La Chanson de Roland (version du 12e siècle)

D-Mystif - Histoire
14 Aug 202017:34

Summary

TLDRL'Empereur des Francs, Charlemagne, et son neveu Roland se trouvent au cœur d'un conflit avec le roi Marsile et les Sarrasins d'Espagne. Après sept ans de guerre, Marsile propose la paix en se soumettant et en convertissant à la foi chrétienne. Cependant, la trahison de Ganelon, beau-père de Roland, conduit à un piège mortel pour l'armée franque à Roncevaux. Malgré la bravoure de Roland et Olivier, la bataille est perdue et les deux héros meurent. Charlemagne revient victorieux, reprend Saragosse et punit Ganelon pour sa trahison, tandis que la mémoire de Roland et Olivier est célébrée.

Takeaways

  • 🏰 La quête de Charlemagne pour soumettre l'Espagne aux Francs est au cœur de l'histoire, illustrant la longue lutte de 7 ans contre les Sarrasins.
  • 👑 Le Roi Marsile de Saragosse, craignant la perte de son pouvoir et de sa richesse, cherche à se soumettre à Charlemagne pour conserver son royaume.
  • 🤔 Marsile, sur le conseil de Blancandrin, fait appel à Ganelon, le beau-père de Roland, pour négocier la paix, mais Ganelon interprète cette mission comme un affront et conspire contre les Francs.
  • 🗣️ Ganelon, malgré sa mission pour la paix, trahit Charlemagne en complotant avec Marsile pour tendre un piège à l'armée franque.
  • 🛡️ Charlemagne, malgré ses doutes, accepte la soumission de Marsile et se prépare à retourner en France, ignorant l'armée sarrasine qui se rassemble en son dos.
  • 🎖️ Le comte Roland, neveu de Charlemagne, est choisi pour commander l'arrière-garde, une décision qui sera cruciale pour l'issue des événements.
  • 🛑 Malgré les insistances d'Olivier, Roland refuse de sonner l'olifant pour demander de l'aide, craignant de ternir la gloire de la France et de sa propre réputation.
  • 🗡️ Lors de la bataille, Roland et Olivier montrent leur bravoure en combattant farouchement, mais l'armée franque est massivement réduite.
  • 🏹 Les Sarrasins, bien armés et déterminés, infligent de lourds dégâts à l'armée franque, qui perd de nombreux vassaux et défenseurs.
  • 📯 Finalement, face à la défaite apparente, Roland sonne l'olifant, un appel à l'aide qui parvient à Charlemagne, mais il est trop tard pour sauver l'arrière-garde.
  • ⚔️ La trahison de Ganelon est révélée, et il est jugé et exécuté, tandis que Charlemagne remporte une victoire à Roncevaux et prend possession de Saragosse.

Q & A

  • Combien de temps l'Empereur des Francs, Charlemagne, combat-il contre les Sarrasins en Espagne?

    -Charlemagne combat les Sarrasins en Espagne depuis 7 ans.

  • Pourquoi le Roi Marsile cherche-t-il à concilier Charlemagne?

    -Le Roi Marsile craint de perdre son titre, sa liberté et sa richesse à cause de la puissance de l'armée franque et cherche à se soumettre à Charlemagne pour conserver son royaume.

  • Quel est le rôle de Blancandrin dans l'histoire?

    -Blancandrin conseille Marsile à se soumettre à Charlemagne, devenir chrétien et offrir des otages pour montrer sa bonne foi.

  • Pourquoi Ganelon considère-t-il la mission de porter la réponse à Marsile comme un affront?

    -Ganelon pense que l'on cherche à se débarrasser de lui et craint d'être tué au cours de sa mission, il considère cela comme un affront.

  • Quel est le choix de Charlemagne pour l'arrière-garde de son armée?

    -Charlemagne choisit Roland, le neveu de l'Empereur et le comte, pour commander l'arrière-garde de son armée.

  • Pourquoi Roland refuse-t-il de sonner l'olifant pour demander de l'aide?

    -Roland refuse de sonner l'olifant car il considère cela comme une honte et un déshonneur pour lui et la France, il préfère combattre avec bravoure jusqu'au bout.

