L'océan Arctique. De nouveaux espaces de conquête. Terminale HGGSP. BAC 2024.
Summary
TLDRCette vidéo aborde la géopolitique de l'Arctique, un espace stratégique en mutation due au réchauffement climatique. Avec des ressources estimées à 1000 milliards de dollars, l'Arctique attire l'attention des grandes puissances. Six États - États-Unis, Canada, Groenland, Islande, Norvège et Russie - sont concernés par les richesses de l'océan et ses routes maritimes potentielles. Le réchauffement climatique révèle de nouvelles voies, mais aussi des enjeux militaires, la Russie cherchant à sécuriser son bastion arctique face à l'OTAN. La région devient un enjeu majeur pour les intérêts économiques et militaires à l'ère du changement climatique.
Takeaways
- 🌍 L'Arctique est considéré comme un nouvel espace de conquête à cause de ses immenses ressources, notamment 30% des réserves mondiales de gaz et 17% des réserves mondiales de pétrole.
- 🏴☠️ L'Arctique est régi par le droit maritime international selon la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (CNUDM), qui établit des zones comme les eaux territoriales, les zones économiques exclusives (ZEE) et les eaux internationales.
- 🗺️ Six États partagent l'Arctique : les États-Unis (via l'Alaska), le Canada, le Groenland (sous la souveraineté du Danemark), l'Islande, la Norvège et la Russie.
- 🔄 Le président Trump a soulevé des discussions en 2019 en proposant de racheter le Groenland, illustrant l'intérêt des États-Unis pour l'Arctique.
- 🌐 Le Conseil de l'Arctique, créé en 1996, rassemble les six États riverains et d'autres pays ayant des intérêts dans la région, comme la Suède, la Finlande et la France.
- 🇨🇳 La Chine investit massivement dans les infrastructures arctiques, notamment via les nouvelles routes de la soie, montrant son intérêt stratégique dans la région.
- ❄️ Le réchauffement climatique révèle de nouvelles voies maritimes dans l'Arctique, comme le passage du Nord-Est et le passage du Nord-Ouest, réduisant le temps de parcours pour les navires.
- 🚢 Les routes maritimes arctiques sont attractives pour le commerce international, offrant des trajets plus courts et des économies potentielles, bien que les défis de la navigation dans ces eaux glacées restent élevés.
- 📈 Le trafic de destination dans l'Arctique est en forte augmentation, notamment pour la pêche et l'exploitation des matières premières, passant de 2 millions à 18 millions de tonnes annuelles.
- ⚔️ L'Arctique est un enjeu géopolitique majeur, en particulier pour la Russie qui y abrite une partie importante de sa force de frappe nucléaire et mène des exercices militaires de grande envergure.
Q & A
Quelle est la valeur économique estimée découverte dans l'Arctique selon un article de Bloomberg en 2016?
-Selon un article de Bloomberg en 2016, l'Arctique a été estimé à 1000 milliards de dollars en termes de valeur économique.
Quelle est la comparaison faite par l'ambassadeur de France pour les pôles, Michel Rocard, entre l'Arctique et le Moyen-Orient?
-Michel Rocard a comparé l'Arctique au Moyen-Orient en raison de ses ressources immenses, notamment 30% des réserves mondiales de gaz et 17% des réserves mondiales de pétrole.
Quels sont les six États qui partagent légalement la propriété de l'Arctique en vertu du droit maritime international?
-Les six États qui partagent légalement la propriété de l'Arctique sont les États-Unis (via l'Alaska), le Canada, le Groenland (sous la souveraineté du Danemark), l'Islande, la Norvège et la Russie.
Quelle convention régit l'Arctique en ce qui concerne le droit maritime international?
-L'Arctique est régi par la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (CNUDM) signée en 1982 à Montego Bay.
Quel est le rôle du Conseil de l'Arctique et quels sont ses membres fondateurs?
-Le Conseil de l'Arctique, fondé en 1996, est un organe de gouvernance internationale pour l'Arctique. Ses membres fondateurs sont les six États riverains (États-Unis, Canada, Groenland, Islande, Norvège, Russie) et d'autres pays ayant des intérêts dans la région.
