La Révolution Française de 1789 à 1792
Summary
TLDRCette vidéo offre un aperçu captivant de la Révolution française, l'un des événements marquants de l'histoire de France. Abordant les premières années tumultueuses entre 1789 et 1792, elle retrace les principales étapes de cette période révolutionnaire, depuis la convocation des États généraux jusqu'à l'abolition de la monarchie et l'avènement de la République. À travers une narration vivante, elle explore les motivations, les conflits et les personnages emblématiques de cette époque charnière, permettant au spectateur de mieux comprendre les enjeux complexes et les répercussions durables de cette révolution majeure.
Takeaways
- 😃 La Révolution française, un événement majeur de l'histoire, a profondément marqué la société et l'imaginaire collectif, donnant lieu à de nombreuses représentations artistiques et culturelles.
- 🤔 Bien qu'abondamment documentée, la Révolution française reste complexe et difficile à appréhender dans sa globalité, nécessitant une vue d'ensemble avant d'approfondir les détails.
- 🗳️ Les États Généraux de 1789, convoqués initialement pour résoudre la crise financière, ont rapidement échappé au contrôle royal et marqué la fin de la monarchie absolue avec l'adoption de la Déclaration des Droits de l'Homme.
- 🔥 Des événements clés comme la prise de la Bastille, la Grande Peur paysanne et les journées révolutionnaires d'octobre 1789 ont profondément ébranlé l'Ancien Régime.
- ⚖️ L'Assemblée Constituante a mené des réformes majeures, telles que l'abolition des privilèges, la nationalisation des biens du clergé et la refonte de l'administration territoriale.
- 🙅♂️ Le refus du roi Louis XVI d'adhérer pleinement aux changements révolutionnaires et sa tentative de fuite ont alimenté la défiance populaire et conduit à sa destitution en 1792.
- 🇫🇷 La proclamation de la République le 21 septembre 1792 a marqué une étape décisive dans la Révolution, mais les tensions et les conflits se sont poursuivis avec l'aggravation de la situation économique et militaire.
- 🌍 La Révolution française a suscité des réactions contrastées, allant de l'enthousiasme révolutionnaire à la contre-révolution, tant en France que dans les pays voisins.
- 📜 Les archives et sources primaires abondantes, telles que les journaux, les pétitions et les correspondances, offrent une riche documentation pour étudier la Révolution française.
- 🗣️ Malgré les bouleversements, la vie quotidienne a continué pour la population, qui a vécu et ressenti de manière diverse les changements profonds apportés par la Révolution.
Q & A
Quelle était la principale motivation derrière la convocation des États généraux en 1789 ?
-Le roi Louis XVI a convoqué les États généraux dans le but d'obtenir de nouveaux moyens pour reconstituer le trésor de l'État et éponger la dette abyssale du royaume.
Qu'est-ce que le « Serment du Jeu de Paume » ?
-Le 20 juin 1789, l'immense majorité des députés des États généraux, y compris des députés nobles et religieux, ont prononcé le « Serment du Jeu de Paume » promettant de donner une constitution à la France, marquant ainsi la fin de la monarchie absolue.
Que s'est-il passé le 14 juillet 1789 ?
-Le 14 juillet 1789, les Parisiens ont attaqué et pris la Bastille, une vieille forteresse parisienne, dans un mouvement visant à défendre l'Assemblée nationale naissante. Cet événement a entraîné environ 600 morts.
Qu'est-ce que la « Nuit du 4 août » ?
-La « Nuit du 4 août » 1789 est la nuit où les nobles et les ecclésiastiques de l'Assemblée ont renoncé à leurs privilèges et aux droits féodaux, marquant l'abolition de l'Ancien Régime.
Qu'est-ce que la « Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen » ?
-Adoptée le 26 août 1789, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen est le texte fondateur des droits individuels et collectifs qui servira de base à la future constitution française.
Qu'est-il arrivé aux biens du clergé pendant la Révolution ?