  • Quel est le cri de guerre de Charles et comment est-il utilisé dans le combat?

    -Le cri de guerre de Charles est 'Montjoie', il est utilisé pour encourager et unir les soldats français pendant le combat.

  • Quelle est la décision finale de Roland après avoir combattu avec bravoure?

    -Roland décide finalement de sonner l'olifant pour appeler l'aide de Charlemagne, sachant que cela pourrait être considéré comme un déshonneur.

  • Quel est le sort de Ganelon après que sa trahison ait été révélée?

    -Après que sa trahison ait été révélée, Ganelon est ramené à Aix-La-Chapelle, jugé et exécuté sur ordre de Charlemagne.

  • Quelle est la conséquence de la bataille de Roncevaux pour les Francs et les Sarrasins?

    -La bataille de Roncevaux se solde par une grande perte de vies pour les Francs, mais finalement, la victoire est à leur avantage après avoir vaincu les Sarrasins et pris Saragosse.

  • Où sont enterrés les corps de Roland et Olivier après la bataille?

    -Les corps de Roland et Olivier sont enterrés à Blaye, dans l'église Saint Romain.

Outlines

00:00

🏰 La Résistance de Saragosse et la Soumission de Marsile

Cette partie du script narre la lutte de l'Empereur des Francs, Charlemagne, contre les Sarrasins en Espagne pendant 7 ans. Le Roi Marsile de Saragosse, craignant la perte de son pouvoir et de sa richesse, décide de se soumettre à Charlemagne, acceptant de devenir chrétien et d'offrir des otages. Il envoie Blancandrin pour discuter de ces conditions avec Charlemagne et ses barons, y compris Roland, Olivier et Turpin. Sur la suggestion de Roland, ils décident d'envoyer Ganelon, le beau-père de Roland, pour accepter la soumission de Marsile. Cependant, Ganelon interprète cette mission comme un affront et conspire avec Marsile pour piéger Charlemagne et son armée.

05:03

🤔 Le Choix de l'Arrière-Garde et l'Hésitation de Roland

Dans cette section, Charlemagne et ses barons discutent de l'organisation de leur retraite, et Ganelon suggère que Roland soit l'arrière-garde, ce qui est accepté par le roi malgré les doutes de Charlemagne. Roland reçoit l'offre de Charlemagne de prendre la moitié de son armée, mais il refuse, promettant de protéger les Francs avec 20 000 hommes. Les soldats français traversent avec difficulté les montagnes et les vallées, pleurant en pensant à leurs foyers. Charlemagne est anxieux, craignant pour la sécurité de son neveu Roland et de ses hommes.

10:08

🛡️ La Bataille de Roncevaux et la Mort de Roland

Cette partie décrit la bataille qui éclate lorsque les Francs, conduits par Roland, sont attaqués par les Sarrasins. Malgré les appels d'Olivier de sonner l'olifant pour demander de l'aide à Charlemagne, Roland refuse, craignant de perdre sa gloire. Les deux compagnons combattent avec bravoure, mais face à une armée nombreuse, les Francs sont progressivement éliminés. Finalement, Roland sonne l'olifant, mais il est trop tard, et il meurt avec les derniers survivants de son unité. Charlemagne, ayant entendu le cor, revient sur ses pas et découvre la tragédie.

15:16

⚔️ La Vengeance de Charlemagne et la Chute de Saragosse

Après la mort de Roland et de ses compagnons, Charlemagne et ses barons reviennent à Roncevaux pour récupérer les corps et se vengent en infligeant une défaite sévère à l'armée de Marsile. Marsile, blessé gravement, meurt et confie ses terres à Baligant, qui mène une nouvelle attaque contre les Francs. Charlemagne les affronte et remporte une victoire difficile, grâce à une aide divine. Il prend possession de Saragosse et installe des garnisons pour protéger ses nouvelles conquêtes. Plus tard, à Bordeaux, il dépose l'olifant de Roland dans l'église de Saint-Seurin, tandis que les corps de Roland et d'Olivier sont inhumés à Blaye. Ganelon, dont la trahison est révélée, est jugé et exécuté à Aix-La-Chapelle sur ordre de Charlemagne.

