Des dieux romains au christianisme, l'évolution de la religion romaine

Nota Bene
26 Feb 202418:08

Summary

TLDRCe script explore l'évolution de la religion romaine à travers les âges, mettant en lumière les influences des peuples indo-européens, étrusques, et grecs sur les croyances et les pratiques romaines. Il détaille les transitions importantes, comme l'introduction de nouvelles divinités et le mélange de cultes qui ont marqué l'histoire romaine, jusqu'à l'avènement du christianisme comme religion dominante. En soulignant la flexibilité et l'adaptabilité des Romains face aux changements religieux, le narrateur invite à une réflexion sur l'importance des rites, la sacralité de l'espace urbain, et l'impact des interactions culturelles sur la foi d'une civilisation.

Takeaways

  • 😀 Les rituels sont au cœur de la religion romaine, essentielle à la vie civique des Romains.
  • 📚 Selon Georges Dumézil, les Indo-Européens, ancêtres des Romains, distinguaient trois fonctions sociales majeures : le sacré, la guerre et la production, reflétées dans les divinités Jupiter, Mars et Quirinus.
  • 🏛️ La ville de Rome est conçue comme un espace sacré, avec des pratiques spécifiques pour ne pas profaner ce sacré, comme le placement des tombes hors des limites de la ville.
  • 🔄 La religion romaine a évolué avec l'Histoire, intégrant de nouvelles divinités et modifiant ses pratiques au fil des rencontres avec d'autres cultures, notamment grecques et étrusques.
  • 🤝 L'adoption de nouvelles divinités par les Romains reflète souvent des échanges culturels, notamment avec les Grecs, et des besoins sociétaux, comme lors d'épidémies.
  • 📈 La romanisation et l'assimilation des divinités étrangères montrent la flexibilité et l'adaptabilité de la religion romaine face à l'expansion de l'Empire.
  • 👑 L'introduction du culte impérial sous Auguste marque une transformation majeure, divinisant les empereurs et unifiant le culte à travers l'Empire.
  • 🌍 La pratique de l'interpretatio permet aux Romains d'assimiler des divinités étrangères, facilitant ainsi la romanisation des peuples conquis.
  • 🔥 Des crises internes et des menaces externes au 3e siècle conduisent à une xénophobie accrue et à des persécutions, particulièrement contre les chrétiens.
  • ✝️ L'adoption du christianisme comme religion officielle de l'Empire par l'édit de Théodose en 380 marque la fin de la religion romaine classique et le début d'une nouvelle ère.

Q & A

  • Qui était Georges Dumézil et quel était son apport à l'étude de la religion romaine ?

    -Georges Dumézil était un historien des religions spécialisé dans l'étude des mythologies et des sociétés indo-européennes. Son apport majeur à l'étude de la religion romaine réside dans sa théorie de la trifonctionnalité, selon laquelle les sociétés indo-européennes, y compris la Rome antique, étaient structurées autour de trois fonctions sociales et religieuses principales : le sacré (prêtres), la guerre (guerriers) et la production (agriculteurs).

  • Quelle était la triade de divinités la plus ancienne à Rome selon la tradition indo-européenne ?

    -Selon la tradition indo-européenne, la triade de divinités la plus ancienne à Rome était composée de Jupiter, le dieu du Ciel et roi des dieux, associé à la souveraineté et au sacré ; Mars, le dieu de la Guerre ; et Quirinus, le dieu des citoyens de la société civile, associé à la production.

  • Comment la religion romaine intégrait-elle l'espace sacré dans l'organisation de la ville ?

    -La religion romaine accordait une importance capitale à l'espace sacré, considérant la ville entière comme un espace sacré, ou 'templum'. Les Étrusques, influençant les Romains, avaient pour coutume de délimiter cet espace sacré avant toute construction, utilisant le 'pomerium', un sillon tracé lors d'un rite officiel. Ce concept était central lors de la fondation de Rome et des colonies romaines, symbolisant un contrat renouvelé avec les dieux.

  • Quel impact ont eu les Étrusques et les Grecs sur la religion romaine ?

    -Les Étrusques et les Grecs ont eu un impact considérable sur la religion romaine. Les Étrusques, qui ont dirigé Rome entre 616 et 509 avant notre ère, ont introduit de nouvelles divinités et pratiques religieuses, y compris la triade capitoline. Les Grecs, présents en Italie depuis au moins le 8e siècle avant notre ère, ont influencé la religion romaine par leurs mythes, dieux, et pratiques cultuelles, menant à l'assimilation et à l'adoption de divinités grecques par les Romains.

  • Comment les Romains traitaient-ils les divinités étrangères ?