-Les biens du clergé, qui représentaient environ 10% des terres agricoles utiles, ont été nationalisés et mis en vente pour résoudre les problèmes financiers de l'État, mais ces terres ont été majoritairement achetées par les riches.
Pourquoi le roi Louis XVI a-t-il tenté de fuir Paris en juin 1791 ?
-Louis XVI, qui avait perdu une grande partie de son pouvoir, a tenté de fuir Paris dans la nuit du 20 au 21 juin 1791 avec sa famille, mais ils ont été reconnus et arrêtés à Varennes, révélant ainsi la trahison du roi.
Qu'étaient les « massacres de septembre » ?
-Entre le 2 et le 5 septembre 1792, des révolutionnaires parisiens sont entrés dans les prisons et ont massacré plus de 1500 prisonniers, soupçonnés de comploter en faveur du roi, dans des conditions épouvantables.
Quels étaient les deux principaux groupes politiques à la Convention nationale ?
-Les deux principaux groupes politiques à la Convention étaient les Montagnards, environ une centaine de députés radicaux favorables à un État protecteur et guidant les citoyens, et les Girondins, environ 200 députés plus libéraux.
Quand la République française a-t-elle été officiellement proclamée ?
-C'est le 21 septembre 1792 que la Convention nationale a décrété que tous les actes seraient datés « de l'An premier de la République », proclamant ainsi pour la première fois la République française.
Outlines
🗣️ Introduction et contexte de la Révolution française
Ce paragraphe introduit le sujet de la Révolution française en soulignant sa complexité et son importance dans l'histoire. Il explique l'objectif de la vidéo, qui est de fournir une vue d'ensemble synthétique des trois premières années de la Révolution de 1789 à 1792. Il mentionne également les images emblématiques associées à cette période, comme la prise de la Bastille, Robespierre, la Terreur, Marat, Napoléon Bonaparte, et les événements clés tels que la Déclaration des droits de l'homme et la bataille de Valmy.
🏛️ Les États Généraux et la formation de l'Assemblée Nationale Constituante
Ce paragraphe détaille les événements entourant la convocation des États Généraux par le roi Louis XVI en 1789 dans le but de résoudre la crise financière. Il explique la structure des trois ordres (clergé, noblesse et tiers état) et les tensions liées à leur représentation inégale. Il décrit la formation de l'Assemblée Nationale Constituante suite au Serment du Jeu de Paume, marquant la fin de la monarchie absolue. Il aborde également la prise de la Bastille, la Grande Peur, la Nuit du 4 août où les privilèges sont abolis, et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
⚖️ Les réformes de l'Assemblée Nationale Constituante
Ce paragraphe détaille les réformes entreprises par l'Assemblée Nationale Constituante entre 1789 et 1791. Il mentionne la nationalisation des biens du clergé, la création de l'assignat (une nouvelle monnaie) et la Constitution civile du clergé, qui ont suscité des tensions avec l'Église. Il aborde également la tentative de fuite du roi Louis XVI et son arrestation à Varennes, ainsi que la répression de manifestations républicaines au Champ de Mars. Il souligne les mécontentements persistants de divers groupes, tels que les paysans, les nobles et le clergé réfractaire, malgré les réformes.
🇫🇷 La naissance de la République française
Ce dernier paragraphe relate les événements ayant mené à la proclamation de la République française le 21 septembre 1792. Il décrit la situation tendue à Paris, avec l'arrivée des fédérés révolutionnaires, la prise des Tuileries et la déchéance du roi Louis XVI. Il mentionne les massacres de septembre contre les prisonniers suspects, ainsi que les élections à la Convention nationale. Il explique la division entre les Montagnards radicaux et les Girondins plus modérés au sein de la Convention, avant la décision historique d'instaurer la République. Le paragraphe se termine par une ouverture sur la suite de la Révolution.