Mindmap

Keywords

💡Charlemagne

Charlemagne est l'Empereur des Francs, central dans l'histoire de ce récit. Il incarne l'autorité et la puissance de l'armée franque. Dans le script, il est décrit comme un leader soucieux de ses troupes, mais aussi victime de la trahison, comme le montre le piège tendu par Marsile et Ganelon.

💡Marsile

Marsile est le Roi des Sarrasins et antagoniste principal de l'histoire. Son nom est associé à la ruse et la trahison, car il cherche à tromper Charlemagne en offrant une fausse soumission pour sauver son royaume, comme illustré par sa décision de conspirer avec Ganelon.

💡Roland

Roland, neveu de Charlemagne et comte, est un personnage clé représentant le courage et l'honneur. Son nom est souvent associé à son olifant, instrument symbolisant l'appel à l'aide, et à son épée Durendal, qui est utilisée pour combattre les ennemis, comme en témoignent ses actions héroïques au cours de la bataille.

💡Ganelon

Ganelon, beau-père de Roland, est le personnage de la trahison. Son nom est étroitement lié au conflit interne et à la jalousie, car il est offensé par la décision de faire de Roland l'arrière-garde et conspire avec Marsile pour nuire à l'armée franque.

💡Olivier

Olivier est le compagnon et ami de Roland, un chevalier sage et loyal. Son nom est associé à la prudence et au conseil raisonnable, comme lorsqu'il suggère à Roland de sonner l'olifant pour appeler l'aide de Charlemagne, une suggestion qui souligne son intelligence stratégique.

💡Saragosse

Saragosse est la dernière ville à résister aux Francs et le siège de Marsile. Elle est un lieu clé dans l'histoire, symbole de la résistance et du conflit entre les Sarrasins et les Francs.

💡Trahison

La trahison est un thème central de l'histoire, incarnée par les actions de Ganelon et Marsile. Elle est le moteur de l'intrigue et conduit à la bataille de Roncevaux, où elle a des conséquences tragiques pour les Francs.

💡Roncevaux

Roncevaux est le lieu de la bataille décisive où les Francs sont trompés et attaqués par les Sarrasins. Le nom est devenu synonyme de désastre et de sacrifice, car c'est là que meurent Roland et Olivier.

💡Honneur

L'honneur est un concept fondamental dans l'histoire, représentant la valeur et la dignité des personnages. Il est particulièrement associé à Roland, qui refuse de sonner l'olifant de peur de déshonorer la France, malgré les conséquences fatales.

💡Bataille

La bataille est l'évènement central du récit, où les conflits et les valeurs des personnages sont mis à l'épreuve. Elle est décrite avec une intensité qui met en lumière le courage des Francs et la trahison des ennemis.

💡Montjoie

Montjoie est le cri de guerre des Francs, symbolisant leur courage et leur unité. Il est utilisé dans le script pour souligner les moments clés de la bataille, où les soldats franques se rassemblent pour combattre.

Highlights

La lutte de 7 ans entre Charlemagne et les sarrasins en Espagne.

Le Roi Marsile de Saragosse craint de perdre son royaume face à l'armée franque.

Marsile soumet à Charlemagne, accepte de devenir chrétien et offre des otages.

Ganelon, offensé par la mission confiée, conspire avec Marsile pour piéger Charlemagne.

Charlemagne reçoit la soumission de Marsile par l'intermédiaire de Ganelon.

L'armée franque est surprise par une armée sarrasine massive à Roncevaux.

Roland refuse de sonner l'olifant pour demander de l'aide, craignant la honte.

Charlemagne offre à Roland la moitié de ses armées pour qu'il les retienne.

La bataille de Roncevaux est décrite avec ses moments clés et sa brutalité.

Roland et Olivier montrent leur vaillance et leur détermination face à l'ennemi.

La mort de Roland et son impact sur Charlemagne et l'armée franque.

Charlemagne revient à Roncevaux et découvre la tragédie.

La poursuite et la défaite de l'armée de Marsile par Charlemagne.

La découverte de la trahison de Ganelon et son châtiment.

La fin de la geste de Roland et son héritage, symbolisé par l'olifant laissé à Bordeaux.

