Comment la France a fait disparaitre ses médecins ?
Summary
TLDRCe script traite de la crise médicale en France, marquée par un vieillissement de la population et des médecins, et une pénurie de généralistes. Il explique comment un petit groupe de médecins a limité l'accès à la profession pour garder leurs patients. Le document souligne les tentatives pour résoudre le problème, comme le numerus clausus et le numerus apertus, et met en lumière les défis de répartition des médecins et la résistance au changement.
Takeaways
- 📈 Dans les pays occidentaux, la moyenne d'âge de la population augmente, entraînant une augmentation des besoins en soins médicaux.
- 👨⚕️ Le nombre de médecins ne suit pas cette croissance, avec en France une perte de plus de 10 000 généralistes depuis 2010.
- 📉 Les médecins vieillissants contribuent à cette pénurie, avec 49% de la profession potentiellement à la retraite dans les dix prochaines années.
- 💣 L'Organisation Mondiale de la Santé qualifie la situation de 'bombe à retardement' en termes de crise médicale imminente.
- 🎓 La crise est anticipée depuis longtemps, mais la France a organisé cette pénurie de médecins plutôt que de la résoudre.
- 🏛️ Les événements de Mai '68 ont marqué le début d'un mouvement contestataire contre l'élite médicale et la verticalité des carrières médicales.
- 👥 Le nombre d'étudiants en médecine a doublé en quatre ans, menaçant la respectabilité de l'institution selon les mandarins.
- 🚫 Les professeurs de médecine ont créé un syndicat pour lutter contre la démocratisation de la profession et protéger leurs intérêts.
- 👥 Le numerus clausus a été instauré en 1972 pour limiter le nombre d'étudiants en médecine, entraînant une baisse drastique de la formation médicale.
- 🏥 La réduction du nombre de médecins a des conséquences négatives sur les hôpitaux, où les internes sont essentiels pour le bon fonctionnement.
- 🌐 La répartition géographique des médecins en France s'est détériorée, avec des déserts médicaux dans certaines zones malgré une offre globale insuffisante.
Q & A
Quel est le problème principal abordé dans le script ?
-Le problème principal abordé est le manque croissant de médecins en France, en particulier de généralistes, qui est aggravé par le vieillissement progressif de la population médicale et de la population en général.
Quelle est la raison de la perte de plus de 10 000 généralistes en France depuis 2010 ?
-La perte est due au vieillissement de la population de médecins qui atteignent l'âge de la retraite, et à la fois, la population française vieillit, augmentant ainsi la demande de soins médicaux.
Quel pourcentage de la profession médicale devrait prendre sa retraite dans les dix prochaines années ?
-49% de la profession médicale devrait prendre sa retraite dans les dix prochaines années.
Quel est le terme utilisé pour décrire la situation de la pénurie de médecins en France ?
-Le terme utilisé est 'bombe à retardement', une expression qui suggère que la situation est prévisible et potentiellement explosive si elle n'est pas gérée.
Quels événements historiques ont eu un impact sur la formation des médecins en France ?
-Les événements historiques qui ont eu un impact sont les événements de Mai '68 qui ont conduit à une remise en question de la hiérarchie médicale et à une augmentation du nombre d'étudiants en médecine.
Quel rôle ont joué les syndicats de médecins dans la limitation de l'accès à la profession ?
-Les syndicats de médecins ont joué un rôle clé en limitant l'accès à la profession pour conserver leurs patients et en prenant le contrôle des conseils des facultés de médecine.
Quelle mesure a été introduite en 1972 pour limiter le nombre d'étudiants en médecine ?
-En 1972, a été introduit le numerus clausus, un nombre de places fixé par l'État limitant le nombre d'entrants en deuxième année.
Quel a été l'impact du numerus clausus sur la formation des médecins en France ?
-Le numerus clausus a entraîné une réduction significative du nombre d'étudiants en médecine, passant de 8588 étudiants à 3500 étudiants en 1993, ce qui a contribué à la pénurie actuelle de médecins.
Quels sont les défis auxquels les hôpitaux ont dû faire face en raison du manque d'étudiants en médecine ?
