3,6 millions d'emplois supplémentaires pour les femmes, tandis que l'augmentation pour les hommes a été beaucoup plus modeste, à 991 000. Aujourd'hui, les femmes occupent plus de 48% des emplois, marquant un rapprochement vers la parité.

Quels sont les facteurs qui ont contribué à la féminisation du marché du travail ?

Les facteurs incluent la nécessité d'un double salaire dans le cadre de la consommation de masse, la marchandisation des tâches domestiques, l'accès des femmes à des postes plus élevés, ainsi que leur volonté de plus grande autonomie financière et de reconnaissance sociale.

Quel est l'impact de la tertiarisation sur la répartition des emplois entre hommes et femmes ?

La tertiarisation a favorisé une plus grande présence féminine dans les secteurs de services, avec les femmes occupant majoritairement des emplois dans le tertiaire. En revanche, les secteurs industriels, agricoles et du BTP, qui sont largement masculins, ont perdu des emplois.

Quelles transformations le salariat a-t-il subies ces 30 dernières années ?

Le salariat, qui était en forte croissance jusqu'au début des années 2000, a stagné depuis 2003. L'essor des travailleurs indépendants, notamment sous la forme d'auto-entrepreneurs, et l'augmentation du recours à des contrats précaires ont marqué cette rupture.

Comment la précarisation de l'emploi se manifeste-t-elle dans le marché du travail ?

La précarisation se manifeste par une augmentation du temps partiel, des CDD, des contrats intérimaires, et la montée de la part des CDD courts, en particulier ceux de moins d'un mois. Cela montre une tendance vers une plus grande instabilité de l'emploi.

Quel est l'impact de l'élévation du niveau de qualification sur le marché du travail ?

L'élévation du niveau de qualification a entraîné une plus grande proportion de personnes diplômées de l'enseignement supérieur dans la population active. Cependant, cette évolution n'a pas toujours correspondu à une amélioration des perspectives d'emploi, de nombreux diplômés occupant des emplois sous-qualifiés.

Pourquoi la part du salariat dans l'emploi total a stagné après 2003 ?

La stagnation de la part du salariat est due à plusieurs facteurs, notamment l'épuisement de la baisse des emplois indépendants traditionnels et l'essor de nouvelles formes de travail indépendant ultra-flexibles, comme le statut d'auto-entrepreneur.

Quel a été l'impact de la désindustrialisation sur l'emploi masculin ?

La désindustrialisation a conduit à la perte de plus de 1,4 million d'emplois dans l'industrie, qui est un secteur très masculin. Cela a contribué à une diminution des emplois dans des secteurs historiquement dominés par les hommes, comme l'agriculture et la construction.

Comment la montée du temps partiel a-t-elle affecté la structure du marché du travail ?

Le temps partiel a augmenté de manière significative, passant de 6% à 20% de la population active. Dans de nombreux cas, ce temps partiel est subi plutôt que choisi, ce qui reflète une précarisation croissante du travail.