Mindmap
Keywords
💡Révolution française
💡États Généraux
💡Tiers état
💡Prise de la Bastille
💡Monarchie constitutionnelle
💡Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen
💡République
💡Terreur
💡Sans-culottes
💡Cahiers de doléances
Highlights
La période de la Révolution française a fait l'objet de beaucoup d'œuvres culturelles, mais pour la plupart des gens, c'est assez compliqué de s'y retrouver dans ce bouleversement historique.
Les sources pour comprendre la Révolution sont très nombreuses et abondantes, notamment les archives parlementaires, les journaux, les images politiques, la musique, la peinture, les objets commémoratifs, etc.
Entre 1789 et 1799, les Français dans leur ensemble ont eu la certitude qu'ils vivaient une révolution, comme en témoignent les titres de journaux de l'époque.
À partir de 1790, le projet de "terminer la Révolution" est répété par tous les dirigeants successifs, jusqu'à ce que Napoléon Bonaparte concrétise ce projet.
La convocation des États Généraux en 1788 par Louis XVI visait à obtenir de nouveaux moyens pour reconstituer le trésor de l'État, la dernière réunion de cette assemblée remontant à 1614.
La représentation du Tiers État aux États Généraux était disproportionnée par rapport à sa démographie, malgré les tentatives de Louis XVI d'atténuer cette injustice.
Les cahiers de doléances rédigés dans tout le pays ont exprimé un rejet généralisé du système monarchique ancien et de la société par ordres.
Le 14 juillet 1789, les Parisiens ont attaqué et pris la Bastille, événement symbolique marquant le début de la Révolution.
La "Nuit du 4 août" a vu les nobles et le clergé renoncer à leurs privilèges, bien que de manière subtile pour certains.
La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, adoptée en août 1789, a posé les bases de la future constitution.
Les événements des 5 et 6 octobre 1789 ont contraint Louis XVI à quitter Versailles pour s'installer à Paris, sous le contrôle direct des Parisiens.
De 1789 à 1791, l'Assemblée Nationale Constituante a réalisé un travail extraordinaire en élaborant une constitution et en réformant en profondeur les institutions du pays.
La Constitution Civile du Clergé, adoptée en 1790, a suscité l'opposition d'une partie du clergé qui a refusé de prêter serment, contribuant à la crise religieuse.
La tentative de fuite de Louis XVI à Varennes en juin 1791 a été un échec cuisant qui a discrédité le roi auprès du peuple.
Les massacres de septembre 1792 dans les prisons parisiennes ont illustré l'incapacité des autorités à contrôler les violences révolutionnaires.
Transcripts
Mes chers camarades, bien le bonjour !
La Révolution française, on en a tous bouffé à l’école ! La période a fait l’objet
de beaucoup de films, de livres, de BD, de jeux vidéos ou d’émissions d’histoire larmoyante sur
le pauvre destin de la pauvre Marie Antoinette… voilà. Pourtant, pour la plupart des gens
c’est assez compliqué de s’y retrouver dans tout ce bordel qu’est la Révolution. Ce que je vous
propose aujourd’hui, c’est donc de tenter de faire une petite vidéo de synthèse qui
sera forcément incomplète puisque le sujet est très complexe. Mais c’est pas très grave, avant
d’approfondir les choses, c’est bien d’avoir une vue d’ensemble, et puis j’ai fait d’autres vidéos
plus précises sur des sujets bien spécifiques liés à la Révolution française ! Dans cette vidéo on
va donc se concentrer sur les trois premières années, de 1789 à 1792.