-En raison du manque d'étudiants, les hôpitaux ont manqué d'internes, ce qui a rendu la gestion des gardes et des astreintes plus difficile, car les internes sont souvent utilisés comme du personnel médical bon marché.
Quelle solution a été envisagée pour augmenter le nombre de médecins formés en France ?
-Une solution envisagée est de construire de nouvelles facultés de médecine pour répartir les lieux de formation et augmenter le nombre d'étudiants formés, en supposant qu'il y ait suffisamment de personnes pour les former.
Quel est le terme utilisé pour décrire la stratégie de répartition des médecins en fonction de la densité de la population ?
-Le terme utilisé est 'conventionnement sélectif', qui consiste à limiter la rémunération des médecins par la sécurité sociale dans les zones où il y a déjà un surplus de médecins.
Outlines
👨⚕️ La pénurie de médecins en France
Ce paragraphe aborde la crise du manque de médecins en France, en particulier les généralistes. Depuis 2010, plus de 10 000 généralistes ont quitté la profession en raison d'une population vieillissante et d'un nombre croissant de médecins atteignant la retraite. L'Organisation Mondiale de la Santé avertit d'une 'bombe à retardement' avec 49% des médecins atteignant la retraite d'ici dix ans. L'histoire remonte aux événements de Mai '68 qui ont remis en question l'élite médicale et la formation des médecins. Suite à ces événements, le nombre d'étudiants en médecine a doublé en quatre ans, menaçant la respectabilité de l'institution selon les mandarins de l'époque. Pour lutter contre cette 'banalisation' de la profession, des professeurs de médecine ont créé un syndicat et ont utilisé leur influence politique pour limiter le nombre d'étudiants en médecine, ce qui a abouti à la mise en place d'un numerus clausus en 1972. Ce système a entraîné une réduction du nombre d'étudiants et, par conséquent, une réduction des dépenses de l'assurance maladie. Cependant, cela a créé une situation intenable dans les hôpitaux où les internes, souvent payés sous le SMIC, assurent une grande partie du travail médical. Les médecins étrangers ont également été recrutés pour pallier le manque d'internes, mais ils ont demandé un statut de médecins à part entière. Finalement, le numerus clausus a été relâché et remplacé par un numerus apertus en 2020.
📈 La formation des médecins et la répartition géographique
Le paragraphe discute des défis de la formation des médecins en France et de la répartition inégale des médecins géographiquement. Malgré l'objectif de former 70% d'étudiants supplémentaires d'ici la rentrée 2027, la réalité est que le nombre de places n'a augmenté que de 5% depuis 2020. Il faudra 15 ans pour résoudre le problème en raison de l'inertie des décisions prises. Même avec un nombre accru de médecins, la crise ne sera pas résolue tant que la répartition des médecins ne sera pas améliorée. Les médecins ont tendance à rester dans les zones où ils ont été formés, ce qui crée des déserts médicaux dans certaines régions. Pour résoudre ce problème, il a été suggéré de construire de nouvelles facultés de médecine pour répartir les lieux de formation et augmenter le nombre d'étudiants formés. Cependant, cela prend du temps et ne résoudrait pas le problème si les médecins continuent de s'installer dans les mêmes zones. Une solution possible serait le conventionnement sélectif, où les médecins qui s'installent dans des zones surdotées ne seraient pas remboursés par la sécurité sociale, encourageant ainsi une meilleure répartition. Cependant, en France, la médecine libérale est attachée à la liberté d'installation, ce qui rend cette solution difficile à mettre en place. D'autres pays, comme l'Allemagne, ont mis en place des systèmes de quotas de médecins par zone avec succès, mais en France, malgré des discussions sur l'introduction de telles mesures, elles ont été rejetées par les médecins libéraux et les députés médecins.
⏳ Le défi imminent du remplacement des médecins en retraite
Ce paragraphe met en évidence l'urgence du problème des médecins en retraite en France. Près de la moitié des médecins atteindront l'âge de la retraite dans les dix prochaines années, alors que les hôpitaux sont déjà saturés. Le défi est de savoir qui prendra soin des patients de ces médecins une fois qu'ils auront quitté la profession. Le paragraphe conclut en laissant planer la question de qui s'occupera des patients des médecins en retraite, suggérant que la réponse ne sera connue qu'en quinze ans.
