La Révolution Française de 1792 à 1799
Summary
TLDRDans cette vidéo, l'histoire tumultueuse de la Révolution française est retracée de septembre 1792 à novembre 1799, période marquée par la proclamation de la République, les massacres, la Terreur, mais aussi l'instauration d'une éducation pour tous et l'abolition de l'esclavage. L'analyse des différentes factions politiques, des luttes internes et des victoires militaires mène à l'émergence de Napoléon Bonaparte, qui préserva les acquis révolutionnaires tout au long du XIXe siècle.
Takeaways
- 🗓️ La Révolution française entre septembre 1792 et novembre 1799 est une période marquée par des changements institutionnels, des guerres et des massacres.
- 🏛️ Le 21 septembre 1792, la France devient une République, adoptant le calendrier révolutionnaire et le suffrage universel.
- 🏹 La période est divisée en deux grandes phases : la Convention jusqu'en septembre 1795, suivie du Directoire jusqu'au coup d'État de Bonaparte en 1799.
- ⚖️ La lutte pour le pouvoir entre les Montagnards et les Girondins illustre les tensions politiques internes de l'époque.
- 🗣️ La Convention répond aux revendications des sans-culottes en adoptant des mesures comme le maximum des prix et la reconnaissance du droit à la subsistance.
- 🔪 La 'Terreur' est une période marquée par des exécutions massives, des guerres civiles et des luttes contre les contre-révolutionnaires.
- 🤴 Louis XVI est jugé, condamné et exécuté, ce qui entraîne une réaction internationale et des divisions au sein de la Convention.
- 🛡️ La France affronte la coalition des monarchies européennes, mais après de nombreuses défaites initiales, elle connaît des victoires décisives grâce à des réformes militaires.
- 🏆 L'abolition de l'esclavage et l'instauration d'une éducation pour tous sont parmi les réformes sociales majeures de la Révolution.
- 🌟 La fin de la Révolution française voit Bonaparte prendre le pouvoir, préservant certains acquis révolutionnaires tout en ouvrant une nouvelle ère.
Q & A
Quelle est la date à laquelle la France a officiellement adopté la République pour la première fois?
-Le 21 septembre 1792, la France a officiellement adopté la République pour la première fois.
Quel calendrier a été adopté par la France suite à la proclamation de la République?
-Suite à la proclamation de la République, la France a adopté le calendrier révolutionnaire, qui a commencé le 22 septembre 1792.
Quelle est la différence entre les Montagnards et les Girondins au sein de la Convention?
-Les Montagnards étaient les députés les plus radicaux, souvent considérés comme des républicains convaincus, tandis que les Girondins étaient souvent considérés comme des modérés, admirateurs des États-Unis et des idées républicaines avant 1789.
Quels étaient les objectifs de la Convention après la proclamation de la République?
-Les objectifs de la Convention étaient de créer une constitution, répondre aux revendications des sans-culottes et des volontaires, s'occuper de Louis XVI, lutter contre la contre-révolution et gagner la guerre.
Quelle est la signification de la 'Terreur' dans le contexte de la Révolution française?
-La 'Terreur' fait référence à la période de la Révolution française marquée par des purges, des exécutions et une répression violente contre les ennemis de la Révolution, notamment entre septembre 1793 et juillet 1794.
Comment la Constitution de 1793 diffère-t-elle de celle de 1795?
-La Constitution de 1793 prévoyait un suffrage universel et un système parlementaire, tandis que celle de 1795 avait un suffrage plus limité, des libertés plus contrôlées et était plus libérale sur le plan économique.
Quel rôle jouèrent les sans-culottes dans la Révolution française?
-Les sans-culottes étaient une force politique importante, influençant la Convention et ayant des représentants comme Danton, Robespierre et Marat. Ils ont été écoutés jusqu'en juillet 1794, avant que leur pouvoir ne soit réduit par la répression.