On a tous des images en tête lorsque l’on évoque la révolution : la prise de la Bastille. Le
méchant Robespierre, tout raide, impitoyable. La Terreur, terrifiante évidemment. Marat le
sanguinaire, assassiné dans sa baignoire. Et à la fin, Napoléon Bonaparte qui prend le pouvoir. Il
y a une statue de Danton à Paris, un monument aux girondins à Bordeaux. Tous les
ans au Puy du Fou, un spectacle impressionnant et un poil partial célèbre les Vendéens,
soulevés contre la cruauté parisienne et massacrés sans pitié. On se rappelle aussi un
peu la Déclaration des Droits de l’Homme. Et puis en fouillant dans ses cahiers, on se souvient que
les armées françaises ont repoussé les ennemis à Valmy. Ah et puis il y a les sans-culottes, aussi. Ils
s’appelaient « citoyens » et se tutoyaient. Il y a eu la République – la première. On a chanté
et on chante encore la Marseillaise, notamment avant les finales de coupe du monde de foot. Bref,
pendant 10 ans, entre 1789 et 1799, ça a été un sacré boxon. Anecdote rigolote d’ailleurs : la
Tour Eiffel elle-même a été construite pour commémorer les 100 ans de la Révolution.
On va essayer de remettre un peu d’ordre pour comprendre ce qui s’est passé durant ces
dix années, et pourquoi on s’en souvient encore. Même que les hommes politiques
s’indignent quand un jeu vidéo en dit du mal, ou quand on a dépensé des millions de
Francs pour en célébrer les 200 ans ! D’abord, la Révolution, on l’étudie
grâce à une quantité invraisemblable de sources. Les archives parlementaires, par exemple : plus
de 80 énormes volumes publiés à ce jour, chaque volume pesant plus de 3 kilos. Des volumes qui contiennent les lois,
les débats, les lettres, et les pétitions reçues par les différentes assemblées et qui ne couvrent que
la période 1789-1794. Il y a aussi les journaux : plus de 500 titres plus ou moins éphémères qui
ont été publiés ; des images politiques aussi par milliers, un peu comme les posters de Che
Guevara qu’on vend aujourd’hui dans le métro ; de la musique ; de la peinture, comme le Marat
assassiné de David ; des pièces de théâtre ; des objets : on a transformé des pierres de
la Bastille en modèles réduits de la Bastille par exemple ; et même des souvenirs par centaines…
Bref, aucun historien de la Révolution n’a épuisé le stock, et une part de ce dernier est
encore inconnu. Oui, on connaît pas tout de la Révolution ! C’est plutôt cool en fait !
Ce qui est net, c’est qu’entre 1789 et 1799, les Français dans leur ensemble ont eu la certitude
qu’ils vivaient une révolution. Un journal s’appelle « Les Révolutions de Paris », un
autre « Les Révolutions de France et de Brabant » ; en 1792 Robespierre demande : « Citoyens,
vouliez-vous une Révolution sans Révolution ? » quand il s’agit de savoir ce qu’on va faire du roi
déchu, Louis XVI, devenu Louis Capet. À partir de 1790, le projet de « terminer la Révolution » est
répété par tous les dirigeants successifs – c’est d’ailleurs Napoléon Bonaparte qui concrétise ce
projet. Certains ont adoré la Révolution, d’autres l’ont combattue et haïe : tous l’ont vécue,
jusque dans les campagnes les plus reculées, même si tous ont continué à vivre, à manger, à dormir,
à travailler, à aimer et à craindre le lendemain. Au commencement de cette décennie extraordinaire,
il y a en 1788 une dette que le roi Louis XVI veut éponger. Ses ministres des finances ont tenté
tous les moyens connus par la monarchie absolue depuis six ans mais rien n’y fait : la dette est
abyssale ; chaque année, les revenus du royaume n’épongent qu’une partie des intérêts de cette
dette. Alors le roi convoque les États Généraux : une assemblée extraordinaire représentant
le royaume. Le but ? Obtenir des moyens nouveaux pour reconstituer le trésor de l’État. La dernière
fois, c’était en 1614 ! Il faut une année pour mettre en place cette assemblée. Elle
regroupe des représentants des trois ordres de la nation : le clergé et la noblesse, qui à eux deux
représentent 3% de la population, et le tiers état, « ceux qui travaillent », soit les 97% restant.