Pourquoi le président Trump a-t-il suscité des moqueries en 2019 en proposant de racheter le Groenland?
-Le président Trump a suscité des moqueries en 2019 en proposant de racheter le Groenland car cette idée a été perçue comme fantaisiste, bien que les États-Unis aient historiquement acheté des territoires à d'autres États.
Quel est le Code polaire de l'Organisation Maritime Internationale et à quoi sert-il?
-Le Code polaire est un ensemble de règles et de normes qui fixent les conditions de navigation dans les eaux glacées et détermine la manière de construire et renforcer les coques des navires pour y circuler.
Quelle est la différence entre le Pôle Nord et les eaux territoriales de l'Arctique en termes de propriété?
-Le Pôle Nord est hors de toute zone économique exclusive (ZEE) et n'est donc la propriété d'aucun État, tandis que les eaux territoriales de l'Arctique sont partagées entre les six États riverains en vertu du droit maritime international.
Quels sont les deux principaux passages maritimes dans l'océan Arctique et où ils mènent-ils?
-Les deux principaux passages maritimes dans l'océan Arctique sont le passage du Nord-Est, qui longe les côtes de la Russie et relie la mer du Japon à la mer de Norvège, et le passage du Nord-Ouest, qui longe les côtes du Canada.
Quelle est l'impact du réchauffement climatique sur la navigation et les ressources de l'Arctique?
-Le réchauffement climatique est en train de redistribuer les cartes dans la région arctique en réduisant la banquise et en ouvrant de nouvelles voies maritimes, ainsi que de révéler de nouvelles ressources et de favoriser la migration de stocks de poisson.
Outlines
🌍 L'Arctique : un nouvel espace stratégique
Le paragraphe introduit l'Arctique comme un nouvel espace de conquête géopolitique, riche en ressources telles que le gaz et le pétrole. Il souligne l'importance de l'Arctique pour la géopolitique mondiale et explique comment l'Arctique est régi par le droit international, notamment par la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (CNUDM). Six États - les États-Unis, le Canada, le Groenland (sous la souveraineté du Danemark), l'Islande, la Norvège et la Russie - partagent les ressources de l'Arctique grâce à leurs zones économiques exclusives (ZEE). Le paragraphe mentionne également l'intérêt des États-Unis pour l'Arctique, illustré par la tentative d'achat du Groenland par le président Trump en 2019.
🏹 Conflit et gouvernance en Arctique
Ce paragraphe aborde les conflits liés à la délimitation des zones économiques exclusives (ZEE) en Arctique, en particulier à travers l'article 76 de la CNUDM, qui permet aux États de revendiquer des extensions de leur ZEE au-delà des 200 milles marins s'ils peuvent prouver une continuité géologique. Il mentionne les prétentions du Canada et de la Russie concernant leurs ZEE et souligne l'importance de la Commission sur les litiges du plateau continental (CLPC) dans le règlement de ces conflits. Le paragraphe met également en évidence le réchauffement climatique qui modifie la géographie de la région, ouvrant de nouvelles voies maritimes et changeant la dynamique des intérêts géopolitiques.
🚢 Nouveaux itinéraires maritimes et intérêts économiques
Le paragraphe 3 explore les implications économiques de la fonte de la banquise dans l'Arctique, ouvrant de nouvelles routes maritimes qui pourraient réduire considérablement les durées de voyage pour le transport maritime international. Il compare les durées de voyage entre les itinéraires traditionnels et les nouveaux passages du Nord-Est et du Nord-Ouest, soulignant les économies potentielles en temps et en coûts. Cependant, il note également les défis associés à la navigation dans ces eaux, tels que la nécessité d'utiliser des brise-glaces et les risques accrus. Le paragraphe mentionne également l'engagement des grandes firmes maritimes et la stratégie de la Chine pour investir dans les infrastructures arctiques.