Pourquoi Louis XVI a-t-il été jugé et exécuté?
-Louis XVI a été jugé et exécuté parce que des documents découverts dans les Tuileries prouvaient qu'il trahirait la Révolution en communiquent avec des souverains européens, ce qui a rendu son procès inévitable.
Comment la Révolution française a-t-elle transformé l'armée française?
-L'armée française a été transformée en mélangeant les conscrits avec les soldats de métier, en élisant les officiers par leurs troupes et en améliorant les techniques militaires, ce qui a permis de remporter des victoires décisives.
Quels étaient les principaux acquis de la Révolution française préservés par le coup d'État de Napoléon Bonaparte en 1799?
-Les acquis préservés comprennent l'égalité juridique, la liberté d'entreprendre et de commercer, et une certaine liberté d'expression et de pensée.
Outlines
😀 Introduction à la Révolution française
Le script d'introduction met l'accent sur le but de fournir une vue d'ensemble rapide et globale de la Révolution française, en soulignant que l'objectif n'est pas d'être exhaustif mais plutôt de donner un aperçu succinct. Le narrateur invite les spectateurs à consulter d'autres ressources pour une compréhension plus approfondie. Il annonce également le thème de cet épisode, qui sera axé sur la violence, la peur, l'éducation pour tous, l'abolition de l'esclavage et la naissance de la République française. L'attention est attirée sur la période allant de septembre 1792 à novembre 1799, marquée par l'adoption d'une nouvelle république et le début de l'ère révolutionnaire française.
🏛️ La République naissante et ses défis
Le deuxième paragraphe explore la proclamation de la République française le 21 septembre 1792 et l'adoption du calendrier révolutionnaire. Il décrit comment cette nouvelle ère a été rapidement acceptée par une large partie de la population et les officiels. Le texte aborde également la crise politique et la division entre les Montagnards, les Girondins et le 'Marais', soulignant les divergences et les similitudes entre ces groupes politiques. La complexité de la période est mise en évidence par les défis internes et externes, tels que la guerre, la contre-révolution et la nécessité de répondre aux revendications des sans-culottes et des volontaires.
🗣️ La lutte pour le pouvoir et la réponse aux sans-culottes
Dans ce paragraphe, l'accent est mis sur la réponse de la Convention aux revendications des sans-culottes, un groupe puissant à Paris et dans d'autres régions. Les sans-culottes, malgré leur influence, n'avaient pas de représentants directs parmi les dirigeants politiques comme Danton, Robespierre ou Marat. Leur présence à la municipalité de Paris et dans la garde nationale, ainsi que leur propagation de revendications par le biais de journaux et de clubs, est soulignée. La peur des sans-culottes est également reconnue, et leur rôle dans la surveillance publique est discuté. La répression qui suit la chute des sans-culottes en 1794 est décrite, marquée par la dissolution de la presse et des clubs, et la 'Terreur blanche' de 1795 qui entraîne de nombreuses victimes.
⚖️ Le procès de Louis XVI et la lutte contre la contre-révolution
Le paragraphe décrit le procès de Louis XVI, qui est jugé pour trahison et exécuté en 1793, ce qui divise l'opinion publique et provoque des réactions internationales. La lutte contre la contre-révolution est également abordée, mettant en évidence la violence et les divisions au sein de la France, y compris les conflits comme la guerre de Vendée. La répression des Girondins et des sans-culottes est également mentionnée, soulignant la brutalité de la période. Le texte conclut en soulignant que malgré les violences, des acquis révolutionnaires comme l'égalité juridique et la liberté d'expression ont été préservés.