Chaque ordre a en principe autant d’élus, mais évidemment, on est assez loin d’une représentation
proportionnelle et ça n’est pas le cas. Seulement voilà, si sur le papier c’est sympa
que le peuple soit représenté, dans les faits, il y a une astuce rigolote pour l’empêcher de passer en
force sur des thématiques qui lui tiennent à coeur. Chaque ordre a une voix. C'est-à-dire que tous
les députés d’un ordre se mettent d’accord sur un vote, et ça ne compte que pour leur propre ordre.
Si le clergé et la noblesse votent ensemble, ils ont donc toujours deux voix contre une.
Plutôt malin ! En 1614, ça passait encore. En 1789,
beaucoup trouvent que cette façon de faire est très injuste, et on les comprend. Même
les nobles, comme le Marquis de Lafayette, ou des ecclésiastiques, comme l’abbé Grégoire
ou l’abbé Sieyès, voudraient que ce soit plus équitable : par exemple, que le tiers état ait
plus de députés, et que chaque député ait une voix. Le roi, Louis XVI, trouve alors une
solution… plutôt maladroite ! Il accepte que le tiers état ait deux fois plus de députés que les
autres ordres, mais il maintient le vote par ordre. En gros, ça sert pas à
grand-chose et ça passe assez mal ! En plus, dans toutes les paroisses, dans tous les
quartiers des villes (souvent appelés « districts »), il y a des assemblées pour désigner les
représentants et pour élaborer des « cahiers de doléances », où ils expliquent ce qui ne va pas.
Ça fait partie de la tradition. Mais des trucs qui vont mal, il y en a beaucoup : mauvaises récoltes,
impôts écrasants, tyrannie des seigneurs… Les 60.000 cahiers de doléances - oui ça fait beaucoup, et les
sources pour comprendre la Révolution, il y en a vraiment un gros paquet - ces cahiers de doléances, ils disent globalement
que le système monarchique ancien, ça ne va plus du tout, et que le système
des trois ordres, il est totalement dépassé ! La pensée des « Philosophes des Lumières » comme
Rousseau ou Montesquieu s’est largement répandue tout au long du XVIIIe siècle. Et donc,
dans un premier temps, les États Généraux échappent totalement au contrôle royal. Ils
se réunissent de façon traditionnelle le 5 mai 1789 à Versailles, mais le 20 juin, l’immense
majorité des députés (y compris nombre de députés nobles et religieux) prononcent le « Serment du
Jeu de Paume » et promettent de donner, carrément, une constitution à la France. Louis XVI et son
gouvernement sont mécontents, mais ils se résignent : le 9 juillet, le roi demande à « son clergé » et
à « sa noblesse » de rejoindre le tiers état, et les États Généraux deviennent l’Assemblée
Nationale Constituante. C’est la fin de la monarchie absolue. Si vous voulez une image
rigolote pour retenir tout ça, Louis XVI c’est le docteur Frankenstein et les États Généraux
c’est sa créature qui se retourne contre lui ! Bref, si le roi fait mine de céder en apparence,
il demande quand même à ses armées de se rapprocher de Versailles. Et évidemment,
ça se sait assez vite ! À Paris, on craint déjà la contre-révolution. Il faut défendre
l’Assemblée toute neuve et pour ça, les Parisiens attaquent la vieille forteresse
parisienne de la Bastille, qui était devenue une prison presque abandonnée. Cette prison,
elle est tout de même bien défendue par des troupes armées. Résultat : 600 morts
dans des affrontements le 14 juillet. Louis XVI se résigne, encore, et la majeure partie
des troupes se retire. Mais la crainte qui a mobilisé les Parisiens se diffuse dans toute
la France, et les paysans se soulèvent : c’est ce qu’on appelle la « grande peur » où des troupes
de paysans viennent dans les châteaux et détruisent des armoiries des nobles et
surtout les documents fiscaux qui établissent les impôts qu’on devrait payer aux seigneurs.