Mindmap
Keywords
💡vieillissement de la population
💡pénurie de médecins
💡numerus clausus
💡répartition des médecins
💡conventionnement sélectif
💡liberté d'installation
💡lobby médical
💡Mai '68
💡démocratisation de la profession
💡mandarins médicaux
Highlights
Les pays occidentaux vivent de plus en plus vieux et ont besoin de plus de soins, mais le nombre de médecins ne suit pas cette croissance.
En France, plus de 10 000 généralistes ont disparu depuis 2010, en raison de l'augmentation de l'âge de la population et des médecins.
49 % des médecins français doivent partir à la retraite dans les dix prochaines années.
L'Organisation Mondiale de la Santé parle d'une 'bombe à retardement' en termes de crise dans le secteur médical.
La pénurie de médecins en France est le résultat d'une organisation délibérée par un petit groupe de médecins pour conserver leurs patients.
Les événements de Mai '68 ont eu un impact significatif sur la formation médicale en France.
Les mandarins médicaux ont été contestés pour leur gestion verticale et leur élitisme.
La croissance du nombre d'étudiants en médecine a été rapide entre 1963 et 1967, inquiétant l'élite médicale.
Les médecins de l'époque craignaient que l'ouverture aux couches sociales moins raffinées ne banalise la profession médicale.
Les professeurs de médecine ont fondé un syndicat pour lutter contre la démocratisation de la profession.
Les syndicats médicaux étaient puissants et avaient un contrôle significatif sur les politiques gouvernementales.
Les préoccupations des syndicats étaient de ne pas avoir assez d'espace à l'hôpital pour former les nouveaux étudiants et de ne pas avoir assez de malades.
La France a réduit le nombre de médecins formés pour économiser sur les dépenses d'assurance maladie.
Le numerus clausus a été introduit en 1972 pour limiter le nombre d'étudiants en médecine.
La sélection des étudiants en médecine a été renforcée au fil des ans, divisant le numerus clausus par trois entre 1971 et 1993.
La réduction de l'offre de médecins a entraîné une réduction du volume de consultations remboursées par l'assurance maladie.
Les hôpitaux ont été confrontés à des difficultés à cause du manque d'internes, qui sont essentiels au fonctionnement des établissements.
Les médecins diplômés étrangers ont exigé un statut de médecins à part entière en France.
Le numerus clausus a été remplacé par un numerus apertus en 2020, visant à former 70 % d'étudiants supplémentaires d'ici la rentrée 2027.
La répartition des médecins en France a empiré au cours des dix dernières années.
Les médecins ont tendance à rester là où ils ont été formés, ce qui crée des déserts médicaux dans certaines régions.
La proposition de construire de nouvelles facs pour améliorer la répartition des médecins a été discutée.
L'idée du conventionnement sélectif a été rejetée par les médecins libéraux et l'Assemblée Nationale.
Les syndicats de médecins défendent les intérêts de leur corporation, souvent avec succès.
La médecine libérale en France est attachée à sa totale liberté d'installation, contrairement à d'autres pays.
L'Allemagne a adopté une approche différente pour gérer la répartition des médecins avec succès.
La France pourrait apprendre de l'expérience allemande pour résoudre sa crise médicale.
Les défis de la répartition des médecins et de la gestion de la crise de la retraite des médecins restent à résoudre.
Transcripts
Dans les pays occidentaux,
on vit de plus en plus vieux.
Les besoins de soins explosent,
mais pas le nombre de médecins.
En France, on a perdu plus de 10 000 généralistes
depuis 2010.
Parce que si la population vieillit,
les médecins aussi.
Et dans les dix années à venir,
c'est 49 % de la profession
qui doit partir à la retraite.
On a 15 ans de crise devant nous.
Ouais, c'est la merde
et c'est pas moi qui le dit,
c'est l'Organisation Mondiale de la Santé
qui parle d'une "bombe à retardement".
Pourtant, cette situation,
ça fait longtemps qu'on la voit venir.