🏹️ Les victoires militaires et la fin de la Révolution
Le dernier paragraphe récapitule les défaites initiales de l'armée française et la transformation radicale de l'armée à partir de 1793, avec l'introduction de conscrits et l'élection des officiers par leurs troupes. Il souligne les talents des généraux tels que Bonaparte et d'autres, et les améliorations techniques de l'armée. La victoire finale de la France sur l'Europe est mise en avant, ainsi que la reconnaissance de la mort de l'Ancien Régime. Le coup d'État de Bonaparte en 1799 est présenté comme un moment qui a préservé les acquis de la Révolution, et le mythe de l'espoir révolutionnaire est abordé. Le narrateur conclut en remerciant les spectateurs et en donnant des ressources supplémentaires pour approfondir la compréhension de la période.
Mindmap
Keywords
💡Révolution française
💡Terreur
💡République
💡Convention nationale
💡Montagnards
💡Girondins
💡Républicains
💡Sans-culottes
💡Comité de Salut Public
💡Napoléon Bonaparte
Highlights
Introduction à la deuxième partie sur la Révolution française, abordant des thèmes comme la guerre, la Terreur, l'éducation pour tous et l'abolition de l'esclavage.
La France devient une République le 21 septembre 1792, avec l'adoption d'un nouveau calendrier révolutionnaire.
Les républicains étaient convaincus que la monarchie constitutionnelle avait échoué, malgré des figures clés comme Robespierre et Marat.
Les Montagnards, députés radicaux, considéraient la subsistance de chaque individu comme un droit fondamental.
Les Girondins, souvent perçus comme modérés, étaient républicains avant 1789 et admirateurs des États-Unis.
Les lignes entre les différents groupes politiques étaient floues, avec des députés du 'Marais' qui pouvaient voter pour les Montagnards ou les Girondins.
La Convention a organisé un 'gouvernement révolutionnaire' entre septembre 1793 et juillet 1794, en réponse à la situation militaire dramatique.
La Constitution de 1793, adoptée en juin, incluait le suffrage universel et l'interdiction de l'esclavage, mais n'a jamais été appliquée.
La lutte contre la contre-révolution a été sévère, avec des milliers d'exécutions et des dommages collatéraux.
La mort de Robespierre en juillet 1794 a marqué la fin de la 'Terreur', suivie d'une période de répression contre les sans-culottes.
La Convention a répondu aux revendications des sans-culottes en adoptant des politiques telles que le maximum des prix et en reconnaissant le droit à la subsistance.
La République a vaincu la quasi-totalité de l'Europe grâce à des réformes militaires et à la victoire de Valmy.
L'armée française a été radicalement transformée en 1793, avec l'élection d'officiers par leurs troupes et l'amélioration de l'artillerie.
La Révolution française a porté d'immenses espérances, notamment par l'abolition de l'esclavage et la création de nouvelles institutions.
Le coup d'État de Napoléon Bonaparte en novembre 1799 a préservé les acquis de la Révolution.
Les révolutionnaires ont entretenu la mythologie de l'espoir révolutionnaire tout au long du XIXe siècle.
Transcripts
Mes chers camarades, bien le bonjour, et bienvenue dans cette deuxième partie
consacrée à la Révolution française. Si vous avez pas vu la première,
je vous mets le lien en description ! Encore une fois, je précise ici que l'objectif, c’est d’être très
synthétique, pour vous donner une vision rapide, globale du sujet, et je
vous donnerai en fin de vidéo d’autres vidéos très complètes et très intéressantes sur le sujet, si vous voulez en savoir plus !
Dans cet épisode, donc on va parle de la guerre, des massacres, du sang, de la peur… Bref, de la Terreur, mais aussi
de l'éducation pour tous, de l'abolition de l'esclavage, des trois couleurs de la France… Bref de la République !
Pour tâcher au mieux de comprendre ce qui s’est passé entre septembre 1792 et novembre 1799,
quand Bonaparte prend le pouvoir, je vais donc vous proposer de remettre les choses à plat. Mais, je préviens, et vous vous en
doutez, il y a plein de débats autour de ces sujets, ce qui est d’ailleurs assez sain.
