L'océan Arctique. De nouveaux espaces de conquête. Terminale HGGSP. BAC 2024.

Géo Paul
4 Nov 202315:55

Summary

TLDRCette vidéo aborde la géopolitique de l'Arctique, un espace stratégique en mutation due au réchauffement climatique. Avec des ressources estimées à 1000 milliards de dollars, l'Arctique attire l'attention des grandes puissances. Six États - États-Unis, Canada, Groenland, Islande, Norvège et Russie - sont concernés par les richesses de l'océan et ses routes maritimes potentielles. Le réchauffement climatique révèle de nouvelles voies, mais aussi des enjeux militaires, la Russie cherchant à sécuriser son bastion arctique face à l'OTAN. La région devient un enjeu majeur pour les intérêts économiques et militaires à l'ère du changement climatique.

Takeaways

  • 🌍 L'Arctique est considéré comme un nouvel espace de conquête à cause de ses immenses ressources, notamment 30% des réserves mondiales de gaz et 17% des réserves mondiales de pétrole.
  • 🏴‍☠️ L'Arctique est régi par le droit maritime international selon la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (CNUDM), qui établit des zones comme les eaux territoriales, les zones économiques exclusives (ZEE) et les eaux internationales.
  • 🗺️ Six États partagent l'Arctique : les États-Unis (via l'Alaska), le Canada, le Groenland (sous la souveraineté du Danemark), l'Islande, la Norvège et la Russie.
  • 🔄 Le président Trump a soulevé des discussions en 2019 en proposant de racheter le Groenland, illustrant l'intérêt des États-Unis pour l'Arctique.
  • 🌐 Le Conseil de l'Arctique, créé en 1996, rassemble les six États riverains et d'autres pays ayant des intérêts dans la région, comme la Suède, la Finlande et la France.
  • 🇨🇳 La Chine investit massivement dans les infrastructures arctiques, notamment via les nouvelles routes de la soie, montrant son intérêt stratégique dans la région.
  • ❄️ Le réchauffement climatique révèle de nouvelles voies maritimes dans l'Arctique, comme le passage du Nord-Est et le passage du Nord-Ouest, réduisant le temps de parcours pour les navires.
  • 🚢 Les routes maritimes arctiques sont attractives pour le commerce international, offrant des trajets plus courts et des économies potentielles, bien que les défis de la navigation dans ces eaux glacées restent élevés.
  • 📈 Le trafic de destination dans l'Arctique est en forte augmentation, notamment pour la pêche et l'exploitation des matières premières, passant de 2 millions à 18 millions de tonnes annuelles.
  • ⚔️ L'Arctique est un enjeu géopolitique majeur, en particulier pour la Russie qui y abrite une partie importante de sa force de frappe nucléaire et mène des exercices militaires de grande envergure.

Q & A

  • Quelle est la valeur économique estimée découverte dans l'Arctique selon un article de Bloomberg en 2016?

    -Selon un article de Bloomberg en 2016, l'Arctique a été estimé à 1000 milliards de dollars en termes de valeur économique.

  • Quelle est la comparaison faite par l'ambassadeur de France pour les pôles, Michel Rocard, entre l'Arctique et le Moyen-Orient?

    -Michel Rocard a comparé l'Arctique au Moyen-Orient en raison de ses ressources immenses, notamment 30% des réserves mondiales de gaz et 17% des réserves mondiales de pétrole.

  • Quels sont les six États qui partagent légalement la propriété de l'Arctique en vertu du droit maritime international?

    -Les six États qui partagent légalement la propriété de l'Arctique sont les États-Unis (via l'Alaska), le Canada, le Groenland (sous la souveraineté du Danemark), l'Islande, la Norvège et la Russie.

  • Quelle convention régit l'Arctique en ce qui concerne le droit maritime international?

    -L'Arctique est régi par la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (CNUDM) signée en 1982 à Montego Bay.

  • Quel est le rôle du Conseil de l'Arctique et quels sont ses membres fondateurs?

    -Le Conseil de l'Arctique, fondé en 1996, est un organe de gouvernance internationale pour l'Arctique. Ses membres fondateurs sont les six États riverains (États-Unis, Canada, Groenland, Islande, Norvège, Russie) et d'autres pays ayant des intérêts dans la région.