Et tandis que certains pays
ont essayé de résoudre le problème,
en France,
cette pénurie de médecins, elle a été organisée.
Comment un petit groupe de médecins
est parvenu à limiter l'accès à la profession
pour conserver ses patients.
Dans cette vidéo, on vous explique comment
notre système de santé s'est fait berner.
Nous ne voulons pas que les choses
restent comme elles sont
parce que comme elles sont,
elles ne sont pas bonnes.
Mai ‘68, à Paris les premières lacrymos
sont tirées boulevard Saint-Michel
et par ricochet,
l'agitation gagne rapidement la fac de médecine
de la Sorbonne qui se retrouve derrière un slogan :
"merde aux mandarins".
Les mandarins,
c'est l'élite de la hiérarchie médicale,
les professeurs de médecine,
les directeurs d'hôpital.
En gros, c'est ceux qui font la pluie et le beau temps
sur les carrières médicales.
Les soixante-huitards remettent en cause
cette verticalité, mais pas seulement.
On n'est même pas capable du travail infirmier,
on n'est même pas capable de nettoyer quelqu'un
qui a chié dans son lit.
Et ça, on devrait aussi apprendre
à nous le faire faire.
Or, nous, on ne doit pas y toucher
parce qu'on est médecins, on est la future caste.
Toutes leurs revendications,
il en est qui ne sont pas soutenables.
Comme je l'ai déjà indiqué.
Pour cette élite, Mai '68 est un traumatisme.
D'autant plus qu'avec
une réussite au bac en hausse,
le nombre d'étudiants en médecine
a presque doublé en l'espace de quatre ans,
passant de près de 35 000 en 1963
à 59 800 en 1967.
Autant de révolutionnaires en puissance qui pourraient
menacer la respectabilité de l'institution.
On accueille trop de monde,
on accueille des gens pas assez sélectionnés,
pas forcément issus des milieux sociaux habituels,
en gros des milieux bourgeois
qui alimentaient jusqu’à présent les facultés de médecine.
Des futurs médecins issus de milieux populaires.
Pour les mandarins, c'est une catastrophe.
Ils n'hésitent pas à le dire frontalement.
"D'avoir toléré,
de s'ouvrir aux couches sociales moins raffinées,
notre profession, s'est,
d'une certaine manière, banalisée.
Contre cette démocratisation
de la profession,
les profs de médecine fondent un syndicat.
La presse de l'époque parle d'une terreur blanche,
d'une caste toute puissante,
un syndicat redoutable ayant sous sa coupe
la plupart des parlementaires
de la majorité.
En 1970,
l'Assemblée nationale compte 42 députés médecins.
À elle seule, les professions de santé
représentent plus de 14 % de l'hémicycle.
Ils vont réussir en fait
à faire rentrer un de leurs membres
au cabinet du ministère de la Santé de l’époque.
Ils ont fait tout un travail de lobbying
auprès des universités pour pouvoir
prendre le contrôle des conseils des facultés.
Les syndicats de médecins ont deux inquiétudes.
D'une part, qu'il n'y ait pas assez de place
à l'hôpital pour former ces nouvelles vagues
d'étudiants et, d'autre part,
qu'il n'y ait pas assez de malades
et donc d'être mis en concurrence.
Dire qu'il n'y a pas suffisamment de malades,
c'est un prétexte.
On sait très bien que les véritables motifs
sont des motifs économiques.
Il y a un problème de gâteau à partager
et ce sont des problèmes politiques.
Pourtant, à l'époque,
la France manque déjà de médecins.
Mais l'idée d'en former moins arrange bien
le gouvernement qui cherche à faire des économies.
La logique,
c'est qu'en réduisant l'accès aux soins,
l'assurance maladie dépensera moins.
Plus y’aura de médecins,
plus y’aura de prescripteurs,
plus il y aura de dépenses.
C’est ça le raisonnement hein !
Le médecin arrive dans le village
et il crée plein de malades
et à la fin tout le monde est malade.
Vous aurez pas le prix nobel avec ça.
En 1972, les facultés de médecine
inaugurent donc ce numerus clausus.