    -Les Romains pratiquaient l'interpretatio romana, assimilant les divinités étrangères à leurs propres dieux, souvent en établissant des équivalences entre eux. Ils adoptaient facilement des divinités étrangères qui apportaient quelque chose de neuf et d'utile, intégrant ces divinités dans leur panthéon tout en respectant les traditions locales des peuples conquis.

  • Quelles étaient les conséquences des Bacchanales en 186 avant notre ère ?

    -Les Bacchanales, fêtes liées au culte de Bacchus-Dionysos, ont donné lieu à des scènes de débauche et de désordre, provoquant un scandale majeur à Rome. En réponse, environ 6 000 personnes ont été emprisonnées et certaines femmes condamnées à mort. Cet épisode a forcé l'adoucissement du culte de Bacchus à Rome, qui a finalement été intégré mais sous une forme plus modérée.

  • Quel était le rôle du culte impérial dans l'Empire romain ?

    -Le culte impérial, initié par Auguste avec la divinisation de Jules César, avait pour but de renforcer le pouvoir impérial en divinisant les empereurs défunts et en créant un culte commun à tout l'Empire romain. Ce culte permettait de consolider l'autorité de l'empereur et d'unifier les divers peuples de l'Empire autour d'une même figure de culte.

  • Comment la religion romaine a-t-elle évolué avec l'arrivée du christianisme ?

    -Avec l'arrivée du christianisme, la religion romaine a connu une transformation majeure. Le christianisme, initialement persécuté, a finalement été toléré par l'édit de Milan en 313, grâce à l'empereur Constantin. En 380, l'édit de Théodose fait du christianisme la religion officielle de l'Empire romain, marquant le début du déclin des cultes païens traditionnels.

  • Qu'est-ce que l'édit de Milan et son importance pour le christianisme ?

    -L'édit de Milan, promulgué en 313 par l'empereur Constantin, a officiellement toléré le christianisme dans l'Empire romain, mettant fin aux persécutions contre les chrétiens. Cet édit a marqué un tournant pour le christianisme, lui permettant de se pratiquer ouvertement et de s'épanouir en tant que religion majeure de l'Empire.

  • Comment les cultes païens ont-ils survécu après l'interdiction officielle du paganisme ?

    -Après l'interdiction officielle du paganisme, les cultes païens ont survécu principalement dans les campagnes, où les anciennes pratiques et croyances étaient plus enracinées. Le mot 'païen', dérivé du latin 'paganus' signifiant paysan, reflète cette survie rurale des cultes antiques, qui ont persisté dans certaines régions jusqu'au 10e siècle.

Outlines

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🏛 L'évolution de la religion romaine: des origines indo-européennes à l'influence étrusque

Ce segment introduit la religion romaine, soulignant son importance dans la vie civique et ses origines indo-européennes. Georges Dumézil est cité pour sa théorie sur la trifonctionnalité sociale et divine chez les Indo-Européens, qui se retrouve dans la triade romaine originelle de Jupiter, Mars et Quirinus. La vidéo explique comment cette structure a façonné la société romaine, depuis ses croyances jusqu'à l'aménagement de l'espace sacré de la ville, et comment les influences étrusques et grecques ont modifié cette religion archaïque, en introduisant de nouveaux dieux et en adaptant les rituels.

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📜 Les changements religieux sous l'influence grecque et les crises romaines

Ce passage décrit l'intégration et l'adaptation des divinités grecques au panthéon romain, illustrant l'impact culturel grec sur Rome. Il détaille l'adoption de nouvelles divinités et la romanisation de dieux grecs existants, comme l'association de Jupiter à Zeus. L'épidémie de 293 avant notre ère et l'introduction du culte d'Esculape montrent comment les Romains étaient ouverts aux influences extérieures pour faire face aux crises. La vidéo aborde également les tensions sociales entre Patriciens et Plébéiens, reflétées dans l'adoption de divinités distinctes, et comment ces dynamiques ont façonné la religion romaine vers une plus grande inclusion des influences étrangères.

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🌍 Le culte impérial et l'assimilation des divinités étrangères

Dans cette partie, l'accent est mis sur la création du culte impérial par Auguste, divinisant les empereurs défunts pour renforcer le pouvoir et l'unité de l'Empire romain. Elle explique comment les Romains ont assimilé des divinités étrangères, telles que Epona et Mithra, en les intégrant dans leur propre système religieux, une stratégie qui a favorisé la cohésion au sein de l'Empire. Le segment traite également de la tentative d'Héliogabale de créer une divinité unifiée pour tout l'Empire, un effort qui a finalement échoué mais qui illustre la tendance à la centralisation et à l'unification religieuse sous l'Empire.