Le 21 septembre 1792, pour la première fois dans l’histoire de France, l'État est devenu
une République. À partir de ce moment là, on adopte un nouveau calendrier, le calendrier
révolutionnaire. Tous les actes officiels sont datés de l’An I de la République française. Ce
qui est dément, c’est qu’il suffit de quelques semaines pour que, dans toute la France,
ça soit adopté : par les notaires, par les juges, par les commerçants pour leurs contrats, etc. Donc non
seulement la République est proclamée par la toute jeune Convention, mais en plus, elle est reconnue,
ou au moins acceptée, par une très large partie de la population. Beaucoup des conventionnels
(les députés à la Convention) sont républicains, convaincus que la monarchie constitutionnelle,
ça n’a pas marché. Pourtant, certains auraient bien tenté le coup, y compris parmi ceux qu’on
considère comme les plus radicaux : Robespierre ou Marat, par exemple, n’étaient pas contre le
principe de la monarchie constitutionnelle. Mais entre le suffrage censitaire, la fuite à Varennes,
la déclaration de guerre, la crise économique et sociale, et l’abus du « droit de véto », Louis XVI
s’est totalement discrédité à leurs yeux, et a discrédité aussi le principe même de la
monarchie. Beaucoup de ceux qu’on appelle les « Montagnards » sont les députés les plus radicaux.
Ils pensent, par exemple, que la subsistance de chaque individu est un droit fondamental,
comme la liberté et l’égalité. Et ces Montagnards sont donc des déçus de 1789. Ils sont à peu près
200 députés. En revanche, beaucoup des 150 députés qu’on appelle les « Girondins », considérés
souvent comme des modérés, étaient républicains avant 1789 : admiratifs des jeunes États-Unis,
appréciant l’idée d’une république où les élites seules gouverneraient pour le bien de tous,
libéraux… Ils se sont pourtant ralliés à la monarchie constitutionnelle et ont participé, pour
certains, aux derniers gouvernements de Louis XVI : c’est le cas de leur principal orateur, Brissot.
Comme toujours, les lignes qui séparent les différents groupes politiques sont pas
nettes du tout, du tout. Entre Montagnards et Girondins, il y a 400 députés du « Marais » qui
votent soit pour les uns, soit pour les autres. Et tout ce monde-là s’est donc retrouvé sur
l’idée que bah désormais, on était en République. Et une bonne partie de la population a dit « Ah,
bon ? D’accord, ok, bon. ». On rappelle quand même que la France n’avait JAMAIS été une république, et que
tout le monde, jusqu’en 1789, était plus ou moins convaincu que Louis XVI, c'était un roi de droit divin.
Officiellement, on distingue donc deux grandes périodes : celle de la Convention,
jusqu’en septembre 1795, et celle du Directoire, qui est le régime qu’a mis au point la Convention,
donc en gros, c’est elle qui a fait le boulot. Ce Directoire s’étend jusqu’au coup d’état
de Napoléon Bonaparte, en novembre 1799. Mais ça, c’est le nom des périodes côté
strictement institutionnel. Et encore : entre septembre 1793 et juillet 1794, la Convention
a organisé un « gouvernement révolutionnaire », qui a été revendiqué comme une exception… Officiel donc,
mais d’exception. Côté mémoire/tradition, on a d’autres noms de période : la « Terreur » d’abord,
ou la « République bourgeoise » après juillet 1794. En réalité, les choses elles sont pas aussi
tranchées que ça : on le voit, il y a débat à la fois sur les noms et sur les dates.