Du coup, pour calmer le jeu, les nobles et les ecclésiastiques de l’assemblée,
qui… constatent que le mouvement est assez puissant, décident de renoncer à leurs « privilèges » et
aux « droits féodaux », au cours de la fameuse « Nuit du 4 août ». Mais ça, c’est en apparence puisque
qu’il y a des petites finesses, des subtilités qui leur permettent de garder des impôts… Ça laisse pas
mal de paysans un peu frustrés, mais quand même : on en a enfin fini avec « L’Ancien régime » et
la société des trois ordres. Ce qui est pas rien, puisque ça représente quand même,
au bas mot, 700 ans d’histoire. Cette abolition des privilèges,
dont on parle assez souvent, est confirmée le 26 août suivant avec la « Déclaration des Droits de
l’Homme et du Citoyen » : la base de la future constitution. Elle nous présente la célèbre
phrase que vous connaissez tous « Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ».
Les 5 et 6 octobre suivant, nouveau coup de colère des Parisiens : non seulement
ils ont du mal à trouver du pain alors que les récoltes n’ont pas été mauvaises, mais en
plus Louis XVI refuse de signer la Déclaration des Droits de l’Homme dont on vient de parler.
Le gars il a pas compris que les Parisiens, fallait pas les énerver… pas très malin !
Du coup, une immense manifestation d’abord initiée par des femmes (on y reviendra,
sur le rôle des femmes !) se rend à Versailles, avec quelques canons parce que ça peut toujours
servir. La situation est donc disons… tendue ! Louis XVI, conseillé par un entourage du genre prudent,
signe la Déclaration et en plus accepte de quitter Versailles pour s’installer dans le Palais des
Tuileries à Paris, avec Marie-Antoinette la reine, et son fils, le dauphin Louis.
Comme on dit : « Le boulanger, la boulangère et le petit mitron » quittent Versailles,
le Palais du roi-Soleil. Désormais, le roi est sous le contrôle direct des Parisiens.
L’Assemblée a suivi le roi, bien sûr. Et pendant deux ans, les députés abattent un travail
littéralement extraordinaire. Ils élaborent, comme promis, une constitution : la France sera
une monarchie constitutionnelle. Ils transforment totalement la géographie administrative du pays,
en créant les départements, les cantons et les communes : désormais, pour le fisc, pour
la justice, pour la religion même, les Français vivent dans un espace uniformisé qui aujourd’hui
encore reste notre base. Ils préparent une fiscalité universelle, ils réforment la justice,
ils achèvent d’établir l’égalité des droits… Le tout, alors que les caisses sont toujours
aussi vides, il faut le rappeler ! Le 2 novembre 1789, c’est Talleyrand,
évêque d’Autun, qui propose de donner les biens du clergé à la Nation pour résoudre le problème. Du
coup les terres que le clergé louait aux paysans, soit environ 10% de la surface agricole utile, sont
mises en vente. Évidemment, ces terres sont achetées le plus souvent par les riches ; du coup, plein
de paysans qui espéraient devenir propriétaires restent locataires et sont un peu grognons parce
qu’en fait ils ont juste changé de proprio… Et qu’en plus, les loyers risquent d’augmenter !
Les députés, eux, décident de créer une monnaie, l’assignat, et cette monnaie représente l’argent
de la vente des biens du clergé - autrement dit, un argent qui n’est pas encore dans les
caisses puisque la vente prend beaucoup de temps. Vous imaginez bien que la confiance
dans cette monnaie de papier, elle est très vite nulle ! Et ces biens du clergé, le clergé en vivait : or
les Français, dans leur immense majorité, sont catholiques et souvent, ils aiment bien
leur curé. Alors on invente un autre truc nouveau : la Constitution Civile du clergé.