⚔ La dimension militaire de l'Arctique
Le dernier paragraphe traite de l'aspect militaire de l'Arctique, soulignant son importance pour la Russie en tant que base de la force de frappe nucléaire et la stratégie du 'bastion'. Il décrit comment l'Arctique est devenu un enjeu géopolitique majeur, avec des exercices militaires de grande envergure menés par la Russie, tels que les exercices ZAPAD et VOSTOK. Le paragraphe conclut sur la tension croissante dans la région, remettant en question la doctrine traditionnelle de 'Grand Nord Basse tension' et la nécessité pour les pays de la région, comme la Norvège, de réévaluer leur approche envers la Russie et l'Arctique.
Mindmap
Keywords
💡Arctique
💡Ressources naturelles
💡Droit maritime international
💡Zone économique exclusive (ZEE)
💡Conseil de l'Arctique
💡Pôle Nord
💡Article 76 de la CNUDM
💡Réchauffement climatique
💡Routes maritimes arctiques
💡Géopolitique
Highlights
L'Arctique est présenté comme un nouvel espace de conquête avec des ressources estimées à 1000 milliards de dollars.
L'Arctique possède 30% des réserves mondiales de gaz et 17% des réserves mondiales de pétrole.
Le droit maritime international régit l'Arctique selon la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer de 1982.
L'Arctique est juridiquement partagé entre six États : les États-Unis, le Canada, le Groenland, l'Islande, la Norvège et la Russie.
Les six États riverains forment un oligopole sur l'accès aux ressources arctiques.
Le président Trump a proposé de racheter le Groenland au Danemark en 2019.
Le Conseil de l'Arctique, créé en 1996, rassemble les six États riverains et d'autres acteurs ayant des intérêts dans la région.
La France se définit comme une 'nation polaire' et affirme ses intérêts stratégiques dans l'Arctique.
La Chine investit massivement dans les infrastructures de transport arctiques à travers les nouvelles routes de la soie.
Le Code polaire de l'Organisation Maritime Internationale établit des règles pour la navigation dans les eaux glacées.
Le Pôle Nord n'est la propriété d'aucun État et se trouve hors de toute zone économique exclusive.
La Russie a planté son drapeau au Pôle Nord en 2007, un acte qui a suscité de nombreuses réactions internationales.
L'article 76 de la CNUDM permet aux États d'étendre leur ZEE au-delà des 200 milles marins s'ils peuvent le justifier géologiquement.
Le réchauffement climatique change la géographie de l'Arctique en réduisant la banquise et en ouvrant de nouvelles voies maritimes.
Le passage du Nord-Est relie la mer du Japon à la mer de Norvège et offre des trajets plus courts pour le commerce maritime.
Les navires qui empruntent les nouvelles routes maritimes arctiques ont besoin de brise-glace et de contrats d'assurance coûteux.
La Chine investit dans les ports russes pour positionner sa présence dans les infrastructures de transport arctiques.
Le trafic de destination dans l'Arctique est en forte augmentation, notamment pour la pêche et l'exploitation de matières premières.
L'Arctique est d'un intérêt militaire majeur pour la Russie, qui y abrite une grande partie de sa force de frappe nucléaire.
La doctrine 'High North Low Tension' est remise en question suite aux événements en Ukraine et aux exercices militaires de la Russie dans la région.
Transcripts
Bienvenue dans cette petite vidéo de géopolitique. Bienvenue sur Géo Paul, Géo Paul : la chaîne qui
vous parle de géopolitique ! L'Arctique : un nouvel espace de conquête. En 2016, l'agence
de presse Bloomberg, une agence d'information économique très réputée située aux États-Unis,
titrait : "le monde vient de découvrir un océan à 1000 milliards de dollars". 1000 milliards de
dollars ! A la même époque, l'ambassadeur de France pour les pôles, Michel Rocard, parlait
de l'Arctique comme d'un second Moyen-Orient : un océan disposant de ressources immenses (30
% des réserves mondiales de gaz, 17 % des réserves mondiales de pétrole). Alors l'Arctique correspond
tout à fait à ce qu'on appelle en géographie et en géopolitique un "nouvel espace de conquête",
c'est-à-dire un espace qui est longtemps resté à la marge des grandes dynamiques mondiales et qui
se retrouve aujourd'hui au centre des intérêts, des conflictualités, des convoitises étudions ça
Tout d'abord : à qui appartient l'océan glacial Arctique ? Hé bien, comme toutes les mers,
comme tous les océans, l'Arctique est régi par le droit maritime international : par la fameuse
Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer signée en 1982 à Montego Bay. Cette convention
des Nations Unies sur le Droit de la Mer, qui est extrêmement structurante, extrêmement engageante
pour les États qui l'ont ratifiée, c'est-à-dire la majorité des États membres de l'ONU, délimite
les mers et les océans en trois zones. Les eaux territoriales, situées près des États riverains.