En fait, la Première République a officiellement duré jusqu’en décembre 1804 avec le sacre de
Napoléon et le début de l’Empire. Vous ne le savez peut être pas, mais les historiens
continuent de débattre pour savoir quand la Terreur a commencé. Est ce que c’est dès septembre
1792 ? En mars 1793 avec la création du Comité de Salut Public ? En septembre 1793 avec les Lois des
suspects ? Et bah on sait pas vraiment ! Et alors quand est-ce qu'elle s'est terminée ? En juillet 1794, avec la mort de Robespierre ? Ou en
septembre 1795, avec le début du Directoire ? Pour bien comprendre pourquoi ces questions, elles sont si
compliquées, et bah déjà il faut comprendre que dans leur immense majorité,
ceux qui ont fait la prétendue « République bourgeoise », et bah c'est aussi eux qui ont participé à la « Terreur »… Donc c'est assez dur d’opposer les
méchants et les gentils. Comme toujours, en fait ! Donc en septembre 1792, le programme de la jeune
Convention est un peu chargé : elle doit 1) faire une constitution ; 2) répondre aux revendications
des sans-culottes et des volontaires (en plus, ils sont à Paris, armés, et c’est quand même eux qui
ont renversé le roi !) ; 3) s’occuper de Louis XVI ; 4) combattre la contre-révolution, de plus en plus
active ; et 5) gagner la guerre, plutôt mal engagée malgré la victoire de Valmy. Parmi les députés, il
y a bien sûr des petits nouveaux comme Saint-Just, qui est élu à 25 ans. La plupart cependant a siégé soit à
la Constituante (comme le Montagnard Robespierre), soit à la Législative (comme le Girondin
Brissot) : c’est donc une assemblée expérimentée, avec en particulier beaucoup de juristes cultivés
et souvent pleins de bonnes intentions. On va le voir, le programme a globalement
été réalisé, mais le coût a été terrible. Pour former cette Première République,
côté constitution, c’est allé assez vite et efficacement, mais en deux temps. Dès le mois
de juin 1793, une première constitution a été adoptée, avec suffrage universel,
système parlementaire, éducation gratuite et obligatoire, interdiction de l’esclavage,
libertés individuelles, et protections sociales. Un référendum confirme cette constitution en juillet.
Mais comme la situation militaire est dramatique, à l’intérieur et à l’extérieur de la France,
eh bien la Convention décide de différer l’application de cette constitution, et va confirmer un « gouvernement
révolutionnaire » entre juillet et octobre 1793. Ce gouvernement révolutionnaire repose sur la
Convention (le pouvoir législatif), qui désigne un gouvernement de douze députés,
le Comité de Salut Public (Le pouvoir exécutif) qui est renouvelé chaque mois ; le pouvoir exécutif est
assisté par d’autres comités eux aussi constitués d’élus comme le Comité de Sûreté Générale,
le Comité d’Instruction Publique, ou le Comité des Subsistances. Et on envoie dans les départements
et aux armées des députés, les « Représentants en Mission » pour contrôler l’application des lois.
On instaure aussi, pour montrer que les temps ont vraiment changé, un nouveau calendrier en
septembre 1793. Eh ouais, carrément. Daté de « L’an I de la Liberté », à compter du 21 septembre 1792. Il
dure jusqu’en 1806 ! On tente même d’imposer une nouvelle religion, celle de l’Être Suprême, avec
des fêtes magnifiques et des cultes rendus aux « Martyrs de la Révolution », dont le plus célèbre
aujourd’hui est Marat. Mais la Constitution de 1793 n’a jamais été appliquée : après l’exécution
de Robespierre et des principaux dirigeants Montagnards en juillet 1794, la Convention en
refait une, avec un suffrage beaucoup plus limité, des libertés plus contrôlées, une constitution
plus libérale sur le plan économique, aussi, qui entre en application en septembre 1795 ; comme
en Angleterre ou aux États-Unis, le pouvoir législatif est réparti entre deux assemblées :
les Anciens et les Cinq cents ; c'est elles qui désignent les cinq membres du Directoire,