  • Pourquoi le président Trump a-t-il suscité des moqueries en 2019 en proposant de racheter le Groenland?

    -Le président Trump a suscité des moqueries en 2019 en proposant de racheter le Groenland car cette idée a été perçue comme fantaisiste, bien que les États-Unis aient historiquement acheté des territoires à d'autres États.

  • Quel est le Code polaire de l'Organisation Maritime Internationale et à quoi sert-il?

    -Le Code polaire est un ensemble de règles et de normes qui fixent les conditions de navigation dans les eaux glacées et détermine la manière de construire et renforcer les coques des navires pour y circuler.

  • Quelle est la différence entre le Pôle Nord et les eaux territoriales de l'Arctique en termes de propriété?

    -Le Pôle Nord est hors de toute zone économique exclusive (ZEE) et n'est donc la propriété d'aucun État, tandis que les eaux territoriales de l'Arctique sont partagées entre les six États riverains en vertu du droit maritime international.

  • Quels sont les deux principaux passages maritimes dans l'océan Arctique et où ils mènent-ils?

    -Les deux principaux passages maritimes dans l'océan Arctique sont le passage du Nord-Est, qui longe les côtes de la Russie et relie la mer du Japon à la mer de Norvège, et le passage du Nord-Ouest, qui longe les côtes du Canada.

  • Quelle est l'impact du réchauffement climatique sur la navigation et les ressources de l'Arctique?

    -Le réchauffement climatique est en train de redistribuer les cartes dans la région arctique en réduisant la banquise et en ouvrant de nouvelles voies maritimes, ainsi que de révéler de nouvelles ressources et de favoriser la migration de stocks de poisson.

Outlines

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🌍 L'Arctique : un nouvel espace stratégique

Le paragraphe introduit l'Arctique comme un nouvel espace de conquête géopolitique, riche en ressources telles que le gaz et le pétrole. Il souligne l'importance de l'Arctique pour la géopolitique mondiale et explique comment l'Arctique est régi par le droit international, notamment par la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (CNUDM). Six États - les États-Unis, le Canada, le Groenland (sous la souveraineté du Danemark), l'Islande, la Norvège et la Russie - partagent les ressources de l'Arctique grâce à leurs zones économiques exclusives (ZEE). Le paragraphe mentionne également l'intérêt des États-Unis pour l'Arctique, illustré par la tentative d'achat du Groenland par le président Trump en 2019.

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🏹 Conflit et gouvernance en Arctique

Ce paragraphe aborde les conflits liés à la délimitation des zones économiques exclusives (ZEE) en Arctique, en particulier à travers l'article 76 de la CNUDM, qui permet aux États de revendiquer des extensions de leur ZEE au-delà des 200 milles marins s'ils peuvent prouver une continuité géologique. Il mentionne les prétentions du Canada et de la Russie concernant leurs ZEE et souligne l'importance de la Commission sur les litiges du plateau continental (CLPC) dans le règlement de ces conflits. Le paragraphe met également en évidence le réchauffement climatique qui modifie la géographie de la région, ouvrant de nouvelles voies maritimes et changeant la dynamique des intérêts géopolitiques.

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🚢 Nouveaux itinéraires maritimes et intérêts économiques

Le paragraphe 3 explore les implications économiques de la fonte de la banquise dans l'Arctique, ouvrant de nouvelles routes maritimes qui pourraient réduire considérablement les durées de voyage pour le transport maritime international. Il compare les durées de voyage entre les itinéraires traditionnels et les nouveaux passages du Nord-Est et du Nord-Ouest, soulignant les économies potentielles en temps et en coûts. Cependant, il note également les défis associés à la navigation dans ces eaux, tels que la nécessité d'utiliser des brise-glaces et les risques accrus. Le paragraphe mentionne également l'engagement des grandes firmes maritimes et la stratégie de la Chine pour investir dans les infrastructures arctiques.

