De la classe renversée au réseau de la pédagogie ! Interview de Jean Charles Cailliez

Summary

Jean-Charles Cahet, professeur de biologie moléculaire et de génétique à l'Université Catholique de Lille, partage son expérience d'innovation pédagogique à travers la classe renversée. Cette approche, où les étudiants construisent le cours et l'enseignant devient leur élève, vise à encourager la collaboration et l'interactivité. Après dix ans de pratique, il souligne les réactions diverses des étudiants et les défis de l'alignement avec les examens. L'innovation ne doit pas être un but en soi, mais un moyen de répondre à des objectifs pédagogiques spécifiques, tout en maintenant un équilibre avec les méthodes traditionnelles. Il plaide pour la création de communautés d'enseignants innovants pour partager et inspirer des pratiques pédagogiques variées.

Takeaways

• 😀 Jean-Charles Cahet, professeur de biologie moléculaire et de génétique à l'Université Catholique de Lille, a expérimenté l'innovation pédagogique avec la classe renversée.
• 😀 Dans la classe renversée, les étudiants sont les acteurs du cours, et le professeur devient l'élève pour encourager la collaboration et l'interactivité.
• 😀 Le modèle de classe renversée a été inspiré par des méthodologies existantes telles que la classe inversée, flexible, et collaborative, ainsi que des techniques de facilitation comme le co-design et l'intelligence collective.
• 😀 L'innovation pédagogique ne consiste pas seulement à changer les méthodes d'enseignement, mais à connecter ces changements aux méthodes académiques existantes pour en assurer la pertinence et l'efficacité.
• 😀 Lors de la mise en place de la classe renversée, il a été difficile d'expliquer le concept aux étudiants au début, et il a fallu adapter l'évaluation aux nouvelles méthodes d'enseignement.
• 😀 La classe renversée a entraîné des réactions variées parmi les étudiants : environ 10-15 % étaient enthousiastes, 10-15 % étaient réticents, et 70-75 % étaient partagés et souhaitaient voir comment la méthode se déroulerait.
• 😀 Les enseignants réagissent de manière similaire, certains étant confortables avec leurs méthodes traditionnelles, tandis que d'autres sont intéressés à essayer des approches innovantes, mais peuvent être freinés par l'investissement de temps nécessaire.
• 😀 L'innovation pédagogique doit avoir un objectif clair, qu'il s'agisse de mieux préparer les étudiants à un concours, de favoriser l'interaction, ou de prévenir le décrochage scolaire. Elle doit être adaptée aux besoins spécifiques du cours et des étudiants.
• 😀 Une évaluation dans la classe renversée peut prendre en compte des compétences comme la collaboration, la recherche d'informations, la capacité à poser des questions et à résoudre des problèmes, en plus de la compréhension théorique.
• 😀 Dans l'examen final, les étudiants ont accès à la connaissance et aux outils (internet, IA) mais l'examen est scénarisé, ce qui empêche le copier-coller. L'objectif est de tester leur capacité à résoudre des problèmes en situation réelle, plutôt que de simplement mémoriser des informations.
• 😀 L'Université Catholique de Lille cherche à mettre en place un réseau de pédagogues pour encourager l'échange de pratiques et la création d'une communauté d'enseignants innovants qui partagent leurs expériences pour améliorer les méthodes d'enseignement.
• 😀 Jean-Charles Cahet reconnaît que chaque étudiant est différent et qu'une innovation pédagogique ne peut pas plaire à tout le monde. Il insiste sur la nécessité d'une approche hybride, qui combine des méthodes traditionnelles et innovantes pour répondre à la diversité des besoins des étudiants.

Q & A

Pourquoi Jean-Charles Cahet a-t-il décidé de changer sa méthode d'enseignement après 25 ans ?

Jean-Charles Cahet a constaté que ses étudiants étaient devenus trop consommateurs de savoir et il a voulu augmenter leur interactivité et les rendre plus acteurs de leur apprentissage. Il a donc introduit l'idée d'une classe renversée où ce sont les étudiants qui construisent le cours et le professeur devient l'élève.

En quoi consiste le concept de 'classe renversée' que Jean-Charles Cahet a mis en place ?

La classe renversée repose sur l'idée que les étudiants prennent en charge la construction du cours. Le professeur devient un élève, facilitant et guidant les échanges entre étudiants, qui collaborent pour élaborer le contenu du cours.

Quelles ont été les principales difficultés rencontrées par Jean-Charles Cahet lors de la mise en place de la classe renversée ?

Les principales difficultés ont été d'expliquer la nouvelle méthode aux étudiants et de réadapter les modalités d'examen pour qu'elles soient en accord avec cette pédagogie innovante. La révision des modalités d'examen a pris une année supplémentaire.

Quelle est la réaction des étudiants face à la méthode de la classe renversée ?

Les réactions des étudiants sont variées : environ 10-15% trouvent l'idée intéressante mais préfèrent un cours magistral traditionnel, tandis que 10-15% sont enthousiastes à l'idée d'essayer cette méthode. Les 70-75% restants sont partagés, prêts à essayer mais souhaitent voir comment cela se passe.

Comment Jean-Charles Cahet décrit-il l'attitude des enseignants face à l'innovation pédagogique ?

Il constate que certains enseignants sont réticents au changement, préférant conserver leurs méthodes habituelles, tandis que d'autres sont motivés par l'idée d'expérimenter. Les enseignants les plus ouverts sont souvent inspirés en observant les pratiques d'autres enseignants ou en participant à des ateliers collaboratifs.

Quel est l'objectif de l'innovation pédagogique selon Jean-Charles Cahet ?

L'innovation pédagogique ne doit pas être une fin en soi ou une mode, mais un moyen d'atteindre des objectifs pédagogiques spécifiques, comme augmenter l'interaction entre étudiants ou préparer les étudiants à des situations concrètes. Il est essentiel de connecter l'innovation à l'enseignement traditionnel pour être efficace.

Quels sont les résultats positifs et négatifs observés par Jean-Charles Cahet dans sa méthode de classe renversée ?

Les résultats positifs incluent une meilleure collaboration entre étudiants et une plus grande implication dans l'apprentissage. Les résultats négatifs peuvent inclure une transmission moins directe de l'information et la difficulté d'atteindre tous les niveaux d'étudiants, certains ayant besoin de plus de structure.

Comment Jean-Charles Cahet ajuste-t-il son système d'évaluation dans la classe renversée ?

Jean-Charles Cahet valorise non seulement l'acquisition de connaissances mais aussi des compétences pratiques comme la capacité à poser des questions, à aider un autre étudiant, ou à préparer des exposés. Il utilise un système d'évaluation en contrôle continu et a adapté l'examen final pour mettre l'accent sur la résolution de problèmes en situation.

En quoi consiste l'examen final dans la méthode de Jean-Charles Cahet ?

L'examen final est scénarisé et se déroule sur deux heures. Les étudiants ont accès aux cours, à Internet, et à l'intelligence artificielle, mais l'examen leur présente des questions différentes et imposées à intervalles réguliers. Le but est de tester leur capacité à résoudre des problèmes dans un contexte limité dans le temps, simulant des situations professionnelles.

Quel est le but du réseau de la pédagogie mis en place à l'Université Catholique de Lille ?

Le réseau de la pédagogie vise à créer une communauté d'enseignants issus de différentes disciplines, partageant leurs pratiques pédagogiques et expérimentant de nouvelles méthodes. L'objectif est d'inspirer et d'encourager l'innovation sans imposer de formats rigides, mais plutôt en favorisant un échange libre et collaboratif.