Transcripts

play00:30

Cela fait 7 ans que l’Empereur des francs  Charlemagne combat les sarrasins en Espagne,  

play00:34

7 ans que le Roi Marsile tient Saragosse,  dernière ville à résister aux Francs. Mais  

play00:41

ce dernier redoute la puissance de l’armée  franque et craint de tout perdre : son titre,  

play00:47

sa liberté et sa richesse. Sur le conseil  d’un certain Blancandrin, Marsile cherche  

play00:54

à concilier Charlemagne : il se soumettra  à lui, se fera chrétien et lui offrira des  

play00:59

otages en preuve de bonne foi, si les Francs s’en  retournent en France et lui laissent son royaume.

play01:05

Charlemagne accompagné de ses barons de France,  dont font entre autres partie le comte Roland,  

play01:11

neveu de l’Empereur, le preux chevalier  Olivier, et Turpin, archevêque de Reims,  

play01:15

reçoit Blancandrin envoyé par Marsile. Ils  décident sur suggestion de Roland et après  

play01:22

avoir tenu conseil d’envoyer Ganelon, beau père de  Roland, afin de porter leur réponse positive à la  

play01:29

requête du Roi Marsile. Mais Ganelon, pensant  que l’on cherche ainsi à se débarrasser de  

play01:35

lui et craignant de se faire tuer au cours  de sa mission, prend cela pour un affront.

play01:41

Fort amer et en colère vis à vis de  Roland, il se rend à Saragosse puis  

play01:47

complote une fois arrivé avec Marsile afin de  tendre un piège à Charlemagne et à son armée,  

play01:53

espérant ainsi pouvoir se venger de Roland. Le Roi Marsile fait porter par Ganelon le  

play02:00

message de sa soumission à Charlemagne,  tandis qu’il fait mander de l’aide parmi  

play02:04

tous les Sarrasins d’Espagne afin qu’ils  envoient leurs forces contre les Francs. 

play02:09

Mais alors que l’Empereur se met en route pour  Saragosse avec son armée, pensant y recevoir  

play02:14

l’allégeance du roi Marsile, les Sarrasins de  toute l’Espagne se rassemblent en une vaste armée,  

play02:20

à son insu, et se mettent en route pour  l’affronter. Charlemagne arrivant à Saragosse  

play02:27

se rend compte que quelque chose ne tourne pas  rond et fait faire demi-tour à son armée. Ganelon,  

play02:33

de retour aux côtés de l’Empereur,  pense bien pouvoir tenir sa revanche...

play02:38

Laisse 58.  

play02:51

La nuit passe toute, l’aube se lève claire.

play02:55

Par les rangs de l’armée, […] l’empereur chevauche fièrement.

play02:58

« Seigneurs barons, » dit l’empereur Charles, « voyez les ports et les étroits passages.

play03:04

Choisissez-moi qui fera l’arrière-garde.

play03:07

» Ganelon répond : « Ce sera Roland, mon fillâtre : vous n’avez baron d’aussi

play03:13

grande vaillance.

play03:14

» Le roi l’entend, le regarde durement.

play03:18

Puis il lui dit : « Quelle folie vous prend là ? Et qui donc fera devant moi l’avant-garde ? »

play03:23

Ganelon répond : « Ogier le danois ; vous n’avez baron qui mieux que lui la

play03:29

fasse.» [...]

play03:31

63. L’empereur dit à son neveu Roland : « Beau sire neveu, vous le savez bien, c’est la

play03:37

moitié de mes armées que je vous offre et vous laisserai.

play03:40

Retenez-les, c’est votre salut.

play03:42

» Le comte Roland dit : « Je n’en ferai rien.

play03:45

Dieu me confonde, si je démens mon lignage ! Je retiendrai vingt mille Français bien

play03:49

vaillants. En toute assurance passez les ports.

play03:52

Vous auriez tort de craindre personne, moi vivant.» [...]

play03:55

65. Hauts sont les monts, ténébreux les vaux, et sinistres les défilés.

play04:01

Ce jour-là même, les Français les passent à grande douleur.

play04:04

De quinze lieues on entend leur marche.