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⚔ La dimension militaire de l'Arctique

Le dernier paragraphe traite de l'aspect militaire de l'Arctique, soulignant son importance pour la Russie en tant que base de la force de frappe nucléaire et la stratégie du 'bastion'. Il décrit comment l'Arctique est devenu un enjeu géopolitique majeur, avec des exercices militaires de grande envergure menés par la Russie, tels que les exercices ZAPAD et VOSTOK. Le paragraphe conclut sur la tension croissante dans la région, remettant en question la doctrine traditionnelle de 'Grand Nord Basse tension' et la nécessité pour les pays de la région, comme la Norvège, de réévaluer leur approche envers la Russie et l'Arctique.

Mindmap

Keywords

💡Arctique

L'Arctique est une région géographique située autour du Pôle Nord, caractérisée par un climat froid et par une faune et flore spécifiques. Dans le script, l'Arctique est présenté comme un 'nouvel espace de conquête' en raison de ses ressources naturelles et de sa stratégie géopolitique croissante. L'Arctique est également régi par le droit international, notamment par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM), qui détermine les zones de compétence des États riverains.

💡Ressources naturelles

Les ressources naturelles comprennent les gaz, le pétrole et les terres rares, qui sont abondants dans l'Arctique selon le script. Ces ressources sont au cœur des intérêts géopolitiques et économiques des États, ce qui les rend des objets de convoitise et de conflits. L'exemple donné est de l'ambassadeur de France, Michel Rocard, qui compare l'Arctique à un second Moyen-Orient en termes de richesse en ressources.

💡Droit maritime international

Le droit maritime international est un ensemble de lois et de conventions qui régissent l'utilisation et la gestion des océans et des mers. Dans le contexte de la vidéo, il est mentionné que l'Arctique est régi par la CNUDM, qui définit les eaux territoriales, les zones économiques exclusives (ZEE) et les eaux internationales, influençant ainsi les droits des États sur les ressources de l'Arctique.

💡Zone économique exclusive (ZEE)

La ZEE est une zone maritime étendue à 200 milles marins des côtes d'un État, où ce dernier a des droits exclusifs sur les ressources naturelles. Dans le script, les ZEE sont évoquées comme un moyen pour les États de l'Arctique de revendiquer des ressources, ce qui est un élément clé dans la dynamique géopolitique de la région.

💡Conseil de l'Arctique

Le Conseil de l'Arctique est une organisation intergouvernementale créée en 1996 pour promouvoir la coopération et la coordination entre les États concernés par les questions arctiques. Dans le script, il est mentionné que le Conseil est composé de six États riverains de l'Arctique et d'autres pays ayant des intérêts dans la région, ce qui montre la complexité de la gouvernance arctique.

💡Pôle Nord

Le Pôle Nord fait référence au point le plus septentrional de la Terre. Le script mentionne que, contrairement aux eaux adjacentes, le Pôle Nord lui-même n'est la propriété d'aucun État et se trouve en dehors de toute ZEE. Cependant, des actions comme l'immersion du drapeau russe en 2007 montrent les tensions sous-jacentes concernant la souveraineté et les revendications dans la région.

💡Article 76 de la CNUDM

L'article 76 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer permet aux États de prolonger leurs zones économiques exclusives au-delà des 200 milles marins s'ils peuvent prouver que leur plateau continental s'étend plus loin. Dans le script, cet article est décrit comme une source de conflits, car il permet aux États de revendiquer des zones plus larges, ce qui peut entraîner des litiges géologiques et territoriaux.

💡Réchauffement climatique

Le réchauffement climatique est mentionné comme un facteur qui transforme la géographie de l'Arctique en réduisant la banquise et en ouvrant de nouvelles voies maritimes. Cela a des implications majeures pour la navigation, la pêche, et l'exploitation des ressources, ainsi que pour la dynamique géopolitique de la région.

💡Routes maritimes arctiques

Les routes maritimes arctiques, telles que le passage du Nord-Est et le passage du Nord-Ouest, sont des voies potentielles pour le commerce maritime en raison de leur proximité avec des marchés émergents. Le script les décrit comme des alternatives aux routes traditionnelles, offrant des économies de temps et de coûts, mais aussi des défis en termes de navigation et d'infrastructure.