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🔄 La transition vers le christianisme et la fin de la religion païenne

Ce dernier segment explique comment, face à l'évolution des croyances et des crises du 3e siècle, les religions axées sur le salut individuel, comme le christianisme, ont gagné en popularité. Il détaille la transition officielle de l'Empire romain vers le christianisme sous Constantin et ses successeurs, tout en notant que les anciennes pratiques païennes ont survécu dans les campagnes pendant des siècles. Cette partie conclut sur la complexité de l'histoire religieuse romaine, marquée par l'assimilation, l'adaptation et finalement, la transformation radicale avec l'avènement du christianisme comme religion dominante.

Mindmap

Keywords

💡Religion romaine

La religion romaine est présentée comme un élément central de la vie civique et culturelle de l'antiquité romaine, imprégnant tous les aspects de la société romaine, de la vie quotidienne aux décisions politiques. Elle est basée sur un ensemble de rituels et de croyances envers une panthéon de dieux et déesses. Le script souligne l'importance des rituels et la manière dont ils sont intégrés dans l'espace civique, comme le pomerium, soulignant leur rôle dans la définition de l'identité romaine.

💡Georges Dumézil

Historien des religions mentionné pour sa théorie sur la trifonctionnalité dans les sociétés indo-européennes, Dumézil a influencé la compréhension de la structure des divinités romaines. Selon lui, la société était divisée en trois fonctions : le sacré, la guerre et la production. Cette division se reflète dans la triade de divinités romaines Jupiter, Mars et Quirinus, illustrant comment les croyances religieuses sont un miroir des structures sociales.

💡Indo-Européens

Les Indo-Européens sont mentionnés comme une population ancienne dont les langues et les cultures ont influencé un grand nombre de civilisations, y compris la Rome antique. Le concept d'Indo-Européens est crucial pour comprendre l'origine et l'évolution de la religion romaine, car il établit un lien entre les pratiques religieuses de Rome et celles d'autres cultures issues de cette même souche linguistique et culturelle.

💡Triade archaïque

La triade archaïque, composée de Jupiter, Mars et Quirinus, représente le panthéon initial de la Rome antique, reflétant la structure trifonctionnelle de la société indo-européenne. Chaque divinité de cette triade correspond à une des fonctions sociales : Jupiter au sacré, Mars à la guerre, et Quirinus à la production. Cette triade souligne l'importance des croyances religieuses dans l'organisation sociale et politique de Rome.

💡Pomerium

Le pomerium est défini comme une limite sacrée qui entoure la ville de Rome, séparant l'espace sacré de l'espace profane. Son tracé, effectué lors de rituels officiels, symbolise l'importance de la religion dans l'aménagement de l'espace urbain et la fondation de nouvelles colonies. Le respect de cette limite dans les pratiques civiques et militaires illustre la sacralité de l'espace urbain dans la religion romaine.

💡Culte impérial

Le culte impérial est une innovation majeure de la religion romaine sous Auguste, qui divinise les empereurs défunts et renforce le pouvoir impérial en créant un culte commun à tout l'Empire. Ce culte illustre la capacité d'adaptation de la religion romaine aux changements politiques, en intégrant le souverain dans le panthéon divin et en consolidant l'unité de l'empire à travers le culte.

💡Interpretatio romana

L'interpretatio romana désigne la pratique d'assimiler les divinités étrangères aux dieux romains, permettant une intégration des croyances et des pratiques religieuses des peuples conquis. Cette politique de tolérance et d'assimilation reflète la flexibilité de la religion romaine et son rôle dans l'expansion et la consolidation de l'Empire romain.

💡Christianisme

Le christianisme est décrit comme une religion qui émerge et finalement s'impose dans l'Empire romain, marquant un tournant majeur dans l'histoire religieuse de Rome. La conversion de Constantin et l'édit de Théodose sont des moments clés qui illustrent la transition de la Rome polythéiste vers le christianisme comme religion officielle, soulignant les profondes transformations culturelles et religieuses de l'Empire.

💡Cultes orientaux

Les cultes orientaux, y compris ceux de divinités comme Cybèle, Isis et Mithra, reflètent l'influence des cultures et des religions de l'Orient sur Rome. Leur popularité, en particulier parmi les soldats et dans certaines élites, montre l'ouverture de la religion romaine aux influences extérieures et son évolution vers des formes de culte plus personnelles et mystiques.