play04:07

Quand ils parviennent à la Terre des Aïeux et voient la Gascogne, domaine de leur seigneur,

play04:11

ils pensent à leurs fiefs, et aux filles de chez eux, ainsi qu’à leurs nobles femmes.

play04:17

Pas un qui n’en pleure de tendresse.

play04:19

Sur tous les autres Charles est plein d’angoisse : aux ports d’Espagne il a laissé son neveu.

play04:25

Pitié lui en prend ; il pleure, il ne peut s’en tenir. [...]

play04:29

79. Pendant ce temps là, les païens s’arment de cuirasses sarrasines dont la plupart sont

play04:35

à triple épaisseur.

play04:35

Ils lacent leurs solides casques de Saragosse et ceignent des épées d’acier viennois.

play04:40

Ils portent de beaux boucliers, des épieux de Valence et des étendards blancs, bleus

play04:45

et vermeils.

play04:45

Ils laissent les mulets et tous les palefrois, ils montent sur les destriers et chevauchent

play04:50

en rangs serrés.

play04:51

Clair était le jour et beau le soleil : il n’est pas d’armure qui toute ne flamboie.

play04:56

Mille clairons sonnent pour que ce soit plus beau.

play04:59

Le bruit est grand : les Français l’entendirent.

play05:02

Olivier, chevalier et ami  de Roland, dit : « Seigneur 

play05:07

et compagnon, je crois que nous aurons à

play05:10

combattre les Sarrasins. »

play05:12

Roland répond : « Que Dieu donc nous l’accorde !

play05:15

Nous devons bien rester ici pour notre roi :

play05:17

pour son seigneur le vassal doit souffrir la détresse et endurer les grandes chaleurs

play05:21

et les grands froids, et il doit perdre et du cuir et du poil.

play05:24

Que chacun veille à frapper de grands coups pour qu’on ne chante pas sur nous de funeste

play05:29

chanson ! Les païens sont dans leur tort, les chrétiens dans leur droit.

play05:33

Mauvais exemple ne viendra jamais de moi.» [...]

play05:36

83. Olivier dit : « Les païens viennent en force, et nos Français, il me semble qu’ils sont

play05:42

bien peu.

play05:43

Roland, mon compagnon, sonnez donc votre cor : Charles l’entendra et l’armée reviendra.»

play05:49

Roland répond : « Ce serait une folie ! En

play05:53

douce France j’en perdrais ma gloire.

play05:55

Aussitôt, de Durendal mon épée, je frapperai de grands coups ; sa lame en saignera jusqu’à

play06:00

la garde d’or.

play06:01

Les païens félons ont eu tort de venir aux cols : je vous le jure, tous sont condamnés

play06:06

à mort. »

play06:07

84. « Roland mon compagnon, l’olifant, sonnez le donc ! Charles l’entendra, il fera retourner

play06:14

l’armée, le roi nous secourra avec tous ses barons. »

play06:18

Roland répond : « Ne plaise à Notre Seigneur

play06:21

que mes parents, par ma faute, soient blâmés et que la douce France soit déshonorée ! Mais

play06:26

je frapperai tant et plus de Durendal, ma bonne épée que j’ai ceinte au côté.

play06:30

Vous en verrez la lame tout ensanglantée.

play06:32

Les païens félons ont eu tort de se rassembler : je vous le jure, tous sont livrés à la mort.

play06:39

85. – Roland mon compagnon, sonnez votre olifant : Charles l’entendra, lui qui passe les cols.

play06:46

Je vous le jure, oui, les Francs reviendront.

play06:48

– Ne plaise à Dieu, lui répond Roland, qu’il soit jamais dit par personne au monde

play06:54

que pour un païen je sonne du cor ! Jamais on ne le reprochera à mes parents ! Quand

play06:59

je serai au fort de la bataille et que je frapperai des coups par milliers, de Durendal

play07:04

vous verrez l’acier sanglant.

play07:06

Les Français sont braves, ils frapperont en vrais vassaux ; jamais ceux d’Espagne

play07:11

n’éviteront la mort.» […]

play07:12

87. Roland est vaillant et Olivier est sage : tous deux sont de merveilleux vassaux.

play07:18

Une fois sur leurs chevaux et en armes, jamais, dussent ils mourir, ils n’esquiveront la bataille.