💡Géopolitique

La géopolitique est l'étude des relations entre la géographie et la politique. Dans le script, la géopolitique est abordée en termes de la répartition des ressources, des revendications territoriales, et des stratégies militaires des États dans l'Arctique, mettant en évidence la compétition et la coopération dans cette région stratégique.

Highlights

L'Arctique est présenté comme un nouvel espace de conquête avec des ressources estimées à 1000 milliards de dollars.

L'Arctique possède 30% des réserves mondiales de gaz et 17% des réserves mondiales de pétrole.

Le droit maritime international régit l'Arctique selon la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer de 1982.

L'Arctique est juridiquement partagé entre six États : les États-Unis, le Canada, le Groenland, l'Islande, la Norvège et la Russie.

Les six États riverains forment un oligopole sur l'accès aux ressources arctiques.

Le président Trump a proposé de racheter le Groenland au Danemark en 2019.

Le Conseil de l'Arctique, créé en 1996, rassemble les six États riverains et d'autres acteurs ayant des intérêts dans la région.

La France se définit comme une 'nation polaire' et affirme ses intérêts stratégiques dans l'Arctique.

La Chine investit massivement dans les infrastructures de transport arctiques à travers les nouvelles routes de la soie.

Le Code polaire de l'Organisation Maritime Internationale établit des règles pour la navigation dans les eaux glacées.

Le Pôle Nord n'est la propriété d'aucun État et se trouve hors de toute zone économique exclusive.

La Russie a planté son drapeau au Pôle Nord en 2007, un acte qui a suscité de nombreuses réactions internationales.

L'article 76 de la CNUDM permet aux États d'étendre leur ZEE au-delà des 200 milles marins s'ils peuvent le justifier géologiquement.

Le réchauffement climatique change la géographie de l'Arctique en réduisant la banquise et en ouvrant de nouvelles voies maritimes.

Le passage du Nord-Est relie la mer du Japon à la mer de Norvège et offre des trajets plus courts pour le commerce maritime.

Les navires qui empruntent les nouvelles routes maritimes arctiques ont besoin de brise-glace et de contrats d'assurance coûteux.

La Chine investit dans les ports russes pour positionner sa présence dans les infrastructures de transport arctiques.

Le trafic de destination dans l'Arctique est en forte augmentation, notamment pour la pêche et l'exploitation de matières premières.

L'Arctique est d'un intérêt militaire majeur pour la Russie, qui y abrite une grande partie de sa force de frappe nucléaire.

La doctrine 'High North Low Tension' est remise en question suite aux événements en Ukraine et aux exercices militaires de la Russie dans la région.

Transcripts

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Bienvenue dans cette petite vidéo de géopolitique.  Bienvenue sur Géo Paul, Géo Paul : la chaîne qui  

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vous parle de géopolitique ! L'Arctique : un  nouvel espace de conquête. En 2016, l'agence  

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de presse Bloomberg, une agence d'information  économique très réputée située aux États-Unis,  

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titrait : "le monde vient de découvrir un océan  à 1000 milliards de dollars". 1000 milliards de  

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dollars ! A la même époque, l'ambassadeur de  France pour les pôles, Michel Rocard, parlait  

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de l'Arctique comme d'un second Moyen-Orient :  un océan disposant de ressources immenses (30  

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% des réserves mondiales de gaz, 17 % des réserves  mondiales de pétrole). Alors l'Arctique correspond  

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tout à fait à ce qu'on appelle en géographie et  en géopolitique un "nouvel espace de conquête",  

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c'est-à-dire un espace qui est longtemps resté à  la marge des grandes dynamiques mondiales et qui  

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se retrouve aujourd'hui au centre des intérêts,  des conflictualités, des convoitises étudions ça 

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Tout d'abord : à qui appartient l'océan glacial  Arctique ? Hé bien, comme toutes les mers,  

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comme tous les océans, l'Arctique est régi par  le droit maritime international : par la fameuse  

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Convention des Nations Unies sur le Droit de la  Mer signée en 1982 à Montego Bay. Cette convention  

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des Nations Unies sur le Droit de la Mer, qui est  extrêmement structurante, extrêmement engageante  

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pour les États qui l'ont ratifiée, c'est-à-dire  la majorité des États membres de l'ONU, délimite  

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les mers et les océans en trois zones. Les eaux  territoriales, situées près des États riverains.  