Un nombre de places fixé par l'État limitant
le nombre d'entrants en deuxième année
à 8588 étudiants,
soit moitié moins que l'année précédente.
Année après année,
la sélection va s'intensifier.
En 20 ans, le numerus clausus
est divisé par trois,
passant à 3500 étudiants en 1993.
Il faut bien se rendre compte,
pour dix médecins formés en 71,
on n'en forme plus que deux en 93.
Un niveau historiquement bas
qui va se maintenir jusqu'à la fin des années 90.
Et d'un point de vue purement budgétaire,
ça fonctionne.
En réduisant l'offre de médecin,
on réduit le volume de consultation remboursées
par l'assurance maladie.
C'est cynique, mais ça marche.
Mais dans les hôpitaux,
la situation devient rapidement intenable.
Parce que moins d'étudiants,
c'est moins d'internes.
Et un hôpital sans interne, ça ne tourne pas.
Les internes sont utilisés
comme un personnel médical bon marché.
Ce sont eux qui assurent une bonne partie des gardes
et des astreintes pour un taux horaire
inférieur au SMIC.
Alors, dans les années 90,
au plus bas du numerus clausus,
les mobilisations se font de plus en plus intenses.
Mobilisation du personnel hospitalier bien sûr,
mais aussi des médecins étrangers recrutés
pour pallier le manque d'internes et cantonnés
à des statuts inférieurs.
Les médecins diplômés étrangers réclament
un statut de médecins à part entière.
Contre l'avis de la sécurité sociale
et de la direction du budget,
les pouvoirs publics vont se contraindre à remonter
le numerus clausus qui sera remplacé en 2020
par un numerus apertus.
L'objectif former 70 % d'étudiants supplémentaires
dès la rentrée 2027.
Enfin, ça, c'est sur le papier.
Vous avez beau recruter des étudiants en médecine
et les facs de médecine sont pleines.
Mais il faut des gens pour les former.
Vous avez beau supprimer
symboliquement le numerus clausus,
ça ne change rien, en fait.
En réalité, depuis 2020,
le nombre de places n'aurait augmenté que de 5 %.
Les décisions qui ont été prises hier
ont une inertie incroyable,
c'est-à-dire qu’il faudra 15 ans
pour résoudre le problème.
Et au fond, même si en 2039,
on se retrouvait avec des millions de médecins,
la crise ne se résoudra pas
tant qu'on n'aura pas réglé l'autre problème :
la répartition des médecins.
Avoir plus de médecins, c'est bien,
mais en avoir un peu partout, c'est mieux.
Et ça, c'est une autre affaire.
Ces dix dernières années, en France,
la répartition des médecins généralistes a empiré.
Dans toutes ces zones, les habitants ont accès
à moins de trois consultations par an.
Les déserts médicaux sont partout.
Pourquoi ?
Eh bien, déjà parce que les médecins ont tendance
à rester là où ils ont été formés.
Et ça, on le voit bien sur une carte.
Là où il y a une fac, il y a des médecins.
En revanche, pas de fac, pas de médecins.
En fait, c'est assez simple presque tous
les départements perdent des généralistes,
sauf la façade atlantique et les sommets savoyards
qui semblent particulièrement
séduire la profession.
Pour régler le problème,
on pourrait construire de nouvelles facs
pour répartir les lieux de formation,
ce qui permettrait aussi d'augmenter
le nombre d'étudiants formés,
si tant est qu'on ait des gens pour les former.
Mais tout ça prend du temps
et on aura beau en former plus,
s'ils s'installent tous dans les mêmes coins,
on ne sera pas plus avancés.
Raison pour laquelle de plus en plus de voix
demandent d'ores et déjà un équilibrage
entre les zones surdotées et les zones sous-dotées.
Autrement dit,
prendre les médecins là où il y en a trop
pour les mettre là où il n'y en a pas assez.
Ça, c'est ce qu'on appelle
le conventionnement sélectif.
Le principe quand un médecin s'installe
dans une zone déjà surdotée,
ses honoraires ne sont plus remboursés
par la sécurité sociale.
Alors ils peuvent toujours s'y installer,
mais les patients devront
payer leur consultation plein pot.