qui ont le pouvoir exécutif et sont régulièrement renouvelées. Le Directoire a longtemps eu
mauvaise réputation, et pourtant, ce régime a encadré les victoires des armées françaises
et a mis en place de solides institutions. Ça, c’est pour le premier point, la constitution,
il en reste 4, les gars on pas chômé ! Second point donc pour la Convention : la
réponse à apporter aux sans-culottes ! Ces derniers sont, en 1792, particulièrement
puissants à Paris, mais aussi dans une très large partie du territoire ; à la Convention, ils ont
des représentants illustres : Danton, Robespierre, Marat. Aucun des trois d’ailleurs n’est
un « sans-culotte », issu des couches populaires ou du monde de l’artisanat. Les sans-culottes ont
également une présence active à la municipalité de Paris, et contrôlent la garde nationale. Le
club des jacobins a des sociétés affiliées dans toute la France. Et plusieurs dizaines de journaux
comme le "Père Duchesne" de Hébert relaient des revendications populaires. Jusqu’en juillet 1794,
ils sont souvent écoutés par le pouvoir politique : le maximum des prix par exemple, adopté en
septembre 1793, doit permettre de lutter contre l’inflation ; le droit à la subsistance leur est
reconnu par la Constitution de 1793. On insiste de toutes les façons possibles sur l’Egalité, avec
le tutoiement citoyen qui devient obligatoire. Mais encore plus qu'écoutés, ils sont redoutés,
parce qu'ils participent par exemple de façon très active à la surveillance publique. D'ailleurs il existe des « Comités
de surveillance » qui sont chargés de contrôler l’opinion : on adore toujours dénoncer ses voisins !
Conséquence étrange, leurs dirigeants les plus célèbres sont eux-mêmes régulièrement exécutés,
depuis les « Enragés » dont Hébert en mars 1794, jusqu’aux « Égaux » dont Babeuf en mai 1797.
Après juillet 1794, leur puissance est très fortement et brutalement réduite : la presse,
les clubs sont dissous. En mai 1795, une dernière tentative de manifestation des sans-culottes
avec envahissement de la Convention échoue : les manifestants ont décapité un député, Féraud. Ils
montrent sa tête au président de la Convention, Boissy d’Anglas, un vieux routier qui ne se laisse
pas impressionner. Imposant aux manifestants le silence et le respect, il s’incline devant la tête
de son collègue martyrisé – avant de faire évacuer la salle. Une « Terreur blanche » a même lieu,
faisant plusieurs milliers de morts à l’été 1795 : la période n’est pas précisément à la rigolade,
comme on le voit. Ainsi, la Convention puis le Directoire sont parvenus à répondre aux
revendications des sans-culottes, d’abord par des concessions, puis par une répression efficace qui,
pour une génération, a éteint leur capacité d’agir directement sur le pouvoir politique.
Troisième chantier, celui du roi déchu. Louis XVI s’est fait capturer, maintenant
bah… qu'est-ce qu'on fait de lui ? Lui intenter un procès pour trahisons multiples, ça c'est une volonté nette,
presque philosophique, des députés montagnards et des Jacobins ; chez les Girondins, c’est quand même beaucoup
plus nuancé tout simplement parce que beaucoup ont travaillé avec le roi comme ministres,
conseillers, etc. Mais en nettoyant les Tuileries, on a une armoire secrète qui est découverte.
Et là, patatras, elle est pleine de documents qui prouvent que Louis XVI et ses cousins, qui
règnent en Europe, ont des plans qui collent pas vraiment avec ceux des révolutionnaires.
Du coup, le procès est absolument inévitable ! Ce procès est exceptionnel : ce sont les
députés qui doivent voter la sanction. Il est légal : Louis XVI a le droit à des défenseurs,
dont le remarquable Malesherbes. Entre le 10 et le 26 décembre 1792, Louis Capet, comme on l’appelle,
plaide l’innocence, l'ignorance des faits… Et en quatre votes successifs, qui ont lieu en janvier,
son destin est décidé. Le 21 janvier 1793, Louis est guillotiné place de la Révolution.