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La fameuse ZEE, zone économique exclusive, qui  s'étend à 200 milles marins des côtes. Un mille  

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marin est égal à peu près à 1852 m, donc nous  sommes sur une bande d'environ 370 km. Et au-delà  

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les eaux internationales qui donc appartiennent à  tout le monde et donc n'appartiennent à personne.  

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Alors en pratique et sur un strict plan juridique,  l'Arctique est la propriété de six États qui se  

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partagent, grâce à leurs ZEE et à leurs richesses,  l'accès aux ressources de cet océan. Tout d'abord  

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les États-Unis, à travers l'Alaska, ensuite  le Canada puis le Groenland, Groenland qui est  

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sous la souveraineté du Danemark donc le Danemark,  l'Islande, la Norvège et enfin bien sûr la Russie.  

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Ces six États jouissent d'avantages immenses pour  l'exploitation de cet océan - exploitation bien  

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sûr qui est en cours mais qui est appelée à se  développer - ils forment ce qu'on appelle une  

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sorte d'oligopole - un petit groupe qui détient  un monopole sur l'accès une ressource, ici les  

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ressources arctiques. En 2019, le président Trump  a beaucoup fait parler de lui en proposant de  

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racheter le Groenland au Danemark. Il a suscité  bien sûr les moqueries des éditorialistes et aussi  

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de la presse internationale. Il faut pourtant  rappeler que les États-Unis dans leur courte  

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histoire ont acheté de nombreux territoires à  d'autres États : la Louisiane qu'ils ont achetée  

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à la France ; l'Alaska acheté à la Russie ; ou  bien encore les îles Vierges américaines achetée  

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précisément au Danemark au début du siècle,  en 1917. L'idée n'était donc pas si farfelue.  

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Outre ces six États riverains, l'Arctique tout  comme l'Antarctique d'ailleurs fait l'objet d'une  

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véritable gouvernance internationale. En 1996,  le Conseil de l'Arctique a été fondé par ces six  

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États rejoints par d'autres ayant des intérêts  immédiats dans cet océan glacial. On peut citer  

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la Suède et la Finlande qui n'ont pas de façade  maritime directe sur l'océan Arctique mais qui,  

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à travers leur vaste région transfrontalière qu'on  appelle la Laponie, ont des intérêts directs sur  

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la ZEE arctique de la Norvège. On peut citer  aussi la France qui se définit comme une "nation  

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polaire" dans un rapport de 2016 du ministère des  Affaires étrangères et du ministère de la Défense.  

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La France affirme ses intérêts stratégiques  dans cette région du globe et s'affirme comme  

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une grande nation polaire en vertu notamment de  sa présence dans l'Antarctique et du rôle des  

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explorateurs français dans l'exploration polaire.  On pense notamment au célèbre Paul Émile Victor.  

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Il faut citer aussi bien sûr la Chine. La Chine  qui est en train d'investir massivement à travers  

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les nouvelles routes de la soie dans toutes  les infrastructures de transport à commencer  

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par les infrastructures de transport arctiques.  En 2017, l'Organisation Maritime Internationale,  

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une organisation qui dépend de l'ONU, a rédigé  le Code polaire. Le Code polaire, qui est un  

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ensemble de règles et de normes qui fixent les  conditions de navigation dans ces eaux glacées  

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ou encore de quelle manière il faut construire et  renforcer les coques des navires qui ont vocation  

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à y circuler. On voit donc : l'Arctique n'est  pas du tout cet espace de non droit qu'on décrit  

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parfois mais c'est un espace qui est complètement  régi par les règles du droit international.  