💡Bacchanales

Les Bacchanales, des fêtes liées au culte de Bacchus (Dionysos), sont mentionnées comme un exemple de tension entre les traditions romaines et l'introduction de nouveaux cultes. Le scandale et la répression qui en découlent illustrent les limites de l'acceptation des pratiques étrangères à Rome et les défis posés par l'assimilation de cultes jugés subversifs ou menaçants pour l'ordre social.

Highlights

Tout change en Histoire, y compris les coutumes, les nations, les peuples, et même les dieux.

La religion romaine et ses rituels sont au cœur de la vie civique des Romains.

Les Indo-Européens et leur héritage dans les langues et cultures de nombreuses civilisations.

La triade de divinités romaines originelles : Jupiter, Mars, et Quirinus, issus de l'héritage indo-européen.

L'importance de l'espace sacré et du 'pomerium' dans la fondation des villes romaines.

L'influence étrusque et grecque sur la religion romaine, notamment dans l'adoption de nouvelles divinités.

L'évolution de la triade capitoline sous l'influence étrusque : Jupiter, Junon, et Minerve.

Les Plébéiens adoptent une nouvelle triade de divinités : Cérès, Liber et Libera.

L'introduction et l'assimilation de divinités grecques à Rome, comme Hercule-Héraklès et Bacchus-Dionysos.

Le culte impérial initié par Auguste, divinisant les empereurs défunts.

La pratique de 'l'interpretatio', assimilant les divinités étrangères aux divinités romaines.

L'adoption de cultes orientaux sous la dynastie des Sévères, reflétant la diversité de l'Empire romain.

Les tentatives d'Héliogabale de fusionner les cultes romains avec ceux d'autres religions.

La montée du christianisme, de sa tolérance officielle par l'édit de Milan à son établissement comme religion d'État.

La persistance des cultes païens dans les campagnes bien après l'interdiction officielle des cultes anciens.

La mutation de la religion romaine face aux crises internes et aux influences extérieures.

Transcripts

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Mes chers camarades, bien le bonjour ! Tout  change en Histoire, absolument tout ! Les coutumes,  

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les nations, les peuples, et même, même, les dieux ! Si vous avez pas encore vu l'épisode précédent, je vous conseille

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de commencer par ça, pour bien comprendre de quoi je parle. Parce qu'en effet, la dernière fois on a vu l’origine,  

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l’organisation, les principes et les rituels de la  religion romaine. Alors, ce qu’il faut retenir, c’est  

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que ces rituels sont au cœur de cette religion, et que cette dernière elle est même au cœur de la  

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vie civique des Romains. Donc en principe,  les rituels ne devraient pas trop changer,  

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d’autant que les Romains sont quand même  hyper tatillons sur ça ! Sauf qu’en réalité,  

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la religion romaine a bien subi des évolutions, et ça c’est à cause

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de l’Histoire romaine, tout simplement. Alors, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

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Aux débuts de Rome, selon l’historien des  religions Georges Dumézil, on distingue un  

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trio de divinités plus importantes que les  autres, issu de l’héritage indo-européen.

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Pour faire très court, les Indo-européens  seraient une population très ancienne,  

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qui n’est pas connue directement, mais dont  l’héritage est perçu dans les langues et les  

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cultures de nombreux autres peuples. Le fond  commun indo-européen se retrouve ainsi dans  

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les civilisations indienne, perse, grecque,  celtique, germanique et latine, entres autres.

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Toujours selon Georges Dumézil,  les Indo-Européens distinguaient  

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trois fonctions dans leur société : le sacré, la  guerre et la production. En somme, les prêtres,  

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les soldats et les paysans, ce qui ressemble  beaucoup aux trois Ordres de l’Ancien Régime,  

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qui d’ailleurs seraient eux aussi une survivance  de la trifonctionnalité indo-européenne.

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Ces trois fonctions essentielles se  retrouvent aussi chez les divinités,  

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et puisque la civilisation romaine est l’une des  héritières des Indo-Européens, on les retrouve  

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donc dans la triade la plus ancienne. Il y a  d’abord Jupiter, le dieu du Ciel et le roi des dieux,  

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qui possède la fonction sacrée associée à la  souveraineté. Ensuite Mars, dieu de la Guerre,  

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et enfin Quirinus, dieu des quirites, c’est-à-dire des citoyens de la société civile, soit la fonction de production.

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Ces trois divinités sont liées entre elles par leur complémentarité : elles appartiennent  

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à une religion dite “archaïque”, ce qui veut dire  “très ancienne”, et pas “sauvage”, loin de là !