En gros, on ferme les monastères ; les curés deviennent des fonctionnaires payés par la
Nation et élus dans leur commune, et on va leur demander de jurer qu’ils soient fidèles à la
Constitution. Sauf que beaucoup de curés (et presque tous les évêques)
refusent : eux, ils ne jurent que devant Dieu ! Et dans les régions où ils sont bien aimés,
la population les soutient : il y a donc des curés « jureurs » et des
curés « réfractaires ». Parmi ces derniers, beaucoup commencent à faire comme nombre de
nobles : ils quittent la France, ils « émigrent ». Évidemment, le roi aimerait bien faire pareil. Il
tente même le truc dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, avec son épouse et ses enfants : déguisés,
ils s’installent dans une belle diligence bien visible et partent vers l’est.
On est clairement sur l’action la plus discrète qui soit… de vrais ombres… l’ombre de la lune
sur une plaine sans arbre quoi ! Ils sont évidemment reconnus, arrêtés à Varennes,
à 230 kilomètres de Paris, puis reconduits directement aux Tuileries. Dans le genre coup foireux,
ça se pose là : non seulement c’est raté, mais en plus tout le monde sait que le roi
a trahi puisqu’il a laissé une belle lettre bien claire pour expliquer son départ. Champion !
Pour ne rien arranger à sa situation, on s’est rendu compte que le départ du
roi n’a pas empêché la Terre de tourner. On se moque du roi fuyard, du roi cochon et de
plus en plus de gens demandent qu’à la place d’une monarchie, on crée une république. Pour
calmer les plus téméraires, on fait au plus simple : quand ils manifestent le 17 juillet
1791 sur le Champ de Mars, on les mitraille ! Un peu brutal, pas très efficace, mais ça soulage !
Et donc on fait comme si tout allait bien : la monarchie constitutionnelle
est installée avec Louis XVI, toujours à sa place, et on élit une assemblée,
la Législative, pour terminer la Révolution. Mais si on fait les comptes : les Républicains
sont mécontents, beaucoup de paysans sont mécontents, le peuple des villes n’est pas
jouasse, les nobles sont furieux, les prêtres sont pas vraiment enthousiastes, et le roi est pas trop convaincu.
Et puis il y a ses cousins, collègues et amis de Prusse, de l’Empire, d’Angleterre, d’Espagne… qui sont assez inquiets
aussi parce que bah chez eux, ça commence à bouger. Bref : la nouvelle France a un peu de soucis
à se faire, et tout ça va partir en sucette ! L’économie ne va pas mieux et des révoltes
sociales éclatent un peu partout en France comme à Meaux où le maire est carrément tué par la
foule. La plus riche des colonies françaises, Saint-Domingue, s’embrase parce que les esclaves
se révoltent sous la direction de Toussaint Louverture. L’opposition est de plus en plus
organisée et efficace, avec le « Club des Jacobins », une société devenue pro-républicaine : elle est
présente sur tout le territoire et à sa tête, Robespierre, un avocat, joue un rôle important.
Avec le reste de l’Europe, ça ne va pas beaucoup mieux et beaucoup de dirigeants français pensent
qu’il faudrait bien une bonne petite guerre pour permettre de se sortir de cette situation !
Ça relance l’économie, ça donne une activité aux chômeurs… Et du côté des monarchistes,
si la France la perd, ça permettra de rétablir l’ordre traditionnel. Or justement,
la plupart des gradés de l’armée sont des monarchistes nostalgiques. Du coup on peut
compter sur eux pour ne pas trop se fouler quand les conflits éclateront avec leurs voisins.