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Intéressons-nous enfin au Pôle Nord au sens  strict. A qui appartient le Pôle Nord ? Hé bien,  

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le Pôle Nord est hors de toute ZEE. Il n'est  donc la propriété d'aucun état. Pour autant,  

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le 2 août 2007 un sous-marin russe transportant  des députés de cette nation a planté à 4300 m de  

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profondeur le drapeau de la Fédération de Russie à  l'emplacement exact du Pôle Nord. Ils ont bien sûr  

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suscité de nombreuses réactions internationales, à  commencé par le Canada qui a affirmé que, dès 1991  

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il s'était rendu sur place, à cet emplacement,  non pas pour planter le drapeau du Canada mais  

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pour des relevés scientifiques. Il faut toutefois  noter que, en cette année 2007, le Canada a déposé  

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à la CLPC, la commission sur les litiges du  plateau continental, un rapport de 2000 pages  

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pour porter des revendications sur l'extension de  sa ZEE pour une distance d'un million de kilomètre  

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carrés. On le voit, il y a donc encore de grandes  conflictualités dans l'océan Arctique pour le  

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contrôle de ce domaine maritime.Arrêtons-nous un  instant sur l'article 76, un article extrêmement  

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important mais sous-estimé, de la CNUDM (de la  Convention des Nations Unies pour le Droit de  

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la Mer de 1982, Montego Bay, vous commencez  à comprendre !). C'est un texte extrêmement  

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important des relations internationales.Hé  bien l'article 76 définit certes la ZEE mais  

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il donne aussi la possibilité aux États d'étendre  leur ZEE au-delà de cette limite des 200 milles  

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marins à condition de prouver que, sur un plan  géologique, le plateau continental de leur pays,  

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de leur territoire, s'étend au-delà des 200 milles  marins. Ou, autre condition, s'il existe une  

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dorsale océanique contiguë à leur propre plateau  continental. Hé bien ce petit article 76 est une  

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source constante de conflictualités, tranchées  par la fameuse CLPC, puisque c'est la CLPCC qui  

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va déterminer si oui ou non les revendications  sont étayées par des données géologiques. Par  

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conséquent l'Arctique fait encore, et fera, et  fera toujours comme l'ensemble des mers et océans  

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du globe - les conflictualités maritimes sont les  plus vieilles conflictualités de la planète déjà  

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dans le droit romain dans le droit médiéval année  après année siècle après siècle des conflits ont  

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eu cours pour le contrôle de ce domaine maritime  et bien sûr l'Arctique n'échappe pas à la règle. 

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Alors si l'océan glacial Arctique est en train de  susciter de telles convoitises, c'est parce que,  

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précisément, le réchauffement climatique est en  train de redistribuer toutes les cartes dans la  

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région. L'océan glacial Arctique, tout comme  l'Antarctique, est longtemps resté totalement  

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en marge de la géographie mondiale. Pensez que  le Pôle Nord n'a été atteint par l'explorateur  

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norvégien Amundsen qu'en 1926, clôturant ainsi  le la grande phase de notre histoire des Grandes  

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découvertes, initiées avec Vasco de Gama ou  Christophe Colomb à la fin du 15e siècle,  

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et qui se clôture précisément avec la conquête  des pôles : d'abord le pôle Sud puis le Pôle  

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Nord. Aujourd'hui, le réchauffement climatique  est en train de changer complètement cette  

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géographie : tout simplement parce que le  Pôle Nord était rendu inaccessible par la  

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voie maritime en présence de la mer gelée,  la mer de glace que l'on appelle la banquise,  

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c'est-à-dire la fine couche de glace - fine ? qui  peut s'étendre sur plusieurs mètres tout de même,  

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notamment l'hiver - qui empêche la circulation  des navires à moins d'utiliser des brise-glace  

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qui sont coûteux et qui rendent la navigation  périlleuse. Hé bien cette banquise est en train de  

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reculer complètement comme le montrent ces images  prises par la NASA. Entre 1980 et 2012 on estime  

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que la superficie de banquise d'été, puisque bien  sûr sa superficie change entre l'hiver et l'été,  

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la banquise d'été a reculé de plus de 50 % passant  de 8 millions de km carré à 4 millions de km  

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carré. Alors les perspectives pour les années  à venir ne sont guerre réjouissantes.Selon les  

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estimations du GIEC : une augmentation de 2°  de la température terrestre se traduirait par  