play07:23

Les comtes sont braves et leurs paroles fières.

play07:26

Les païens félons, furieusement, chevauchent.

play07:29

Olivier dit : « Roland, en voici quelques uns ! Ceux ci sont près de nous, mais Charles

play07:35

est trop loin.

play07:36

Votre olifant, vous n’avez pas daigné le sonner.

play07:38

Le roi présent, nous n’aurions pas de pertes.

play07:41

Regardez là haut, vers les cols d’Espagne.

play07:43

Vous pouvez le voir : l’arrière garde est à plaindre.

play07:46

Qui en est aujourd’hui ne sera d’aucune autre. »

play07:50

Roland répond : « Ne dites pas ces folies !

play07:53

Maudit le cœur qui dans la poitrine prend peur !

play07:56

Nous tiendrons ferme ici sur place : nous porterons les coups et ferons la mêlée. »

play08:01

88. Quand Roland voit qu’il y aura bataille, il devient plus féroce que lion ou léopard.

play08:07

Il appelle les Français et dit à Olivier :

play08:09

« Seigneur, mon compagnon, mon ami, ne parlez plus ainsi ! L’empereur, qui nous a laissé

play08:15

les Français, en a choisi vingt mille qui sont tels à son avis que pas un n’est un lâche.

play08:19

Pour son seigneur on doit subir de grands maux, endurer de grands froids et de fortes

play08:24

chaleurs, on doit perdre de son sang et de sa chair.

play08:27

Frappe de ta lance et moi de Durendal, ma bonne épée que le roi me donna.

play08:31

Si je meurs, celui qui l’aura pourra dire que ce fut l’épée d’un noble vassal.» [...]

play08:36

94. Il y a là un duc païen, nommé Falsaron.

play08:40

[...] Envers les Français il est fort insolent :

play08:43

« Aujourd’hui, la douce France perdra son honneur. »

play08:46

À l’entendre, Olivier devient furieux.

play08:49

Il pique son cheval de ses éperons dorés et va le frapper en vrai baron.

play08:53

Il brise son bouclier et fend sa cuirasse ; dans le corps il lui enfonce les pans du

play08:58

gonfanon, de la longueur de sa lance il l’abat des arçons, mort.

play09:02

Il regarde à terre et voit étendue la canaille ; il l’a vivement apostrophée :

play09:07

« De vos menaces, misérable, je me moque.

play09:10

Frappez, Français, car notre victoire sera complète ! »

play09:13

Il crie « Monjoie » : c’est le cri de guerre de Charles. [...]

play09:17

104. La bataille fait rage et devient générale.

play09:23

Le comte Roland ne fuit pas le danger.

play09:26

Il frappe de l’épieu tant que résiste la hampe ; après quinze coups il l’a brisée

play09:30

et détruite Il dégaine Durendal, sa bonne épée. [...]

play09:33

106. Et Olivier chevauche à travers la mêlée.

play09:37

Sa hampe s’est brisée, il n’en a plus qu’un tronçon.

play09:39

Il va frapper un païen, lui brise son écu, couvert d’or et de fleurons, puis hors de

play09:44

la tête fait sauter ses deux yeux, et la cervelle coule jusqu’à ses pieds.

play09:47

Parmi les autres qui gisent sans nombre, il l’abat mort.

play09:51

Puis il en abat deux autres.

play09:52

Mais le tronçon éclate et se fend jusqu’à ses poings.

play09:55

Roland lui dit : « Compagnon, que faites-vous ? En une telle bataille je n’ai cure d’un bâton.

play09:59

Il n’y a que le fer qui vaille, et l’acier.

play10:02

Où donc est votre épée, qui a nom Hauteclaire ? La garde en est d’or, le pommeau de cristal.

play10:08

— Je n’ai pu la tirer, » lui répond Olivier, « j’avais tant de besogne ! »

play10:12

107. Mon seigneur Olivier a tiré sa bonne épée, celle qu’a tant réclamée son compagnon

play10:18

Roland, et il lui montre, en vrai chevalier, comme il s’en sert.