L’Angleterre déclare ensuite la guerre à la France, mais la mort du roi n’est pas évoquée. Au total,
il y a peu de réactions diplomatiques, mais comme la France est déjà en guerre contre presque toute
l’Europe, eh bien ça ne change pas grand-chose. En revanche en France, l’opinion publique,
elle est largement fracturée. L’exécution de Louis XVI, elle a accentué les divisions entre les
révolutionnaires radicaux et les autres. Le quatrième chantier, justement,
c’est celui-là ; celui de la lutte des révolutionnaires – et de la Convention, puis du
Directoire – contre les contre-révolutionnaires. En plus des émigrés, en plus des prêtres
« réfractaires », s’ajoutent à la liste ceux qui refusent d’être enrôlés dans l’armée, ceux
qui sont simplement dénoncés comme suspects. Jusqu'à la
mort de Robespierre en juillet 1794, les révolutionnaires ont été terribles : dans l’ouest, la guerre de Vendée a fait 180.000 victimes côté
royaliste, et 120.000 du côté républicain ; 60.000 « suspects » ont été guillotinés sur
décision du « tribunal révolutionnaire » ; des dizaines de milliers de nobles, de bourgeois,
d’ecclésiastiques ont fui la France. Les «contre-révolutionnaires » sont des royalistes,
(comme Marie-Antoinette, guillotinée en octobre 1793), mais le terme désigne aussi, à partir de
juin 1793, les députés girondins chassés de la Convention et leurs partisans comme Condorcet
ou Olympe de Gouges, et même des dirigeants sans-culottes trop radicaux, comme Hébert,
ou pas assez radicaux, comme Danton ou Fabre d’Eglantine : tout ce monde là est guillotiné
au printemps 1794. Entre mai et juillet 1794, à Paris, la « Terreur » est épouvantable ; parfois,
on guillotine en une journée une cinquantaine de condamnés. L’apogée est atteint quand Robespierre
lui-même et ses amis sont exécutés, le 28 juillet 1794 : là, plus d’une centaine de têtes
tombent sous le couperet de la guillotine. Et ce qu’il faut bien comprendre, c’est que
beaucoup de ceux qui ont fait guillotiner Robespierre avaient participé avec beaucoup
de zèle à la Terreur, comme Fouché ou Tallien : ils ont préféré que sa tête
tombe plutôt que la leur, ce qui peut se comprendre. Ajoutons à tout ça les dommages collatéraux,
les exécutions sommaires, les règlements de compte qui se multiplient puisqu’on profite
de l’incertitude des temps, évidemment. Après l’exécution de Robespierre,
l’attitude face aux contre-révolutionnaires est beaucoup plus conciliante : beaucoup peuvent
rentrer d’émigration ; les députés girondins qui ont échappé à la guillotine reviennent
aux affaires ! En revanche, on l’a dit : une répression sévère s’abat sur les sans-culottes,
sur les Jacobins exécutés par milliers. Il s’agit de « Terminer la Révolution », et donc de faire
taire les révolutionnaires. Mais il s’agit aussi de préserver certains acquis comme l’égalité
juridique, la liberté d’entreprendre et de commercer, ou encore une certaine liberté d’expression
et de pensée. On n’oublie pas que tous ces gens ont vraiment fait la Révolution… La
lutte contre la contre-révolution s’est donc peu à peu apaisée, par la victoire
puisque les « Vendéens » sont vaincus au printemps 1795, par différentes concessions,
et par le contrôle des colères populaires. Mais tout ça n’a été possible que par
les victoires contre l’Europe toute entière. C’est le cinquième et dernier chantier : celui
de la guerre, et c’était très, très mal parti ! Jusqu’à Valmy, les armées françaises avaient
collectionné les défaites. Et en 1793, ça continue à pas être vraiment génial : il y a de
nombreuses défaites en Vendée au point que des gouvernements vendéens ont existé ! Il y en a
aussi dans les Flandres et à l’été 1793, la France est littéralement exsangue. Pourtant,