L’idée, c’est que ces médecins, quand même,
ils coûtent cher à la collectivité
et donc ils ont des comptes à rendre.
C'est ce qu'ont fait le Royaume-Uni,
le Canada ou l'Australie, par exemple.
Mais chez nous, la médecine libérale
reste intimement attachée
à sa totale liberté d'installation.
Ce qui est, je tiens à le préciser, une spécificité française.
Parce que dans les autres pays,
même en Allemagne,
dans les pays scandinaves,
les médecins se pensent comme partie prenante
du service public de santé.
Et l'Allemagne, justement,
est un cas d'école.
Dès 1993, pour combler la pénurie
de médecins à l'Est après la chute du Mur,
elle fixe un nombre de médecins à atteindre
pour chaque zone et chaque spécialité.
Le calcul de ce seuil intègre tout un tas
de données démographiques
comme le nombre d'habitants,
leur âge moyen,
l'éloignement des cabinets médicaux
ou encore les pathologies fréquentes.
Arrivé à 110 % de ce seuil, la zone est surdotée,
la catégorie est bouchée
et seul le départ d'un médecin
peut permettre l'arrivée d'un autre.
Un fonctionnement qui semble porter ses fruits,
à en juger par la densité médicale allemande
qui a progressé près de dix fois plus vite
que celle de la France entre 2000 et 2014.
Alors si ça marche,
pourquoi est ce qu'on ne fait pas ça chez nous ?
Et bien, figurez-vous qu'on l'a fait
pour toutes les professions de santé, en fait.
Sauf une : les médecins !
Les infirmières, les kinés, les pharmaciens
ou encore les sages-femmes ne peuvent pas s'installer
dans les zones surdotées.
Et clairement, niveau répartition,
ça fonctionne.
Leur densité s'est améliorée ces dernières années.
Alors, en 2023, il a été question d'introduire
le conventionnement sélectif pour les médecins.
Mais les médecins libéraux
n'étaient clairement pas chauds.
"Ça n'a pas de sens aujourd'hui d'interdire
à des jeunes médecins de s'installer
dans des zones comme ça."
L'amendement a été rejeté par l'Assemblée Nationale
et notamment à l'unanimité des députés médecins
qui étaient présents lors du vote.
Les syndicats de médecins s'opposent logiquement
à toute remise en cause de leurs droits
et c'est bien normal.
Ils défendent les intérêts de leur corporation,
une corporation particulièrement redoutée
par les responsables politiques.
"Je ne pense pas que ce soit en empêchant
des généralistes de s'installer
dans des zones où il y aurait trop de médecins
qu'on va répondre à leurs difficultés."
"Vous avez tous les deux assez peur de parler
de remise en cause de cette liberté."
Les décideurs politiques ont une trouille bleue
qu’on a un déficit de médecins généralistes,
donc leur pouvoir de négociation avec les pouvoirs publics
est devenu maximal.
Ils pensent qu’un médecin voit 30 patients par jour
et que donc il peut influencer le vote de 30 électeurs.
Mais alors, est ce qu'on peut pour autant parler
d'un lobby médecin ?
Pas vraiment.
Si la profession a toujours été
sur-représentée en politique,
et notamment à l'Assemblée Nationale,
parler d'un lobby médecin relève du mythe.
Tout simplement parce que
pour des raisons institutionnelles,
le Parlement n’a pas beaucoup de pouvoir
sous la 5ème république.
À contrario, si on parle du pouvoir médical à l’assemblée,
les profs sont surreprésentés à l’assemblée.
Vous avez l’impression que l’école va bien ?
Non, en fait.
Mais bon, un mythe est un mythe,
c’est à dire, il peut être faux,
mais si tout le monde y croit, il est vrai.
Alors après 50 ans de tergiversations
face à un lobby imaginaire,
peut-être est-il temps de faire face à cette crise
qui n'en est encore qu'à son début.
Près de la moitié des médecins partiront
à la retraite dans les dix ans à venir,
alors que les hôpitaux sont saturés.
Qui s'occupera de leurs patients ?
Et bien, rendez-vous dans quinze ans.
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