La fameuse ZEE, zone économique exclusive, qui s'étend à 200 milles marins des côtes. Un mille
marin est égal à peu près à 1852 m, donc nous sommes sur une bande d'environ 370 km. Et au-delà
les eaux internationales qui donc appartiennent à tout le monde et donc n'appartiennent à personne.
Alors en pratique et sur un strict plan juridique, l'Arctique est la propriété de six États qui se
partagent, grâce à leurs ZEE et à leurs richesses, l'accès aux ressources de cet océan. Tout d'abord
les États-Unis, à travers l'Alaska, ensuite le Canada puis le Groenland, Groenland qui est
sous la souveraineté du Danemark donc le Danemark, l'Islande, la Norvège et enfin bien sûr la Russie.
Ces six États jouissent d'avantages immenses pour l'exploitation de cet océan - exploitation bien
sûr qui est en cours mais qui est appelée à se développer - ils forment ce qu'on appelle une
sorte d'oligopole - un petit groupe qui détient un monopole sur l'accès une ressource, ici les
ressources arctiques. En 2019, le président Trump a beaucoup fait parler de lui en proposant de
racheter le Groenland au Danemark. Il a suscité bien sûr les moqueries des éditorialistes et aussi
de la presse internationale. Il faut pourtant rappeler que les États-Unis dans leur courte
histoire ont acheté de nombreux territoires à d'autres États : la Louisiane qu'ils ont achetée
à la France ; l'Alaska acheté à la Russie ; ou bien encore les îles Vierges américaines achetée
précisément au Danemark au début du siècle, en 1917. L'idée n'était donc pas si farfelue.
Outre ces six États riverains, l'Arctique tout comme l'Antarctique d'ailleurs fait l'objet d'une
véritable gouvernance internationale. En 1996, le Conseil de l'Arctique a été fondé par ces six
États rejoints par d'autres ayant des intérêts immédiats dans cet océan glacial. On peut citer
la Suède et la Finlande qui n'ont pas de façade maritime directe sur l'océan Arctique mais qui,
à travers leur vaste région transfrontalière qu'on appelle la Laponie, ont des intérêts directs sur
la ZEE arctique de la Norvège. On peut citer aussi la France qui se définit comme une "nation
polaire" dans un rapport de 2016 du ministère des Affaires étrangères et du ministère de la Défense.
La France affirme ses intérêts stratégiques dans cette région du globe et s'affirme comme
une grande nation polaire en vertu notamment de sa présence dans l'Antarctique et du rôle des
explorateurs français dans l'exploration polaire. On pense notamment au célèbre Paul Émile Victor.
Il faut citer aussi bien sûr la Chine. La Chine qui est en train d'investir massivement à travers
les nouvelles routes de la soie dans toutes les infrastructures de transport à commencer
par les infrastructures de transport arctiques. En 2017, l'Organisation Maritime Internationale,
une organisation qui dépend de l'ONU, a rédigé le Code polaire. Le Code polaire, qui est un
ensemble de règles et de normes qui fixent les conditions de navigation dans ces eaux glacées
ou encore de quelle manière il faut construire et renforcer les coques des navires qui ont vocation
à y circuler. On voit donc : l'Arctique n'est pas du tout cet espace de non droit qu'on décrit
parfois mais c'est un espace qui est complètement régi par les règles du droit international.