à partir de l’automne 1793, la tendance va s’inverser : Les Vendéens sont vaincus à Cholet,
les coalisés sont repoussés, et les « soldats de l’An II » envahissent l’actuelle Belgique,
les territoires germaniques ou encore l’Italie, avec le jeune Napoléon Bonaparte qui remporte de
nombreuses victoires… Les coalisés sont contraints de signer la paix de Campo Formio en octobre
1797 : la République française, toute seule, a vaincu la quasi-totalité de l’Europe. Mais
comment ? Eh bien d’abord, les Français sont très, très nombreux. 28 millions au début de la Révolution,
contre un peu plus de 10 millions d’Anglais par exemple. Ensuite et surtout, l’armée est
radicalement transformée à partir de 1793. Après les volontaires, les conscrits (les engagés de force,
donc) sont mélangés aux soldats de métier pour apprendre plus vite à se battre ; les
officiers sont élus par leurs troupes : une génération de brillants militaires,
élus par des soldats révolutionnaires, va alors émerger avec Bonaparte, bien sûr ; mais il y a aussi Hoche,
Marceau, Joubert, Kléber, etc. Leur talent s’exprime grâce à des moyens techniques renouvelés : on
utilise même des ballons captifs pour observer de haut les mouvements des ennemis ; l’artillerie,
les fusils sont améliorés. Et dans certaines régions, les populations accueillent plutôt
bien, au départ, les soldats qu’on voit comme les ambassadeurs de la Liberté : c’est le cas à Milan,
par exemple. Bref, à la fin de 1797, toute l’Europe est contrainte de reconnaître que la
République française a triomphé, et que l’Ancien Régime est bel et bien mort, même si deux
frères de Louis XVI sont encore vivants. Si on récapitule, entre 1792 et 1799,
la France a été traumatisée par d’incessantes violences, ça c’est incontestable : la Terreur et
la guerre ont saigné à blanc le pays. Elle a aussi connu des transformations décisives : de nouvelles
institutions, de nouvelles libertés, de nouvelles logiques économiques… D’immenses espérances
ont été portées, concrétisées par l’abolition de l’esclavage. En novembre 1799, le coup d’État de
Napoléon Bonaparte a, pour l’essentiel, préservé ces acquis ; et durant tout le XIXe siècle,
les révolutionnaires ont entretenu la mythologie de l’espoir révolutionnaire.
*Musique*
Et voilà, merci à tous d’avoir suivi ce deuxième épisode qui vient clôturer cette synthèse de la
Révolution française ! Alors encore une fois, c’est une période très complexe, et donc il y a pu avoir
quelques raccourcis qu’on a pris par ci-par là dans un soucis de compréhension. Si vous voulez
en savoir plus, eh bien sachez que l’on a fait plusieurs vidéos qui peuvent venir compléter celle-ci,
notamment la vidéo sur la guerre de Vendée, et celle sur Robespierre, que je vous mets en description.
Je vous mets également un entretien de 2h que j’ai pu faire avec Jean-Clément Martin, qui est un des plus grands
historiens de la Révolution française, ça se passe sur la seconde chaîne Nota Bonus !
Et puis vous pouvez aussi aller voir les chaînes de deux camarades youtubeurs, à savoir Histony
et celle de Laurent Turcot, “L’histoire nous le dira”. Ils ont fait tous les deux des épisodes sur la Révolution française, et ils
sont vachement bien, et ils durent quand même un peu plus longtemps que les miens ! Voilà sur ce, j’aimerais remercier Olivier Coquard,
historien et professeur au lycée Henri IV, qui a notamment bossé sur Marat,
et qui a sorti quelques bouquins bien sympathiques sur la Révolution française. C'est lui qui a préparé cet épisode.
On se retrouve très bientôt sur Nota Bene pour de nouvelles vidéos, salut !
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