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En effet, dès les débuts de Rome, la religion  accorde une importance capitale à l’espace  

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sacré. La ville toute entière est elle-même un espace sacré, un "templum" comme disent les  

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Romains. Chez les Étrusques, un peuple italien  qui a beaucoup influencé les premiers siècles de  

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l’Histoire romaine, on a pour coutume de délimiter  cet espace avant l’édification de bâtiments.

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Le tracé au sol, qui est à l’origine le sillon  d’une charrue, s’appelle le "pomerium", qui est  

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institué lors d’un rite officiel. On le retrouve dès le mythe de la fondation de Rome par Romulus,  

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et plus tard il sera repris systématiquement, à  chacune des fondations de colonies romaines dans  

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les provinces conquises. En gros : chaque  cité nouvelle est comme une nouvelle Rome,  

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un nouvel espace sacré, et un  contrat renouvelé avec les dieux.

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Tout ce qui est lié à l’hostilité, à la destruction ou à la mort ne doit pas se trouver  

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à l’intérieur du pomerium, afin de ne pas profaner  l’espace sacré. Du coup, jusqu’à l’avènement du  

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christianisme, les tombes sont toujours installées  à l’extérieur de la limite. Les armées ne peuvent  

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pas non plus la franchir, à une seule exception : celle des triomphes, ces parades militaires  

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qui récompensent des exploits particulièrement  remarquables. Mais ces triomphes ont eux-mêmes  

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une dimension rituelle, comme quand Jules  César sacrifie Vercingétorix en l’étranglant,  

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suite à la conquête définitive des Gaules.  Enfin, et ça c’est encore plus remarquable,  

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même les lieux de cultes, s’ils sont réservés à  Mars, dieu de la Guerre, ou à d’autres dieux liés  

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à la mort, n’ont pas leur place dans la cité ! Ils doivent être bâtis à l’extérieur du pomerium !

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Et maintenant, si vous avez bien suivi le premier  épisode, vous comprenez ce qui se passe quand  

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Rémus, tout armé, franchit le pomerium tracé par Romulus. En fait, il a voulu profaner l’espace  

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sacré. Donc son frère le tue, parce que à Rome, on ne déconne pas avec les sillons de charrue, okay ?

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Mais d’où les Étrusques tirent une  aussi curieuse idée ? Pour rappel,  

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cette florissante civilisation  réside dans l’actuelle Toscane.  

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Elle a été influencée par les Grecs, avant  d’influencer les Romains à son tour. Au  

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point que Rome est carrément dirigée par des  rois étrusques de 616 à 509 avant notre ère.

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Ils remplacent alors la première triade  archaïque des dieux Jupiter-Mars-Quirinus,  

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en apportant avec eux une nouvelle triade de divinités, la triade capitoline. Jupiter est  

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toujours en place, sauf qu’il devient Jupiter  Optimus Maximus, “Jupiter le très bienfaisant  

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et très grand”. Et surtout, c’est une grande  première : il forme un couple avec la seconde  

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divinité de la triade, Junon. Quant à la  troisième divinité, il s’agit de Minerve,  

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l’équivalent d’Athéna. Bref : les dieux des  guerriers et des civils ont été supplantés  

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par les déesses de la fécondité et de la sagesse ! Mais les Patriciens, les descendants des premiers  

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habitants de Rome, ne réservent pas un très  bon accueil aux Plébéiens, ces nouveaux venus  

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considérés comme des citoyens de seconde  zone. Du coup, en signe de protestation,  

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les Plébéiens adoptent encore une troisième triade  de divinités différentes, Cérès, Liber et Libera.

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Ces trois derniers symbolisent les moissons,  les vendanges, la fécondité de la nature… Bref,  

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le monde agricole rappelle  que lui aussi, il existe !

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À la fin du 6e siècle avant notre ère,  c’est encore sous le règne d’un Étrusque,  

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le roi Tarquin le Superbe,  qu’apparaissent à Rome les  

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livres sibyllins. Ce sont des oracles  qu’on consulte en dernier recours pour  

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déterminer quelle décision prendre lors  de graves dangers encourus par la cité.

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Mais encore plus que les Étrusques, ce sont les Grecs qui ont influencé la religion  

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romaine. Depuis au moins le 8e siècle avant  notre ère, ils sont si présents en Italie  

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qu’on surnomme même le sud du pays “la Grande  Grèce”. Des siècles de voisinage et d’échanges  

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commerciaux ont une influence considérable  sur la culture et la religion romaine.

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Aux 6e et 5e siècles avant notre ère, les temples  de Rome sont ainsi ornés de statues d’Athéna  

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casquée et souriante, comme à Athènes. Au 4e,  siècle on place dans les tombes des statuettes de  

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terre cuite représentant Aphrodite ou Éros : c’est une nouvelle mode, et elle est 100% grecque !