play10:21

Il frappe un païen et lui fend par le milieu toute la tête, tranche le corps et la brogne

play10:26

safrée, et la bonne selle dont les gemmes sont serties d’or, et à son cheval il a

play10:30

fendu l’échine.

play10:31

Il abat le tout devant lui sur le pré.

play10:34

Roland dit : « Si l’empereur nous aime, c’est pour de tels coups ! » De toutes

play10:38

parts « Montjoie ! » retentit. [...]

play10:40

110. La bataille est merveilleuse et pénible.

play10:43

Olivier et Roland frappent à tour de bras, [...]

play10:46

Les Français frappent tous ensemble.

play10:47

Les païens meurent par centaines et milliers : qui ne fuit pas, contre la mort n’a pas

play10:52

de recours ; bon gré mal gré, il y laisse sa vie.

play10:55

Les Français perdent leurs meilleurs défenseurs ; ils ne reverront pas leurs pères ni leurs

play11:00

parents, ni Charlemagne qui  aux cols les attend. [...]

play11:03

127. [...] Durs sont les coups et rude la mêlée.

play11:06

Quelle détresse parmi les chrétiens ! Si vous aviez vu Roland et Olivier de leurs épées

play11:11

frapper et tailler en pièces ! [...]

play11:13

Aux quatre premiers assauts, les Francs l’ont emporté ; le cinquième fut pour eux pénible

play11:20

et rude.

play11:20

Ils sont tous tués, les chevaliers français, sauf soixante que Dieu a épargnés : avant

play11:27

qu’ils ne meurent, ils se vendront très cher. [...]

play11:30

129. Roland dit : « Je sonnerai l’olifant, et Charles l’entendra, qui passe les cols.

play11:35

Je vous le jure, les Français reviendront. »

play11:39

Olivier dit : « Le déshonneur serait grand

play11:41

et l’opprobre pour tous nos parents ; cette honte durerait toute leur vie.

play11:45

Quand je vous l’ai dit, vous n’en avez rien fait ; vous ne le ferez pas maintenant

play11:49

avec mon accord.

play11:49

Si vous sonnez du cor, ce ne sera pas d’un brave : vous avez déjà les deux bras sanglants ! »

play11:54

Le comte répond : « Des coups, j’en ai

play11:58

donné de bien beaux ! Mais pourquoi vous emporter contre moi ? » [...]

play12:01

131. Olivier de répondre : « Compagnon, vous l’avez mérité, car vaillance sensée n’est

play12:05

pas folie.

play12:07

Mieux vaut mesure que témérité.

play12:09

Les Francs sont morts par votre légèreté.

play12:11

Jamais plus nous ne servirons Charles.

play12:13

Si vous m’aviez cru, mon seigneur serait revenu, et cette bataille, nous l’aurions

play12:18

remportée ; le roi Marsile aurait été pris ou tué.

play12:21

Votre prouesse, nous l’avons vue, Roland, pour notre malheur ! Charlemagne ne recevra

play12:26

plus notre aide.

play12:26

Jamais il n’existera un tel homme jusqu’au Jugement dernier, vous allez mourir, et la

play12:31

France en sera déshonorée.

play12:33

Aujourd’hui s’achève notre loyale amitié : avant ce soir, avec douleur nous nous  

play12:38

séparerons. » [...]

play12:39

133. Roland mit alors l’olifant à ses lèvres.

play12:43

Il l’embouche bien, sonne à pleine force.

play12:46

Hauts sont les monts, et longue la voix du cor : à trente grandes lieues on l’entend

play12:52

qui se prolonge.

play12:53

Charles l’entend et l’entendent tous ses corps de troupe.

play12:57

Le roi dit : « Nos hommes livrent bataille ! »

play13:01

Et Ganelon lui répond à l’encontre :

play13:03

« Qu’un autre l’eût dit, certes on y verrait un grand mensonge. » [...]

play13:08

136. L’empereur a fait sonner ses cors.

play13:11

Les Français mettent pied à terre et s’arment de hauberts, de heaumes et d’épées parées d'or.

play13:15

Ils ont des écus bien ouvrés, et des épieux forts et grands, et des gonfanons blancs,

play13:20

vermeils et bleus.

play13:20

Tous les barons de l’armée montent sur les destriers.