Malgré quelques opposants, Louis XVI annonce donc à l’Assemblée Législative qu’il déclare la guerre
à l’Autriche le 20 avril 1792. Et comme prévu, c’est la catastrophe : les armées françaises
sont rapidement débordées au point qu’un général est pendu par ses propres troupes ! Les Prussiens,
les Autrichiens, les Espagnols avancent au point que l’Assemblée déclare « La Patrie en Danger » et
demande que des volontaires s’engagent pour renforcer l’armée de métier. C’est un succès
immense, et des dizaines de milliers de patriotes s’engagent dans le conflit. Ils arrivent à Paris
à l’été 1792, et beaucoup d’entre eux sont des révolutionnaires jacobins et républicains…
Vous voyez le souci ? À Paris, il y a déjà plein de révolutionnaires jacobins et
républicains. Avec les « fédérés », qui sont venus de toute la France, le climat de méfiance envers le roi,
les anciens nobles, et les prêtres réfractaires va grandir considérablement. Le marquis de La Fayette
lui-même passe à l’ennemi et va fuir vers Liège. À Paris, les révolutionnaires sentent le vent
de la trahison à tous les coins de rues. Déjà, le 20 juin, le roi avait été mis en danger lors
d’une première manifestation aux Tuileries. Le 10 août 1792, une véritable armée révolutionnaire,
mêlant Parisiens et fédérés, prend les Tuileries d’assaut. Il y a plus de 600 morts. Louis XVI se
réfugie à l’Assemblée Législative qui doit se résigner à reconnaître la déchéance du roi.
Oui, il est déchu, et en même temps, il a été assez décevant.
La famille royale est enfermée au Temple, l’ancien monastère des Templiers dans le
nord de Paris. Pendant deux mois, les Français vivent sous un gouvernement étrange : ce n’est
plus une monarchie, mais ça n’est pas encore une république. Dans l’urgence,
la Législative décide qu’une Convention sera élue pour adopter une nouvelle Constitution,
et elle adopte des lois d’exception contre les suspects, organisant un premier Tribunal
extraordinaire qui fait guillotiner quelques premiers condamnés. À ce moment-là, Danton,
ancien avocat très populaire, est au sommet de sa carrière. Il sert d’intermédiaire
entre la Législative et la Commune de Paris, c’est à dire le gouvernement révolutionnaire de Paris.
Avant de partir défendre la Patrie, les Parisiens écoutent une rumeur qui dit que dans les prisons,
les nobles favorables au roi complotent et s’apprêtent à rétablir l’ancien régime une fois
les soldats partis au front. Les révolutionnaires entrent dans les prisons, installent une mascarade
de tribunal et, pendant trois jours, font passer des milliers de prisonniers en « jugement ».
Ou plutôt une parodie de jugement. Plus de 1500 prisonniers sont massacrés,
dans des conditions épouvantables, entre le 2 et le 5 septembre. La Commune et la Législative,
clairement, ont beaucoup de mal à canaliser ce débordement de haine.
Pourtant les élections se tiennent, et 750 députés sont élus dans toute la France,
au suffrage universel masculin. Ces députés ont des idées très variées. Une centaine sont très
radicaux, favorables à un État qui protège et guide les citoyens : on va les appeller les
Montagnards car ils s’installent en haut de la Convention. Des personnalités comme Robespierre, Marat ou Danton en
font partie. D’autres, environ 200, sont plus libéraux, comme Brissot ou Vergniaud : on les appelle les Girondins,
car beaucoup ont été élus à Bordeaux. Le 20 septembre, ils se réunissent
pour la première fois dans la salle du Manège des Tuileries et le lendemain,
ils décident que tous les actes seront datés « de l’An premier de la République » .
Et c’est comme ça que le 21 septembre 1792, pour la première fois dans l’histoire de
France, l’État est devenu une République. C’est une nouvelle
ère qui s’ouvre mais c’est loin d’être la fin de cette révolution…
J’espère que cet épisode très synthétique vous aura permis d’y voir un petit peu plus clair
sur les motivations de la Révolution et son déroulement. Merci à Olivier Coquard pour
la préparation de cette émission, il a publié il y a quelques temps “Quand le monde a basculé”
qui raconte la Révolution, et il connait plutôt bien l’affaire ! Bien entendu on
abordera la suite dans un autre épisode, mais en attendant qu’il sorte eh bien vous pouvez toujours vous
consoler en allant me suivre sur Instagram, où je poste pas mal de petites vidéos. À très bientôt sur Nota Bene, salut !
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