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C’est à cette époque que les Romains établissent  des équivalences entres leurs dieux et les dieux  

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grecs : Jupiter pour Zeus, Junon pour Héra,  Mercure pour Hermès, ou encore Neptune pour  

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Poséidon. Au passage, certains dieux reçoivent  d’ailleurs une promotion : c’est comme ça que  

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Neptune, qui était à l’origine un dieu des cours  d’eau, est bombardé dieu des mers et des chevaux !

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Mais de base, ces dieux existent déjà :  ils ont simplement été réadaptés. C’est  

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pas toujours le cas, et certaines divinités grecques qui étaient complètement inconnues, et sans équivalent,

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débarquent en Italie. On peut par exemple citer Hercule- Héraklès, ainsi que Castor et Pollux, ou encore Bacchus-Dionysos.  

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Vers 431 avant notre ère, suite à une épidémie, apparaît aussi un culte à Apollon médecin. Mais en 293 avant notre ère,  

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une nouvelle épidémie éclate. Cette fois, sur les conseils des livres sibyllins,  

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on ramène à Rome une statue d’un autre dieu  médecin, Esculape-Asclépios. Elle a fait  

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toute la route depuis le lointain sanctuaire  d’Épidaure, en Grèce. Et c’est comme ça que du  

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jour au lendemain, des nouveaux dieux peuvent  apparaître dans la cité sans crier gare !

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En 217 avant notre ère, Vénus est à son tour officiellement  associée à Aphrodite. Et ça, grâce à la légende  

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d’Énée. Pour rappel du dernier épisode tout de même, ce prince troyen, exilé en Italie,  

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aurait été l’ancêtre de Remus et de Romulus, mais surtout le propre fils d’Aphrodite ! Et ça, c'est pas rien ! Alors hop,  

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on se dépêche de considérer Vénus-Aphrodite  comme la mère de Rome et des Romains. Mais  

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certaines vieilles traditions  demeurent : donc Mars-Arès,  

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le père mythique de Romulus et de Rémus, reste  aussi le père de Rome et de tous les Romains.

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L’honneur est sauf ! Parce que, je  vous raconte tout ça très rapidement,  

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mais en fait l’intégration de ces divinités, elle s'est pas toujours fait sans difficultés. Les  

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Romains, ils ont parfois beaucoup de mal  à s’adapter à toutes ces nouveautés.

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Comme par exemple en 186 avant notre ère, lors des Bacchanales, ces fêtes liées au culte de Bacchus-Dionysos. Ces festivités  

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alcoolisées donnent lieu à des scènes de débauche  impliquant de nombreuses femmes hors de contrôle,  

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ce qui chamboule profondément les traditions  romaines. C’est un tel scandale qu’à Rome et  

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dans le sud de l’Italie, 6 000 personnes sont  emprisonnées, et certaines femmes sont même  

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condamnées à mort. Après cet épisode traumatisant,  la religion des nouveaux arrivants est forcée  

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de s’adoucir, et le culte de Bacchus finit par  s’implanter à Rome, mais sous une forme un peu plus soft.

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Voilà, on est déjà à la fin de la République  romaine, qui s’étend sur un immense territoire  

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tout autour de la Méditerranée. Un certain  proconsul, Jules César, vient même d’y ajouter  

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les Gaules. On se dit qu’après les Grecs et les  Étrusques, la religion va probablement encore  

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continuer à changer ! Et c’est assez vrai, surtout  quand la République est remplacée par l’Empire…

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En 27 avant notre ère, Octave devient le "princeps", le “Premier Citoyen”, et donc le seul maître de Rome. Très  

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vite, il capte tous les pouvoirs, devenant  aussi le Grand Pontife. Le Sénat décide alors  

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de l’appeler "Auguste"; un nom qui est à rapprocher  des Augures, et qui souligne son caractère sacré.

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Il faut dire qu’après les guerres  civiles qui ont secoué Rome,  

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Auguste veut se poser comme un restaurateur de la République, qui donnera  

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une fondation nouvelle à sa religion. Il  cherche à restaurer la "pietas", la piété,  

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en insistant sur le respect des rites  destinés aux dieux. En résumé, c’est le  

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bon vieux “c’était mieux avant, si Rome a failli, c’est qu’elle s’était éloignée de ses traditions”, et blablabli, et blablabla.