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une augmentation de + 5° au niveau des pôles,  accélérant la fonte des glaces et libérant au  

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passage de nouvelles voies maritimes. On parle  d'ores et déjà de deux voies maritimes dans  

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l'océan glacial Arctique : tout d'abord le passage  du Nord-est qui longe les côtes de la Russie et  

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qui relie la mer du Japon à la mer de Norvège.Et  ensuite la mer du Nord-Ouest qui longe les côtes  

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du Canada qui est globalement moins empruntée ,  plus dangereuse, en raison notamment de présence  

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de nombreux icebergs dérivants venus par exemple  des côtes du Groenland. Ces nouvelles routes  

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maritimes ouvrent des possibilités inouïes pour le  commerce maritime international. Prenons l'exemple  

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d'un trajet entre la ville de Tianjin, le grand  port de Beijing (de Pékin) en Chine et le grand  

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port européen de Rotterdam. Hé bien en passant par  la voie maritime classique (détroit de Malacca,  

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Océan Indien, canal de Suez, Méditerranée), il  faut 48 jours à un navire de commerce pour relier  

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ces deux destinations. Par le passage du Nord-Est  c'est seulement 35 jours, soit un gain de temps,  

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un gain d'argent très important. Il faut bien  sûr penser que ces navires qui emprunteront  

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et qui empruntent déjà en fait ces nouvelles  voies maritimes auront besoin de consommer plus  

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de carburant, d'avoir une voie ouverte par les  brises glace et de souscrire à de très coûteux  

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contrats d'assurance puisque la navigation dans  ces mers est plus risquée. Mais les grandes FTN,  

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les grandes firmes transnationales, du commerce  maritime telles que la CMA CGM ou encore Maersk,  

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la grande FTN danoise du transport maritime, sont  en train d'investir dans ces routes. En 2018,  

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Maersk a relié pour la première fois le port de  Vladivostok, l'un des grands ports de l'Est russe,  

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au port de Saint-Pétersbourg dans la mer Baltique.  L'intérêt des puissances émergentes dans la région  

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est maximal : on a évoqué tout à l'heure la  nouvelle route de la soie arctique. La Chine  

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est en train d'investir massivement, notamment  dans les ports russes, pour poser ses pions dans  

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les infrastructures de transport, notamment  portuaires, de la région. Alors il faut tout  

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de même être très raisonné quand on parle  de ce trafic maritime arctique.Il faut bien  

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dissocier deux types de trafic : 1. le trafic de  destination qui lui est en forte augmentation et  

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2.le trafic de transit qui consiste à relier  par exemple l'Asie et l'Europe via l'océan  

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Arctique. Hé bien les chiffres sont pour l'instant  extrêmement modestes.Si on prend l'année 2017 - on  

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n'a pas de données vraiment plus récentes -  en 2017 on estime que 33 navires sont passés,  

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33 navires seulement sont passés par la route du  Nord-ouest par le Canada et 27 navires seulement  

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par la route du Nord-Est, ce qui est bien  sûr dérisoire à l'échelle du trafic maritime  

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international. Il faut bien noter cependant que  ces chiffres ne peuvent qu'aller en augmentant  

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avec la fonte des glaces et avec la libération de  plus en plus de passages de voie de circulation. 

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Alors est-ce que finalement l'Arctique est  au cœur du jeu géopolitique mondial? Ça n'est  

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certainement, pas vous l'avez compris, du point  de vue du trafic de transit qu'il faut regarder.En  

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revanche lorsqu'on s'intéresse au trafic de  destination, c'est-à-dire la pêche, l'exploitation  

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des matières premières présentes en Arctique, ou  encore le ravitaillement des communautés locales  

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qui sont en forte augmentation - communautés  locales qui viennent bien sûr d'autres régions  

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- on ne parle pas des communautés autochtones  telles que les Inuits par exemple - lorsque l'on  

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regarde le trafic de destination, là, clairement  les intérêts sont immenses. Je vous l'ai dit tout  

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à l'heure : 30 % des réserves de gaz mondiales  sont situées dans les eaux de l'Arctique. C'est un  