Intéressons-nous enfin au Pôle Nord au sens strict. A qui appartient le Pôle Nord ? Hé bien,
le Pôle Nord est hors de toute ZEE. Il n'est donc la propriété d'aucun état. Pour autant,
le 2 août 2007 un sous-marin russe transportant des députés de cette nation a planté à 4300 m de
profondeur le drapeau de la Fédération de Russie à l'emplacement exact du Pôle Nord. Ils ont bien sûr
suscité de nombreuses réactions internationales, à commencé par le Canada qui a affirmé que, dès 1991
il s'était rendu sur place, à cet emplacement, non pas pour planter le drapeau du Canada mais
pour des relevés scientifiques. Il faut toutefois noter que, en cette année 2007, le Canada a déposé
à la CLPC, la commission sur les litiges du plateau continental, un rapport de 2000 pages
pour porter des revendications sur l'extension de sa ZEE pour une distance d'un million de kilomètre
carrés. On le voit, il y a donc encore de grandes conflictualités dans l'océan Arctique pour le
contrôle de ce domaine maritime.Arrêtons-nous un instant sur l'article 76, un article extrêmement
important mais sous-estimé, de la CNUDM (de la Convention des Nations Unies pour le Droit de
la Mer de 1982, Montego Bay, vous commencez à comprendre !). C'est un texte extrêmement
important des relations internationales.Hé bien l'article 76 définit certes la ZEE mais
il donne aussi la possibilité aux États d'étendre leur ZEE au-delà de cette limite des 200 milles
marins à condition de prouver que, sur un plan géologique, le plateau continental de leur pays,
de leur territoire, s'étend au-delà des 200 milles marins. Ou, autre condition, s'il existe une
dorsale océanique contiguë à leur propre plateau continental. Hé bien ce petit article 76 est une
source constante de conflictualités, tranchées par la fameuse CLPC, puisque c'est la CLPCC qui
va déterminer si oui ou non les revendications sont étayées par des données géologiques. Par
conséquent l'Arctique fait encore, et fera, et fera toujours comme l'ensemble des mers et océans
du globe - les conflictualités maritimes sont les plus vieilles conflictualités de la planète déjà
dans le droit romain dans le droit médiéval année après année siècle après siècle des conflits ont
eu cours pour le contrôle de ce domaine maritime et bien sûr l'Arctique n'échappe pas à la règle.
Alors si l'océan glacial Arctique est en train de susciter de telles convoitises, c'est parce que,
précisément, le réchauffement climatique est en train de redistribuer toutes les cartes dans la
région. L'océan glacial Arctique, tout comme l'Antarctique, est longtemps resté totalement
en marge de la géographie mondiale. Pensez que le Pôle Nord n'a été atteint par l'explorateur
norvégien Amundsen qu'en 1926, clôturant ainsi le la grande phase de notre histoire des Grandes
découvertes, initiées avec Vasco de Gama ou Christophe Colomb à la fin du 15e siècle,
et qui se clôture précisément avec la conquête des pôles : d'abord le pôle Sud puis le Pôle
Nord. Aujourd'hui, le réchauffement climatique est en train de changer complètement cette
géographie : tout simplement parce que le Pôle Nord était rendu inaccessible par la
voie maritime en présence de la mer gelée, la mer de glace que l'on appelle la banquise,
c'est-à-dire la fine couche de glace - fine ? qui peut s'étendre sur plusieurs mètres tout de même,
notamment l'hiver - qui empêche la circulation des navires à moins d'utiliser des brise-glace
qui sont coûteux et qui rendent la navigation périlleuse. Hé bien cette banquise est en train de