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Et pourtant, loin de restaurer à l’identique  les vieilles traditions, Auguste lance en fait  

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l’une des plus importantes transformations  de la religion romaine. Il met en route un  

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culte voué à son père adoptif, Jules César. Il  vient donc d’initier le fameux culte impérial,  

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qui divinise les empereurs défunts. Ce dernier  se mettra en place à la mort d’Auguste,  

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avec un double avantage non négligeable : il renforce le pouvoir impérial,  

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mais crée aussi un culte  commun à tout l’Empire romain.

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Là où chaque région lointaine n’avait  que ses propres dieux, on va donc  

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romaniser progressivement toutes les populations  conquises. Faut avouer que ça, c’est un coup de génie !

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En plus, dans le même temps, les  Romains pratiquent "l’interpretatio",  

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c’est-à-dire qu’ils assimilent les divinités  étrangères aux leurs. Et bien sûr, les peuples  

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indigènes font l’inverse. Si jamais une divinité  non romaine apporte quelque chose de neuf,  

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qu’aucun autre dieu romain n’apporte, alors les Romains l’adoptent très facilement. C'est par exemple le cas

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du culte d’Epona, divinité gauloise des chevaux, qui devient  très populaire dans l’armée. On peut aussi mentionner

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le culte de Mithra, divinité solaire et souveraine orientale, où là encore,  

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les légionnaires qui y voient un dieu solaire  invincible plutôt badass, l’adoptent très vite !

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D'ailleurs, on en a parlé dans un épisode sur les croyances et la magie en Gaule romaine, je vous mets le lien en description.

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Au 3e siècle, sous la dynastie des Sévères qui  viennent d’Orient, on assiste aussi à une poussée  

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des cultes orientaux, même si on n’arrive pas à  savoir si le lien entre les empereurs est si direct  

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que ça. Par exemple, la divinité anatolienne  Cybèle était déjà intégrée au panthéon romain  

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depuis 204 avant notre ère. Mais elle connaît un important renouveau, tout comme la déesse égyptienne  

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Isis, ou le dieu gréco-égyptien Sérapis, que  l’empereur Caracalla aime tout particulièrement.

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.Cet épisode religieux oriental culmine lors de  l’arrivée au pouvoir en 218 d’un jeune empereur  

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de 14 ans et d’origine syrienne, Varius Avitus  Bassianus. Il était personnellement grand prêtre  

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d’une divinité venant de la ville d’Emèse, en Syrie. C’est le nom de son  

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dieu, Elagabal, qui a donné son surnom au jeune  empereur, que tout le monde appelle Héliogabale.  

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Pour honorer son dieu, il fait construire sur le  Palatin un temple à Elagabal et y place la bétyle,  

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une pierre conique représentant le dieu.  Mais il y rajoute tous les emblèmes de la  

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religion romaine traditionnelle, comme le feu de  Vesta, les boucliers saliens, la pierre noire de  

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Cybèle, etc. Bref, il essaye vraiment de fusionner  tous les cultes, y compris ceux des juifs et  

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des chrétiens ! Le but, c'est évidemment de créer un genre de divinité qui serait commune à tout l’Empire.

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Mais pas de chance pour Héliogabale, il  est assassiné en 222. Et son successeur,  

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Sévère Alexandre, met direct fin à  cette tentative un petit peu excentrique !

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Mais mine de rien, cette tentative d’instaurer  une divinité commune fait penser à la mise en  

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place du culte impérial : dans les deux cas, on  cherche à consolider l’Empire romain. De fait,  

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les empereurs privilégient de plus en plus des divinités qui sont largement consensuelles.

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Lorsque les citoyens se désintéressent  du culte impérial, l’empereur Aurélien  

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essaie de relancer la machine en bombardant  le culte de Sol Invictus, le Soleil invaincu,  

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en culte principal à Rome. Le fait que la divinité soit le soleil lui-même,  

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une divinité universelle, facilite la diffusion  chez les populations non romanisées.

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Mais attention, la création de ce culte, vraiment, il faut le remettre dans un contexte très particulier,  

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celui de la mutation du 3e siècle ! C’est  peut-être la dernière page d'histoire  

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de la religion romaine, mais elle a eu un  impact considérable sur notre Histoire…

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Le 3e siècle voit de nombreux combats internes  à l’Empire entre empereurs et usurpateurs,  

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ainsi que de plus en plus d’incursions de peuples barbares. En 276 par exemple,  

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les Francs et les Alamans pillent la Gaule  jusqu’au pied des Pyrénées. À la même époque,  

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sur la frontière orientale, les Perses  Sassanides se montrent assez menaçants.