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chiffre qui a été à mainte reprises confirmé par  différentes agences géologiques. On pourrait citer  

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aussi 25 % des terres rares : les terres rares  qui sont vous le savez peut-être ces éléments  

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chimiques présents de manière très faible dans  les sols terrestre mais qui sont indispensables  

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aux nouvelles technologies notamment toutes  les technologies magnétiques à commencer par  

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les smartphones ou la conception de disques durs  ou encore de barrettes de mémoire : on ne peut  

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pas faire sans. De nombreuses terres rares sont  présentes là-bas. Enfin il y a les migrations des  

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stocks de poisson sous l'effet du réchauffement  climatique. Les stocks de poisson cherchent des  

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eaux plus froides notamment pour leur reproduction  ou tout simplement pour leur cycle normal de vie  

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et par conséquent les eaux arctiques recèlent de  plus en plus de stocks halieutiques, c'est-à-dire  

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de stocks de poisson consommable utilisé dans  la pêche. Pour toutes ces raisons le trafic de  

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destination dans l'océan Arctique est passé de  2 millions de tonnes annuels en l'an 2000 à 18  

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millions de tonnes annuels aujourd'hui. On voit un  chiffre en très fort augmentation mais qui reste  

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ridiculement faible à l'échelle bien sûr du trafic  maritime mondial. Tant que l'on reste sur le  

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terrain économique, il y a beaucoup de questions  qui restent sans réponse. En revanche lorsqu'on  

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s'aventure sur le terrain militaire, c'est-à-dire  sur le versant "dur" de la puissance : là, aucune  

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question à se poser l'Arctique est d'un intérêt  extrêmement élevé. La Russie qui est une puissance  

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géopolitique majeure dispose de quatre flottes  de guerre. La plus grande de ces quatre flottes,  

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qu'on appelle la Flotte du Nord, est basé  dans l'oblast de Mourmansk. Mourmansk qui  

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est le principal port arctique de la Fédération  de Russie, l'oblast de Mourmansk est précisément  

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le lieu qui abrite toute la force de frappe  nucléaire de la Russie : les fameux SNLE,  

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sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, qui  sont les moyens de se projeter dans les conflits  

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de haute intensité et de faire peser la menace  nucléaire à n'importe quel point du globe. Hé bien  

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c'est cette base de Mourmansk qui abrite toute  cette force de frappe selon un concept militaire  

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théorisé par l'état-major russe : le concept  du "bastion". Faire de l'océan Arctique, ou  

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en tout cas de la partie russe de l'Arctique, un  bastion imprenable, impénétrable, mais qui permet  

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à la Russie de rayonner vers l'océan Pacifique ou  vers l'océan Atlantique. Si bien qu'aujourd'hui  

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la doctrine traditionnelle de l'OTAN, ou encore  des Nations Unies, des alliés des États-Unis en  

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ce qui concerne l'Arctique qui se résumait dans  une formule "High North Low Tension" (Grand Nord  

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Basse tension) est en train de voler en éclat, est  en train d'être remise complètement en question  

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notamment depuis l'invasion de l'Ukraine  où on se rend compte que : une politique  

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attentiste vis-à-vis de la Russie risque de se  retourner contre l'Occident. Et par conséquent  

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de nombreux pays, à commencer par la Norvège, sont  en train d'exiger un changement de doctrine et une  

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intervention beaucoup plus régulière, beaucoup  plus ferme, à la limite de la ZEE russe pour les  

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exercices par exemple de l'OTAN. De son côté,  la Russie est en train de faire des exercices  

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militaires de grande envergure, les fameux  exercices de grande échelle de l'armée russe  

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qui simulent des conflits de grande intensité  : les exercices ZAPAD, ce qui signifie Ouest,  

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et VOSTOK, ce qui signifie Est. Bien sachez  que l'exercice ZAPAD 21, 2021, a consisté en  

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une opération d'une guerre de haute intensité  avec escalade nucléaire contre une république  

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fictive baptisée République polaire. On voit  bien tout l'intérêt, toutes les conflictualités,  

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qu'il y a aujourd'hui dans cet espace. A bientôt  pour une nouvelle petite leçon de géopolitique

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