Jean-François MATTEI "Les principes éthiques comme guide pour l'action humanitaire"

Summary

Dans ce discours, l'orateur souligne l'importance de l'éthique dans le domaine humanitaire, avertissant que son utilisation excessive pourrait la rendre dénuée de sens. Il explore la relation entre l'éthique et l'humanitaire, mettant en lumière les défis contemporains tels que les nouvelles technologies et les crises mondiales. L'orateur insiste sur la nécessité d'adopter des principes éthiques, tels que l'autonomie, la bienfaisance, la non-malfaisance et la justice, pour rééquilibrer la dynamique entre les acteurs humanitaires et les victimes. Il plaide également pour une charte éthique internationale pour guider les actions humanitaires futures.

Takeaways

• 😀 L'éthique est de plus en plus présente dans le discours public, mais elle risque d'être diluée par des significations contradictoires.
• 😀 L'éthique est essentielle à l'action humanitaire, elle est consubstantielle à celle-ci, en particulier face à des situations de souffrance humaine.
• 😀 L'humanitaire doit se confronter à de nouvelles situations dans un monde en mutation, ce qui nécessite une réflexion éthique urgente pour guider les actions.
• 😀 L'éthique, contrairement à la morale, est un questionnement sur des situations inédites, et elle nécessite une délibération individuelle et collective.
• 😀 L'éthique ne doit pas être confondue avec la déontologie, qui est un ensemble de règles professionnelles, mais plutôt avec un processus de recherche de solutions dans des contextes nouveaux.
• 😀 L'éthique, comme en médecine, permet de rééquilibrer la relation asymétrique entre l'acteur humanitaire et la victime en plaçant la victime au centre de l'action.
• 😀 L'éthique est un outil pour redonner sa place à la victime, la rétablir dans son rôle de personne libre et responsable de ses décisions.
• 😀 Les principes éthiques, tels que l'autonomie, la bienfaisance, la non-malfaisance et la justice, doivent compléter les principes humanitaires pour guider l'action humanitaire.
• 😀 Le principe d'autonomie permet à la victime de prendre des décisions éclairées sur l'aide qu'elle reçoit, ce qui reflète la générosité authentique de l'action humanitaire.
• 😀 L'adhésion aux principes éthiques est forte parmi les acteurs du Sud, en particulier en Afrique francophone, qui souhaitent une participation plus active et plus équitable à l'action humanitaire.
• 😀 Une charte éthique pour l'humanitaire international pourrait servir de guide pour aligner les actions sur des principes communs, renforçant ainsi l'efficacité de l'action humanitaire.

Q & A

Qu'est-ce que l'orateur craint à propos de l'éthique dans le discours public ?

L'orateur craint que l'éthique soit utilisée de manière superficielle, sans véritable profondeur, pour donner l'impression que ceux qui s'y réfèrent sont vertueux, mais que son sens se dilue au fil de son usage constant et parfois paradoxal.

Quels sont les deux ouvrages récents mentionnés par l'orateur sur l'éthique humanitaire ?

Les deux ouvrages mentionnés sont 'L'humanitaire à l'épreuve de l'éthique' (2014) et 'Humanitarian Ethics' par Hugo Slim (2015).

Comment l'éthique humanitaire est-elle perçue par l'orateur à l'égard des victimes ?

L'éthique humanitaire doit permettre de rétablir l'équilibre entre les acteurs humanitaires et les victimes, en reconnaissant la dignité et la liberté de décision des victimes. Cela permet de les mettre au centre de l'action humanitaire.

Quelle est la différence entre l'éthique et la morale selon l'orateur ?

L'éthique est un questionnement sur des situations inédites, visant à trouver des solutions à des problèmes nouveaux, tandis que la morale propose des réponses fixes et inconditionnelles à des questions préexistantes, comme 'ne pas tuer'.

Pourquoi l'orateur fait-il la distinction entre éthique et déontologie ?

L'orateur souligne que l'éthique est un questionnement basé sur des situations inédites, tandis que la déontologie est un ensemble de règles professionnelles appliquées à une profession spécifique. Il note que des codes de déontologie peuvent parfois être insuffisants, comme dans le cas du dopage.

Quels sont les quatre principes fondateurs de l'éthique médicale mentionnés par l'orateur ?

Les quatre principes fondateurs de l'éthique médicale sont l'autonomie, la bienfaisance, la non-malfaisance et la justice.

Pourquoi l'orateur propose-t-il d'ajouter des principes éthiques à la charte humanitaire ?

L'orateur propose d'ajouter des principes éthiques à la charte humanitaire pour compléter les principes fondateurs existants (humanité, impartialité, neutralité, indépendance) et afin de mettre davantage l'accent sur le respect de la souveraineté et de la dignité des victimes.

Comment l'orateur compare-t-il la situation humanitaire à celle de la médecine ?

L'orateur compare la situation humanitaire à celle de la médecine en soulignant que dans les deux domaines, un déséquilibre existe entre ceux qui ont le pouvoir (le médecin ou l'acteur humanitaire) et ceux qui sont en situation de vulnérabilité (le patient ou la victime). L'éthique permet de rétablir cet équilibre.

Quel principe éthique soutient l'idée que les victimes doivent décider de l'aide qu'elles reçoivent ?

Le principe d'autonomie soutient cette idée, car il reconnaît que la victime doit être celle qui appelle à l'aide et décide de la manière dont l'action humanitaire doit être menée.

Comment l'orateur décrit-il le principe de bienfaisance dans le contexte humanitaire ?

Le principe de bienfaisance dans le contexte humanitaire implique que l'on doit vouloir faire le bien pour quelqu'un, mais il faut que ce bien corresponde réellement aux besoins et à la volonté de la personne concernée, ce qui implique de ne pas faire le bien contre la volonté de l'autre.