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Du coup, une forte inquiétude et une forme  de xénophobie apparaissent dans la société  

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romaine. Rome a déjà connu ce sentiment  lors de conflits longs avec ses ennemis,  

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sauf que cette fois ce sont les groupes religieux  qui sont soupçonnés d’entretenir des liens avec  

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des puissances rivales ou étrangères. On croit par  exemple que les manichéens sont liés aux Perses,  

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et on se met à accuser les chrétiens de ne  pas respecter les règles élémentaires de la  

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civilisation romaine. D’où les nombreuses  persécutions contre eux à cette époque,  

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à grands renforts de lions dans  l’arène et de tortures diverses.

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Et dans une certaine mesure, c’est vrai  que les chrétiens remettent bien en cause  

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certains principes de la société romaine comme  la hiérarchie, les jeux du cirque, ou le culte  

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de l’Empereur, ce qui en fait des traîtres en  puissance, et de parfaits bouc-émissaires.

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Cette période de crise du 3e siècle va fortement  marquer les esprits, mais il faut bien comprendre  

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qu’elle est exceptionnelle : pendant la plus  grande partie de leur histoire, les Romains ont en  

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réalité pratiqué une réelle tolérance envers les  autres religions. Les persécutions des chrétiens,  

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ou même des druides, avaient lieu pour des raisons  d’abord politiques, bien plus que religieuses.

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Au fond, et globalement, les Romains se  moquent complètement de vos croyances,  

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tant que vous respectez l’autorité de Rome et que vous ne troublez pas l’ordre public, bah tout va bien !

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Ces mutations du 3e siècle se traduisent aussi  par une évolution de la pensée religieuse. Les  

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religions classiques, centrées autour des rituels  publics, attirent de moins en moins. À l’inverse,  

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les religions du salut individuel rencontrent de  plus en plus de succès : Sol Invictus, Mithra,  

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Jésus, Cybèle et tous les autres apportent  un vent de nouveauté. Les pratiquants y  

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trouvent une forme d’introspection et un rapport privilégié à la divinité,  

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qui n’existait pas dans les  pratiques traditionnelles.

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Avec le temps, le christianisme tire son épingle  du jeu, en séduisant les élites, et en particulier  

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l’empereur Constantin au début du 4e siècle. Il finit donc par s’imposer. Constantin tolère  

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officiellement cette religion par l’édit de Milan  en 313, puis il se convertit sur son lit de mort en  

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337. En 325, les chrétiens peuvent donc organiser  sans difficulté un grand concile à Nicée,  

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et les historiens utilisent alors le nom de  “christianisme nicéen” pour désigner ce courant.

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Les empereurs suivants marchent dans les pas de Constantin, mais les pratiquants de l’ancienne  

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religion restent toujours présents.  L’empereur Julien, surnommé l'Apostat,  

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tente d’ailleurs de restaurer le culte païen au sommet de l’État. Mais ses efforts  

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ne survivent pas à sa mort prématurée dans une  expédition contre les Perses Sassanides en 363.

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Le christianisme prend donc toujours plus  d’importance dans les villes et chez les élites,  

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et en 380, l'édit de Théodose fait  du christianisme nicéen la religion  

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officielle de l’Empire romain. Devant le droit, tous les cultes païens aux anciens dieux Jupiter,  

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Vénus, Mars et les autres, sont interdits. Mais dans les faits, l'interdiction ne signifie pas la disparition. Les  

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cultes païens survivent surtout dans les  campagnes, et dailleurs le latin “paganus”,  

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qui désigne le paysan, va donner le mot  “païen”. Dans certaines régions reculées,  

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les rites antiques resteront donc pratiqués parfois jusqu’au 10e siècle !

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Et voilà, c’est à peu près tout ce que je peux  vous dire sur la religion romaine en aussi peu  

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de temps ! Mais je trouve qu’on a déjà quand même pas mal brassé le sujet, et ça c’est grâce au super travail de Rob,  

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de la chaîne l'Histoire avec une grande hache, donc un grand merci à lui,  

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et à Lucas Pacotte pour la  relecture. En plus sur le thème  

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des religions, ça donne toujours lieu à des échanges, voire à des débats qui sont passionnants, donc

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moi je trouve ça cool ! Et vu que j'aime bien les débats, et comme à Rome

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autrefois, eh bah l’espace commentaire, c'est un temple sacré : donc  

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merci de ne pas franchir le pomerium l’arme à la  main, dites-nous plutôt lequel de tous les dieux  

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et déesses on a cité qui intéresse le plus, ou  si vous avez déjà eu la chance de visiter tel  

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ou tel temple, par exemple ! Vous connaissez  la sainte triade de la chaîne : like,  

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commentaire, partage, donc hésitez pas ! Merci à vous tous, et à très bientôt sur Nota Bene !

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