play13:23

Ils donnent de l’éperon tant que durent les défilés.

play13:26

Pas un qui ne dise à l’autre : « Si nous revoyions Roland encore vivant, avec lui nous

play13:30

frapperions de grands coups ! » À quoi bon les paroles ? Ils ont trop tardé. [...]

play13:34

166/167. Les païens disent : « Nous sommes nés à la malheure ! Quel douloureux jour s’est

play13:43

levé pour nous ! Nous avons perdu nos seigneurs et nos pairs.

play13:46

Charles revient, le vaillant, avec sa grande armée.

play13:49

De ceux de France, nous entendons les clairons sonner clair.

play13:52

Grand est le bruit de leur cri de Montjoie ! Le comte Roland est de si fière hardiesse

play13:58

que nul homme fait de chair ne le vaincra jamais.

play14:00

Lançons contre lui nos traits, puis laissons-lui le champ. »

play14:04

Et ils lancèrent contre lui des dards et des guivres sans nombre, des épieux, des

play14:09

lances, des museraz empennés.

play14:11

Ils ont brisé et troué son écu, rompu et démaillé son haubert...

play14:15

[...]

play14:15

177. Roland est mort, Dieu a son âme dans les cieux ; l’empereur parvient à Roncevaux.

play14:24

Il n’y a ni route ni sentier, ni espace vide, ni aune ni pied de terre où ne soit

play14:30

couché un Français ou un païen.

play14:32

Charles s’écrie : « Où êtes vous, cher neveu ? Où sont le comte Olivier [...] et

play14:37

mes pairs que j’avais laissés ? » Mais à quoi bon, puisque personne ne répondit ?

play14:43

« Dieu, dit le roi, combien je peux m’affliger

play14:47

de ne pas avoir été au début  de la bataille ! » [...]

play14:49

Ses barons chevaliers versent des larmes ; tandis

play14:53

que contre terre, vingt mille s’évanouissent…

play15:15

Les chevaliers de Charlemagne rattrapent ensuite  l’armée de Marsile et lui infligent une sévère  

play15:19

défaite au Val Ténébreux. Ils retournent  ensuite à Roncevaux afin de récupérer  

play15:24

les corps des Français qui y sont tombés. Marsile, grièvement blessé, parvient quant à lui  

play15:30

à rentrer à Saragosse où il reçoit des renforts  sarrasins arrivés du Moyen-Orient sous les ordres  

play15:34

d’un certain Baligant. Le seigneur de Saragosse,  se sachant mourant, remet à Baligant ses terres.  

play15:40

Ce dernier mène ensuite ses troupes nombreuses  contre ceux de France, et les rattrape à Roncevaux  

play15:45

où l’armée franque enterre ses morts. Une grande  et violente bataille a lieu, Charlemagne donne de  

play15:51

sa personne et se retrouve face à Baligant,  qu’il affronte et défait difficilement,  

play15:54

avec une aide divine, dans un combat singulier. La  mort du grand chef sarrasin engendre la déroute de  

play16:01

ses troupes et offre la victoire aux Francs. Victorieux, Charlemagne s’empare de Saragosse  

play16:06

et établit des garnisons afin de protéger ses  nouvelles conquêtes. Sur le chemin du retour,  

play16:14

il se rend à Bordeaux, où il laisse l’olifant  de Roland sur l’autel de ce qui est aujourd’hui  

play16:18

la basilique Saint-Seurin de Bordeaux. Les  chevaliers Olivier et Roland sont quant à  

play16:23

eux enterrés à Blaye, en l’église  Saint Romain, tandis que Ganelon,  

play16:27

dont la trahison est entre temps apparue au grand  jour, est ramené à Aix-La-Chapelle où il finit  

play16:32

après un procès tumultueux par être jugé coupable,  puis exécuté sur ordre de l’Empereur Charlemagne.

play16:45

Ci falt la geste que Turoldus declinet.

Rate This

5.0 / 5 (0 votes)

Связанные теги
CharlemagneRolandSarrasinsTrahisonÉpopéeMoyen ÂgeHéroïsmeGuerreRoncevauxGanelon
Вам нужно краткое изложение на английском?