reculer complètement comme le montrent ces images prises par la NASA. Entre 1980 et 2012 on estime
que la superficie de banquise d'été, puisque bien sûr sa superficie change entre l'hiver et l'été,
la banquise d'été a reculé de plus de 50 % passant de 8 millions de km carré à 4 millions de km
carré. Alors les perspectives pour les années à venir ne sont guerre réjouissantes.Selon les
estimations du GIEC : une augmentation de 2° de la température terrestre se traduirait par
une augmentation de + 5° au niveau des pôles, accélérant la fonte des glaces et libérant au
passage de nouvelles voies maritimes. On parle d'ores et déjà de deux voies maritimes dans
l'océan glacial Arctique : tout d'abord le passage du Nord-est qui longe les côtes de la Russie et
qui relie la mer du Japon à la mer de Norvège.Et ensuite la mer du Nord-Ouest qui longe les côtes
du Canada qui est globalement moins empruntée , plus dangereuse, en raison notamment de présence
de nombreux icebergs dérivants venus par exemple des côtes du Groenland. Ces nouvelles routes
maritimes ouvrent des possibilités inouïes pour le commerce maritime international. Prenons l'exemple
d'un trajet entre la ville de Tianjin, le grand port de Beijing (de Pékin) en Chine et le grand
port européen de Rotterdam. Hé bien en passant par la voie maritime classique (détroit de Malacca,
Océan Indien, canal de Suez, Méditerranée), il faut 48 jours à un navire de commerce pour relier
ces deux destinations. Par le passage du Nord-Est c'est seulement 35 jours, soit un gain de temps,
un gain d'argent très important. Il faut bien sûr penser que ces navires qui emprunteront
et qui empruntent déjà en fait ces nouvelles voies maritimes auront besoin de consommer plus
de carburant, d'avoir une voie ouverte par les brises glace et de souscrire à de très coûteux
contrats d'assurance puisque la navigation dans ces mers est plus risquée. Mais les grandes FTN,
les grandes firmes transnationales, du commerce maritime telles que la CMA CGM ou encore Maersk,
la grande FTN danoise du transport maritime, sont en train d'investir dans ces routes. En 2018,
Maersk a relié pour la première fois le port de Vladivostok, l'un des grands ports de l'Est russe,
au port de Saint-Pétersbourg dans la mer Baltique. L'intérêt des puissances émergentes dans la région
est maximal : on a évoqué tout à l'heure la nouvelle route de la soie arctique. La Chine
est en train d'investir massivement, notamment dans les ports russes, pour poser ses pions dans
les infrastructures de transport, notamment portuaires, de la région. Alors il faut tout
de même être très raisonné quand on parle de ce trafic maritime arctique.Il faut bien
dissocier deux types de trafic : 1. le trafic de destination qui lui est en forte augmentation et
2.le trafic de transit qui consiste à relier par exemple l'Asie et l'Europe via l'océan
Arctique. Hé bien les chiffres sont pour l'instant extrêmement modestes.Si on prend l'année 2017 - on
n'a pas de données vraiment plus récentes - en 2017 on estime que 33 navires sont passés,
33 navires seulement sont passés par la route du Nord-ouest par le Canada et 27 navires seulement
par la route du Nord-Est, ce qui est bien sûr dérisoire à l'échelle du trafic maritime
international. Il faut bien noter cependant que ces chiffres ne peuvent qu'aller en augmentant
avec la fonte des glaces et avec la libération de plus en plus de passages de voie de circulation.
Alors est-ce que finalement l'Arctique est au cœur du jeu géopolitique mondial? Ça n'est
certainement, pas vous l'avez compris, du point de vue du trafic de transit qu'il faut regarder.En
revanche lorsqu'on s'intéresse au trafic de destination, c'est-à-dire la pêche, l'exploitation
des matières premières présentes en Arctique, ou encore le ravitaillement des communautés locales
qui sont en forte augmentation - communautés locales qui viennent bien sûr d'autres régions
- on ne parle pas des communautés autochtones telles que les Inuits par exemple - lorsque l'on
regarde le trafic de destination, là, clairement les intérêts sont immenses. Je vous l'ai dit tout
à l'heure : 30 % des réserves de gaz mondiales sont situées dans les eaux de l'Arctique. C'est un
chiffre qui a été à mainte reprises confirmé par différentes agences géologiques. On pourrait citer
aussi 25 % des terres rares : les terres rares qui sont vous le savez peut-être ces éléments
chimiques présents de manière très faible dans les sols terrestre mais qui sont indispensables
aux nouvelles technologies notamment toutes les technologies magnétiques à commencer par
les smartphones ou la conception de disques durs ou encore de barrettes de mémoire : on ne peut
pas faire sans. De nombreuses terres rares sont présentes là-bas. Enfin il y a les migrations des
stocks de poisson sous l'effet du réchauffement climatique. Les stocks de poisson cherchent des
eaux plus froides notamment pour leur reproduction ou tout simplement pour leur cycle normal de vie
et par conséquent les eaux arctiques recèlent de plus en plus de stocks halieutiques, c'est-à-dire
de stocks de poisson consommable utilisé dans la pêche. Pour toutes ces raisons le trafic de
destination dans l'océan Arctique est passé de 2 millions de tonnes annuels en l'an 2000 à 18
millions de tonnes annuels aujourd'hui. On voit un chiffre en très fort augmentation mais qui reste
ridiculement faible à l'échelle bien sûr du trafic maritime mondial. Tant que l'on reste sur le
terrain économique, il y a beaucoup de questions qui restent sans réponse. En revanche lorsqu'on
s'aventure sur le terrain militaire, c'est-à-dire sur le versant "dur" de la puissance : là, aucune
question à se poser l'Arctique est d'un intérêt extrêmement élevé. La Russie qui est une puissance
géopolitique majeure dispose de quatre flottes de guerre. La plus grande de ces quatre flottes,
qu'on appelle la Flotte du Nord, est basé dans l'oblast de Mourmansk. Mourmansk qui
est le principal port arctique de la Fédération de Russie, l'oblast de Mourmansk est précisément
le lieu qui abrite toute la force de frappe nucléaire de la Russie : les fameux SNLE,
sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, qui sont les moyens de se projeter dans les conflits
de haute intensité et de faire peser la menace nucléaire à n'importe quel point du globe. Hé bien
c'est cette base de Mourmansk qui abrite toute cette force de frappe selon un concept militaire
théorisé par l'état-major russe : le concept du "bastion". Faire de l'océan Arctique, ou
en tout cas de la partie russe de l'Arctique, un bastion imprenable, impénétrable, mais qui permet
à la Russie de rayonner vers l'océan Pacifique ou vers l'océan Atlantique. Si bien qu'aujourd'hui
la doctrine traditionnelle de l'OTAN, ou encore des Nations Unies, des alliés des États-Unis en
ce qui concerne l'Arctique qui se résumait dans une formule "High North Low Tension" (Grand Nord
Basse tension) est en train de voler en éclat, est en train d'être remise complètement en question
notamment depuis l'invasion de l'Ukraine où on se rend compte que : une politique
attentiste vis-à-vis de la Russie risque de se retourner contre l'Occident. Et par conséquent
de nombreux pays, à commencer par la Norvège, sont en train d'exiger un changement de doctrine et une
intervention beaucoup plus régulière, beaucoup plus ferme, à la limite de la ZEE russe pour les
exercices par exemple de l'OTAN. De son côté, la Russie est en train de faire des exercices
militaires de grande envergure, les fameux exercices de grande échelle de l'armée russe
qui simulent des conflits de grande intensité : les exercices ZAPAD, ce qui signifie Ouest,
et VOSTOK, ce qui signifie Est. Bien sachez que l'exercice ZAPAD 21, 2021, a consisté en
une opération d'une guerre de haute intensité avec escalade nucléaire contre une république
fictive baptisée République polaire. On voit bien tout l'intérêt, toutes les conflictualités,
qu'il y a aujourd'hui dans cet espace. A bientôt pour une nouvelle petite leçon de géopolitique
Browse More Related Video
Les Alpes : une histoire européenne - Le dessous des cartes | ARTE
C'est où le Groenland ? (EP. 741) - 1 jour, 1 question
6e Géographie / Habiter un espace à fortes contraintes naturelles et/ou de grande biodiversité
🔴 ARTE Le Dessous des cartes GROENLAND banquises et convoitises DOCUMENTAIRE Français REPORTAGE
Groënland : Tourisme au pays de la banquise
The diet that helps fight climate change
5.0 / 5 (0 votes)